Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Science-Fiction, Horreur, Epouvante, Merveilleux, Heroic Fantasy et tout le toutim du Fantastique !

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niko13
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par niko13 »

Cypher a écrit : je réitère donc ma question : quels seraient pour toi des concepts universels ?
L'oppression de l'homme par l'homme, le totalitarisme, la violence qui appelle une reaction violente...autant de situations qui ont jalonne le XXie siecle, et quelques siecles precedents. Ca en fait des themes, comment dire, universels peut-etre ?
What the fuck did I do ?
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

Maintenant je reviens à Children of Men, puisque c'est de ça dont on parlait à l'origine...
Oui, tu fais bien de le rappeler... :-D
le totalitarisme, la pollution, l'infertilité, les génocides, j'en passe et des meilleures, tout ça, ce n'est pas qu'un postulat de base, c'est la réalité de notre vie moderne dans ce qu'elle a de plus désespérément concrète.
C'est vrai et c'est bien ce que je reproche à un film qui se prétend de science-fiction ou même d'anticipation.
Réfléchis un coup, imagine que l'on annonce dans les médias que le taux de natalité mondiale est en chute libre. Comment crois-tu que les grandes nations vont réagir ? En disant "oui, c'est ennuyeux pour les retraites" ? J'en doute. Ce sera le chaos généralisé, un peu comme ce que nous annoncent ces mêmes médias lorsque le pétrole ou l'eau commenceront sérieusement à manquer. Et crois-moi, l'armée servira à quelque-chose. D'ici que certains Etats déclarent l'état d'urgence avec suppression partielle ou totale, temporaire ou définitive, des libertés individuelles, il n'y a qu'un pas que le scénario de CofM a logiquement franchi, puisque c'était de toute façon inévitable. Souviens-toi ensuite de la séquence où Clive rencontre Julianne... c'est vrai, la séquence est un peu molle. Mais elle a un second intérêt, pour ma part importante, c'est qu'on a le temps de lire les journaux collés sur les vitres... l'atomisation du Kazakhstan par la Russie, le roi Charles détrôné, etc etc... tu as là toute la "profondeur" du récit qui te manque, les réponses à toutes ces questions que tu te poses quant à l'état de ce monde en perdition (comment on en est arrivé à ce stade) et qui ne peuvent pas être évoquées directement dans le film parce que ça plomberait le récit et allongerait considérablement la durée du film, qui fait 1 heure 45 minutes. D'ailleurs, ce procédé est utilisé trois fois au total : quand Clive allume sa télé (les infos de la BBC, juste après cette pub hallucinante "you decide when" pour le suicide) et les coupures de presse dans la maison de Michael Caine.
Je vais essayer de "réfléchir un coup" (je n'en garantis cependant pas la réussite).
Je te rejoins sur le fait qu'Alfonso Cuarón a réussi à planter un décor riche, fourmillant de détails, en déployant des trésors d'ingéniosité (je te fais d'ailleurs remarquer que je n'ai jamais nié ses talents de réalisateur). Maintenant, c'est précisément la politique fiction qu'il met en oeuvre pour dépeindre le contexte de son film qui me pose problème : sa vision d'une société au bord du gouffre est, comme tu l'indiques, proche de la nôtre alors que le problème de la fin programmée de l'Humanité devrait au contraire changer radicalement la donne. Pour être plus clair, c'est comme si la crise la plus grave qu'aient jamais connue les humains (d'accord, il y a de nos jours une baisse de la fertilité, mais rien d'alarmant quand même) ne changeait finalement pas grand-chose à leur quotidien. Il n'y a toujours rien qui te choque dans Children of Men ?
Maintenant, pour reprendre ton exemple sur la baisse de la production du pétrole, on peut effectivement se dire que certains pays n'hésitent pas à entrer en guerre pour cette ressource. On peut aussi se dire que d'autres pays cherchent des solutions alternatives : le nucléaire, pour la France, ou mieux encore, l'énergie solaire (clin d'oeil à Sunshine... oups, désolé :P ). Il semblerait que les hommes et les femmes ne soient pas seulement des loups et des louves pour eux-mêmes, mais aussi des êtres doués de bon sens à grande échelle.
Bref, tout ça pour dire que Children of Men, en plus de faire l'impasse sur la crédibilité de son récit (des solutions alternatives existent : le clonage) s'attache à décrire une vision beaucoup trop simplifiée et/ou caricaturale de l'Humanité dans son ensemble.

Quant aux récompenses qu'aurait pu recevoir Children of Men, je te fais juste remarquer que La Môme (et son casting) en a reçu un maximum. Maintenant, peut-on parler de crédibilité des hautes sphères cinématographiques? :roll: (Ceci étant dit, je critique La Môme alors que je ne l'ai pas vu. :D )
Modifié en dernier par Cypher le mer. févr. 27, 2008 4:47 pm, modifié 1 fois.
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Cypher a écrit :C'est vrai et c'est bien ce que je reproche à un film qui se prétend de science-fiction ou même d'anticipation.
En l'occurence le film ne se prétend rien du tout, c'est toi qui cherche absolument à lui coller une étiquette et à le faire rentrer dans une petite case.
Pour être plus clair, c'est comme si la crise la plus grave qu'aient jamais connue les humains (d'accord, il y a de nos jours une baisse de la fertilité, mais rien d'alarmant quand même) ne changeait finalement pas grand-chose à leur quotidien.
Au contraire, le quotidien est bouleversé mais de manière réaliste. Terrorisme, refuge dans le communautarisme voir les sectes, micro-révolutions, pollution aggravée, etc. Il n'y a pas de grands discours à faire ou de grand plans blindés d'images de synthèse, tout ça a déjà été dit ou fait, ça n'est pas le propos. Donc la réalité alternative mesurée et très discrète de Children of Men me convient parfaitement, je la trouve crédible, touchante et effrayante. Sans doute parce que je crois plus à la résignation qu'à la colère.

Au passage il y a énormément de choses dans le film qui passent par le sous-texte, discrètement, il faut être attentif.
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

niko13 a écrit :L'oppression de l'homme par l'homme, le totalitarisme, la violence qui appelle une reaction violente...autant de situations qui ont jalonne le XXie siecle, et quelques siecles precedents. Ca en fait des themes, comment dire, universels peut-etre ?
Euh... non. Le totalitarisme est éminemment inscrit dans un contexte aussi bien spatial que temporel.
Prodigy a écrit :Le débat de fond est pas inintéressant, dommage qu'il soit truffé d'un côté de piques et de provocs gratuites qui ruinent un peu tous les arguments.
Non, non. Elles n'ont rien de gratuit ; j'admets qu'elles ne puissent amuser que moi (et je trouve cela déjà pas mal :P ), mais elles constituent surtout à mon sens un garde-fou contre la dérive ô combien dangereuse de se prendre trop au sérieux dans ce qui constitue un échange d'opinions (avec tout ce qu'il y a de subjectif).
En tout cas je rejoins totalement Duncan Idaho, Children of Men ne parle pas du futur, il parle du présent, un présent bien palpable dont il ne fait qu'exagérer très fortement les traits.
Je veux bien admettre que le film parle du présent, mais un présent dans lequel est apparu un fléau aux conséquences infiniment plus graves que celles de tous les maux qui ont jusqu'alors accablé l'Humanité. Dans Children of Men, il en résulte juste une aggravation des troubles qui existaient déjà. Pour des circonstances exceptionnelles, la réponse humaine est somme toute assez banale ; et c'est notamment en cela que je trouve le scénario de ce film bien peu crédible. Maintenant, on peut se dire que le choix d'une situation extrême (la fin imminente de l'Humanité) n'est que secondaire pour l'histoire, et qu'il justifie donc une simple aggravation des troubles qui existent déjà. Hélas, la majeure partie de l'intrigue repose sur cet état de fait hors-norme que représente la naissance d'un enfant au sein d'une humanité stérile. Et là, c'est le drame ; en fait non, puisque cela ne change absolument rien aux actions des hommes : ils continuent leurs méfaits comme si rien n'avait changé (cf. la scène ridicule de la bataille finale). Pour résumer, le contexte socio-politique change à peine par rapport au plus grand fléau de l'histoire humaine, et il ne change pas du tout lorsque l'on annonce l'apparition du plus grand espoir. J'ai beau chercher, le film d'Alfonso Cuarón ne me paraît toujours pas crédible ou cohérent.
Prodigy a écrit :En l'occurence le film ne se prétend rien du tout, c'est toi qui cherche absolument à lui coller une étiquette et à le faire rentrer dans une petite case.
Il me semble que le forum est consacré au cinéma fantastique (et par extension à la SF et aux films d'horreur), mais peut-être voulait-on parler de "fantastique" dans le sens "formidable". Dans ce cas, Children of Men aurait encore moins sa place sur ce forum. :D
Cela dit, je n'arrête pas de dire que Children of Men est un film d'action comme les autres (mais en beaucoup moins bien que Rambo 4 :wink: ).
Children of Men moralisateur ? Là par contre, faudra vraiment m'expliquer, et malgré les arguments avancés je ne suis toujours pas convaincu.
C'est avec grand plaisir que je vais t'expliquer pourquoi je trouve que Children of Men est un film atrocement moralisateur car il véhicule des poncifs du genre : les guerres, c'est mal (cependant, un Romain célèbre avait jadis déclaré avec pertinence et en latin : "Qui veut la paix prépare la guerre."), les gouvernements sont trop méchants avec les immigrés alors qu'eux sont porteurs d'espoirs (je pense que tout le monde aura remarqué que la mère de l'enfant est noire), le totalitarisme c'est pas bien (et c'est imparable ; ceci étant dit, dans des circonstances exceptionnelles, une dictature militaire de transition peut, en ultime recours, permettre de sortir d'une crise grave) la vie d'un enfant est super méga précieuse et mérite que l'on fasse absolument tout pour la préserver (et un peu de morale chrétienne), etc. Bref, beaucoup de bons sentiments "prêts à penser" parsèment le film.
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par arioch »

Cypher a écrit :la vie d'un enfant est super méga précieuse et mérite que l'on fasse absolument tout pour la préserver (et un peu de morale chrétienne), etc. Bref, beaucoup de bons sentiments "prêts à penser" parsèment le film.
Ben, encore heureux que l'on fasse des films ou la vie d'un enfant est super méga précieuse. Moi, ca m'inquieterait déjà plus qu'on fasse des films qui disent :

-La dictature et les états totalitaires, c'est le panard !
-La guerre, c'est génial !
-Les émigrés sont la source de nos problème.
-La vie d'un enfant n'a aucun intérêt, on s'en fout !

Ca, ca m'inquiete déjà largement plus que les films moralisateurs et remplis de bons sentiments. Cela dit, je suis client des films moralisateurs et pleins de bons sentiments, en général. Et je ne comprends d'ailleurs pas que "morale" ou "bons sentiments" puissent être une tare. Un bon film serait donc un métrage "immoral" ? Le débat me parait des plus étranges.

Sinon, comme tu le dis toi même, les travers de l'humanité ne changent pas au bord du gouffre, cela ne fait que renforcer le trait. Pour moi, c'est exactement de ça que parle LES FILS DE L'HOMME. Sauf que plutôt que de nous le dire de façon chiante, ca prend le parti d'être inclus en filigrane dans un film qui revêt la forme d'un thriller d'anticipation (résolument fantastique l'univers qui nous est présenté n'existe pas... encore). Comme les films moraux et pleins de bons sentiments, j'aime beaucoup aussi les films qui utilisent un genre cinématographique et ces ficelles de facons a être consommable par tout le monde tout en vehiculant des idées qui si elles enfoncent des portes ouvertes n'en restent pas moins des portes blindées et indestructibles si l'on en croit chaque jour les informations. Du coup, faut il arrêter de parler des derives de l'humanité puisque tout le monde est au courant ? Maintenant, moi, ce film me parle, je l'apprécie, je l'ai vu plusieurs fois et je suis content mais je comprends que l'on puisse être refractaire. D'ailleurs, le film s'est un peu planté en salles (et en video ?) prouvant que tout le monde n'apprécie pas. C'est le lot de tous les films.
"Fuck The World", Rambo
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Cypher a écrit :Elles n'ont rien de gratuit ; j'admets qu'elles ne puissent amuser que moi (et je trouve cela déjà pas mal :P ), mais elles constituent surtout à mon sens un garde-fou contre la dérive ô combien dangereuse de se prendre trop au sérieux dans ce qui constitue un échange d'opinions (avec tout ce qu'il y a de subjectif).
Ben essaie d'être drôle, alors, là tu ne fais qu'attaquer le film de front histoire de hérisser le poil de tous ceux qui ont apprécié, et c'est juste gonflant en plus d'être usant. Pourtant je suis pas le dernier pour la déconne...
Pour des circonstances exceptionnelles, la réponse humaine est somme toute assez banale ;
Merde - viendrais-tu de comprendre ce dont parle le film ????
Il me semble que le forum est consacré au cinéma fantastique (et par extension à la SF et aux films d'horreur), mais peut-être voulait-on parler de "fantastique" dans le sens "formidable". Dans ce cas, Children of Men aurait encore moins sa place sur ce forum. :D
Ta critique est en permanence sous l'angle du "voilà le film tel que j'aurais aimé qu'il soit, voilà le film tel qu'il est, ça ne correspond pas donc c'est nul". C'est un peu limité, comme réaction, je trouve.
C'est avec grand plaisir que je vais t'expliquer pourquoi je trouve que Children of Men est un film atrocement moralisateur car il véhicule des poncifs du genre : les guerres, c'est mal (cependant, un Romain célèbre avait jadis déclaré avec pertinence et en latin : "Qui veut la paix prépare la guerre."), les gouvernements sont trop méchants avec les immigrés alors qu'eux sont porteurs d'espoirs (je pense que tout le monde aura remarqué que la mère de l'enfant est noire), le totalitarisme c'est pas bien (et c'est imparable ; ceci étant dit, dans des circonstances exceptionnelles, une dictature militaire de transition peut, en ultime recours, permettre de sortir d'une crise grave) la vie d'un enfant est super méga précieuse et mérite que l'on fasse absolument tout pour la préserver (et un peu de morale chrétienne), etc. Bref, beaucoup de bons sentiments "prêts à penser" parsèment le film
Dans le contexte d'un monde qui ne parvient plus à enfanter et donc la population vieillit et meurt peu à peu, tu m'étonnes Elton que la vie d'un gamin est supra importante et qu'on doit la préserver à tout prix !!!

"La guerre c'est mal ?" Ah bon ? C'est dit à quel moment ? Au moment où on parle du passé de terroriste du héros ?

Et les immigrés - lire, la mixité - ne peuvent pas être porteur d'espoir ? Ils n'ont pas le droit ? Oui, la mère est noire, dans une société anglaise déjà très mélangée, c'est crédible en plus d'être réaliste, mais peut-être aurait-elle du être blanche pour mieux coller avec tes idées reçues sur la SF, je ne sais pas...
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

arioch a écrit :Ben, encore heureux que l'on fasse des films ou la vie d'un enfant est super méga précieuse. Moi, ca m'inquieterait déjà plus qu'on fasse des films qui disent :

-La dictature et les états totalitaires, c'est le panard !
-La guerre, c'est génial !
-Les émigrés sont la source de nos problème.
-La vie d'un enfant n'a aucun intérêt, on s'en fout !
Evitons la caricature, camarade.
- Je n'ai pas dit que les états totalitaires c'était la panacée ; je dis juste que l'on peut aborder le sujet sans sombrer dans le manichéisme pur. Je citerai à nouveau comme exemple le chef-d'oeuvre (encore un) de Zack Snyder : 300. Ou encore, le traitement particulièrement intelligent qu'en fait la dantesque série Battlestar Galactica (version récente), en amenant souvent la réflexion sur le diktat militaire (voir en particulier les épisodes gravitant autour du Pegasus). Children of Men ne fait jamais dans la nuance.
- Je n'ai pas non plus dit que la guerre, c'est génial. Je prétends seulement qu'elle peut être nécessaire (l'Histoire est parsemée d'exemples qui ont montré que des individus refusant la guerre ont dû en payer les lourdes conséquences). Encore une fois, Children of Men manque cruellement de nuances à ce sujet.
- Je n'ai pas dit que les émigrés sont la source de nos problèmes. Je disais simplement que, par exemple, un pays en proie à la guerre civile et à la montée de l'intégrisme religieux ne pouvait pas forcément se permettre d'accueillir de nouveaux arrivants avant de régler ses problèmes internes. Hélas, Children of Men n'adopte que le point de vue misérabiliste.
- Je n'ai surtout pas dit que la vie d'un enfant n'avait pas la moindre importance. Je regrette simplement que le film ne pose pas des questions si le fait de commettre des meurtres, sacrifier de nombreuses vies, justifiait vraiment la préservation d'une seule vie. De plus, il ne se pose jamais de questions sur la finalité (peut-être que l'enfant deviendra un tortionnaire plus tard).
Ca, ca m'inquiete déjà largement plus que les films moralisateurs et remplis de bons sentiments. Cela dit, je suis client des films moralisateurs et pleins de bons sentiments, en général. Et je ne comprends d'ailleurs pas que "morale" ou "bons sentiments" puissent être une tare. Un bon film serait donc un métrage "immoral" ? Le débat me parait des plus étranges.
La morale est une véritable tare dans le sens où elle oriente, conditionne le jugement sans se poser de question ; il s'agit en quelque sorte d'un totalitarisme de l'esprit. C'est peut-être une bonne chose, me diras-tu ; mais c'est oublier que l'Homme est un être de culture et non pas de nature.
Maintenant, un film immoral a au moins le mérite de faire réagir - et peut-être même (on ne sait jamais) de faire réfléchir sur ce qui sort des chemins tout tracés de la pensée unique, par exemple. Donc pour moi, un film nihiliste (et pourquoi pas immoral) a plus vocation d'être un chef-d'oeuvre pour les vertus évoquées précédemment. Children of Men est un film moralisateur et quelque peu mièvre. :D
Prodigy a écrit :Merde - viendrais-tu de comprendre ce dont parle le film ????
Je ne l'ai que trop bien compris ce film, et c'est pourquoi j'en conclus qu'il est à la fois très peu crédible et simpliste (cf. les solutions alternatives au "ça va mal, donc on se tape dessus.").
Prodigy a écrit :Ben essaie d'être drôle, alors, là tu ne fais qu'attaquer le film de front histoire de hérisser le poil de tous ceux qui ont apprécié, et c'est juste gonflant en plus d'être usant. Pourtant je suis pas le dernier pour la déconne...
Ta critique est en permanence sous l'angle du "voilà l'humour tel que j'aurais aimé qu'il soit, voilà l'humour tel qu'il est, ça ne correspond pas donc c'est nul". C'est un peu limité, comme réaction, je trouve. Si tu ne trouves pas ça drôle, je ne peux plus rien pour toi. :D
Ta critique est en permanence sous l'angle du "voilà le film tel que j'aurais aimé qu'il soit, voilà le film tel qu'il est, ça ne correspond pas donc c'est nul". C'est un peu limité, comme réaction, je trouve.
... et je respecte ton point de vue. :)
Dans le contexte d'un monde qui ne parvient plus à enfanter et donc la population vieillit et meurt peu à peu, tu m'étonnes Elton que la vie d'un gamin est supra importante et qu'on doit la préserver à tout prix !!!

"La guerre c'est mal ?" Ah bon ? C'est dit à quel moment ? Au moment où on parle du passé de terroriste du héros ?

Et les immigrés - lire, la mixité - ne peuvent pas être porteur d'espoir ? Ils n'ont pas le droit ? Oui, la mère est noire, dans une société anglaise déjà très mélangée, c'est crédible en plus d'être réaliste, mais peut-être aurait-elle du être blanche pour mieux coller avec tes idées reçues sur la SF, je ne sais pas...
Je te renvoie à la réponse que j'ai faite à Arioch. D'une pierre deux coups.
Cela dit, j'aurais effectivement préféré que la mère ne soit pas noire, mais verte et avec deux têtes (ou six bras, selon). Mais on ne peut pas avoir tout ce que l'on veut dans la vie.
Duncan Idaho
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Duncan Idaho »

(mode sans "quote", ça me gave de trier les phrases comme vous le faites)


je te remercie, ami Prodigy, tu as dit ce que je pensais encore mieux que moi.

Ami Cypher, tu me fais peur... à t'entendre, un futur immédiat avec une équipe de scientifiques qui part en vaisseau spatial rallumer un astre mourant serait plus crédible (ou plausible, ou concret ?) qu'une humanité qui, se sachant au bord de l'extinction complète et inévitable, retourne dans la plus grande violence à l'état primitif, préhistorique, d'homme-bête ? Star Wars ou Mission to Mars plus crédible que Soleil Vert, en somme ?

Devildead n'est pas tout à fait là pour ce genre de causeries (attention, je vais dire quelque-chose d'intellectuel :lol: ), mais je crois me souvenir de quelques cours de philo, où il est dit que malgré sa technologie, l'Homme n'est et ne restera qu'une bête "intelligente" (à prendre dans le sens de "consciente", "je pense donc je suis", etc), mais avec ses instinct animaux de carnivore et de prédateur. Il n'y a que dans Star Trek que l'Homme n'est plus un loup pour l'Homme. Et encore, c'est grâce aux Vulcains ! Si tu cherches un message commun aux deux films que l'on ne cesse de vouloir mesurer l'un à l'autre, c'est celui-là. Et dans les deux cas, le constat est négatif.

Tu peux me taxer de méga-pessimiste, ou de catastrophiste, c'est possible, mais merde, allume la radio, on entend plus souvent parler de spéculation effrénée sur les derniers grands gisements de pétrole que de prise de conscience mondiale sur la nécessité de s'attaquer maintenant et activement à la production à grande échelle d'énergies de substitution. Quand le constructeur indien Tata affirme pouvoir commercialiser à moins de 2000€ une voiture qui fonctionne à la vapeur d'eau (concept déjà utilisé dans "le troupeau aveugle" de John Brunner, dans les années 70) tout le monde rigole, les grands groupes automobiles les premiers. Hélas, le modo à la mode, c'est : "prends le pognon et tire-toi", ou "après moi le Déluge". Et les bons sentiments, tendre la main à son prochain qui est dans une merde noire, sauvegarder la biodiversité, on se les carre là où le soleil ne peut pas briller (si j'ose dire). Dernier exemple concret en date, justement, au lieu de lutter contre l'appauvrissement général des espèces végétales, on préfère enterrer avec soin des graines de toutes les espèces cultivables ou non qu'on peut trouver dans un immense bunker hyper-fortifié et méga-sécurisé dans l'Arctique, au cas où on en aurait besoin dans le futur, genre hiver nucléaire ou catastrophe naturelle à l'échelle planétaire. J'applaudis les gens ou l'organisation qui y a pensé, mais qu'on se mette de mon vivant à faire des Arches de Noé, ça me fait très très froid dans le dos, parce que ça veut dire que beaucoup de gens sur cette petite planète insignifiante misérablement casée dans un coin perdu d'une galaxie non moins insignifiante pensent la même chose que moi. On est bien peu de choses, mais il semblerait que des gens puissants pensent sérieusement au fait que dans un futur proche on pourrait ne plus rien être du tout. Par contre, je ne me souviens pas avoir entendu George W. dire qu'on allait quadrupler les financements publics destinés à la recherche spatiale, ou des crédits illimités à SETI ou au projet Hubble, ou accélerer le montage de la Station Spatiale Internationale.
Tu avoueras qu'on est plus près du scénario de Children of Men que de celui de sunshine, non ? Ah merde, on avait dit qu'on en parlerait plus, désolé.

Alors, OUI, la réponse humaine est somme tout assez banale : se sachant condamnée, elle accélère sa fin de la pire manière possible, la seule possible : la violence aveugle et animale. Et Clive Owen, dans toute cette histoire, n'est qu'un quidam parmi des milliards d'autres, il attend que tout ça finisse. C'est finalement la malchance qui le conduit à devenir le vecteur de la renaissance de l'humanité (si renaissance il y a, les avis sur la fin du film restent nombreux).
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Cypher a écrit :Je citerai à nouveau comme exemple le chef-d'oeuvre (encore un) de Zack Snyder : 300. Ou encore, le traitement particulièrement intelligent qu'en fait la dantesque série Battlestar Galactica (version récente), en amenant souvent la réflexion sur le diktat militaire (voir en particulier les épisodes gravitant autour du Pegasus). Children of Men ne fait jamais dans la nuance.
Peut-être parce que le sujet de Children of Men n'est pas le diktat militaire, le totalitarisme, la guerre, qui sont totalement collatéraux au sujet du film ? Au passage 300 ne traite de rien et certainement pas de ces sujets-là...

Peut-être aussi que le sujet du film n'est pas l'enfant, ce qu'il deviendra plus tard, mais plutôt sa valeur en tant que symbole rédempteur d'une humanité qui, après tout, ne le mérite sans doute pas vraiment (d'où cette fin brutale qui ne résoud rien) ?

C'est pas pour dévier sur un autre film mais j'ai encore l'impression de relire la critique de Traffic qui reprochait au film de pas montrer les cultivateurs dans les champs, etc. Mais nom de je ne sais pas quoi, regardez et critiquez (et y'a des choses à dire) ce que le film propose, au lieu de lui reprocher de manquer de trucs que vous voudriez y voir ! C'est déjà amplement suffisant...
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

@ Duncan Idaho :

on finit par tourner en rond mon garçon.

Comme il y a Dr House ce soir à la TV, je vais donc faire bref :
- on parle d'un film de science-fiction (celui que tu critiques)
- tu n'es pas dans la confidence des grands de ce monde
- tu n'es pas chercheur à la NASA
- ta conception "philosophique" de l'Homme est... étrange :roll:
- tu es alarmiste (et peut-être même influençable)
- des individus ne percevant plus le devenir d'une société ne se battraient certainement pas pour elle ; ils iraient passer leurs derniers jours au soleil, comme des hippies :) (c'est au moins aussi caricatural que de dire que les Humains redeviendraient des bêtes sauvages)
- réduire toute l'Humanité à des arriérés prêts à s'entretuer parce que l'Humanité, justement, est en voie d'extinction est une vision simpliste. D'un autre côté, tu soulignes toi-même que des organisations gouvernementales anticipent les fléaux à venir. J'en viens à me demander si ces mêmes groupes, dans la réalité, ne chercheraient pas à sauvegarder l'Humanité plutôt que de précipiter son déclin.
Prodigy a écrit :Peut-être parce que le sujet de Children of Men n'est pas le diktat militaire, le totalitarisme, la guerre, qui sont totalement collatéraux au sujet du film ? Au passage 300 ne traite de rien et certainement pas de ces sujets-là...
Ces sujets ne sont effectivement qu'effleurés dans Children of Man qui, décidément, ne parle de rien. Ta critique de 300 doit probablement entrer dans le cadre de ce que tu qualifiais de "pas constructif".
Peut-être aussi que le sujet du film n'est pas l'enfant, ce qu'il deviendra plus tard, mais plutôt sa valeur en tant que symbole rédempteur d'une humanité qui, après tout, ne le mérite sans doute pas vraiment (d'où cette fin brutale qui ne résoud rien) ?
Drôle de symbole, étant donné qu'il ne bouleverse rien (mais alors rien de rien du tout).
C'est pas pour dévier sur un autre film mais j'ai encore l'impression de relire la critique de Traffic qui reprochait au film de pas montrer les cultivateurs dans les champs, etc. Mais nom de je ne sais pas quoi, regardez et critiquez (et y'a des choses à dire) ce que le film propose, au lieu de lui reprocher de manquer de trucs que vous voudriez y voir ! C'est déjà amplement suffisant...
Pour ma part, je tenais absolument à ce qu'apparaisse un chat persan blanc (merci de ne pas voir de racisme dans cette précision) dans le métrage afin de lui donner un minimum de classe - en vain. :evil:
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Cypher a écrit :Ces sujets ne sont effectivement qu'effleurés dans Children of Man qui, décidément, ne parle de rien. Ton attaque de 300 doit entrer dans le cadre de ce que tu qualifiais de "pas constructif".
Children of Men ne "parle" effectivement pas de totalitarisme, de guerre ou de diktat militaire, il parle en revanche de beaucoup d'autres choses, que visiblement tu t'obstines à ne pas voir, concentré que tu es sur ce que tu voudrais y voir à la place. Je te conseillerais presque si c'est pas déjà fait de regarder V pour Vendetta pour la peine, il me semble que tu y trouveras plus ce que tu semblais attendre du film de Cuaron : une thèse (et pour le coup pas très légère, même si j'ai beaucoup aimé le film).

Le bébé ne bouleverse rien du tout ? Mais bravo, tu viens une fois encore de mettre le doigt sur l'un des "messages" du film (on progresse !), représentée notamment par les dissidents des Fish ou la scène des soldats devant le gamin : l'humanité est trop absorbée par ses guerres de pouvoir, ses égoïsmes, ses contradictions, ses déchirements claniques ou religieux et plus généralement son incommensurable connerie pour mesurer l'importance de l'événement, qui lui passera sans doute totalement au-dessus de la tête. Oui, l'enfant est presque un non événement (ce qui nie en soi toute dimension christique ou messiannique), il ne sauvera probablement pas l'humanité trop occupée à se détruire, par contre il a sauvé Théo.

Quant à ma remarque sur 300, en quoi est-ce une attaque ? Quoi qu'on pense du film, c'est un divertissement esthétisant, rien de plus...
mercredi
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par mercredi »

Cypher a écrit :
La morale est une véritable tare dans le sens où elle oriente, conditionne le jugement sans se poser de question ; il s'agit en quelque sorte d'un totalitarisme de l'esprit.
Contrairement aux doctrines religieuses ou politiques, la morale (entre autres cartésienne ou kantienne) s’appuie d’abord sur la RAISON (donc l’interrogation) pour expliquer ou réguler, suivant les cas, des situations ou actions données. En ce sens, les exemples convoqués (intérêt ou nécessité du totalitarisme - “300” - ou de la guerre) octroient au dit concept une dimension exclusivement utilitaire (en gros, l’éthique comme facteur de pseudo car relatif “bonheur” collectif / individuel) qui ne va pas de soi. Parfois profitable au plus grand nombre, la mort d’autrui s’avère pourtant insupportable à certains (et Camus - auteur des “Justes” - n’était pas un “bobo mièvre” ni un “mouton”). Les désirs et idéaux ne peuvent seulement s’apprécier dans une optique pragmatique mais ils impliquent pareillement et heureusement d’autres facteurs tant culturels (je te rejoins sur ce point) que personnels. De fait, l’oeuvre de Cuaron assume un humanisme dont les adeptes du film n’ont guère à rougir. Dans une société où le cynisme prédominant s’érige en signe d’indépendance (supériorité?) intellectuelle, ceux que le sentimentalisme des “Fils de l’Homme” parvient encore à émouvoir adoptent un point de vue presque... héroique :-D
Duncan Idaho
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Duncan Idaho »

Cypher a écrit :
on finit par tourner en rond mon garçon.

Comme il y a Dr House ce soir à la TV, je vais donc faire bref :
- on parle d'un film de science-fiction (celui que tu critiques)
- tu n'es pas dans la confidence des grands de ce monde
- tu n'es pas chercheur à la NASA
- ta conception "philosophique" de l'Homme est... étrange :roll:
- tu es alarmiste (et peut-être même influençable)
- des individus ne percevant plus le devenir d'une société ne se battraient certainement pas pour elle ; ils iraient passer leurs derniers jours au soleil, comme des hippies :) (c'est au moins aussi caricatural que de dire que les Humains redeviendraient des bêtes sauvages)
- réduire toute l'Humanité à des arriérés prêts à s'entretuer parce que l'Humanité, justement, est en voie d'extinction est une vision simpliste. D'un autre côté, tu soulignes toi-même que des organisations gouvernementales anticipent les fléaux à venir. J'en viens à me demander si ces mêmes groupes, dans la réalité, ne chercheraient pas à sauvegarder l'Humanité plutôt que de précipiter son déclin.
En fait, j'ai un un sens critique. Et je m'en sers à autre chose qu'à de stériles parties de ping-pong verbal.
Ne m'étant pas inscrit sur ce forum juste pour le "plaisir" de joutes verbales inutiles, la rhétorique jésuite me gonfle, je préfère laisser tomber la discussion qui, tu l'as dit toi-même, tourne en rond.
Cypher
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Cypher »

La série Dr House étant terminée, je vais pouvoir répondre :
Duncan Idaho a écrit :En fait, j'ai un un sens critique. Et je m'en sers à autre chose qu'à de stériles parties de ping-pong verbal.
Ne m'étant pas inscrit sur ce forum juste pour le "plaisir" de joutes verbales inutiles, la rhétorique jésuite me gonfle, je préfère laisser tomber la discussion qui, tu l'as dit toi-même, tourne en rond.
Tu serais-tu alors inscrit pour changer le monde. :?:
Prodigy a écrit :Children of Men ne "parle" effectivement pas de totalitarisme, de guerre ou de diktat militaire, il parle en revanche de beaucoup d'autres choses, que visiblement tu t'obstines à ne pas voir, concentré que tu es sur ce que tu voudrais y voir à la place.
Finalement, si Children of Men ne met pas en garde contre les dérives des Hommes, je persiste à affirmer qu'il n'a vraiment rien à dire.
Le bébé ne bouleverse rien du tout ? Mais bravo, tu viens une fois encore de mettre le doigt sur l'un des "messages" du film (on progresse !), représentée notamment par les dissidents des Fish ou la scène des soldats devant le gamin : l'humanité est trop absorbée par ses guerres de pouvoir, ses égoïsmes, ses contradictions, ses déchirements claniques ou religieux et plus généralement son incommensurable connerie pour mesurer l'importance de l'événement, qui lui passera sans doute totalement au-dessus de la tête.
Pas vraiment, puisque c'est (notamment) cette absence de nuances et de cohérence que je reproche au film depuis le début.
Oui, l'enfant est presque un non événement (ce qui nie en soi toute dimension christique ou messiannique), il ne sauvera probablement pas l'humanité trop occupée à se détruire, par contre il a sauvé Théo.
Formidable. Il l'a sauvé pour 5 minutes de bonheur - à moins qu'il ait sauvé son âme immortelle. :roll: D'où la dimension christique. :D

@ Mercredi :

Je n'ai pas une formation en philosophie mais en psychologie, c'est pourquoi il est probable que ma conception de la morale soit différente. Tout ce que j'ai retenu de Kant, c’est que la morale ne doit pas être inculquée directement, mais par l'exemplarité du formateur afin de préserver la liberté (de position, de choix) de l'apprenant.
La morale, telle que je l'entends, s'appuie sur l'idée que l'on se fait de l'Homme idéalisé dans une époque et un cadre donnés. Et ce que l'on qualifie de raison s'apparente davantage à la compétence sociale (savoir réagir de manière appropriée en fonction des normes et valeurs de la société), qui est éminemment conditionnée par la société en question. La morale s'appuyant sur la raison est donc le fruit d'une intériorisation d'un mode de fonctionnement préétabli (irradiant aussi bien sur les questions que sur les réponses), bien plus qu'un outil purement rationnel, et est donc susceptible de reproduction automatique (ce qui va à l'encontre de la pensée autonome). Maintenant, il existe une foultitude d'études ayant révélé que la pensée, l'intelligence, la morale, etc. sont presque exclusivement du ressort de la culture (et en particulier de l'environnement social), dont les plus parlantes demeurent celles des jumeaux monozygotes ayant été séparés à la naissance et placés dans des milieux sociaux très éloignés ; des années plus tard, aux tests d’intelligence et de personnalité, ces jumeaux ne présentaient aucun point commun (si ce n’est l'apparence physique).
Pour en revenir au film d'Alfonso Cuarón, un des innombrables reproches que l'on pourrait alors lui adresser, c'est de contribuer à la perpétuation de cet immobilisme de la pensée en distillant la morale dominante (et peut-être même totalitaire) de la société. Le film n'amène à aucun questionnement puisqu'il véhicule des idées déjà largement partagées par la société. Je ne pense (hélas) pas que le cynisme soit prédominant en ce bas monde ; afin d'illustrer mon propos, il suffit de constater que la très grande majorité des personnes qui se sont exprimées sur le sujet ont été subjuguées par Children of Men (à moins, bien sûr, de considérer que le public des films fantastiques n'est pas représentatif de la société). :-D
Prodigy
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Re: Children of Men - 2006 - Alfonso Cuarón

Message par Prodigy »

Cypher a écrit :Finalement, si Children of Men ne met pas en garde contre les dérives des Hommes, je persiste à affirmer qu'il n'a vraiment rien à dire.
Alors tout à l'heure il enfoncait des portes ouvertes (la guerre c'ets mal et cie), mais maintenant tu lui reproches de ne pas les enfoncer. On touche au génial, là...
Pas vraiment, puisque c'est (notamment) cette absence de nuances et de cohérence que je reproche au film depuis le début.
Quelle absence de cohérence ? Quoi de plus cohérent au contraire ?

Je constate en revanche en lisant la fin de ton message que nous somme donc tous des moutons subjugués par le film qui n'est qu'un véhicule à la pensée dominante. Ah c'est sûr, ça amène au dialogue. Je vais donc faire comme Duncan, et laisser tomber ce débat, visiblement tu aimes parler tout seul.
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