jacques a écrit :C'est peut être intéressant pour les sociologues de comptoir ("hénaurme" tartinage du trauma post 11 septembre ) mais ce n'est pas du cinéma : plutôt un long clip hystérique façon MTV qui ne provoque aucune implication émotionnelle (ne parlons pas de l'intellect ... ).
Ah la la… Mais que sont les frères Lumière devenus ?
J’ai l’impression avec ce genre de sentences de revivre régulièrement les mêmes affres du « ma bonne dame c’est plus ce que c’était ».
Que tu n’ais pas été touché par cette façon de filmer est une chose. Et c’est respectable. Fort heureusement le consensus artistique n’existe pas, ça serait vraiment effrayant si c’était le cas. Que tu en fasses une généralité aussi abstractive en est une autre.
C’est dommage qu’en 1941, Internet et ses forums n’aient pas existés. On pourrait relire la prose de "cinéphiles" conspuant ce « non-film » qu’est Citizen Kane. Tu sais le truc monté de façon alambiquée et hystérique qui d’ailleurs à fait un flop commercial (si ça c’est pas un signe...). Tu aurais très certainement été l’un d’eux.
Quant à ce qu’est le cinéma. Je te répondrais bien qu’il est principalement né dans les fêtes foraines, comme une attraction de plus et que du coup, Cloverfield en est certainement plus proche. Car ce « truc » est une montagne russe, une maison hantée, qui implique son spectateur non pas dans sa tête mais dans ses tripes, ou ce qu’il en reste.
La grammaire a toujours évolué, celle cinématographique itou. Que tu préfères lire du Rabelais dans le texte plutôt que du Amélie Nothomb est ton choix, ça n’en fait pas pour autant une vérité aussi expéditive.
Heureusement, le cinéma dont tu sembles connaître tous les tenants et les aboutissants est vivant. Il se cherche toujours. Du film de Dziga Vertov en 1929 en passant par Lynch, Jarman, Von Trier etc... Aucune grammaire, aucune « loi » n’est est vigueur. C’est comme la vie, il y a des choses dans lesquelles tu te reconnais, d’autres pas.
J’espère que pour ces dernières tu ne considères pas qu’elles n’ont pas lieu d’être.
Du coup
jacques a écrit :je ne traite pas de cons ou de snobs toutes celles et ceux qui ont aimé le film
Si si… Relis tes interventions.
Manolito a écrit : Reste que les incohérences se mettent à pleuvoir : le filmeur qui ne lâche JAMAIS sa caméra, même dans les moments les plus incongrues (il aurait du s'en débarrasser au plus tard lors de l'attaque dans le métro)
Bon. On va donc rentrer dans les incohérences. En psychologie, on apprend que dans des situations dramatiques, extrêmes, l’humain se raccroche à ce qu’il peut pour éviter de sombrer dans la folie. Les gens se mettent à parler tout seul, à chanter, à réciter l’alphabet, bref trouvent une échappatoire intellectuelle à la situation de pression. Hud se réfugie derrière sa caméra. Il le dit même. Un truc du genre « Mais si je ne raconte pas de conneries je vais devenir dingue ». Il a besoin d’un exutoire, la caméra, le fait de filmer, de finalement se sentir presque exclu de la situation en est un, qui le maintient dans un état de (fausse) sécurité. Et ca, c'est totalement crédible "psychologiquement".
Maintenant la seule scène où effectivement et logiquement il aurait du lâcher sa caméra c’est lorsqu’il passe sur l’immeuble de Beth.
Manolito a écrit :le militaire qui laisse partir les petits jeunes.
Pour avoir vécu une tornade dévastatrice lorsque je vivais aux USA, je peux vous assurer que les flics, les secouristes se foutaient bien de vois un pauvre imbécile au milieu de la rue avec son chien sous le bras, prenant des photo du cyclone. Au mieux j’ai eu droit à des « mais qu’est ce que vous foutez là, rentrez chez vous » mais pas plus.
Les militaires gèrent une situation cataclysmique et n’ont aucun pouvoir (ni légal ni rien) pour forcer qui que ce soit à les suivre. Ils sont là pour aider ceux qui veulent, les autre… bon ben qu’ils crèvent si c’est leur volonté. Ca c'est une réalité.
Penser le contraire c’est avoir vu trop de films justement…
Quand on regarde le 11 septembre (après tout puisque tout le monde focalise la dessus). On se rend compte que des gens se sont gravement approché du WTC pour filmer, que d’autres ont essayé de sauver des vies, aucun militaires ne leur a demandé de partir. Et même s’ils l’ont fait, ils n’ont aucun pouvoir pour l’obliger.
Manolito a écrit :effectivement ; les deux immeubles qui tiennent on ne sait comment.
Si on sait. Ils tiennent l’un sur l’autre. Et physiquement, vu la courbe d’affaissement de l’immeuble de Beth, le poids qu’il porte sur le 2e bâtiment ne peut pas faire effondrer ce dernier. Sinon les tours tomberaient au moindre coup de vent.
Manolito a écrit :l'accident d'hélicoptère qui ne tue pas nos héros de toutes façons indestructibles ; nos héros qui ne se rendent pas compte quand une armée de tanks sherman arrive à toute berzingue derrière eux ; un caméscope et une cassette qui sortent indemnes d'une explosion sans doute atomique, d'un bombardement "grande lessive" qui lui est tombé en plein dessus ; et mon préféré : un monstre de trente mètre de haut qui parvient à arriver sur la pointe des pieds par surprise, derrière nos trois héros après l'accident d'hélico !!! D'ailleurs, je trouve que tout ce qui se passe après le départ en hélico aurait pu être zappé tellement ça devient grotesque. On peut se moquer d'Emmerich, mais lui n'aurait pas osé le regard-caméra du monstre, qui est quand même le comble du gag débile !
La je suis entièrement d’accord avec toi Manolito. Voilà des vraies incohérences. Personnellement j’étais déjà tellement impliqué qu’elles ne m’ont pas gêné. Il est vrai cependant qu’à y réfléchir… Bon ben c’est du cinéma quoi…
ZombiGirl a écrit :En ce qui concerne cette maudite batterie de cam, Hud ne se promène pas avec plusieurs batteries de rechange dans la poche. La cam n'est pas à lui, c'est Jason qui la lui a refilé pour échapper à la corvée imposée par sa copine. La preuve qu'il sait pas s'en servir, c'est qu'il reste des bouts de ce que Rob a filmé de Beth.
Certes, certes. Sauf que. Hud n’arrête pas de faire des cuts dans tous les sens. Le tout n’étant pas filmé de façon linéaire, rien ne prouve qu’entre deux pauses, donc hors film, Jason ne lui ait pas dit « tiens au fait v’la des batteries ». Mais bon plus prosaïquement, les batteries de caméscope de nos jours (désolé Jacques
![Wink :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
) tiennent au moins 140 minutes si ce n’es plus. Voilà vous pouvez vérifier. Du coup une seule suffit.
ZombiGirl a écrit :Puis Lily enlève ses talons aiguilles pour monter l'escalier ? L'argument qui tue tout
![Hinhin ! :D](./images/smilies/icon_pleindedents.gif)
vu qu'arrivée en haut, elle les remet pour passer sur le toit effondré de l'immeuble de Beth
Niko13 a très bien répondu à ça, avons nous tous vu le même film ? Et j’avais aussi parlé du fait que dans une ville maculée de débris en tous genre, je pense que toute nana un peu pas trop blonde garderait se talons hauts, quitte à ce que ça ne soit pas très pratique, plutôt que de s’enfourner un bout de verre ou de n’importe quoi dans le pied. C’est marrant comme vous chercher le réalisme alors que finalement vous êtes totalement dans une réflexion « cinématographique », soit « scénarisée », soit "absolument pas réaliste".
ZombiGirl a écrit :Manhattan dépourvu de vieillards et d'enfants sous prétexte qu'on est dans le quartier yuppie ? Franchement, si un monstre titanesque vous poursuit dans Paris, vous feriez très très attention d'éviter les quartiers huppés ??
OUI !!! Plutôt mourir que de foutre les pieds chez les friqués.
Sérieusement. Tout est filmé de façon restreinte (ou restrictive). On ne voit le point de vue que d’un tout petit groupe. Pas de plans large, on n’est pas dans un documentaire sur Manhattan. Les rares gens que l’on voit sont sur le pont de Brooklyn, et au détour d’une rue, sous les tentes de l’armée. Regardes bien, une nouvelles fois, c’est très bref mais tu y verras tout un pan de civilisation Manhattanienne. Sauf que ce n’est pas ce que Hud veut filmer. Il filme ses potes. Fallait-il pour que votre « logique réaliste » entre en jeu, que Hud se mette à faire des plans sur ce qui ne l’intéresse pas ? Une fois de plus non. Ca ne serait absolument pas logique face a quelque chose sensé être « crédible ».
Blunt a écrit :Et même si tout le bordel sur le net il faut faire un effort pour s'y intéresser, ça relève aussi de la catégorie plan marketing super construit qui a pas du coûter trois francs six sous
![Wink ;)](./images/smilies/icon_wink.gif)
En fait, c’est la force de Abrams. Le marketing a, certes coûté un peu d’argent (on parle de 25M de dollars ce qui n’est quand même pas grand chose dans la sphère Hollywoodienne), mais c’est surtout le « viral » au sens strict du terme. On envoie une impulsion virale et la maladie se propage d’elle même. 80% de ce qui a été fait, dit, fantasmé sur Internet provient directement des internautes. Le marketing de « Cloverfield » s’est passé comme un grand jeu virtuel pendant 6 mois. Un « Chevaliers de Baphomet » non scripté. Et non seulement les gens y ont pris le plaisir inhérents au jeux d’aventures, mais en plus la production a du y puiser pas mal d’idées pour la campagne et son futur. Une opération génialement menée quoi…
Parce que c’est quoi le vrai marketing de Cloverfield ? Quatre sites (01-18-08, Tagruato, Slusho, TidoWave) vaguement mis à jour toutes les 3 semaines avec des news basiques et, un emportement intellectuel des internautes-joueurs. C’est du web 3.0 cher à Allan Theo dans sa plus grande splendeur.
PS : Mercredi, c’est un plaisir de te lire et de confronter des vraies argumentations. C’est suffisamment rare pour être souligné.
![Wink :wink:](./images/smilies/icon_wink.gif)
Not only does God play dice, but... he sometimes throws them where they cannot be seen - Stephen Hawking