Un groupe de touristes arrivent par bateau sur une ile grecque qui semble depeuplee de ses habitants. Tres vite, ils vont se rendre compte que quelqu’un ou quelque-chose rode autour d’eux, et est responsable de la disparition des villageois…
Resumer la carriere de Joe d’Amato tient plus du marathon cinematograhique que du simple (et banal) exercice encyclopedique cinematographique. En effet, d’Amato, nee Aristide Massaccesi, possede une filmographie forte de pas moins de 194 films “identifies”, “identifies”, car le bougre a egalement tourne sous pas moins de 67 noms et pretes-noms (source:
www.imdb.com), eux aussi “identifies”…Il va donc sans dire, que la filmographie exhaustive de l’homme n’a sans doute pas encore ete etablie et que les chances d’y arriver restent plutot maigres…
Sa carriere couvrira comme bon nombre de ses compatriotes realisateurs (italiens), il se sera montre tres versatiles dans ses projets; western-spaghetti (Un bounty Killer a Trinita (1972) ), film de guerre (Eoi all’Inferno (1973) ), sexy-comedie (Il Ginecologo della Mutua (1977) ), Mondo (Le Notti Porno del Mondo No2 (1978) ), film de cannibales (Emanuelle e gli ultima Cannibali (1977) ), meme s’il se decouvre surtout un interet pour l’horreur (Buio Omega (1979), Rosso Sangue (1981) ) et l’erotisme / pornographie (Emanuel in America (1977) ), allant jusqu’a melanger les deux Le Notte erotiche dei Morti Viventi (1980) ), Porno Holocaust (1981) ).
Dans l’horreur pure, Antropophagus se classe facilement aux cotes d’Absurd (1981) dans le genre “extreme”, ce qui valut aux deux metrage de furieuses demelees avec la censure de l’epoque, dont entre-autre une inscription de ces deux metrages sur l’infame liste des “Video Nasties” en Grande-Bretagne dans les annees 80s.
Trente annees plus tard, que reste-t’il du “mythe” entourant la sauvagerie d’Antropophagus? Une reponse a la normande; “du bon et du moins bon” semble la plus appropriee.
Parmi le bon, notons que les paysages de la Grece sont plutot bien mis en valeur, et qu’il y a un assez bon travail sur l’atmosphere de la part du realisateur (prise de vue sous-marine laissant d’abord sous-entendre la presence d’une possible creature aquatique a la base des attaques, ou une balade nocture a la bougie assez bien mise en images).
Parmi le nettement moins bon, l’on notera quelques effets speciaux plutot rates, ainsi que des effets de mise en scene gachant malheureusement certaines mises en scene efficaces venant juste de se derouler (mettre en evidence un tueur arme d’un hachoire apres la scene aquatique desarmocant completement le sous-entendu de cette derniere).
L’atmosphere est egalement partiellement gachee par certains developpements du recit, et par la molesse du jeu d’acteur (molesse potentiellement du a des re-doublages en post-production certes, mais indeniables). Un autre element—plus lassant, celui-la, est l’utilisation (trop) recurrente des effets –surprise (mains sur l’epaule, chat sautant dans l’image, et autres effets “faciles”) qui tendent a fatiguer a la longue.
Dans le casting, l’on retrouvera notamment Tisa Farrow (soeur de Mia), en plein dans sa periode “italienne” (Search and Destroy (1979), Zombi 2 (1979), L’Ultimo Cacciatore (1980) ) ) et dont le present metrage sera le dernier film auquel elle aura participe. L’on trouvera aussi Serena Grandi (Desiderando Giulia (1985), Miranda (1985), Teresa (1987) ), idole de films “sexy” all’italiana. Figurera aussi dans le “role-titre”, l’inquietant George Eastman (Django spara per Primo (1966), Niente Rose per OSS117 (1968), Porno Holocasut (1981) ), acteur le plus “rode” du casting (et co-scenariste du present metrage au passage), les autres n’ayant au final que peu de metrages a leur actif ou n’ayant commence leur carriere qu’avec le present film.
Il est a ce titre dommage que le metrage n’exploite que peu son meilleur atout au niveau du casting, preferant des effets de mise en scene pas toujours tres bien exploites ou parfois “demines” par apres-coup.
En fait, de nos jours, regarder Antropophagus, laisse dubitatif quant au cote “choc” que le film a du (reussir) a procurer a son audience (et a la censure(!) ) de l’epoque.
Si le film reste choc dans son concept (du cannibalisme) et que surnage une atmosphere assez mortifere (l’on pense a Fulci—dans une moindre mesure neanmoins), le film semble etonnament “bavare”, alors qu’objectivement les dialogues ne sont pas aussi envahissants que cela. Il s’agirait plus d’un manque de”punch” dans la realisation, ainsi que peut-etre d’un soulignement musical pas vraiment adequat.
Un autre probleme est sans doute le scenario, qui semble souvent “se chercher”, et faire tourner les protagonistes en rond. Veulent-ils quitter l’ile, resoudre le mystere, retrouver leurs “disparus”, les trois ou rien de tout ca, le jeu d’acteur ne parvenant ainsi pas a faire passer le message…
Bref, si l’on ne peut que saluer la volonte asse jusqu’en-boutiste du realisateur-scenariste, l’on aurait peut-etre prefere que la realisation ne soit confiee a quelqu’un d’autre (Fulci par exemple).
Bref, un film-culte, vrai de vrai, qui convaincra et satisfera les convaincus, et laissera quand meme plutot dubitatifs les autres. Dommage, car le metrage possedait un reel potentiel, potentiel a cote duquel il passe malheureusement…
Antropophagus: 3 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.