La moustache (2005) d'Emmanuel Carrère
Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team
- Teurk le Sicaire
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Re: "La moustache" (2005) d'Emmanuel Carrère
Un concept de scénario intéressant (Vincent Lindon se rase la moustache mais s'étonne que personne ne le remarque jusqu'à ce qu'on lui affirme qu'il n'en a jamais porté) qui ferait penser aux débuts de Philip K. Dick où un changement minime du quotidien peut entrainer un effondrement du réel. Mais malheureusement, La Moustache est d'abord un film français pur sucre, avec tout ce que cela requiert de bourges parisiens évoluant dans des duplex géants où se font et défont leurs névroses conjugales. N'oublions pas le surjeu caricatural toujours aux portes de l'hystérie et des dialogues jamais naturels ("On sort ? / Non / Et si on allait à la piscine ? / Coupons la poire en deux : allons t'acheter une veste").
On peine donc à s'affilier émotionnellement à ces gens. La Moustache trouve un regain d'intérêt quand Lindon part en voyage pathologique à Hong-Kong mais le film s'enlise à ne jamais assumer de prendre position sur sa dualité décompensation psychiatrique/mensonge organisée, envoyant sans cesse des signaux dans les deux sens et conservant le confort de l'inexplication vaporeuse. Au risque de donner l'impression de n'avoir rien à raconter au-delà de son procédé (par ailleurs efficace sur le plan formel), voire d'être dans l'esbroufe paresseuse.
Alors oui, on peut trouver que le film évoque l'angoisse de la perte des siens (son épouse, ses parents) et de la solitude qui en découlerait, ou les difficultés de communication dans le couple. Mais ces thématiques sont balancées sans en faire grand-chose. Et j'avoue ne pas avoir compris la symbolique de l'eau, très présente. Une vraie déception car le film avait un vrai potentiel, en l'état inabouti. Et anecdote : dans une scène, on entend Pascal Praud en commentateur sportif, dans sa vie d'avant égérie télévisuelle pour fafs.
On peine donc à s'affilier émotionnellement à ces gens. La Moustache trouve un regain d'intérêt quand Lindon part en voyage pathologique à Hong-Kong mais le film s'enlise à ne jamais assumer de prendre position sur sa dualité décompensation psychiatrique/mensonge organisée, envoyant sans cesse des signaux dans les deux sens et conservant le confort de l'inexplication vaporeuse. Au risque de donner l'impression de n'avoir rien à raconter au-delà de son procédé (par ailleurs efficace sur le plan formel), voire d'être dans l'esbroufe paresseuse.
Alors oui, on peut trouver que le film évoque l'angoisse de la perte des siens (son épouse, ses parents) et de la solitude qui en découlerait, ou les difficultés de communication dans le couple. Mais ces thématiques sont balancées sans en faire grand-chose. Et j'avoue ne pas avoir compris la symbolique de l'eau, très présente. Une vraie déception car le film avait un vrai potentiel, en l'état inabouti. Et anecdote : dans une scène, on entend Pascal Praud en commentateur sportif, dans sa vie d'avant égérie télévisuelle pour fafs.