L'antre de la folie de John Carpenter (1994)
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
SPOILERS
On a beaucoup glosé sur les rapports entre "L'antre de la folie" et Lovecraf, mais le final n'est pas DU TOUT lovecraftien. Le cauchemar ultime, c'est de découvrir que trent n'est qu'un personnage de papier, un pantin, alors qu'il croyait être réel. Le film passe d'un cinéma fantastique assez réaliste, classique (et lovecraftien), à un film baucoup plus abstrait. L'effet cauchemardesque est là et il est très effiace à mon sens, mais le traitement du personnage et le final n'ont alors rien à voir avec Lovecraft... Mais je ne vois pas en quoi c'est génant ???
On a beaucoup glosé sur les rapports entre "L'antre de la folie" et Lovecraf, mais le final n'est pas DU TOUT lovecraftien. Le cauchemar ultime, c'est de découvrir que trent n'est qu'un personnage de papier, un pantin, alors qu'il croyait être réel. Le film passe d'un cinéma fantastique assez réaliste, classique (et lovecraftien), à un film baucoup plus abstrait. L'effet cauchemardesque est là et il est très effiace à mon sens, mais le traitement du personnage et le final n'ont alors rien à voir avec Lovecraft... Mais je ne vois pas en quoi c'est génant ???
- rusty james
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Disons aussi qu'il se met plus à la place de l'auteur face à son oeuvre que du spectateur et celle de son rapport à la fiction !
Et puis il y a aussi le fait qu'il s'agit d'un personnage face à son créateur, un peu comme dans certains cartoon (et c'est en fait la représentation de l'homme face à son destin, implacable).
J'adore aussi la scène de la couverture, j'allais en parler !
Et puis il y a aussi le fait qu'il s'agit d'un personnage face à son créateur, un peu comme dans certains cartoon (et c'est en fait la représentation de l'homme face à son destin, implacable).
J'adore aussi la scène de la couverture, j'allais en parler !
Je ne référais pas à l'atmosphère lovecraftienne en évoquant la fin de L'Antre de la folie, mais au procédé littéraire qui,d'après Carpenter, caractérise l'oeuvre de l'écrivain. D'accord avec Manolito quant à l'exagération de certains critiques à propos de l'influence littéraire sur l'oeuvre. En revanche, je ne comprends toujours pas l'utilité des dernières scènes. Trent découvre progressivement sa véritable nature (être de fiction), ses soupcons se trouvent brusquement confirmés (scène chez l'éditeur - l'angoisse laisse place à la terreur) et puis ellipse. Cette dernière brise la relation de sympathie entretenue par le public avec le protagoniste. La dernière partie de mon poste tentait de justifier cette fin en postulant la nécessaire séparation du spectateur avec le personnage pour pemettre à ce dernier de nous passer en quelque sorte le relais. Mais, pour moi, cela ne fonctionne pas. La tension retombe comme un soufflet...
On s'éloigne certes du personnage car la réflexion devient abstraite ; si la fin ne correspond pas à un récit lovecraftien, elle s'imbrique quand même très bien avec certaines de ses thématiques (la réalité n'est pas ce qu'elle paraît).
Et dès lors ce qui est effrayant, c'est de se dire que peut-être soi-même, on est qu'un personnage vivant dans le rêve d'une autre personne, etc. Tout ce qui constitue la réalité peut s'effondrer et nous faite basculer dans l'inexplicable et l'incontrolable - d'autant plus que John Trentr commence comme un personnage 100 pour 100 rationaliste...
Et dès lors ce qui est effrayant, c'est de se dire que peut-être soi-même, on est qu'un personnage vivant dans le rêve d'une autre personne, etc. Tout ce qui constitue la réalité peut s'effondrer et nous faite basculer dans l'inexplicable et l'incontrolable - d'autant plus que John Trentr commence comme un personnage 100 pour 100 rationaliste...
Super intéressant. Donc, ce qui m' a dérangée, c'est cette "plongée" (mais alors brusque) dans l'abstraction qui fait primer la réflexion sur l'intrigue (les deux sont souvent interdépendantes). D'accord, mais dire que l'angoisse finale repose sur une éventuelle coincidence de notre identité (moi) avec celle de Trent (personnage de fiction) revient à affirmer une sympathie qui n'existe plus. La perception du film s'intellectualise. Le public conçoit qu'il puisse être lui-même absubtantiel mais ne l'éprouve pas ou plus. Le Doute fait place à l'Interrogation (interrogation sur la validité du réel qui n'est d'ailleurs pas exclusive à Lovercraft mais à la littérature entière pour ne pas dire à l'humanité (mythe de la caverne).
Oui, mais comme Lovecraft, le film l'utilise de façon inquiétante : on se croit le centre du monde, on croit qu'on contrôle tout de a à z, et en fait, on est qu'une crotte de mouche insignifiante dans l'ordre des choses, manipulé par des forces nous échappant totalement. Et quoi qu'on fasse, on ne peut rien y changer. C'est quelque chose de très dépressif et de très parano, de très inquiétant donc. Toute action parait vaine, perdue d'avance, insignifiante, risible... Ca, c'est vraiment complètement Lovecraft...
Soit dit en passant, je trouve le John Trent de la fin du film plus sympathique que le trouduc super sur de lui qu'il est en début de métrage. Et donc, j'ai plus de sympathie pour lui dans les derniers instants du métrages...
Soit dit en passant, je trouve le John Trent de la fin du film plus sympathique que le trouduc super sur de lui qu'il est en début de métrage. Et donc, j'ai plus de sympathie pour lui dans les derniers instants du métrages...
"Sympathie" au sens strict du terme (grosso modo partager la souffrance de l'autre - qu'on l'aime ou non)
Ce qu'il a de lovecraftien, c'est que l'Immense, ce qui dépasse, voire écrase, les pauvres "crottes" que nous sommes possède paradoxalement un vraie réalité. Les monstres existent bel et bien et surtout s'inscrivent dans une chronologie objective (chez Lovecraft et Carpenter, en des temps, très très anciens). Satan, les fantômes... permettent également une remise en cause du narcissisme humain, et donc de son identité, mais ils demeurent conceptuels (en dépit de leur manifestation métaphorique). L'angoisse n'est pas moindre mais simplement différente. J'avoue aimer les deux (Lovecraft comme James m'ont fait passer des nuits blanches)
Ce qu'il a de lovecraftien, c'est que l'Immense, ce qui dépasse, voire écrase, les pauvres "crottes" que nous sommes possède paradoxalement un vraie réalité. Les monstres existent bel et bien et surtout s'inscrivent dans une chronologie objective (chez Lovecraft et Carpenter, en des temps, très très anciens). Satan, les fantômes... permettent également une remise en cause du narcissisme humain, et donc de son identité, mais ils demeurent conceptuels (en dépit de leur manifestation métaphorique). L'angoisse n'est pas moindre mais simplement différente. J'avoue aimer les deux (Lovecraft comme James m'ont fait passer des nuits blanches)
- rusty james
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Ce qui est marrant c'est que c'est toi mercredi qui rationalise à fond et que c'est ce que tu impute à Carpenter !
Y'a aussi un côté romantique chez lovecraft sinon de retour à une pureté originel (même si cette pureté ici est monstrueuse), voilà pour ma rationalisation à moi (même si çà apporte pas beaucoup d'eau au moulin )
Mais j'aime bien ton approche "scénarisitique" !
Y'a aussi un côté romantique chez lovecraft sinon de retour à une pureté originel (même si cette pureté ici est monstrueuse), voilà pour ma rationalisation à moi (même si çà apporte pas beaucoup d'eau au moulin )
Mais j'aime bien ton approche "scénarisitique" !
On comprend et donc reproche toujours au réalisateur ses propres défauts.rusty james a écrit :Ce qui est marrant c'est que c'est toi mercredi qui rationalise à fond et que c'est ce que tu impute à Carpenter !
Y'a aussi un côté romantique chez lovecraft sinon de retour à une pureté originel (même si cette pureté ici est monstrueuse), voilà pour ma rationalisation à moi (même si çà apporte pas beaucoup d'eau au moulin )
Mais j'aime bien ton approche "scénarisitique" !
Un coté romantique chez Lovecraft que j'apprécie énormément. Le terme utilisé pour caractériser la pureté, "monstrueuse", s'avère intéressant car équivoque (consciemment ou non). Monstrueuse au premier degré évidemment, mais également dans un sens "psychanalytique" (au regard de certaines convictions philosophiques - les "polémistes" diront "politiques" sans chercher à aller plus loin - d'un écrivain tourmenté par l'éventuelle déchéance des civilisations, voire des races... À ce propos, je te conseille vivement "Sortilèges " de Ghelderode, remarquable recueil de nouvelles fantastiques) . Bon, ce n'est pas le sujet... mais cette digression permet de confirmer les dires de Manolito: l'intertexte littéraire est beaucoup moins présent chez Carpenter que certains l'affirment; le réalisateur n'a pas exploité cet aspect romantique de l'oeuvre lovecarftienne, par exemple.
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Plus serieusement, moi j'ai toujours adhéré a la fin du film, a dire vrai, je peine a imaginer comment le film pourrait mieux se finir
Je m'emporte ptet un peu, mais l'antre de la folie est reellement un de mes films préférés du monde, et ce depuis la premiere fois que je l'ai vu (merci M6)
La fin m'avait laissé ahuri devant mon écran... Stupefaction + plaisir
Je m'emporte ptet un peu, mais l'antre de la folie est reellement un de mes films préférés du monde, et ce depuis la premiere fois que je l'ai vu (merci M6)
La fin m'avait laissé ahuri devant mon écran... Stupefaction + plaisir
Spoiler, Spoiler
Pour moi, en tant que spectatrice (je ne connais rien à la réalisation en tant que telle), le film aurait pu (et non dû) se terminer au moment où Trent se trouve chez l'éditeur. À ce moment, le personnage doit faire face à la réalité (plus d'échappatoire possible) de son identité. Choc et rideau... Bon, la scène serait alors plus emphatique au regard du reste du film. Là, on retrouve le personnage pris d'une folie que l'on comprend intellectuellement mais pas que l'on ressent.
Pour moi aussi le film est un chef d'oeuvre et je remercie également M6 (tente de te procurer le dvd, l'image est superbe et puis la vo permet d'apprécier le jeu de Sam Neil à sa juste valeur).
Pour moi, en tant que spectatrice (je ne connais rien à la réalisation en tant que telle), le film aurait pu (et non dû) se terminer au moment où Trent se trouve chez l'éditeur. À ce moment, le personnage doit faire face à la réalité (plus d'échappatoire possible) de son identité. Choc et rideau... Bon, la scène serait alors plus emphatique au regard du reste du film. Là, on retrouve le personnage pris d'une folie que l'on comprend intellectuellement mais pas que l'on ressent.
Pour moi aussi le film est un chef d'oeuvre et je remercie également M6 (tente de te procurer le dvd, l'image est superbe et puis la vo permet d'apprécier le jeu de Sam Neil à sa juste valeur).
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