Les historiens du cinéma qui qualifient Edward D. Wood, Jr. comme le réalisateur le plus nul qui ait jamais existé, n'ont rien vu !
"Plan 9 from Outer Space", ou "Bride of the Monster", sont des produits classieux, en comparaison du truc - j'ose à peine écrire "le film" - dont je vais vous parler. Tout ce qu'on peut leur reprocher, c'est le manque de moyens, l'inanité de certains acteurs, et une maladresse touchante dans la réalisation. En-dehors de çà, Wood avait des idées et un talent certain pour le bricolage. Même en se cantonnant au cinéma américain, on a connu bien pire. "Monster a Go-Go", "The Creeping Terror", "The Beast of Yucca Flats", pour n'en citer que quelques-uns.
Mais "Da Khwar Lasme Spogmay", c'est pire - et plus jouissif - que tous les titres que je viens de citer réunis.
Cette merveille nous vient du Pakistan, et a été produit, réalisé par une dame rondelette - soyons courtois - genre Jackie Sardou, qui de plus s'est attribué le rôle principal. Ce n'est pas son premier exploit dans le cinéma local, puisqu'elle a réalisé deux autres films auparavant, que je n'ai hélas pas vus...
Ca commence très fort, avec une beauté locale (je vous laisse le soin d'imaginer le concept...) piaillant comme un goret, en courant dans la nuit, en lisière de forêt, poursuivie qu'elle est par un affreux moustachu qui en veut apparemment à sa virginité - çà, c'est le scénario tel que je l'ai compris, le film n'étant pas sous-titré. L'affreux la rattrape et veut lui conter minette, manque de bol, la minette est juste derrière lui et pousse un miaulement à faire dresser les cheveux sur la tête.
L'arrivante est une femme-chatte baraquée comme une catcheuse soviétique, avec des oreilles pointues, l'air pas commode et des griffes à massacrer trois épaisseurs de matelas. Le type prend la fuite, la monstresse se lance à sa poursuite, une musique à vous cramer les tympans rythme l'action, et le type trébuche, la féline est sur lui, et l'embroche avec une branche d'arbre. Le moustachu reste comme un con les tripes à l'air. Fin de la séquence.
La scène suivante montre une bergère sur le retour, joufflue-mafflue-fessue-ménopausée, qui tente de séduire un pauvre type qui ne lui demandait rien, en se trémoussant comme Joséphine Baker (mais sans le sex-appeal de cette dernière) autour de l'infortuné, qui de plus doit subir, allez savoir pourquoi, un vrai ramonage des oreilles lorsque la belle se met à chanter.
Pendant ce temps, le chef de la police locale est bien emmerdé, çà fait je ne sais combien de cadavres qu'on retrouve ainsi, de mecs moustachus qu'avaient de mauvaises intentions envers les specimen du sexe opposée, vu que leur pantalon est déboutonné (là j'invente, mais pas tellement, c'est à peu près çà). Il a entamé une enquête bien sûr, mais il n'est pas convainquant dans ses recherches, aussi le moustachu, une fois débarrassé - provisoirement - de la dame-chanteuse, décide de mener ses propres investigations.
Peu à peu, on comprend que la grosse dame est l'horrible tueuse féline. Sa maman a été violée autrefois par une bande de moustachus, elle a accouché dans une grotte, et est morte peu après. La petite fille a été adoptée par un chat noir qui passait par là, et depuis elle poursuit les assaillants de sa mère (y'en avait un paquet, apparemment).
Les transformations de la productrice/réalisatrice/actrice en chatte de gouttière sont à crever de rire, et son apparence en tant que féline donne mille fois raisons, rétrospectivement, à Jacques Tourneur, qui pensait que ce genre de choses doit rester dans l'ombre. Ici, rien ne nous est épargné, y compris quelques effets de transformations à vue à la Rob Bottin qui sont à se pisser dessus. Si vous devez voir ce film, prévoyez large avec le Sopalin...
Quant aux danses et chansons qui émaillent une bonne heure du film, çà n'a rien à voir avec votre film indien préféré. On est très loin de "Mangala, fille des Indes", vous pouvez me croire. Ici, c'est le jambon aggressif, le nibard provocant, et le décolleté fait plus penser au grand huit de la Foire du Trône qu'à Gina, Sophia ou Martine (z'avez qu'à remplacer ces prénoms par ceux des idoles actuelles...). Ca se trémousse dangereusement, on s'attend à des craquements de tissu aux abords des hanches, mais apparemment le préposé aux costumes connaît son boulot, il arrive à contenir les éboulements.
Vivement une édition DVD sous-titrée de cette merveille kitsch, c'est tout le bien que je nous souhaite...
Da Khwar Lasme Spogmay - Shehnaz Begum (Pakistan, 1997)
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- fantomas 2
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- Freudstein
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- fantomas 2
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La photo que nous envoie Freudstein, c'est la source par laquelle j'ai eu le VCD, mais il paraît qu'on ne peut plus se procurer de films par eux, le gouvernement pakistanais s'opposant à la sortie de films "illégalement" du territoire... Pas compris grand chose, mais en gros c'est çà.
Mais moi je ne demande pas mieux, que de voir ces films distribués légalement en France !!! j'irais même jusqu'à les payer, tiens !
Mais moi je ne demande pas mieux, que de voir ces films distribués légalement en France !!! j'irais même jusqu'à les payer, tiens !
- milton arbogast
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- fantomas 2
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