L'Apache (Cry for me Billy) - William A. Graham - 1972

[savoy1]

Un western indépendant simple et limpide dans son déroulement, mais qui dégage beaucoup d'émotion.

Dès le début, on sent qu'on va avoir droit à quelque chose qui accroche. Un cow-boy errant sur son cheval à contre-jour, une poignée de prisonniers indiens sous un soleil de plomb, un abreuvoir et son robinet qui goutte, quelques soldats patibulaires ... Le cow-boy tente d'apporter un seau d'eau aux assoiffés et se heurte à la vindicte d'un gardien. C'est alors que prétextant la fuite de quelques captifs, les militaires massacrent à bout portant le groupe resté assis, et partent à la poursuite des fuyards.
Le lendemain, sur sa route, le cavalier errant croise une indienne nue, la recueille contre son gré, et un road-movie naturaliste peut commencer.

Ils vont croiser la chaleur des paysages arides et le froid des nuits hivernales, la faim, et le racisme de quelques autochtones. Tout cela dans une suite de scènes simples et efficaces.
Des décors originaux, voir la ville et ses bicoques rabougries, le bar et son tenancier debout derrière une table minable faisant office de comptoir. La photo alterne lumière écrasante et tons plus sombres.
Le moindre personnage croisé présente consistance et intérêt grâce à quelques dialogues bien sentis. Comment expliquer la cohabitation à cet homme qui a vu sa famille scalpée ? Comment lui reprocher de se mettre en rogne quand on lui chaparde le pain dûrement pétri ?

Finalement, après un intermède "post baba-cool" (nous sommes au début des 70's), la dure réalité refait surface. Et le dernier tiers du métrage et sa chute de nous laisser sans voix, conclusion implacable et pourtant hyper logique dans son déroulement.
On a beau être victime, on n'en est pas moins coupable quelque part ...

[manuma]

Très bonne surprise pour ma part que ce petit western contestataire sur lequel plane l’ombre du conflit Vietnamien.

Une mise en scène extrêmement sobre, dans ses passages lyriques – peut-être un peu trop peace & love - comme dans les moments de tension, un récit simple dans son développement mais fort, une interprétation au diapason, sans chichi, et une très belle photographie de Jordan Cronenweth (Blade Runner, State of grace) – lequel retrouvera William A. Graham l’année suivante sur l’encore plus réussi Birds of prey - font de ce Cry for me, Billy, rappelant parfois Soldier Blue, en moins lourd, moins excessif, une bien belle réussite dans le genre.