
Donc le film.
KADAL nous parle de Thomas, un jeune garçon né de l'étreinte d'une prostituée infirme et d'un client. Dès les premières images, le film se montre assez dur avec cet enfant de quatre ans environ, assistant à l'enterrement indélicat de sa mère par son présumé père. L'enfant sera livré à lui-même et s'adonnera à la violence, ainsi qu'au vol. Jusqu'au jour où déboule le Père Sam, qui lui montrera une autre voie. Celle de la compassion et de l'amour de son prochain. Thomas, alors âgé d'une vingtaine d'années, reprend confiance en la vie. Mais le Père Sam est expédié en prison, victime d'un triste complot. Désespéré, Thomas renoue alors avec la violence...
Disons-le tout de suite, outre quelques fausses notes dans son final, KADAL est une belle réussite. Particulièrement "vrai" et émouvant lorsqu'il décrit l'enfance de Thomas, le métrage nous dévoile la vie particulièrement rude de ces jeunes orphelins. Il dévoile aussi l'Inde sous un jour assez peu "touristique" avec les pêcheurs, les marchés, la négoce qui se fait à voix haute, à la limite de l'engueulade ! J'y ai bien retrouvé ce que j'avais pu voir là-bas ! Puis Thomas devient adulte, transition qui s'effectue avec une première séquence chantée/dansée (il y en aura quatre) d'une grande qualité, mettant en vedette les pêcheurs et le travail qu'ils font, souvent au risque de leur vie. La seconde séquence de ce type interviendra un peu plus tard, lorsque Thomas rencontrera la belle Béatrice. Cette chorégraphie mettra en scène un groupe de danseurs, et un autre de danseuses. Sans doute l'une des plus belles séquences musicales qui m'ait été donné de voir dans un métrage indien. Des couleurs magnifiques, des danseurs et danseuses superbement habillés/maquillés/ornés, des couleurs vives et de vrais placement de caméra. Splendide.
Le film lui, joue moins la carte de l'émotion et prend le temps de développer les personnage, les amenant progressivement. Le rythme n'est pas lent et le spectacle n'ennuie pas. Thomas est un jeune homme fragile qui a besoin d'un père, d'un guide. Lorsqu'il en perd un, il doit impérativement en trouver un autre, quand bien même cela doit entrainer un changement de cap radical. A ce titre, KADAL est un film Tamoul, donc plus explicite dans sa violence que ne le sont la plupart des films en hindi.
L'amourette est plutôt sympathique et l'actrice Thulasi Nair assez charmante dans son personnage.
Le seul bémol que je mettrai donc, c'est cette conclusion qui m'a semblé lourde et bâclée. Lourde parce qu'elle y va de ses gros sabots et se montre même redondante sur le bateau (on va le tuer ! non je le sauve ! Allé on le tue ! Non je le resauve...). Bâclé parce qu'elle nous balance une grosse incohérence à la gueule (Béa, tu n'étais pas sur le bateau ???). Enfin nous nous serions bien passés d'une perte de mémoire temporaire qui n'apporte rien de plus qu'une ultime lourdeur.
Bref, outre son dernier quart d'heure que j'ai trouvé maladroit, KADAL n'en reste pas moins un beau film, tant dans ses images que dans ses personnages, sa représentation de son univers et ses thématiques. Un très agréable moment que j'achèterai sans doute en galette, pour le faire découvrir à quelques amis...
