Quartier Violent - Boryoku gai (1974) Hideo Gosha

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MadXav
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Quartier Violent - Boryoku gai (1974) Hideo Gosha

Message par MadXav » mar. janv. 10, 2006 9:44 am

Après les Kiba et Samourai sans honneur, j'aborde donc le 4eme et dernier film du coffret Hideo Gosha (volume 1: Quelqu'un a une date et des titres pour le volume 2?) édité par HK. Film en VOSTF avec toujours une copie bien clean.

Histoire de yakuzas...
Egawa, ancien chef Yakuza, a tiré un trait sur son passé, sa maîtresse, les complots, les gunfights et tout ce qui fait le charme de la vie de truand. Seule subsiste une impressionnante cicatrice sur sa joue et son club branchouille, cadeau (dérisoire) qu'il a reçu en échange de la dissolution de son clan. L'homme se la coule douce jusqu'à ce qu'un nouveau venu aux dents longues et à la coiffure de Elvis ne vienne le racketter. Mais ce blaireau n'est là qu'un maigre problème qui en cache un bien plus important: Certains des ex-hommes de mains d'Egawa kidnappent et tuent accidentellement Minami, la bimbo-star d'un gros clan rival.
Une guerre des gangs à base de "c'est qui qu'a tué ma blonde ?" éclate alors et le balafré à la retraite, jugé responsable, va devoir rétablir l'ordre à sa manière, en adoptant pour cela le concept mainte fois éprouvé du ménage par le vide...
Dorénavant, Egawa peut compter ses amis sur les doigts d'un manchot et devra affronter une geisha rasée de prêt, Elvis version Jap, un homme de main aux sourcils épilés et les humeurs de sa maîtresse alcolo.
On s'étonne qu'il soit nerveux le mec après tout ça...

Bilan
Hideo Gosha n'est pas un tendre si j'en crois les personnages qu'il met en scène. Egawa n'y coupe pas et c'est à un véritable déluge de violence qu'il va se livrer. Interprété par Noboru Ando, prédisposé aux films de Yakuzas (si j'en crois les 4 Kinji Fukasaku sortis chez Wildside) et très brillant dans le rôle, ce personnage en apparence placide donne vite le ton après seulement 3 minutes de films en lattant 2 petits minables qui viennent lui taxer sa thune... Héros très charismatique auquel on accroche aussitôt (la violence dont il use semble systématiquement justifiée), nous allons donc suivre sa descente aux enfers ou plutôt son retour forcé à ce qu'il a été de par le passé (comme en témoigne sa cicatrice)...
Comme d'habitude, Gosha nous livre un scénario très dense avec beaucoup de personnages tous liés par l'amour, la haine, le respect ou la trahison. Le tout se met en place un peu lentement sur la première demi heure mais bien vite, Egawa est obligé d'user de méthodes plus radicale et là, on matte son écran sans cligner des yeux.
On assiste alors à une alternance de sexe et de violence qui, loin d'être extrême (comme le prétend l'accroche du DVD), est mise en scène avec un talent évident. La scène lesbienne vue du dessus, le chenil, les meurtres au rasoir sont autant de scènes qui scotchent le spectateur par leur beauté ou leur visuel étonnant...
Encore une fois, Gosha semble très proche du cinéma Italien. Si ses Chambaras font indéniablement penser à du Western Spaghetti, ce film de Yakuza semble prendre sur le plan visuel pas mal d'idées venues des Giallos. On retrouve notamment des couleurs vives à la Argento et une tueuse au rasoir qui me fera penser (sur bien des points) à celle de "Pulsion" de De Palma...

Résultat étonnant donc mais au delà de l'aspect visuel, Gosha adopte aussi une vision plutôt imagée des clans et Yakuza. Ainsi, durant tout le métrage, on voit clairement la distinction entre les "chefs" qui dominent et jouent avec leur "hommes de mains" qui sont bien entendu des pions, des pantins. A deux reprises par exemple, on voit des hommes de mains mourir (avec beaucoup de sang à la clef) au milieu de mannequins en plastique au regard bien plus humain que celui de n'importe lequel de ces Yakuza. Les truands cachent par ailleurs l'argent de leur butin dans la cage des chiens... Butin du reste issu d'un rapt dont les hommes ne sont pas jugés responsables : seul Egawa, le (ex-)chef peut être jugé responsable puisqu'il a été leur supérieur. Enfin, une scène montrant les chefs dans leur hélicoptère poursuit dans cet esprit : Ils dominent la ville et leurs hommes sont les pions d'un échiquier grandeur nature...
Spoiler
La scène finale, montrant le héros mourir, clôt le film du reste magistralement. Les meurtriers sont des hommes de main, leur visage et floué car en fait qu'importe leur identité, qu'importe d'où ils viennent, comment ils ont su etc... Ce sont des anonymes, commandité par une entité supérieur, un chef, qui via ces quelques pions a remporté la partie...
Fin de Spoiler.

Au delà de tout cela, Gosha réussit donc un bon film, tendu (le combat dans l'animalerie en milieu de film est un modèle du genre avec un mec qui lutte réellement pour sauver sa peau), intéressant et très bien mis en image.
Sans doute le film le plus homogène du coffret proposé par HK.
4,5/6
Dessin et sketching liés au cinéma, au voyage, etc. :
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moniak
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Message par moniak » mar. janv. 10, 2006 11:58 pm

Je l'ai matté cette semaine et j'ai adoré!
C'est un melange entre les films de yakuzas de fukasaku et les menottes rouges (rien que ca!).
Les scenes de violences sont bien barrés et l'histoire plutot interessante.
Coté visuel, rien a dire, de tres beaux plans et des couleurs chatoyantes.
Bref un must du genre a ne pas manquer!
Only the meteors are pure psychobillys!!

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Teurk le Sicaire
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Re: Quartier Violent - Boryoku gai (1974) Hideo Gosha

Message par Teurk le Sicaire » jeu. oct. 15, 2020 12:27 pm

Qu'il est difficile de réussir sa reconversion professionnelle pour un yakuza ! Quartier violent s'intéresse au sujet tant pour l'individu, ici un ancien chef de clan subalterne qui tente de faire prospérer le club dont il a hérité en reconnaissances de ses faits d'armes, que pour la société mafieuse alors qu'elle joue désormais la carte de la légalité. Car bien vite, les ressentiments passés et les tensions d'expansion en cours viennent réveiller les vieux démons qui sommeillent, dont cette fameuse violence en titre qui va faire couler le sang.

Derrière la façade de respectabilité moderne que veulent se donner les boss du clan subsistent les méthodes de voyous, et surtout, l'absence totale de morale et de reconnaissance envers ses propres hommes, ce qui autorise de prospérer financièrement sur le sang des jeunes fidèles ou des plus anciens devenus un poids inutile et dont on organise cyniquement l'entre-tuerie. La conclusion, très nihiliste, montre la vacuité de ces conflits justifiés par des pseudo-valeurs d'un code d'honneur vidé de sa substance et qui ne sert que les plus puissants.

Quartier violent s'inscrit donc dans une veine jitsoroku avec ces yakuzas en fin de règne condamnés à mourir pour rien. Le film explore des ambiances assez variées (le club de flamenco, les affrontements dans le poulailler...) et des idées plan sympas (le meurtre au milieu des mannequins en plastique), avec quelques accès érotiques voire bis (le duo de tueurs à gage dont l'étonnant travesti). La menée de l'histoire manque un peu de rythme pour toutefois bien se réveiller sur la fin, avec un assaut des plus meurtriers (starring Bunta Sugawara en participation surprise). Et la séquence finale est vraiment percutante.

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