David Cronenberg

Science-Fiction, Horreur, Epouvante, Merveilleux, Heroic Fantasy et tout le toutim du Fantastique !

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cinetudes
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Message par cinetudes » ven. avr. 01, 2005 1:09 pm

Si quelqu'un à des infos, c'est clair que ça m'interesse énormément pour ne pas dire plus.

A noter aussi la ressortie de Dead Ringers chez Warner le 7 Juin en copie neuve anamorphique son remasterisé et avec un tout nouveau commentaire audio de Jeremy Irons.

Voila qui je l'espère va nous changer de l'édition assez moyenne de TF1 et du Criterion en 4/3.

Stef
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tawhek
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Message par tawhek » ven. avr. 01, 2005 6:25 pm

The good news is you're right, i'm a cop, and i gotta take you in. The bad news is i have been suspended and I don't give a fuck.

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VEmpire
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Message par VEmpire » lun. juin 20, 2005 6:18 am

Le coffret contiens Fasct Comapny (2 disques", Naked Lunch, Crash, Existenz et Spider. Dire que je l'ai tenu entre mes mains pour 55$ et quand je suis revenu le lendemain il était à 90$...
First it controlled her mind, then it destroyed her body... Long live the new flesh!

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right hand of doom
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Message par right hand of doom » lun. juin 20, 2005 9:55 am

VEmpire a écrit :Le coffret contiens Fasct Comapny (2 disques", Naked Lunch, Crash, Existenz et Spider. Dire que je l'ai tenu entre mes mains pour 55$ et quand je suis revenu le lendemain il était à 90$...
Il a rebaissé à 56$

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fiend471
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Message par fiend471 » jeu. nov. 17, 2005 10:13 pm

"Cronenberg prépare pour la chaîne HBO une adaptation en série télévisée de son film «Faux-Semblants» («Dead Ringers», 1988) où Jeremy Irons incarnait deux jumeaux gynécologues qui tombaient amoureux de la même femme. Wesley Strick écrit le scénario du pilote de la série, que Cronenberg réalisera.
"
Cthulhu vs Macross Zero = my dream !

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Otis
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Message par Otis » mar. oct. 03, 2006 3:13 pm

Frissons :
Un chef-d'oeuvre oppressant, visionnaire, trash, gore, intelligent, et habilement mené. Grand.
18/20

Rage :
En plus du vampirisme réaliste cronenbergien, ce film nous offre la vision apocalyptique du réalisateur enfantée par une maladie plus que mystérieuse où de mauvaises circonstances viennent donner naissance à un véritable mal. Sans être un remake de Frissons où l’impact de la maladie était filmé dans un confinement plus qu’oppressant, Rage propose cette fois une exploration sur les conséquences d’une pandémie, laissant libre cours à l’expression de l’épidémie dans le chaos le plus anarchique.

Et c’est cette progression qui se trouve là savamment entretenue ; ce film glacial, une désormais signature chez le réalisateur, devient en fait une sorte de suite de Frissons, réalisé quelques années plus tôt. Les deux films sont intéressants à comprendre dans l’évolution de la thématique cronenbergienne qui s’exprime ici avec une maîtrise certaine. Toujours sobre dans la réalisation, l’âme de ce film est peut-être contenue dans l’interprétation de Marilyn Chambers, véritable muse qui se transforme peu à peu en goule démoniaque. L’explication quant à cette maladie pourra s’avérer mystérieuse et le spectateur exigeant regrettera sans doute un manque d’éclaircissements sur ce point. Visiblement, Cronenberg souhaite se concentrer sur l’impact d’un virus, en sacrifiant, ce qui est rare chez lui, les conséquences psychologiques. Bien que l’analyse psychique ne soit pas complètement absente du film, elle se révèle décevante et aurait mérité un meilleur approfondissement, surtout lorsqu’on aperçoit avec quel talent Chambers interprète son rôle. Le fan s’en réjouira : les personnages sont comme toujours de première abord froids, et Cronenberg nous réserve des scènes d’anthologies inscrites directement dans l’histoire du genre.

15/20


The Brood :
Ce n’est que le troisième long métrage "officiel" de David Cronenberg (1979) que déjà on peut sentir sa culture de l’audace, en particulier cette envie de dépasser encore plus profondément les limites du psychisme, de l’organique, et de la folie en générale. Face à tant de maîtrise, dans le scénario comme dans le style, Cronenberg prouve bien qu’il est l’un des plus grands réalisateurs du fantastique et peut-être l’un des premiers à l’avoir intellectualisé, modelé, modernisé, et lui instituer ses lettres de noblesse. Voilà « The Brood » (« la portée » en anglais) et non « Chromosome 3 », titre qui dénigre et trahit complètement l’œuvre en y sous-entendant une dénomination mineure, que l’on croirait sortie tout droit d’une série Z. Heureusement, il n’en est rien. Les traducteurs, merci pour eux, devaient avoir moins de 3 chromosomes dans leur cerveau et bien sûr, on ne pardonnera pas ce crime. Cela dit, on comprend pourquoi ce film est encore interdit aux moins de 16 ans de nos jours ; il se révèle être un classique toujours aussi intense, pour ce qui est de distiller une angoisse, ce genre de film de plus en plus oppressant et qui ne laisse pas indifférent, loin s’en faut.

Tout commence par cette séquence sèche, très directe, où deux hommes se parlent dans le noir, seulement éclairés par une lumière cruelle, presque surnaturelle. Deux faces suffisamment proches qui transmettent l’émotion qu’elles reflètent aisément. Et l’intensité englobe nos esprits maintenant éveillés. L’un parle à l’autre en employant la troisième personne pour finalement le décrire comme une fille. La musique du générique nous prévenait déjà que l’œuvre en question ne ressemblerait en rien à de la pacotille. Cette musique, c’est une menace, une dimension de plus, sans jamais cessée d’inquiéter, d’impliquer le spectateur dans le plus profond de ce corps. Car, incontestablement, ce film qui fait découvrir une autre part de notre personnalité, incite au doute qu’elle peut provoquer : cette œuvre est un corps qui vit. Cette orchestration des dialogues, avec ces personnages presque surréalistes, est absolument jouissif. Tout d’abord, le spectateur ahuri croit à l’absurde, au comique, mais il n’en est rien. Chaque détail compte, même après un second visionnage.

Ce dialogue théâtral présente ainsi le fil conducteur de l’histoire, à savoir une thérapie révolutionnaire appliquée par un psychiatre reconnaissant l’existence des psychoprotoplasmes, cellules corporelles régulées par notre esprit, développant alors des mutations plus ou moins impressionnantes à cause de la fureur générée chez un individu. Le message est donc clair : plus vous êtes énervé, plus votre esprit réagi et plus votre corps prend les formes conséquentes. Certains trouveront cette base scénaristique farfelue, les puristes, eux, prendront cela comme une simple histoire. Certes, mais ici rien de simpliste. Quelque part, Cronenberg matérialise le concept laissé par l’écrivain Henry James dans « The Turn Of The Screw », sur les enfants et ce qu’ils cachent réellement. La musique écrite il y a 22 ans, que l’on pourrait qualifier d’« underground », très ténébreuse, et qui corrobore le climat terrifiant, rejoint les dialogues et célèbre véritablement le signe d’une collaboration qui fera longue date.

De plus, la mise en valeur d'une angoisse confinée si chère à un cronenberg ici plus pointilleux que son propre art, exerce au mieux le malaise principalement entretenu par l’interprétation magique de l’actrice anglaise Samantha Eggar.
Il faut voir ses yeux d’une profondeur diabolique, oui, je parle là de ce regard de fauve, qui ne reflète que la folie, pour comprendre l'expression qui creuse au-delà du corps. Il faut aussi écouter ces dialogues où les rôles changent et s’entremêlent rapidement entre le psychiatre et madame Eggar pour vivre un moment grandiose de cinéma. Enfin, en plus du style caractéristique chez Cronenberg, la terreur se marie à l’horreur avec sournoiserie. Quel esthétisme ! Quelle rare force étalée dans ces séquences où les meurtres ont lieu, sans cesse accompagné par cette musique à la tonalité funèbre !

18/20
L'un des plus grands psychodrames.

Scanners :
Premier grand film de Cronenberg commercialement parlant, ce chef-d’œuvre où le réalisateur prouve qu’il garde une place majeure dans l’exploration du genre, enrichit le palmarès de celui qui sait à la fois se porter en messager de la folie et de l’organique. Autrement dit, un cinéaste souvent en phase avec son temps.

Dès la première sonorité, il m'a été impossible de rester indifférent. La bande originale, toujours signée Howard Shore, compte parmi ses plus marquantes. L’intensité s’installe aussitôt avec une musique souvent avant-gardiste. Préparés à découvrir la folie, vient ensuite la première séquence. Scanners n’en demeure qu’un brillant exemple.
Un homme que l’on qualifierait vite de vagabond, rentre dans un self-service et de la situation la plus banale, nous voilà enfermés, agrippés par les griffes d’un Cronenberg qui soigne sa réalisation. Les yeux du clochard sortent presque de leurs orbites, une femme tombe subitement, crise cardiaque, et musique qui englobe le tout. L’accent est donné. Malin, subtil.

Rares sont les films où l’on retrouve la « toute puissance de la pensée » tel qu’aimerait l’articuler un certain Freud. D’ailleurs, ce n’est pas la saga des X-Men ou la Guerre des étoiles qui pourraient nous contredire. Oui, je veux traiter là de cet épilogue où se joue un véritable fratricide, digne des tragédies grecques mais à la sauce Cronenberg, bien entendu. D’autres pourraient penser à des épisodes de Dragon Ball Z… Curieuse évolution ? Pas du tout. Sans trop sombrer dans le manichéisme, le scénario qui pourrait aujourd’hui s’avérer classique pour de la science-fiction, ressemble, finalement, à une histoire terriblement bien orchestrée, un cauchemar contracté par un cinéaste qui creuse sans relâche en faveur de cette démente obsession : la victoire de la pensée sur le corps.
Pourquoi rares ? Parce que le concept, la télépathie, est difficile à appliquer techniquement pour le grand écran, et il en va de même dans le cadre d’un scénario. Or, Cronenberg, toujours soutenu par Shore, son fidèle ami, règle vite le problème de la pratique. Musique et réalisation s’associent pour créer une atmosphère glaciale, austère et repoussante, insistant sur des décors cristallins. On appréciera les déplacements soignés de la caméra. Le réalisateur devrait aussi remercier les interprétations rudes mais volontaires de ces acteurs, à commencer par Michael Ironside, qui campe ici un rôle de Bad Guy, alias Darryl Revok, devenu légendaire depuis.
Dans la carrière du cinéaste, on peut nettement évoquer un tournant, car le film sera premier au Box Office nord-américain pendant de longues semaines, peut-être en partie grâce au jeu hollywoodien distillé çà et là dans le film : explosions, deux camps bien opposés, courses poursuites…
Pour ce qui nous reste à retirer du côté purement spectaculaire, il est à souligner la « séquence de la tête qui explose », culte, toujours aussi hallucinante, devançant pour beaucoup les effets gore aperçus dans certaines œuvres s’y réclamant de façon abusive.

Alors, à force de respirer l’odeur de ce délirant voyage, nos petits nerfs commencent eux-aussi à frétiller sérieusement, à croire que le réalisateur travaillait dans cet unique but… Se restreindre à ce type de… pensée serait une grave erreur. Non, Cronenberg ne fait pas uniquement du cinéma pour choquer. Il sait juste que c’est l’une des meilleures façons pour que le spectateur s’imprègne de l’histoire, aussi folle soit-elle. Alors, c’est vrai, il le fait de toute les manières : il rend d’abord humain une personne qui ne l’est pas vraiment, le « bon scanner », Cameron Vale, joué en toute sobriété par Stephen Lack ; et si l’émotion ne prend pas, alors le cinéaste utilise la répulsion : comment ne pas être alerté, dans ce cas, par la scène finale, aux effets magistralement réalistes de Garry Zeller et de Dick Smith ?
Bref, fidèle à lui-même, non seulement le réalisateur heurte l’esprit, mais il ne se contente pas de choquer, il nous fait réfléchir. C’est bien là tout le talent de Cronenberg, souvent visionnaire, qui s’exprime avec perfidie : mélange des genres avec le thriller d’espionnage où l’on passe d’un meurtre à une totale remise en question du monde médical, personnage enfermé dans son propre corps et incapable de se maîtriser, ce « bon scanner » qui finit par lutter contre une centrale informatique, le mendiant qui devient héros pâle, l’opposition entre énergie humaine et robotique ou encore la réalité du dopage… Voilà autant de thèmes prophétiques.
De plus, le réalisateur pose une merveilleuse réflexion sur le pouvoir de la pensée. Le rôle attribué à la perception sensorielle de Scanners frôle le transcendantal : on VIT ce film, comme un esprit étranger. Sur ce point en tout cas, vous pouvez être sûrs que le cinéaste, fourbe, se joue de notre intimité, de notre intérieur. Oui, il y a une réelle fusion, une connexion palpable, entre ce que vous voyez à l’écran et ce que l’écran vous montre. Magique.

Un classique du film d’horreur sérieux. Un véritable régal du cinéma qui donne corps au psychique. Cronenberg, ce réalisateur qui ne vous prendra jamais pour un imbécile.
17/20

Vidéodrome :
Cronenberg fait du surnaturel une réalité comme les autres.
19/20

La Mouche :
D'un concept scientifique un peu suranné, le réalisateur associe le mal physique et moral pour une fable contemporaine sur la contagion. Nous sommes des maladies. Magique.
18/20

Dead Zone :
Sans trahir King, on sent un réel sacrifice du cinéaste pour respecter l'esprit du livre. Dommage que la fin ne soit pas aussi poignante. Un thriller fantastique de grande facture, presque épique.
17/20

Le festin nu :
Lynch est au tapis ! :D Le Festin nu ou comment fumer de l'opium en regardant un film. Une expérience hallucinante...

Faux-semblants :
Un délire hyperréaliste qui progresse jusqu'à l'étouffement. Derrière cette toile de fond glauque au possible, Irons transparaît et sait mélanger ses rôles avec brio. Un drame flippant.
17/20

Crash :
Ce film est un fantasme, un pur délire onirique déjà contenu dans la compo musicale de Howard Shore. Concilier l'inconciliable : voilà le pari de ce film, une ambition artistique typique de son réalisateur. Sobres, pas froids mais justes, on a l'impression que les personnages sont plongés dans ce rêve étrange où la mécanique, l'acier, la crasse bien huilée se plaquent sur les conducteurs en les entraînant dans un monde dénué de toute morale. Une liaison entre l'homme et sa machine, un amour physique, une possession psychique savamment entretenue. Pour renforcer son approche, Cronenberg s'arrête sur les émotions, pas les sentiments - grande nuance par rapport aux films hollywoodiens qu'a comprise le réalisateur - de ses personnages à la libido "motorisée" effectuée avec une mécanique qui en invoque plein de symboles : volant, doigts qui se crispent, carrosserie qui crisse, ceinture, le cuir des sièges, rétroviseur, cicatrices d'accidentés, levier de vitesse, portes, capote. Chaque détail suinte le sexuel et les conducteurs sont (ou deviennent) possédés par un moteur presque terrifiant ; le désir qui les habite dérive peu à peu vers la nécrophilie, le sadisme le plus déroutant, cherchant à jouer dangereusement avec sa propre vie, tel un complexe d'immortalité...
La voiture épave est préférée à la voiture toute neuve, toute lisse ; de même qu'on préfère un physique aux cicatrices d'après accident à un corps glabre. James affirme peut-être l'angle d'approche du réalisateur : "On est presque soulagés quand on a un vrai accident." Fuir l’ennui en se découvrant des passions sans dérapage contrôlé. Peu de dialogues, les visages parlent d'eux-mêmes, accompagnés par une musique teintée par quelques rifs acoustiques qui ondulent en échos, résumant à elle seule l'atmosphère du film. Pas de gore ni de fantastique torturé, on sent déjà le nouvel élan des films actuels de Cronenberg. Pas mon préféré, mais un esprit fort malsain, cultivé avec sérieux et conviction, suffit à le hausser à ce qu'on voit habituellement.
14/20

Mr. butterfly :
Un joli drame, dénué de toutes envolées oniriques, mais qui dégage un quelque chose d'intimiste et de touchant. Intéressant mais assez ennuyeux.

13/20

Exiztenz :
Une jolie réflexion sur le virtuel, moins "science fictionnesque" qu'un Matrix, mais dont l'approche me paraît plus pertinente. Gore, trash et parfois malsain, du très bon Cronenberg.
16/20

Spider :
Un petit bijou réaliste, sur les souvenirs, et un passé embrumé.
16/20

A History Of Violence :
Lorsque le film s’est terminé, la déception était là, implacable. Cronenberg joue avec celui qui connaît son cinéma ; on s'attend à un retournement de situation, mais non : il provoque une cassure. Sur ce point, le film est dans la lignée de sa dernière oeuvre, Spider. Le cinéaste change de direction, délaisse le fantastique torturé au profit d'un conte intimiste, concis et poignant. Il y a cette famille qui finit par douter d'elle-même, et qui perd son identité parce que le père est confronté à son passé.

Dans la simplicité d'"une histoire", Cronenberg distille une horde de symboles et de clins d'oeil qui savent toucher l'esprit là où il faut, même en sortant de la salle deux heures après. Du début à la fin, tout le rythme réside dans l'intime. Une maison à la campagne, un métier d’homme de café, deux enfants, vivre tranquillement, loin, trop loin peut-être. Il ne faut pas chercher un examen d’action excessive. Même si l’action s’avère présente lors des meurtres sanglants, même si le sexe est inauguré dans sa plus ample bestialité, ce n’est pas là l’unité d’angle absolu du film.

Souligné par l’interprétation magistrale de Viggo Mortensen, cette petite perle s’accompagne d’une musique timide mais toujours aussi envoûtée, signée Howard Shore. Maria Bello assure quant à elle un rôle de mère saisissant : avocate, elle porte littéralement le couple. Sans être faussement minimaliste, le film brosse avec intelligence les valeurs d’une famille où l’éducation s’égare ; le noyau doute et implose peu à peu. Tom Stall dont l’onomastique s’impose volontiers (to stall : tenir à distance) porte une croix autour du cou (un choix rédempteur ?), sa relation avec son fils (très bon Ashton Holmes) est détournée, on sent un blocage désagréable : il est monsieur tout le monde. De son côté, l’apparition d’Ed Harris qui campe LE personnage cronenbergien par excellence, marque le début de l'expérience et de l’interrogation. Pourquoi Tom est-il appelé Joey ? Folie ? Schizophrénie ?

Cette histoire est simple, elle vous paraîtra même simpliste, mais elle a ce quelque chose qui touche l'âme, quand un Descent touche les sens. Là, les sentiments ne se suivent pas, ils se bousculent dans ce contenu, cette intériorisation complexe : l’histoire en ce qu’elle est, et nous qui regardons ; ici, les adultes veulent être des adolescents, et les adolescents se résignent à leur condition. Chaque anecdote caractérise l’ambivalence de l’humain, même si Cronenberg exploite quelques clichés sans, heureusement, jamais les approfondir. Remuant les évidences, ce film est une caresse, caresse que l’on ressent dans la manière de filmer du réalisateur. Tout est posé, mais en même temps, tout se déchaîne dans le contenu d’une grande histoire peinte par le cinéaste et qui est la nôtre.

En transmettant une violence tant graphique que mentale, A history of violence pose des questions sur la nature humaine, l’éducation et la difficulté des rapports : Peut-on échapper à son passé ? Qui sommes-nous vraiment ? Quel rôle pour le père ? Quel rôle pour la mère ? Comment les adolescents s’intègrent-ils ensemble ?
Tueries gratuites, tueries sauvages, tueries humaines. Sans suinter le manichéisme injustifié ni le sentimentalisme facile, ce chef-d’œuvre profond, teinté de mélancolie, où le passé finit par faire corps avec le présent, accepte la complexité de l’identité. La scène du repas est, à mon goût, l’une des plus intenses du cinéma. Les larmes, les traits du visage parlent à la place des mots.

La boucle est bouclée, le spectateur garde ce quelque chose dans la gorge. La frustration l’accable, puis la réflexion s’empare de lui. La cruauté est là. On déteste Cronenberg, on déteste son histoire. Elle ne peut exister. Mais pourtant, tout est bien là : la magie du cinéma s’ouvre alors et ne forme qu’un tout avec notre esprit étouffé par le remords d’avoir subi cette histoire au faux suspense. Le suspense n’est pas dans l’histoire, il est en nous-mêmes : il nous invite à nous considérer par rapport à notre passé. Voilà la véritable violence, traité comme repli sur soi. Voilà la richesse de l’identité, comme célébration de l’âme. Incontestablement, avec Faux Semblants, A History of Violence constitue le meilleur film d'auteur de monsieur Cronenberg.

Quand le film d’horreur se détache du gore. Une petite perle, un thriller de l'entendement.
16/20

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meltingman
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Message par meltingman » mer. oct. 04, 2006 1:13 pm

Bon… Cronenberg étant mon dieu absolu dans le cinéma, je me colle à ce « top à ». je ne vais pas disserter par contre.

- Transfer/From The Drain/Stereo : Des courts métrages assez… auteurisant dans un sens péjoratif. Reste Stereo qui préfigure « Scanners ». Note globale : 5/10

- Crimes of The Future (1970) : Rigolo dans le concept mais toujours trop axé « je suis un auteur moi merde à la fin…. », donc un peu lourdingue : 5/10

- Frissons (1975) : Grosse baffe quand je l’ai vu en vidéo (raaaaah « Hollywood Video »). Torturé, malsain, préfigurant sans s’en douter les ravages du SIDA, cul à mort… Pis il y a Barbara Steele en lesbienne chaudasse. Que demande le peuple ? : 9/10

- Rage (1977) : Rien que pour prouver que les actrices porno peuvent aussi être de bonnes actrices. Rien que pour cette fin tétanisante. 7/10

- Fast Company (1979) : Film totalement « Disco ». Le plus atypique des Cronenberg puisqu’il y filme des courses de dragsters (sa passion). Au final , il laisse sa caméra lécher les contour de la tôle, de façon quasi sensuelle. Son obsession trouvera son aboutissement dans « Crash » : 5/10

- Chromosome 3 (1979) : J’aime beaucoup la première scène entre Oliver Reed et son fils « Micheline », j’aime beaucoup l’idée que l’on puisse sur-stigmatiser ses pulsions (le début de la nouvelle chair), j’aime beaucoup la révélation finale mais entre… bof. : 6/10 quand même.

- Scanners (1981) : Mon premier Cronenberg en salles et le début de mon amour pour le gars. L’affiche était placardée partout dans Paris à l’époque et faisait son petit effet. Je m’attendais à un film 100% horreur, j’ai été déçu de ce coté là. Par contre les thématiques du film ont fait mouche dans ma tête. Pas le meilleur Cronenberg mais certainement une bonne clé pour la suite de sa filmo : 8/10

- Videodrome (1983) : Bon ben rien à dire… Chef d’œuvre à tous les étages. Un film dont les thèmes sont de plus en plus au nouvel ordre du jour. Regarder Videodrome en 1983 c’est regarder de la science fiction. Le regarder en 2006 c’est se voir dans un miroir… Flippant. : 13/10

- Dead Zone (1983) : Une très belle adaptation (très adaptée) de Stephen King. Un film qui malgré son envie d’être « tout public » garde bien la patte de son réalisateur. Mineur pour un Cronenberg, très très bien pour un film lambda. : 6/10

- La mouche (1986) : Ou comment prouver que Mel Brooks a quand même du nez quand il s’agit de dégoter des réalisateurs novateurs. Tout a été dit sur ce remake tombé des cieux. : 9/10

- Faux semblants (1988) : Tour de force technologique, tour de force de jeux d’acteurs, et pourtant rien qui n’étouffe le principal, la narration. Une descente aux enfers éprouvante. : 9/10

- Le festin nu (1991) : Cronenberg n’adapte pas Burroughs, il se fond en une masse blobesque avec lui. Un film-monstre, une boucle de mouvement perpétuel, un film qui ne s’arrête jamais. De loin le plus grand film que j’ai pu voir sur l’hallucination du réel et inversement. Un film qui s’écoute aussi, merci à, la magnifique partition De Shore et Ornette Coleman. : 19/10

- M Butterfly (1993) : Je bossais à la Warner quand le film est sorti et j’ai donc eu la chance de rencontrer le vrai René Gallimard (pas son vrai nom d’ailleurs). Le film ? Beau. Rien de plus à l’horizon. : 4/10

- Crash (1996) : Blam dans ma face ! LE choc Cronenbergien que j’attendais en trépignant, le film-somme de sa carrière. Je conçois qu’on puisse être totalement réfractaire à ce film. C’est sans doute sa plus grande force. : 20/10

- eXistenZ : Trop marrant comme film ! : 8/10

- Spider (2002) : La honte… Crétin, vide, joué maladroitement, et didactique comme jamais (ah la la la scène ou Crocro nous montre ce qu’a fait Spider, ce qu’on a deviné depuis les premières minutes du film… Quel gachis !). Heureusement, Peter Suschitzky nous tient éveillés avec des images de toutes beauté. : 1/10

- History of Violence (2005) : Encore une excellente adaptation. Du Cronenberg en grande forme. 8/10
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Message par Defest » mer. oct. 04, 2006 1:52 pm

c'est interessant de voir à quel point CRASH divise les """fans""" de Cronenberg.

pour moi ce film est un rattage complet (en tant que film de Cronenberg) et une merde en tant que film tout court.

du faux malsain pour bobo. racoleur, vulgaire, facile et pas choquant pour un sou.

le culte que vouent certains à ce film est un mystere pour moi :shock:

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Message par meltingman » mer. oct. 04, 2006 2:15 pm

Ah ca y est on va commencer à employer Bobo a toutes les sauces... La geek attitude quoi :D

EDIT : Tiens pour en revenir à Crash. dans la salle dans laquelle je l'ai vu a sa sortie (soit le Grand Pavois), j'étais avec une amie qui m'a fait par d'une réflexion interessante. A peu près la moitié de la salle est partie avant la fin du film, à 99% des hommes... Les nanas étant restées jusqu'au bout. Serait-ce un film qui destabilise les males alpha ?
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Message par celia0 » mer. oct. 04, 2006 2:51 pm

Crash, j'avoue n'avoir rien saisi au film. Le film ne m'a pas du tout choqué. J'ai juste ressenti un grand sentiment de vide et je n'ai à nouveua rien compris aux motivations des personnages. J'avoue qu ele cinéma de Kronenberg me passe au dessus de la tête. Les seuls films que j'aime de lui sont ses plus "clairs": la mouche, dead zone, scanners.
Avis aux nouveaux forumers, il est parfaitement normal voir de santé publique d'envoyer chier manolito au moins une fois.

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Message par Otis » lun. nov. 13, 2006 6:28 pm

Bonsoir à tous et à toutes,

Je viens de sortir de la fnac où je n'ai pas acheté un dvd - enfin deux - de Cronenberg. Je n'ai pas le festin nu dans ma dvdthèque et j'allais l'acheter quand tout à coup, je me suis dit : "hop, attends l'avis du forum, tu reviendras demain au pire". La sagesse a eu raison de moi au dernier moment :mrgreen:
15euros les deux dvds, j'ai trouvé ça louche, alors j'aimerais avoir votre avis d'urgence sur la chose ; en fait, ce qui me préoccupe, c'est "Est-ce que le film n'est pas cut ?", "La qualité de l'image et du son, surtout par rapport aux autres dvds du même film", et si en général, ça vaut le coup quoi. :?
Dernière modification par Otis le lun. nov. 13, 2006 7:18 pm, modifié 1 fois.

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Message par Stilleben » lun. nov. 13, 2006 6:51 pm

Concernant Le Festin nu, je crois que c'est simplement une réédition de la précédente chez Opening, avec une nouvelle jaquette (la précédente reprenait l'affiche du film).
Je crois qu'on ne pouvait pas reprocher grand-chose à cette édition.
T'as un test maison : http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=560 et un test sur rama : http://www.dvdrama.com/rw_fiche-3058-.php
Bref, achat conseillé. :wink:

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Message par Otis » lun. nov. 13, 2006 7:03 pm

Merci, je viens aussi de vérifier sur le site, avec une news qui confirme, ce que tu viens de me dire. Les modos, je vire le lien ou j'attends confirmation ? :wink:

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Message par Manolito » lun. nov. 13, 2006 7:13 pm

Ton soupçon a été clairement infirmer dans le message suivant le tien, donc, pas de souci... :wink:

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Otis
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Message par Otis » mar. nov. 14, 2006 4:36 pm

ça y est ! Acheté ! Une bonne affaire mûrement réfléchie 8) Je crois que je vais craquer pour la superbe édition A History Of Violence maintenant qui me fait de l'oeil de plus en plus... :?

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