La Lance Brisée (1954) Edward Dmytryk

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La Lance Brisée (1954) Edward Dmytryk

Message par arioch » jeu. déc. 21, 2006 11:24 am

Edward Dmytryk est avant tout connu, sur le front du Western, pour avoir réalisé L'HOMME AUX COLTS D'OR avec Henry Fonda et Richard Widmark. Mais il a tourné quelques autres Westerns dont un surprenant ALVAREZ KELLY et BROKEN LANCE (LA LANCE BRISEE) toujours avec Richard Widmark...

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Pour commencer, LA LANCE BRISEE est un Western particulier puisqu'il s'agit en fait d'une sorte d'adaptation de LA MAISON DES ETRANGERS de Joseph Mankiewicz réalisé à peine quelques années plus tôt. Le décor change, on passe du milieu urbain et contemporain (à l'époque) des affaires à celui des grandes prairies d'une exploitation de bétail... LA LANCE BRISEE ne va donc pas faire la part belle aux grandes chevauchées, aux redresseurs de tort solitaires et aux coups de flingues à répétition. Le Film Noir d'origine donne finalement une saga familiale sur fond de racisme.

Jo sort de prison après avoir purgé une peine dont on ne connaîtra la raison que bien plus tard. Il se heurte assez vite à l'hostilité de ses trois frères qui lui proposent une somme d'argent pour qu'il se barre à l'autre bout du pays histoire que plus personne n'entende parler de lui. Jo refuse catégoriquement et balance le tas de billet de banque dans un crachoir histoire de bien appuyer son refus. Il décide alors de retourner à la maison familiale où il retrouvera sa mère et où il va retrouver les derniers souvenirs de son père...

L'histoire débute donc de manière à placer le spectateur face à un mystère. Pourquoi y'a t'il une tension entre les frères ? Pourquoi est ce qu'on lui demande de quitter le coin dare dare ? Pourquoi etait il en prison ? Des questions qui vont trouver petit à petit, grâce au flashback, des reponses avant de nous proposer l'epilogue de l'histoire... Comment regler la tension entre les freres ? Est ce que Jo va quitter le coin dare dare ? Mais ce que l'on pourrait voir comme un drame familial, celui qui génére un sentiment de haine entre les frère, est aussi un incroyable pamphlet contre le racisme et la difficulté d'intégration. Car Jo est à moitié indien de par sa mère. En s'installant aux Etats-Unis, le patriarche de la famille perd sa première femme et épouse naturellement une indienne. Une séquence est d'ailleurs assez énorme lorsque ce propriétaire terrien, ami des indiens, va voir un homme politique qu'il connait depuis des années. Grâce à lui, le gouverneur a obtenu son poste et sa carrière politique et pourtant... Même après toutes ces années, le gouverneur américain voit d'un très mauvais oeil une union entre blanc et indien. Et de la, une tirade incroyable qui dit en gros "Après toutes ces années, tu n'as jamais compris pourquoi je l'ai épousé. Tu es arrivé ici mais tu n'as jamais aimé cet endroit, tu n'as jamais aimé la poussière et la plaine !". Traduction littérale, pour les mous du bulbe, j'ai épousé une indienne car j'aime mon pays ! Dans LA LANCE BRISEE, on nous dit texto qu'être patriote américain, c'est aimer les Américains y compris les vrais Américains, les Indiens, ceux qui ont de véritable racine avec cette terre !

Un joli film, en tout cas, qui refuse aussi d'être trop manichéen. Ainsi, le père du clan agit à l'ancienne mode, il est dur et autoritaire. Sûrement beaucoup trop pour qu'on le voie comme un homme totalement sympathique. Sa rudesse provoque d'ailleurs une partie du drame. Au contraire sa femme, une Indienne pure souche, est douce et compréhensive. On est bien loin des clichés où les vilains peaux rouges attaquent les diligences, convois et autres pauvres colons blancs !

Par contre, cela risque de rebuter les amoureux du tir au pigeon d'argile, le paradoxe évidemment, puisque cette histoire s'interesse avant tout aux sentiments qui déchirent cette famille (ce pays ?) plutot qu'à nous présenter du "pan pan" à tire larigot ! Alors, oui, par moment, y'a quelques bouts avec un peu trop de parlotte ou encore quelques trucs ici ou la moyennement convaincant. Mais, l'ensemble est de grande facture et c'est bien là, l'essentiel !

Jo, c'est un jeune Robert Wagner, bien avant Jonathan & Jenifer... Son plus vilain frère, c'est Richard Widmark. Le patriarche qui en impose devant sa marmaille qui crève de trouille quand il gueule, c'est le monument Spencer Tracy ! Sa femme, c'est la mexicaine Katy Jurado ! Ils sont tous excellents !

Vu sur le DVD Z1 de qualite sympa mais carrément nu à l'exception de la bande annonce et d'un bout d'actualite d'une poignee de secondes qui ne nous apprend rien, ne nous dit rien. Y'a la VO (en 3.1), épaulé par un sous-titrage anglais, ou la version française d'origine (en mono).
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Message par Akton » mer. janv. 03, 2007 1:45 pm

Vu aussi recement sur RTL9 et le film m'a beaucoup impréssionné aussi de part son sujet et surtout par le jeu d'acteur de Tracy absolument énorme. Je trouve le traitement du sujet du racisme anti indien vraiment étonnant pour un film datant de 54. Outre la scène que tu as cité avec le gouverneur, je trouve aussi très interessante celle ou l'on apprend que, pour faire bien en société, tout le monde disait que la femme de Devreaux était espagnole et non indienne (la senora Devreaux).
Le film vaut aussi et surtout pour l'interprétation de Tracy qui bouffe tout lécran. Curieusement je trouve Wagner très effacé (voire même plutôt pas bon :mrgreen: ) alors que Windmark (mal employé et qui n'apparait que tout au plus 10 minutes) a un personnage beaucoup plus riche et interessant car en opposition à son père... Je regrete qu'il n'apparaisse pas plus à l'écran et que ses confrontations avec son père ne soient pas plus mise en avant.
Malgré ces quelques reproches, ce film reste un très grand western qu'il faut décrouvrir.

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Message par arioch » mer. janv. 03, 2007 2:12 pm

Akton a écrit :Outre la scène que tu as cité avec le gouverneur, je trouve aussi très interessante celle ou l'on apprend que, pour faire bien en société, tout le monde disait que la femme de Devreaux était espagnole et non indienne (la senora Devreaux).
Une jolie mise en abime puisqu'a l'epoque la plupart des rôles importants d'indiens etaient souvent interprétés par des acteurs hispaniques !
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Message par Akton » mer. janv. 03, 2007 2:14 pm

arioch a écrit :Une jolie mise en abime puisqu'a l'epoque la plupart des rôles importants d'indiens etaient souvent interprétés par des acteurs hispaniques !

Voire Burt Lancaster :mrgreen:

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Message par arioch » mer. janv. 03, 2007 2:17 pm

Il n'est pas le seul a s'être pris pour un indien (Charlton Heston, Charles Bronson, Paul Newman...) mais tout cela va tourner au hors sujet ! :D
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