Murderock de Lucio Fulci (1984)

[Jarlow]

Un plaisir de lire ton avis, et je suis d'ailleurs globalement d'accord avec toi. Par contre lorsque tu dis:

la séquence onirique du cauchemar de Candice, réminiscence de ceux des héroïnes du Venin de la peur et de L’emmurée vivante (couplé au profil physique d’Olga Karlatos, proche de ceux de Florinda Bolkan et Jennifer O’Neil) et l’aspect surréaliste des séquences situées dans l’institut de danse. Bref, il y a tout de même à mon goût pas mal de choses intéressantes à se mettre sous la dent du côté de la forme

J'aimerais savoir a quelle sequence de L'emmuree Vivante tu penses? Pour le Venin de la Peur, je vois bien, le rapprochement est evident, mais pour le second film j'ai un peu plus du mal - peut-etre un trou de memoire de ma part hein !

[manuma]

J’aurais effectivement pu développer un petit peu. En fait, ce n’est pas dans le déroulement du rêve qu’il y a similitude avec L’emmurée vivante mais plutôt dans son rôle au sein du récit. Dans les deux films, il me semble que celui-ci est révélateur d’une névrose chez le personnage principal, lequel va ensuite enquêter sur cette vision pour tenter d’en saisir la signification, avec comme indice, dans L’emmurée …, la couverture d’un magazine sur laquelle apparait l’un des protagonistes du rêve, dans Murder Rock un encart publicitaire pour une marque d’alcool mettant en scène Ray Lovelock.

Maintenant, je dois admettre que ma dernière vision de L’Emmurée vivante date également un chouïa (3, 4 ans environ). Peut-être extrapolé un brin (voire carrément rêver ) cette filiation.

[Superwonderscope]

Un peu tiré par les cheveux de persis Khambatta, quand même

Mais bon,manu, je te trouve extrêmement gentil avec ce Murderock. je l'avais bien aimé à lsa sortie ciné, la revoyure en VHS avait été, mmmmm, comment dire, passable. Et le DVD, ça a été le pompon. Ca montre pour moi les ravages que faisaient déjà la télé italienne sur le look, le rendu, la grossiereté des films de genre transalpins. Si on note quelques timides coups de tête à droite à gauche, Fulci y a perdu un peu de son âme, quand même au profit d'une machine à fantasme bancale, flashy et d'une mollesse assez redoutable.
l'ensemble reste quand même assez quelconque quand on voit les fulgurances du bonhommes il y avait à peine 3/4 ans avant de truc!

[Jarlow]

Ok manuma, je vois ce que tu voulais dire. Le truc c'est que dans L'Emmuree Vivante c'est vraiment le moteur du recit, cette mecanique, tandis qu'ici c'est un peu plus ponctuel... mais Fulci faisait le rapprochement lui-meme dans une interview un peu avant la sortie du film (mais bon Fulci disait tout et n'importe quoi).

Superwonderscope, tu as bien raison! Murderock est bien loin des grands films d'horreur de Fulci, et bien loin aussi de ses meilleurs gialli. Par contre, ce n'est pas si mauvais qu'on a bien voulu le faire croire. Par exemple, perso je le mets un peu dans le meme panier que le Guston de New-York, qui pour le coup est carrement vulgos, meme s'il y a de superbes idees. L'Eventreur jouit inexplicablement d'une bien meilleure reputation - peut-etre pour sa violence?

[manuma]

Bon ben si Fulci lui-même établissait un parallèle entre les 2 films, ça va, je n’en tire pas trop mal ...

Après, il est clair que, contrairement à l’emmurée vivante, la partie du récit tournant autour du rêve de l’héroïne passe largement au second plan ici.

Ca montre pour moi les ravages que faisaient déjà la télé italienne sur le look, le rendu, la grossiereté des films de genre transalpins. Si on note quelques timides coups de tête à droite à gauche, Fulci y a perdu un peu de son âme, quand même au profit d'une machine à fantasme bancale, flashy et d'une mollesse assez redoutable

Je pense voir à peu près à quelle esthétique tu fais référence. Mais de mon côté je n’ai pas trouvé le film particulièrement contaminé par celle-ci, sorti des scènes de danse /gym tonic qui manquent effectivement méchamment de classe. On a de chouettes extérieurs new-yorkais, très bien photographiés – on doit d’ailleurs à Pinori la photo d’une autre production italienne en partie tournée à New-York, l’intéressant Order of death / Copkiller - et toutes les scènes d’appartement - filmées en Italie, je suppose - ont un joli petit cachet giallesque, avec tous ces éclairages bigarrés, très studio, derrière les fenêtres, censés recréer un cadre urbaine.

Je suis en revanche plus réservé sur la scène avec Al Cliver dans les locaux de la police scientifique ou celles situées dans la salle des moniteurs de l’institut de danse, qui ont quand même un sale cachet 2072, les mercenaires du futur.

[Jarlow]

Cette discussion me donne envie de le revoir, tiens

Voici ce qu'en dit Fulci, exactement:

Murder Rock, c’est un giallo conduit au pas de danse et par la musique dans le cadre d’une école de danse ! C’est l’histoire d’une femme qui rêve toutes les nuits d’un étrange tueur. Au bout de quelques temps, alors que l’on pense qu’elle n’est seulement victime que de cauchemars, le tueur frappe vraiment, avec toute la violence perpétrée dans ces rêves ! [...] Le film sera aussi assez proche de L’Emmurée Vivante, très onirique.

Un peu avant la sortie du film, pendant un entretien avec Giuseppe Salza, pour l'Ecran Fantastique. Bon, sa description de la chose est quand meme assez eloignee du film lui-meme (elle n'en reve pas tant que ca, non, du tueur?) , et renvoie d'ailleurs plus au Venin de la Peur qu'au film dont il parle, mais bon.

[manuma]

Effectivement, sa présentation du film rappelle fortement Le Venin de la peur et s'avère tout de même relativement éloignée de ce que l'on peut voir au final à l'écran. Enfin ... disons plutôt que c'est globalement bien la même trame, mais pas racontée de la même façon.

Après, le "très orinique" est peut-être un peu exagéré, même s'il est vrai qu'il y a quelques touches d'onirisme ici et là, en particulier dans les scènes de meurtre.

[Jarlow]

Oui, il exagere, d'autant que les scenes pleinement oniriques sont clairement signalees dans Murderock, il n'y a pas la propagation du reve qu'il pouvait y avoir dans le Venin de la Peur, avec la photo hallucinee de Kuveiller.

Par contre, c'est vrai que le film a un ton et un rythme un peu singuliers, et quelques decrochages bienvenus (j'aime beaucoup la lumiere alternative dans une des scenes de meurtre, par exemple, et le decoupage lors des meurtres eux-memes, tres clinique).

En gros, je crois que tout le monde est ok pour dire que Murderock, ca pourrait le faire, si seulement... il n'y avait pas ces danseuses eighties ! Je me demande ce qu'il pensait... remarque, c'etait peut-etre dans l'idee de faire la meme chose qu'avec l'esthetique sixties dans Perversion Story, je sais pas.

[manuma]

... remarque, c'etait peut-etre dans l'idee de faire la meme chose qu'avec l'esthetique sixties dans Perversion Story, je sais pas.

C'est un angle de défense qui se tient. Mais la démarche est alors un peu trop radicale à mon goût

Je ne sais pas si cela corrobore les reproches du Superwondie sur le look télé vulgos de ces séquences, mais Giuseppe Pinori, sur l’édition DVD de chez Shriek Show, en commentant la première (ou seconde, je ne sais plus) séquence de danse, se remémore aussi sec ses premières collaborations avec Fulci sur des publicités télé dans les années 60.

[Jarlow]

Ah c'est certain, c'est radical
Disons que le truc, c'est que dans Perversion Story, il y a quand meme un vrai elan erotique dans le regard sur les corps en mouvements. Dans Murderock, c'est quand meme pas vraiment ca ! Un peu comme un spectacle repugnant, qu'il regarde de loin.

Sinon, le Shriek Show, il vaut quoi par rapport au Z2 francais?

[Grosse Vulve]

Ah c'est certain, c'est radical
Disons que le truc, c'est que dans Perversion Story, il y a quand meme un vrai elan erotique dans le regard sur les corps en mouvements. Dans Murderock, c'est quand meme pas vraiment ca ! Un peu comme un spectacle repugnant, qu'il regarde de loin.

Sinon, le Shriek Show, il vaut quoi par rapport au Z2 francais?

Il est très bien (bonus abondants), je le vends d'ailleurs

[Superwonderscope]

On a de chouettes extérieurs new-yorkais, très bien photographiés – on doit d’ailleurs à Pinori la photo d’une autre production italienne en partie tournée à New-York, l’intéressant Order of death / Copkiller - et toutes les scènes d’appartement - filmées en Italie, je suppose - ont un joli petit cachet giallesque, avec tous ces éclairages bigarrés, très studio, derrière les fenêtres, censés recréer un cadre urbaine.
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Intéressante remarque. Le film de Roberto faenza avait cependant un rapport à l'enfermement, une utilisation de l'espace bien plus carrée qu'ici. les éclairages étaient cohérent et ne cherchaient pas un esthétisme qui "colle" à l'époque. Mais bien plus en rapport avec le sujet.

Sur ce giallo-dancing-machine-du-pauvre, le look est très influencé par ses prédécesseurs dont il cherche à s'inspirer (Flashdance-Fame on Blood) Et de ce fait, un côté lisse et clinquant qui seront l'apanage de la télé italienne des années 80.
Il y a quelques éclairs (les scènes oniriques, la scène de la douche) mais pour le reste, je trouve l'esthétique faite pour le "heat of the moment" , mais qui n'imprime en rien une logique propre à l'œuvre. J'ai par contre trouvé les scènes d'exterieur assez ternes (sur le Shriek Show, s'entend), mais les scènes d'intérieur bien éclairées, à y repenser (notamment celle avec l'oiseau "épinglé" dans l'appartement)

Je n'ai pas vu le Z2 Français, mais le Shriek Show possède une édition très riche quand on voit la médiocrité du produit!

[Jarlow]

Le z2 francais que je possede, c'est plutot le minimum syndical, et une jaquette completement debile avec une tombe arborant le nom du vieux Lucio ! collector !

Sinon, pour la lumiere, je vois ce que tu veux dire Superwonderscope, mais ce n'est pas non plus totalement catastrophique comme ca peut l'etre par ailleurs chez le Fulci eighties/nineties. Par rapport au boulot d'Ulloa - par ailleurs bon sur d'autres films hein - sur Conquest, ou aux effets de flou sur photo degueulasse de Demonia, on reste dans de l'honnete sur Murderock. C'est pas beau, mais c'est pas absolument horrible non plus.

[manuma]

Ouais, exactement ... et puis traiter Murder Rock de Dancing Machine du pauvre, ça c’est vraiment pas cool

[san]

Oui, vraiment! !!!