Tres bonne interview que je viens de lire, quelques morceaux choisis:Tuck pendleton a écrit :shyamalan parle de son film
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0 ... 781,0.html
Cela stoppera peut être les procès d'intention qu'on lui fait ici
The Village, un film de facho ou de reac ?

Signes, un film de catho pour les cathos ?[...]Prenons la grande scène de course-poursuite dans Le Village. Elle n'est pas là juste pour qu'on ait une péripétie angoissante de plus, du genre qui séduit le public adolescent. Le film raconte qu'il faut traverser l'enfer, affronter la part sombre et destructrice de son univers, celle qui est en soi-même, pour survivre. La course-poursuite permet à l'héroïne de le faire grâce à sa foi dans la vie. Si j'ai soigné le suspense de cette scène, c'est à cause de sa nécessité profonde par rapport au sens du film.
Ce film se distingue des trois précédents (Sixième sens, 1999 ; Incassable, 2000 ; Signes, 2002) par son pessimisme. Tous vos films traitent en filigrane de la construction d'une fiction, liée à des personnages d'enfants, qui ont besoin de donner un sens au monde qui les entoure. Ici, la peur de la vie touche aussi les adultes. Comment expliquez-vous cette noirceur nouvelle ?
En effet, le rôle des adultes, les fondateurs du village qui tiennent à vivre loin des villes, différencie profondément le film de ce que j'ai fait précédemment. Parce qu'aujourd'hui, nous aussi, c'est évident, pouvons éprouver cette tentation du repli. Parfois, je ne suis pas loin de caresser cette idée moi-même, car, en tant que père, je suis particulièrement sensible au climat angoissant de notre époque. Ce film m'a permis en partie d'exorciser cette tentation, contre laquelle il faut lutter.
A mes yeux, Le Village est un film positif, presque optimiste, mais d'une façon bizarre et inattendue, à cause de l'intervention d'un élément surnaturel fort : l'amour absolu, très pur, qui vient de la génération des enfants et qui a la capacité de sauver le village. Le Village aborde le lien entre la légende et la réalité comme quelque chose de positif. Le processus qui mène de l'une à l'autre est pour moi d'une grande beauté, identique au processus artistique. Pardon, mais il me faut rester vague pour ne rien révéler de l'intrigue...

Comme les monstres du Village, les extraterrestres de Signes (2002) symbolisaient le retour du refoulé. Parce que le personnage de Mel Gibson retrouve la foi en les affrontant, beaucoup ont eu une lecture du film religieuse et conservatrice politiquement. Ne s'agissait-il pas plutôt d'affirmer cette foi dans la vie qui est une nécessité dans votre univers ?
Exactement. Mais comme, à la fin, le personnage remet son col de pasteur, les gens ont nié l'universalité de l'histoire. J'ai beaucoup hésité à mettre cette scène, mais elle était essentielle. J'avais fait du héros un pasteur pour rendre le thème de la foi, au sens large, immédiatement compréhensible. Signes raconte comment cet homme acquiert la certitude que la vie a un sens, et retrouve la foi dans l'existence. Bien sûr, j'étais conscient que Mel Gibson était croyant, d'où l'intérêt de lui confier le rôle, celui d'un homme en pleine crise de doute pendant une bonne partie du film. Tout ça, c'était avant La Passion du Christ. Rétrospectivement, je dois dire que Mel Gibson lui-même a tout l'air d'avoir trouvé la foi, purement religieuse celle-là...
La moindre des choses, lorsque l'on s'interroge sur le sens profond d'une oeuvre, est au moins d'attendre le point de vue de l'auteur avant de speculer sur ses intentions (sinon, ca s'appelle du "delit de sale gueule"...).Utilisez-vous délibérément la peur comme un moyen de troubler le public pour l'amener à percevoir le monde différemment ?
Oui, le suspense permet de désarmer les gens, de les rendre plus émotifs. J'ai une grande capacité à m'émouvoir ou à pleurer, que tous ne partagent pas. En faisant peur, j'amène les spectateurs à un même niveau de sensibilité. Il y a un moment dans Le Village où quelque chose de très violent se produit, et où la caméra se détourne. L'essentiel du cadre est alors occupé par un objet, parce qu'en cet instant les personnages du film perdent leur humanité. De plus, cela laisse le spectateur aux prises avec son propre imaginaire, il a ainsi un rapport créatif au film. Les morts, les extraterrestres, les monstres sont des outils qui me servent à parler de la nature de l'homme. C'est la beauté de l'art que de faire accéder à la vision du monde de quelqu'un d'autre.