Le Monstre est Vivant - Larry Cohen (1974)

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Lord Ruthven
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Message par Lord Ruthven »

Je me rappelle de quelqu'un qui m'affirmait l'avoir vu et qu'il était horribble, je cite : "tout poilu" !
Mais tu parles de Rosemary ou du Monstre est Vivant ?

Parce que dans Rosemary Baby, j'ai le souvenir vivace qu'on voit fugitivement

SPOILER



le dos du bébé avec une petite queue

Fin

Et c'est tout. :)
Modifié en dernier par Lord Ruthven le sam. oct. 30, 2004 6:28 pm, modifié 1 fois.
Gna !
Manolito
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Message par Manolito »

Je parlais bien sur du bébé de Rosemary, celui du "Monstre est vivant" étant bien connu.
diablo
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Message par diablo »

Mais en fait il parlait de superfly qui a commencé sa célèbre carrière en bébé du diable. :D
VIENDEZ Y'A 8 FILLES !!!
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bluesoul
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Re: Le Monstre est Vivant - Larry Cohen (1974)

Message par bluesoul »

Les epoux Davies attendent un deuxieme enfant et ont tout du couple heureux. Tout va cependant basculer lorsque l’equipe d’accouchement se fait massacrer dans le bloc operatoire et que le bebe disparait. Le monstre est ne, le monstre est en liberte. Il faut le maintenant le detruire…

En 1974, Larry Cohen, realisateur, scenariste et producteur independent semble avoir attire l’attention des majors après ses deux succes es blackexploitation: Hell Up in Harlem (1973) et Black Caesar (1973).

Il aura donc la chance (rare), de pouvoir a son habitude assumer les trois fonctions principales dans la realisation d’un film.

Si l’experience se revele generalement etre “casse-gueule” pour la plupart des realisateurs “indies”, il semblera pour l’occasion avoir eu les coudee relativement franches a la vue du produit fini, au point que le spectateur lambda en vient a se demander si plutot que d’avoir Cohen qui s’est “fondu dans le moule” des majors, ce ne serait pas plutot un des major qui se serait adapte au genre parfois “grindhouse” de Cohen.

Dans les annees 70s l’Amerique n’a pas vraiment la “banane”. Sortant d’une guerre perdue au Vietnam, fesant face a un scandale politique qui coutera le bureau oval a un president (Nixon) (1974), et atteint par un choc petrolier (1973) qui secoue son economie, Cohen decide de l’attaquer dans ce qu’elle a de plus sacre: la famille.

Le film de Cohen peut se lire a plusieurs niveaux; du plus simple: un film d’exploitation pur et simple, a une critique sociale, en passant par l’etude de caractere d’un famille sur le point d’eclater.

D’un point de vue exploitation, l’on a un bebe tueur (d’adultes) qui massacre allegrement des innocents en plein Los Angeles, bebe qui est traque par les forces de police qui ont ordre de le detruire.

Du point de vue personnages, l’on a une famille heureuse et unie qui se disloque dans la folie et la violence. Le public hesite cependant a attribuer les deux roles, la violence est-elle appellee (voire souhaitee) par le pere qui renie le monstre de toutes ses forces, et ce, jusqu’a vouloir l’effacer “physiquement”, ou par la mere qui reste prete a defendre la creature. La folie est-elle dans le chef du pere prêt a exterminer sa “propre chair” ou dans celui de la mere qui cherche a la defendre? Indirectement la question de l’avortement est posee, mais reste deliberement sans resolution, Cohen prefere laisser le public face a ses choix.

La societe ne sort pas non plus epargnee par Cohen.

En 1973, la cours supreme des Etats-Unis a enterine dans l’affaire Roe vs Wade que “les lois locales contre l’avortement etaient anti-constitutionnelles et qu’une femme peut avorter de sa grossesse pour quelques raison que ce soit, et ce, jusqu’au point ou le foetus devient viable”.

Cohen en fait, ne fait que pousser le bouchon plus loin, et (1) retire le “vrai” choix des mains des parents, car la societe a déjà decrete que le monstre doit mourir et (2) la creature est déjà neee, il ne s’agit moins d’“avortement” que de “meurtre” ou “execution”.

En y reflechissant, Cohen en profite peut-etre aussi pour mettre en opposition la “justice” personnelle (celle que veut appliquer le pere pour se debarasser du monstre “qui ne peut etre de lui”) et celle de la societe, ou “justice” est ici synonyme de “peine de mort”.

Il est interessant par ailleurs, dans un tel metrage, de voir qu’il incombe a la police de “detruire” la creature. Meme si l’idee qu’une armee puisse etre lancee a la poursuite d’un “bebe” peut paraitre ridicule, l’idee qu’une force de police dont la mission est de “servir et proteger” en vient a devoir “detruire et tuer” est pour le moins inquietante.

Il faut aussi noter le cynisme ou la noirceur avec lequel Cohen decide de depeindre la plupart des personnages-“symboles” du recit. Representant de l’industrie pharmaceutique qui, inquiet que le monstre ne soit l’oeuvre de medicaments de grossesse essaie de faire “disparaitre” le cadavre du monstre meme pas encore mort. Representant du monde scientifique qui veut s’assurer d’obtenir un cadavre le moins endommage possible a fin d’experiences. L’inspecteur de police qui veut en finir avec le monstre le plus vite possible, car sa femme etant elle-meme enceinte, cette affaire le met mal a l’aise—par contre l’ordre recu d’exterminer la creature ne semble que peu le deranger…(!) Le pere, qui pousse la denegation jusqu’a vouloir en finir avec le monstre lui-meme.

Ici, on touché en filigrane a une autre thematique, le rejet par tous de leurs responsabilites individuelles, que tous preferent voir assujetties a une autorite plus elevee, bref le debut du fascisme. Peut-etre la facon (cachee) de Cohen de reprocher a son pays d’avoir du legiferer au lieu de laisser initialement a l’individu le choix de decider comme bon lui semble.

Avec un minimum d’effets et de moyens, Cohen reussi a transformer son essai. Comme a son habitude, son style de film “a l’arrachee” continue de faire mouche, tout autant que sa direction d’acteurs. John P. Ryan passe d’un aisance remarquable au pere entoure par ses pairs a l’hopital en attente d’un “heureux evenement” a celui d’homme prêt a tout pour tuer la creature qui sali son nom, sa virilite, sa fierete, pour ensuite tenter de le proteger en fin de compte. Sharon Farrell passe tout aussi bien de la femme sur le point de donner la vie a celle qui est prete a, pour proteger sa progeniture, condamner d’autres personnes a une mort indirect.

Comme on le voit, un film qui trente-cinq ans après sa sortie n’a pas fini d’interpeller, et qui retrouve une certain actualite suite aux agendas religieux ou politiques de certains.

A la musique, Bernard Hermann et aux effet speciaux Rick Baker creent une atmosphere sombre que les cris incessants de la creature portent a un niveau du “deprimant” rarement atteint…

A voir, car sous le vernis “grindhouse”, un film a multiples niveaux et qui, sans en avoir l’air pose beaucoup de questions, et sans y repondre, laisse le spectateur fasse a ses “choix”…

It’s Alive: 4.25 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.
Manolito
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Re: Le Monstre est Vivant - Larry Cohen (1974)

Message par Manolito »

Une belle réussite d'un Larry Cohen bien en forme, un film thématiquement dense et fort en gueule. De la bonne SF 70s, donc !
Manolito
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Re: Le Monstre est Vivant - Larry Cohen (1974)

Message par Manolito »

Revu sur le dvd américain dispo dans un boitier en vente actuellement en zone 1 et réunissant les trois films pour pas bien cher. Très bonne copie 1.85 16/9, transfert progressif compatible 24 images/seconde, Vo mono stf... Que du bon !

On ne peut pas dire que la mise en scène de Larry Cohen tienne très bien le coup, en particulier pour les séquences de "suspens" qui ne marchent pas très bien. Cela dit, au niveau écriture et personnages, "Le monstre est vivant" tient très bien la rampe, avec une vraie richesse thématique, un sujet original, des développements qui tiennent le spectateur en haleine. Une série b "intelligente", qui garde donc du cachet.
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