Wicked Little Letters / Scandaleusement vôtre - Thea Sharrock (2023)

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Superwonderscope
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Wicked Little Letters / Scandaleusement vôtre - Thea Sharrock (2023)

Message par Superwonderscope » mer. mai 08, 2024 8:59 am

VF Scandaleusement Vôtre (encore un titre qui sent le travail créatif du distributeur)

en 1918, Edith (Olivia Colman), une vieille fille catholique vivant chez ses parents, commence à recevoir des lettres d'insultes anonymes. Sa voisine Rose (jessie Buckley), une immigrée irlandaise qui jure comme un charretier, est immédiatement soupçonnée jusqu'à être emprisonnée.



Basé sur des faits réels qui se sont déroulés à Littlehampton, le film possède une résonance résolument contemporaine. Avec cette spécificité britannique toujours fine de jouer sur la fibre sociale.

Vendu comme une comédie, ça n'est pas tout à fait cela. le film annonce est trompeur. Le récit oscille entre aspects comiques et tragédie (d'une femme ridicule). Ancien monde coincé dans un paternalisme aigu - Timothy Spall, drôle et glaçant -, la recherche de la célébrité, les insultes gratuites répétées et anonymes, la détestation de ce qui est différent et la notion de liberté. Tout ceci concorde avec une lecture actuelle de nos rapports aux réseaux sociaux et les campagnes de haine en ligne qui déferlent régulièrement. (Et on peut aussi trouver pas mal de similarités avec des éléments récents comme la youtubeuse Creepshow Art, entre autres)

Olivia Colman est juste parfaite en vieille fille traversée d'élans de bontés envers sa voisine, de respect envers son père excessivement cruel, de doutes envers la haine qu'elle se prend en pleine figure. elle vit cachée, tout comme ses sentiments Jessie Buckley également, parfaite en femme indépendante , veuve de guerre et mère d'une jeune fille toute aussi libre. elle s'avère à l'inverse totalement transparente aux yeux des gens : elle est ce qu'elle vit elle ose jouir de sa liberté comme elle l'entend.
le film met également en avant une des premières femmes agent de police, alors cantonnées à du travail de "confort psychologique de femmes, pour parer à l'hystérie et aux larmes", en pleine révolution des suffragettes.

et lorsque l'identité du Corbeau est révélé, tout prend une autre tournure. Plus dramatique, plus triste, aussi, ajoutant à la complexité du noeud de l'histoire, à savoir : pourquoi tant de haine?

Sur 100mn, les auteurs tentent le point de vue féminin d'une tentative de se libérer du joug puritain anglais et de se sortir des cases où elles ont été compartimentées. Au risque de se perdre, parfois (la jeune policière tente de s'émanciper mais pas pour le bien-être du système, mais pour honorer son père. curieux message).
C'est joliment tourné, excellemment joué, et maintient l'intérêt tout du long. Pas forcément juste sur le déroulé des éléments, mais la richesse du contenu l'emporte sur la forme assez convenue.
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?

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