Dans un futur totalitaire, des “deviants” sont envoyes dans des camps de “reeducation” par le travail. Les y attendent: tortures et mauvais traitements. Le directeur propose aussi une “chance” aux prisonniers; jouer le role des proies dans une chasse a l’homme. S’ils parviennent a survivre, ils seront liberes, sinon c’est une mort certaine qui les attend. Une “forte tete” arrivee dans le dernier groupe sera la proie de “choix” du groupe de traques, mais l’interesse compte bien s’en sortir vivant coute que coute…
Exemple flagrant d’”Ozploitation”, ou film d’exploitation a l’australienne, TS fait partie de l’epoque dite de l’”Age d’Or” du cinema australien.
Dans les annees 70s, le gouvernment decida d’offrir des avantageux fiscaux aux investisseurs aidant a la production de films nationaux. Si l’on ajoute a ceci l’introduction d’un classement R(estricted) pour categoriser les films plus “corses”, ce fut un veritable petit deferlement de films de serie B horrifiques, d’actions ou de fantastiques, ainsi que de films a charactere sexuel sur les ecrans du pays.
Parmi une floppee de titres plus ou moins oublies (The Man from Hong-Kong (1975), Deathcheaters (1976), DeadKids (1981), Road Games (1982) ), l’on trouve neanmoins quelques “classiques” du fantastique made in ”Down Under” (Long Weekend (1978), Patrick (1978), Mad Max (1979), The Survivor (1981), Mad Max 2 (1982) ).
TS est a son niveau un film assez connu (dans ce contexte), car ayant fait couler beaucoup d’encre, et ce, tant en Australie que lors de son exploitation a l’etranger.
En effet, si le film ne s’embarasse pas de subtilite ou d’un quelconque message comme p.ex Punishment Park (1971) de Watkins presque dix annees plus tot, Trenchard-Smith lui, prefere se concentrer sur les elements les plus extremes de son films.
Dans sa premiere partie, TS tient ainsi du Woman in Prison-movie (maltraitances sexuelles et scenes de douche incluses
), dans sa deuxieme (et majeure) partie, il se concentrera ensuite sur une chasse “musclee” qui se limitera exclusivement a des courses-poursuites, un peu de violence et quelques idees quand meme tres nanardesque (dont un “monstre de fete foraine”
) avant de conclure sur un final petaradant un peu tombe de nulle part…
Cote caracterisation, le scripte est plus que limite; les gardiens sont des brutes epaisses en uniformes kaki, les chasseurs tiennent des bourgeois decadents, le monstre est plutot ridicule et les prisonniers / traques essentiellement interchangeables et que peu charismatiques. L’on est donc tres loin d’autres film de “traque” (The Most Dangerous Game (1932), The Naked Prey (1966), Figures in a Landscape (1970), La Traque (1975) ).
Voire TS presque trente annees plus tard, laisse assez sceptique quand au pourquoi de la vindicte critique de l’epoque. Si quelques scenes-chocs parsement le film, ca reste quand meme assez “leger” compare a certains “poids-lourds” de l’epoque, tels les “survivals” americains ou les films de cannibals italiens.
Trenchard-Smith (BMX Bandits (1983), Frog Dreaming (1986), Dead-End Drive In (1986) ) est cependant loin d’etre un amateur et emballe plutot bien son metrage avec honnetete (le premier degree qui caracterise ce film, ainsi que d’autres metrages de sa filmographie) et respecte bien le cahier des charges qu’en amateur (et realisateur) de films de genres, il a du s’imposer a lui-meme.
En fait, en plus de raconter une histoire de nombreuses fois rabachee, de fleurter dangereusement avec le nawak (assume, quand meme), le film presente encore un handicap de taille; ses personnages et acteurs.
N’ayant essentiellement pas de “vrais” personnages sur lesquels travailler, le casting, avec Steve Railsback (Lifeforce (1986), The Survivalist (1987), Blue Monkey (1987) ) en tete, est en complet pilotage automatique, tant du cote des chasseurs / gardiens que des traques / prisonniers. Ceci n’est cependant pas a mettre sur le compte du present metrage, mais du genre en lui-meme ou cet element est generalement secondaire.
Deux elements a noter par contre, sont les allusions a une epoque future (notamment dans la campagne marketing)—future, qui semble tres contemporains, voire meme semble TRES date de nos jours. Ceci est par contre peut-etre du a une reduction de budget de derniere minute et un scenario qui en a ete remanie en catastrophe. Un autre element qui fait tiquer, est la bande-son ponctuant les scenes de “jungles”, alors que celle-ci ressemble quand meme TRES fortement a l’Outback du Queensland qu’elle est…
Malgre ses (innombrables ) defauts, le visionnage de Turkey Shoot reste pourtant sympathique, grace a la generosite du metrage, son premier degre assume (Trenchard-Smith maniera a nouveau la massue cinematographique contre le totalitarisme ave DEDI (1986) ) et au final cette assez jubilatoire tendance a “bisser” le plus loin.
Donc, malgre une reputation qui s’est surfaite sur trente annee, de nos jours, c’est plutot la generosite du film qui parvient a remporter la sympathie.
Turkey Shoot: 3.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.