Arizona (1940) Wesley Ruggles

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arioch
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Arizona (1940) Wesley Ruggles

Message par arioch » lun. juin 11, 2007 2:31 pm

Le territoire de l'Arizona est encore une contrée "sauvage" sur laquelle n'ose se rendre qu'une poignée de colons. La ville de Tucson n'est ainsi peuplée que par des indiens pacifiques et des blancs barbus et crasseux. La ville en elle meme ressemble plus a un terrain de camping au centre duquel se tient une sorte de marché un peu plus élaboré, les plus chanceux ont même des cabanes (la vache !). La, Phoebe est la seule blanche aux alentours et elle a monté un petit commerce ou elle vend des tartes, met délicieux qui change de l'ordinaire du cow-boy solitaire. Muncie se pointe dans un nuage de poussiere généré par un convoi de nouveaux colons. Phoebe et Muncie sont tout de suite attiré mais plutot que de suivre le rêve de Phoebe, développer la région, il prefere partir pour la Californie seulement pour "s'allonger sous un arbre et admirer le paysage" (oui, Muncie, c'est pas un gars qui a envie de fonder un foyer, il veux voir du pays !). Phoebe se retrouve seul et va mettre tout en oeuvre pour développer une entreprise de convoyage pendant que la ville de Tucson se développe au gré des événements extérieurs (ingérence des blancs auprès d'indiens belliqueux, guerre de cessession...).

De prime abord, le film surprend. Les 30 premieres minutes sont exemplaires et tranchent avec le western plus traditionnel. Ainsi, l'arrivée du convoi délabré, certains chariots surfant sur 3 roues et conduit par des hommes hagards aux mines fatiguées, barbus et poussiereux donne le ton d'un West pas franchement glamour. Jean Arthur qui incarne Phoebe n'a rien non plus de la gravure de mode de la danseuse de saloon. Au contraire, c'est une dure, une femme qui a de l'ambition, des convictions et qui entend qu'on ne lui marche pas sur le pieds. A cet effet, sa première apparition dans le film tranche elle aussi. Avec deux flingues a la main, elle va menacer deux voleurs qui lui ont subtilisés une somme d'argent. Apres avoir récupéré une partie de la somme, elle lance un fouet sur une table et intime au premier des coupables de fouetter l'autre avant d'inverser les roles. Phoebe n'a donc rien a voir avec Barbie. Et Muncie, ce n'est pas non plus Kane quand il débarque a Tucson avec sa barbe de 15 jours et le visage couvert de poussiere. Ces deux la vont donc rapidement tomber amoureux l'un de l'autre mais leurs projets respectifs, leurs vues sur le proche avenir, va les séparer meme si Muncie promet de revenir un jour.
Notez bien que lorsque Muncie decide d'aller chez le barbier pour se faire raser de pres, j'ai failli arreter, ca devenait trop américain comme film, trop glamour, faut pas déconner ! Heureusement, j'ai continue et il s'est barré avec son visage glabre et d'autres barbus à la ZZ Top ont continué de peupler le paysage.

Le film relate donc, a sa facon, l'expansion d'une ville au gré de son environnement intérieur et extérieur. Phoebe se lance dans un projet qui va lui permettre de gagner plus vite de l'argent de maniere a creer son ranch. Et ce projet, c'est de faire de l'acheminement de marchandises, activité risquée puisque personne ne sait ce qu'il peux arriver sur la route. Et justement des batons dans les roues de ses convois, sa concurrence ne va pas tarder a lui en mettre alors qu'un énigmatique mafieux vient de débarquer en ville. Encore une fois, on pourrait croire que ARIZONA va nous mettre sur la route et nous relater les voyages aventureux du convoyage de marchandises ! Tout faux ! En fait, quasiment toute l'action du film se deroule dans la ville et s'interesse bien plus aux intrigues qu'aux actions qu'elles produisent. C'est d'autant plus flagrant a la fin du film par un choix extremement curieux de mise en scene probablement une facon d'augmenter le suspense au détriment de l'action. Ainsi, alors qu'une fusillade est sur le point de débuter, la caméra s'en va et va plutot filmer Phoebe qui attend l'issue de cet echauffourée. L'action n'etant finalement rythmé que par les coups de feu et les reactions de l'actrice.

Alors, bien sur, on va m'emmerder et me dire que c'est un film a la gloire des colons. Oui et non ! En meme temps, Terence Hill est un colon dans TRINITA et ca ne viendrait a l'idee de personne de venir lui dire de rentrer chez lui pour le bien du politiquement correct. Cela dit, ARIZONA est très nuancé et ne montre pas du tout un Ouest sauvage gentillet et propret. La crasse, la sueur, la boue et la poussière sont omniprésents... Le méchant est un pur salaud... Plus que de parler de l'expansion de l'Arizona, mis en évidence par certains textes s'intercalant entre les époques, c'est surtout un film à la gloire de la libre entreprise. C'est d'autant plus étonnant que le héros principal est une femme à poigne qui sera la seule à veritablement oeuvrer pour le développement de ses affaires mais aussi en ayant un apport bénéfique sur la région. Mais, des femmes à poigne, il y en a pas mal dans le Western américain avec par exemple Barbara Stanwyck. Mais, la, le concept est legerement different. Car si Phoebe est bel et bien une femme forte, elle n'aspire qu'a se faire son petit coin de paradis pour fonder un foyer. Un choix plutot curieux mais finalement tres coherent dans la psychologie du personnage.

Donc, oui, ARIZONA est un film foncièrement américain (capitalisme et libre entreprise amène développement et bien être) mais c'est aussi un Western complètement atypique en raison d'un grand nombre de parti pris très surprenant. Toutefois, on notera que sur les 121 minutes du film, il y a une petite baisse de régime en son milieu essentiellement en raison d'une impression de déjà vu (les combines du vilain Carteret interprété par Warren William) Jean Arthur était déjà la Calamity Jane dans UNE AVENTURE DE BUFFALO BILL, une autre femme a poigne qui ne passait pas son temps à se recoiffer. Muncie, c'est un très jeune William Holden que l'on aura bien du mal à reconnaitre.

Image
"Fuck The World", Rambo

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