Mother of Tears - 2007 - Dario Argento

[masterbator]

Ben maintenant que Mattei est mort, faut bien que quelqu'un se dévoue pour prendre la relève et je trouve qu'il le fait bien

[dario carpenter]

Marrant de voir qu'il y a ici quelques fans de ce "truc" juste car c'est estampillé Dario Argento

pourtant sur ce topic parmi les "fans" de ce "truc" on trouve pas mal de détracteurs de certains des derniers Argento,comme quoi...

[Dragonball]

Pour moi c'est un donc un peu l'inverse, hors-contexte et réalisé par un inconnu j'aurais pu trouver le film assez sympathique car malgré le peu de moyens (enfin j'espère vu le résultat) son côté old school et ses quelques scènes très très gore, on ne s’ennuie pas trop. Mais en tant que "suite officielle" à Suspiria et Inferno, je suis consterné... C'est bien triste de voir à quel point un réalisateur jadis aussi follement inspiré qu’avant-gardiste puisse en arriver là.

Ben, fait comme tout les gens de bon sens, essaye de faire cohabiter tes 2 points de vues !

[fantomas 2]

Plus que d'accord avec Antropophagus... J'ai même trouvé "The Torturer" de Lamberto Bava bien plus intéressant, mieux filmé bien qu'en vidéo (je crois), une meilleure photographie (c'est le comble), bref, il y a longtemps qu'Argento a grillé ses neurones et certains feignent encore de croire qu'il les a toujours. Triste.

[Julien Davenne]

Personnellement je préfère assez largement la deuxième partie de l'oeuvre d'Argento, à partir de "Phenomena". Elle est plus humaine tout en étant plus folle, plus bouillante même si les films sont moins carrés. Mais ils dépassent l'aspect exercice de style luxueux et cadrés de son début de carrière, et le font franchir un pas vis à vis de la distanciation à la Bava dans laquelle il beignait mine de rien encore...

Je crois donc qu'on peut aussi aimer "Mother of Tears" sans aucune histoire de nostalgie vis à vis de "Suspiria" et "Inferno", on peut même éventuellement le préférer. Ce qui est mon cas vis à vis de "Suspiria" au moins, œuvre certe d'une belle qualité mais dont on a quand même fait plus rapidement le tour que d'autres du metteur en scène.

[fantomas 2]

C'est un intéressant point de vue, mais en mettant de côté totalement la première partie de l'oeuvre d'Argento, jusqu'à "Phenomena" justement, on obtient quoi ? de prétentieux navets comme "Le fantôme de l'Opéra" ou "Le syndrome de Stendhal", ou cette "Mère des larmes" guère supérieure à ce que Mattei ou Garrone auraient pu faire sur le même sujet. Qu'on le veuille ou non, c'est bien la première partie de sa carrière qui a attiré sur Argento l'attention (méritée) des cinéphiles, le reste ne se distingue pas du tout-venant de la série B "à l'italienne", en-dehors de quelques fulgurances ici et là, comme toute la première partie de "Non ho sonno".

[dario carpenter]

Je dois dire que j'abonde plutôt dans le sens de l'opinion de Julien Davenne:
même si j'adore des films "première période" comme "profondo rosso" ou "l'oiseau au plumage de cristal",je trouve le cinéma d'Argento post-"Ténèbres" assez passionnant (que ce soit dans ses réussites comme dans ses échecs ) dans ses expérimentations et sa part intime (voire autobiographique) bien prégnante (oui,oui même dans le dernier )...là où un "Suspiria" ou un "Profondo Rosso" sont certes plus homogènes,"parfaits" mais relèvent à mon sens plus de l'exercice de style à la perfection formelle un peu froide,désincarnée.

[Julien Davenne]

Je trouve très dur de mettre des œuvres comme "Opera" ou "Le syndrome de stendhal" dans un panier à navet, ce sont quand même des films qui font preuves d'un vrai soucis d'expérimentations, et sont habités par nombres de considérations existentialistes sur la puissance de l'art, du mal, le rapport à la nature. Cela dépasse le cadre de l'esthète, et même du genre en soit (ce qui isole à mon sens Argento il est vrai peut-être un peu plus vis à vis de l'entité nébuleuse des "fans" de la première heure, voir des "fans du genre". Mais lui même ne se revendique pas forcément cinéaste de genre).

Je trouve "Non ho sonno" bien faible pour ma part, le considérant justement comme un exercice très limité à renouer vainement avec l'exercice de style giallesque, en cherchant à l'adapter à une patine plus contemporaine et naturaliste. Au contraire "Mother of Tears" je trouve réussis ce dialogue entre la nature sorcellerie et alchimie des deux premiers films avec un caractère plus urbain et réaliste, et s'il y parvient c'est grâce justement à cette ouverture franche dans le grotesque et la farce. J'ai hâte de découvrir les films de Mattei que je ne connais pas du tout s'ils sont de ce niveau. En l'état MOT me semble effectivement peut-être plus série B que d'autres films d'Argento, il souffre aussi d'un sous-budget, mais j'en aurai rarement vue des plus libres récemment, avec une telle joie dans le débordement créatif. On est dans un univers ciné tellement policé et plan plan aujourd'hui que de tels films sont précieux... D'ailleurs je crois que s'il y a une sorte de "message" à retenir du film comme de beaucoup d'autres œuvres du argento contemporain, c'est la mise en doute de nos normes dans une société très clean d'apparence, sujette à un profond refoulé.

Juste un mot sur la photo de Fasano... je ne comprends vraiment pas l'acharnement dessus. Ses tons chaux plongent Rome dans une ambiance entre réalisme et peinture justement, un ton légèrement surreel et sa gestion très subtile des couleurs plus vives renvoie habilement au passé des deux précédents opus. Autant je suis très critique sur la photo de "Non ho sonno" ou du "Fantôme de l'opéra" autant celle-ci et celle de Debie dans "Card Player" me semblent vraiment abouties.

[fantomas 2]

Tu devrais écrire dans "Les Cahiers du Cinéma", si si, je ne plaisante pas. Le ton y est, le style aussi. Chapeau. C'est tout un art, de faire prendre des vessies pour des lanternes

[mercredi]

cette ouverture franche dans le grotesque et la farce.

Je n'ai pas encore vu le film et suis globalement d'accord avec toi quant aux réelles qualités des dernières oeuvres d'Argento. Néanmoins, la dimension grand-guinolesque (souvent mentionnée) de ce Mother of Tears n'est pas revendiquée par le réalisateur même. Ses interviews (notamment celle publiée dans le dernier Mad Movies) contredisent presque ce qui pour toi constitue un postulat. Argento avoue avoir "été aussi loin que possible" ici, mais pas dans le sens où tu l'entends. Excessif, baroque, oui, très certainement mais grand-guinolesque, j'en doute. Quoique? Des films récents tel "Vous aimez Hitchcock?", abondent dans ton sens en illustrant une prise de position (et non vraiment de recul) de plus en plus humoristique à l'égard d'un genre auquel il reste extrêmement fidèle - tout comme à ses fans d'ailleurs. Beaucoup évoquent un véritable "film bis". Symptomatique d'une rupture (voire d'un épuisement) de sa carrière ou au contraire dans la continuité de cette dernière? Ce qui demeure passionnant avec Argento; c'est que chacune de ses oeuvres conduit le spectateur à réinterpréter rétrospectivement les films antérieurs, preuve d'une complexité que l'on ne peut nier. J'ai vraiment hâte de découvrir le dvd.

[Julien Davenne]

Dans Mad il me semble quand même qu'Argento lache franchement le mot "surréaliste" et des situations à prendre avec un certain recul, pas au premier degrés. Ce n'est pas forcément du grand-guignol, enfin moi je prends ça trés naturellement en même temps ce type d'expression. En france on aime bien que ça soit indiqué avec des panneaux clignotants: "à prendre au sérieux" ou "grosse farce". On peut pourtant revendiquer les deux, l'un ne va pas forcément sans l'autre et c'est d'ailleurs le postulat romantique.

Concernant les interviews, Argento est souvent assez flou dans ses indications, il ne surexplicite pas comme un cronenberg ou même comme le fait un minimum un De Palma. D'autre-part il n'aime pas voir ses propres films car il a peur... d'avoir peur. Il se crée souvent un certain souvenir de l'oeuvre qu'il a voulu réaliser. Je pense qu'il laisse énormément le spectateur se les réapproprier.

[dario carpenter]

Néanmoins, la dimension grand-guinolesque (souvent mentionnée) de ce Mother of Tears n'est pas revendiquée par le réalisateur même. Ses interviews (notamment celle publiée dans le dernier Mad Movies) contredisent presque ce qui pour toi constitue un postulat. Argento avoue avoir "été aussi loin que possible" ici, mais pas dans le sens où tu l'entends. Excessif, baroque, oui, très certainement mais grand-guinolesque, j'en doute.

Pourtant même dans le dernier Mad il déclare: "c'est un film surréaliste,il n'y a rien de sérieux dedans..."
Quand il parle d'"aller aussi loin que possible" il souligne je pense l'aspect totalement décomplexé de l'oeuvre,la crudité graphique,la représentation de la nudité,les taboux bafoués...

Beaucoup évoquent un véritable "film bis"

oui mais justement,qu'est-ce q'un film "bis",exactement?
est-ce forcément péjoratif de rapprocher son film du "bis"??

[Dragonball]

Néanmoins, la dimension grand-guinolesque (souvent mentionnée) de ce Mother of Tears n'est pas revendiquée par le réalisateur même. Ses interviews (notamment celle publiée dans le dernier Mad Movies) contredisent presque ce qui pour toi constitue un postulat. Argento avoue avoir "été aussi loin que possible" ici, mais pas dans le sens où tu l'entends. Excessif, baroque, oui, très certainement mais grand-guinolesque, j'en doute.

Pourtant même dans le dernier Mad il déclare: "c'est un film surréaliste,il n'y a rien de sérieux dedans..."

Ben faire un film surréaliste ne signifie pas torcher ses plans n'importe comment hein !

Beaucoup évoquent un véritable "film bis"

oui mais justement,qu'est-ce q'un film "bis",exactement?
est-ce forcément péjoratif de rapprocher son film du "bis"??

Hou là, on ne va pas recommencer le débat ertenellement !

Par contre, ce qui est clair, c'est que balancer un bébé en plastique du haut d'un pont, ça se rapproche clairement plus du style "Zonbie holocaust" que de "Six femmes pour l'assassin" !

[Julien Davenne]

"torché n'importe comment" c'est clairement là que je ne serai jamais d'accord sur ce film

Par contre ok pour le bébé, c'est le seul truc qui m'ait vraiment gêné en gros...

[dario carpenter]

l'effet est assez voyant dans cette scène,mais le montage et l'idée derrière la scène restent suffisamments forts,évocateurs,voilà...
et je préfère encore un bébé en plastoc qu'un bébé en CGI.