Mon opinion sur le succès du film, c'est que globalement, la qualité des films a drôlement baissé, sur le fond et la forme (écriture, interprétation, cadrage, montage, musique...) et là on a un petit film que personne n'attendait et qui se la joue à l'ancienne, propre, appliqué, pas prétentieux, avec un beau scope, un casting d'inconnus et une musique au piano, et tout à coup on sent une vague de nostalgie remonter en ressentant des choses qu'on ne croyait plus pouvoir ressentir au ciné.
Dans n'importe quel film d'horreur actuel, on se fout royalement de ce qui peut arriver aux héros, il n'y aucune empathie, c'est de la chair à canon. Or dans Ça il faut vraiment être un monstre sans cœur pour ne pas s'inquiéter pour les gamins L'identification fonctionne à plein tube, et d'ailleurs l'idée d'avoir situé le film dans les années 80 est purement géniale (je n'ai pas dit que j'aurais moins d'empathie pour des gamins scotchés à leur smartphone, mais je l'ai pensé ).
Après, en effet dans le genre on a à peu près tout vu, le public est blasé, difficile de faire peur sans verser dans l'excès putassier. Et pourtant la réalisation est maline, il y a des trucs de mise en scène sans sfx tout bêtes qui produisent leur petit effet et impriment la rétine, bien plus que des effets gores.
Pour moi ce qui résume tout le film, c'est la séquence des diapos. Ça ne coûte rien de tourner une scène comme celle là, on pourrait la faire dans un court amateur, et pourtant pour moi c'est une leçon de cinéma, la façon dont la tension monte crescendo jusqu'à cette scène out of space
Là, non seulement ce sont des enfants, il fallait oser, mais en plus ils existent, on en a tous connu des comme ça, on a même peut-être été comme eux. Certes, tout ça c'est déjà présent dans le roman, mais encore fallait-il réussir à le retranscrire. Pour moi le téléfilm est juste un peu ridicule, surjoué, et est loin d'être aussi effrayant que ce film.