Regarder la version de 2011 et la commenter s’apparente comme souvent dans le cas d’un remake / reboot / sequel / prequel a un jeu des sept erreurs / differences.
Dans aucun ordre précis…
Le personnage feminin n’est pas trop mal exploite en lui-meme, mais malheureusement TROP exploite, car trop “central” au recit, et ce, au detriment de la cynetique de groupe notamment mieux exploitee dans le film de 1982. Ainsi, la crise semble se voir uniquement a travers ses yeux, laissant les autres personnages s’agiter—et le public s’en doute—en vain autour d’elle.
En ce qui concerne le groupe; il est par exemple impossible de dire exactement combien de membres la base compte ou de se familiariser avec eux, sauf tres superficiellement pour certains d’entre-eux (i.e. un “barbu”, une “femme”, un “chef d’equipe”, un “black”, etc), mais presque tous restent “anonymes” (tres peu sont nommes, et si oui, alors “abusivement”; on a par exemple l’impression que 2-3 personnages s’appellent “Lars”!), bref; des stocks-characters en somme.
En fait la raison principale quant a la presence de l’”heroine”, etant sans doute de faire parler tout-le-monde en anglais plutot qu’en norvegien. CQFD, mais ca ne trompe pas grand-monde a l’arrivee…
Un autre probleme tout aussi “culturel” dans cette prequel, etant que quelque part l’ensemble de l’equipe norvegienne semble limitee a un groupe de “manutentionnaires” plus que de savants, et qui de surcroit tomberaient sous la coupe des “dirigeants” (generalement) anglophones, voire carrement “ricains”. (Par exemple, incroyable de penser qu’en Norvege il n’y aurait pas un specialiste de la glaciation de “disponible”
).
Si bizarrement le film de ’82 n’estampillait pas “culturellement” son casting, la version de 2011 le souligne avec plus de force et (on a l’impression) sans reellement s'en rendre compte…
Parallement; si les personnages chez Carpenter sont tous unanimement “bourrus”, ils parviennent tous a faire passer le cote “pro” de leur personnages, ce qui n’est eminement pas le cas dans cette version. Le spectateur en vient parfois a se demander qui est cense faire quoi dans cette base…??
Cote peripeties; certaines figures “imposees” (par le film de Carpenter) sont presentes, telle l’autopsie—qui bizarrement laisse ses conclusions en plan (personne ne comprend ce que la chose peut accomplir ni le danger qu’elle represente!), tout comme un petit tour par le chenil—qui de nouveau ne mene a pas grand’chose.
La resultante etant que d’un cote le film se veut “rapide” (tel le “reveil” de la creature tres / trop “in-your-face” et de la subtilite d’un marteau pneumatique) et d’un autre cote, semble un tantinet “somnolent”, tellement la dynamique de groupe est peu marquante et les personnages ballotes par les evenements…
On notera aussi quelques incongruites: que si la base norvegienne semble plus fournie en materiel “technique” et personnel, le nombre de chiens se limite a deux seuls chiens(!) apparemment…
Cote narration: un changement notable dans l’atmosphere est que l’on passé de la “paranoia” a une sorte de “whodunnit” ou l’on ne rechercherait plus un “coupable”, mais un “monstre”. Si dans le film de Carpenter; on cherche a savoir “qui-est-qui”, dans la prequel, l’on cherche plutot a savoir “qui-est-le-monstre” sans meme sous-entendre que l’heroine pourrait en etre un (d’ailleurs personne ne semble douter d’elle a aucun moment du film(!), encore une incongruite)!
L’atmosphere est encore un peu plus plombee par le fait que “tempete” qui chez Carpenter est un facteur narratif et creatif, ne semble au final que peu presente alors qu’omnipresente chez Carpenter et creant un climat fantastique, teinte de claustrophobie et d’oppression.
Les peripeties sont donc tres balisees (car toutes defraichies—et, generalement mieux—par la version precedente), et revelent souvent leur quota d’inutilite (les scenes dans le vaisseau qui n’apportent rien de pertinent, ou la scene finale avec le chien—meme si elle sert a assurer la continuite avec le film precedent et qui semble quasi-improvisee(!!) ). Notons neanmoins que l’idee du test de substitution est plutot bien vue dans sa simplicite.
Cote SFX et meme si le metrage de Carpenter reste a marquer d’une pierre blanche dans SON genre, et dans LE “genre”, on est clairement dans le haut du panier ici, Au passage, l’on remarquera que si The Thing (1982) a fortement influence l’horreur grotesque dans l’animation nipponne ( Yoju Toshi / Wicked City (1987), Makai Toshi Shinjuku / Demon City Shinjuku OVA (1988) ), dans la version de 2011, c’est justement du cote de cette derniere qu’il faut chercher pour l’inspiration des creatures et transformation, toutes plutot reussies! Un (tres) bon point, donc, mais comme seul vrai "bon" point, ca fait "leger"...
Quant a tirer un bilan (final) du film, ca reste assez difficile et depend de l’angle d’approche.
A la question est-ce un bon film; etonnament: “oui”. Les acteurs sont plutot bons, meme si la caracterisation des personnages reste legere. Le realisateur est plus que competent et soigne sa mise en image. Le scenar recelle quelques bonnes scenes—mais aussi trop souvent des lourdeurs. Les creature-designs sont tres reussis et les SFX (CGs a tous les etages) sont reellement bien fichus et poussent le bouchon plutot loin pour un “blockbuster”.
A la question; est-ce un remake / prequel / sequel reussi; la reponse sera plutot mitigee, car aussi bon le film soit-il, il se heurte constemment au metrage de 1982, qui prend tres vite des allures de film “terminal” sur le sujet, tellement son approche est “extreme” (le nihilisme du film), logique (le scenario et les personnages), mais coherent dans son approche (la paranoia et la claustrophobie), laissant toute tentative ulterieure devoir se limiter a “singer” le tout pour—au mieux—faire partie egale (on peut rever) ou—par defaut—rater le coche en essayant de faire…autre chose…
Au final, le film serait plutot a classer donc dans le haut du panier du cinoche d’horreur “moderne”, mais nettement plus bas dans dans “histoire” du genre, car ayant comme “defaut” majeur…d’etre venu “apres” 1982…
Un film donc plutot bien “execute” mais “vain”. A reserver aux inconditionnels du genre, a ceux qui ne connaitraient pas la mouture de '82 ou, justement, a ceux qui la connaitraient et pour qui, ce film pourrait devenir...un plaisir coupable.
The Thing (2011): 3.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.