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par Manolito » lun. mars 01, 2010 8:20 pm
Petit tour des bonus inclus sur la dernière édition du film, sortie en 2007 en hddvd, bluray et dvd. J'ai de mon côté l'édition HDDVD. Le film est sur un disque reprenant la sérigraphie de l'affiche du film, tandis que le disque de bonus est orné du visuel du livre anglais.
Le premier supplément est un documentaire d'une quarantaine de minutes, de 2000, réalisé à l'occasion de la re-sortie du film en Grande-Bretagne après la mort de Kubrick (qui l'avait fait retiré de la circulation depuis le milieu des années 70 - dans ce pays seulement).
Il y a très peu d'interventions de personnes ayant participé au film (quelques extraits d'interviews d'archive avec Malcom McDowell ou Burgess), il s'agit surtout d'un reportage sur sa sortie, son accueil en Grande Bretagne, les débats qu'il a suscité, son aura mystérieux et "culte" pour toute une génération d'artistes et journalistes anglais. Un documentaire élaboré et intéressant, plus fin dans ses analyses que le bonus classique de films de studios. Il est clair que "Orange Mécanique" prend tout son sens dans le contexte de la pop culture anglaise, dont il est un pilier inoxydable. Ce n'est pas tant les infos factuels qui sont intéressantes - pour un tel film, on les connaît - que les analyses, mises en contexte, très riches et très variées.
"The Making of A Clockwork Orange" est quant à lui un document récent d'une vingtaine de minutes revenant à un rythme assez soutenu sur la création du film, avec des interviews de collaborateurs de Kubrick (producteur, maquilleuse, costumière), qui donnent les grandes lignes de la création d'"Orange mécanique", son budget réduit, ses techniques de tournage particulières pour un Kubrick (le film était quasiment improvisé par certains aspects). On a ensuite toute une smala de réalisateurs et chef ops en tout genre (Lucas, Spielberg, Pollack, Hyams, etc...) venant réciter quelques platitudes, bien assis dans des intérieurs cosy, pour ce bonus tout de même très formaté. Ni vraiment un making of exhaustif (qui reste à faire), ni vraiment une analyse pointue et précise du film et de son influence (le bonus précédent réussit bien mieux dans ce domaine).
Le dernier mot est laissé à Bill Friedkin se pavanant d'aise dans son fauteuil, à moitié hilare, expliquant comment Kubrick s'est fait dépasser par sa Créature, par la séduction de son langage cinématographique qui a donné tant de charme et de classe à Alex, et en a fait, quelque part un "modèle à suivre". L'illustration de l'ambiguité du cinéma, ou comment on peut dire une chose dans le fond, et en faire passer une autre par la forme, simultanément...
Ce document qui montre plutôt le côté "américain" de "Orange mécanique" a cela d'intéressant qu'il montre comment ce film est arrivé pour se confronter à des titres d'artistes nouveaux venus, comme "Easy Rider", une certaine surenchère dans l'expérimentation, aussi bien dans l'audace de la forme que du du fond...
"Kubrick coupable", malgré lui sans doute, mais coupable quand même, coupable d'un crime de génie quelque part... C'est la conclusion de ces deux documents.