Je suis vivant -1971 - Aldo Lado

Science-Fiction, Horreur, Epouvante, Merveilleux, Heroic Fantasy et tout le toutim du Fantastique !

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Manolito
Site Admin
Messages : 21633
Inscription : ven. avr. 30, 2004 2:17 am

Je suis vivant -1971 - Aldo Lado

Message par Manolito » sam. févr. 04, 2006 10:20 am

Titres originaux : La corta notte delle bambole di vetro / Malastrana

Image

A Prague, un homme est retrouvé dans un parc, apparemment mort. En fait, il est encore vivant et, tandis que son "cadavre" est ramené à la morgue, il tente de se rappeler les évènements l'ayant conduit à cette très inconfortable situation...

Voici un giallo, premier long métrage d'Aldo Lado, où le pire cotoit le meilleur. Le pire, c'est sans doute son enquête policière terriblement laborieuse, son scénario dénué de péripéties dont on suit les rares révélations sans conviction. Mais "Je suis vivant" est tout de même sauvé par sa mise en scène de très haute volée, nous faisant suivre son personnage principal dans une Prague aussi fantomatique que superbe. Sa magnifique musique et son casting international 4 étoiles (Ingrid Thulin, Jean Sorel, Barbara Bach, Mario Adorf) en font aussi un film, certes inabouti, mais néanmoins séduisant...

Vu à la Cinémathèque Française, dans une copie italienne Techniscope avec sous-titragé électronique, plutôt en bon état malgré des changements de bobine difficiles.

Avatar de l’utilisateur
eric draven
Messages : 6509
Inscription : ven. avr. 30, 2004 1:23 pm
Localisation : Dans la beauté du sale, la beauté du mal, sous les croix en feu, violant, déféquant...

Message par eric draven » sam. févr. 04, 2006 1:02 pm

Un des classiques du giallo et une des plus belles réussites de Aldo Lado.

Voici ce que j'e écrivais alors:


Je suis vivant ! est un film qui, s'il ne brille pas par ses qualités artistiques se distingue surtout par son atmosphère oppressante, irréelle, dans lequel il baigne et on se laisse vite prendre au jeu, menant l'enquête en même temps que le malheureux héros.

Mélant avec subtilité le policier et le fantastique, Je suis vivant! surprend par son scénario hybride, entrainant le spectateur dans les méandres d'une effarante histoire.

Si parfois le suspens retombe faisant place à quelques lenteurs, il y a pourtant toujours un détail, une scène qui accroche et retient l'attention. Un lustre, un rideau, un visage furtif, tout ici a son importance et joue un rôle dans ce puzzle macabre que doit reconstruire Gregory, véritable mémoire vivante mais qui appartient déjà au passé.

C'est là que le film de Lado puise toute son horreur et rarement film n'avait si bien porté son nom même si le titre original, moins percutant mais tout aussi énigmatique - La courte nuit des poupées de verre- laisse entrevoir une partie du mystère.

Je suis vivant! c'est le cri que voudrait hurler le journaliste sur son lit de mort aux médecins qui l'entourent. Paralysé, les yeux fixes, il doit se livrer à un véritable combat sur lui même, efforts surhumains pour que puisse jaillir de sa poitrine ce cri.

Les gros plans sur son visage et la voix-off représentant sa conscience qui appelle au secours renforce l'aspect viscéralement terrifiant du film.
Car c'est bien de terreur purement viscérale dont on peut parler, cette peur qu'on n'oserait pas même imaginer dans nos pires cauchemars.
Cet état de terreur étouffante, le réalisateur le renforce par un climat oppressant, macabre mais sans abus.

La Mort règne, omniprésente, dés le début du film qui s'ouvre sur un corbeau picorant non loin de l'endroit où gît Gregory, symbole funeste de La Grande Faucheuse.
Que ce soit sous les lumières blafardes de l'hopital, à la morgue où il est entouré de vrais cadavres, par le biais de bistouris prêts à le disséquer ou dans les images des derniers jours de sa vie, La Mort le suit, le traque, l'entoure et semble être l'unique réponse à ceux qui cherchent trop à eventer les secrets.
Plus le film avance et plus ces secrets se font pesants. Chaque personnage semble détenir une des clés du mystère ou être un morceau du puzzle.

Le film comporte toute une galerie de personnages aussi inquiètants qu'ambigus. A commencer par tous ces gens que Gregory est amené à côtoyer lors de son enquête: un étrange professeur faisant des expériences sur la douleur et la mort à travers des végétaux, l'aveugle détenant d'importantes informations mais semblant terrifié par des événements qui le dépassent ou encore le vieil homme assassiné la nuit où il allait parler.

Cette ambiguité s'étend également à l'entourage proche de Gregory. Son meilleur ami devient alors suspect et ses agissements troubles alors que le comportement de Jessica, la journaliste qui l'accomapgne, devient de plus en plus étrange jusqu'au moment où elle laissera éclater sa haine pour Mira, la petite amie de Gregory.
Chaque objet ou visage, chaque allusion est susceptible d'être une des clés de l'énigme. Aldo Lado s'attache au détail, l'infime détail, d'où peut jaillir la lumière.

Je suis vivant! s'appuie sur les symboles et les devinettes. C'est bien insidieusement dans le titre original que Lado soulève un des voiles du mystère. Longtemps on se demande ce que sont ces étranges poupées de verre qu'évoquent le titre, ces papillons de cristal autour desquels la clé du mystère semble tourner , obsédant le héros. Et c'est de cristal que surgira la lumière!
Quel autre meilleur symbole aurait pu choisir Aldo Lado?

Implacable, les pièces du puzzle vont parfaitement s'emboiter. Gregory va se retrouver face à la terrible vérité et terrible prend ici tout son sens. Le réalisateur ouvre plusieurs portes donnant à son oeuvre différentes directions, une petite quantité de thèmes étant mis en exergue. Vampirisme, recherche de l'eternelle jeunesse, satanisme, le film franchit les frontières du fantastique mais sans jamais expliquer ou rationaliser ce qu'il montre, laissant agréablement planer le doute.

Pouvoir et agonie se marient d'une effroyable façon, coeur de toute une secte secrète. Agonie de pauvres jeunes filles offertes en bacchanales organisées par de hauts dignitaires mondiaux, agonie d'un corps sur une table de dissection, l'agonie d'une société ravagée tout simplement.

Tout aurait été un peu facile si le film se terminait ainsi. C'est sans compter les inquiètantes images finales, d'une incroyable dureté tant elles sont cruelles dans leur signification. Rarement le destin d'un héros n'aura été aussi abominable, son long calvaire cataleptique étant peu de chose face au sort qui lui est reservé.

Ce sont dans ces plans que les ultimes révélations se feront, que les derniers masques tomberont sous les yeux révulsés de ce corps paralysé, ultime choc d'un film exceptionnel.

Je suis vivant! n'a rien des exceptionnelles qualités visuelles des oeuvres auquel il fait référence mais Lado a su profiter tout de même des beaux décors qu'il avait sous la main.
Correctement filmé et mis en scène, doté d'une agréable photo, le film possède aussi une solide interprétation, le récuurrent et francais Jean Sorel, la bergmanienne Ingrid Thullin et la Barbara Bach en tête.
Je pourrais vous tuer mille fois jusqu'aux limites de l'éternité si l'éternité possédait des limites.

MES FILMS: http://sd-1.archive-host.com/membres/up ... lms_56.rtf

manuma
Messages : 3001
Inscription : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Message par manuma » mar. oct. 24, 2006 9:19 am

Un beau morceau de giallo que ce Je suis vivant qui, comme le film suivant de Lado, Chi l'ha vista morire ?, mélange très habilement un solide suspense horrifique à un intéressant discours contestataire.

S'il faut bien reconnaitre que le rythme n'est pas trépidant et que l'on démèle vite les fils de cette classique histoire de disparition, le film demeure passionnant d'un bout à l'autre. Superbement photographié, porté par une oppressante partoche de Morricone, Je suis vivant nous gratifie en outre d'une très belle atmosphère morbide et d'un final glaçant. Le sang ne coule pas à flots mais Aldo Lado réussit merveilleusement bien à nous faire ressentir le poids de la douleur engendrée par la perte d'un proche. Ainsi une scène à priori aussi banale que celle où Moore est convié à l'identification du cadavre d'une femme retrouvée dans un fleuve, qui pourrait être ou non celui de sa petite amie disparue, devient-elle particulièrement intense.

A classer parmi les plus belles réusites du genre.

Terror77
Messages : 60
Inscription : jeu. juin 24, 2004 8:53 pm

Message par Terror77 » ven. avr. 27, 2007 6:05 pm

Si vous avez d'autre critique de ce film toujours prévu pour début mai chez Néo publishing, merci

Avatar de l’utilisateur
noar13
Messages : 417
Inscription : lun. mai 03, 2004 9:33 am

Message par noar13 » ven. avr. 27, 2007 6:42 pm

Terror77 a écrit :Si vous avez d'autre critique de ce film toujours prévu pour début mai chez Néo publishing, merci

vite fait : super chiant , casting sous exploité, reste la musique et 2 voire 3 scenes potables


vu aussi à la cinématheque, y en a même qui se sont endormis :mrgreen:
ImageImage

Avatar de l’utilisateur
drummonde
Messages : 909
Inscription : lun. mars 21, 2005 12:42 am
Localisation : Paris

Message par drummonde » ven. avr. 27, 2007 8:56 pm

Terror7 : C'est considéré par beaucoup comme un excellent film ... Ambiance sinistre , scenario en beton , original et efficace .

A acheter evidemment :wink:
Ceci est un P.38, le flingue le moins puissant du monde. Si je te touche avec, c'est même pas dit que je te fasse un troisième téton.
Image

Avatar de l’utilisateur
noar13
Messages : 417
Inscription : lun. mai 03, 2004 9:33 am

Message par noar13 » sam. avr. 28, 2007 7:10 am

scenario en beton :shock:
ImageImage

Terror77
Messages : 60
Inscription : jeu. juin 24, 2004 8:53 pm

Message par Terror77 » sam. avr. 28, 2007 7:50 am

OK merci bien pour vos avis bon week end

Avatar de l’utilisateur
drummonde
Messages : 909
Inscription : lun. mars 21, 2005 12:42 am
Localisation : Paris

Message par drummonde » sam. avr. 28, 2007 9:30 am

Meme Noar13 est d'accord 8)
Ceci est un P.38, le flingue le moins puissant du monde. Si je te touche avec, c'est même pas dit que je te fasse un troisième téton.
Image

Avatar de l’utilisateur
infernalia
Messages : 403
Inscription : mar. mai 11, 2004 1:33 pm
Localisation : Dans la maison aux fenêtres qui rient, tout à côté de chez la Mère des Ténèbres

Message par infernalia » dim. avr. 29, 2007 10:00 am

C'est surtout un grand film tout court, très prenant, très tendu, avec un climat particulièrement angoissant aux confins du fantastique.
Je n'ai jamais compris pourquoi il était répertorié dans la section best of giallos parce qu'à l'arrivée cette classification le dessert plutôt qu'elle ne le met en valeur : sûr que ceux qui s'attendent à un pur giallo, en se plaçant d'emblée dans les règles du genre seront déçus. Par contre, ceux qui apprécie le réel qui se métamorphose en cauchemar apprécieront. C'est un film que j'adore sans condition et qui me fascine autant à chaque vision. Je le rapprocherais dans l'ambiance du "parfum de la dame en noir" avec Mimsy Farmer, ou bien du peu connu "Spider Labyrinth".
Je crois que le cadre y est pour beaucoup et confère à l'ensemble une magie très Europe de l'Est. Bref, un presque chef d'oeuvre.
Vive le fantastique italien....
La Cave aux Crapauds
Culturopoing

Avatar de l’utilisateur
ZombiGirl
DeVilDead Team
Messages : 1921
Inscription : jeu. juin 24, 2004 5:34 pm
Localisation : Last House on Dead End Street.

Message par ZombiGirl » lun. mai 07, 2007 8:13 am

Topic bien trop court... Alors l'occasion de découvrir cet excellent film s'offre désormais à vous, chers amis !

Critique du Z2 Néo :

http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=1443

manuma
Messages : 3001
Inscription : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Re: Je suis vivant -1971 - Aldo Lado

Message par manuma » ven. juin 11, 2010 8:23 pm

Revu sur le DVD de chez Neo.

Un giallo politique, ou plutôt thriller politique déguisé en giallo, hautement satisfaisant en terme d’écriture et de mise en scène. Si l'histoire proposée s’avère somme toute relativement classique dans son déroulement – un journaliste enquête, bientôt au péril de sa vie, dans les arcanes d’un pouvoir corrompu – son inattendue structure narrative bi-temporaire (si vous m'accordez cette expression bien pompeuse), son adresse à jouer avec les codes du giallo pour parvenir à délivrer son message contestataire et, plus globalement, sa maîtrise de la double interprétation, invitant le spectateur à la réflexion sans se couper des racines du divertissement populaire, en font une réussite étonnament maîtrisée pour une première œuvre.

Belle ambiance morbide également – annonçant les cafardeuses atmosphères vénitiennes de Chi ‘ha vista morire ? et La Désobéissance - et découpage par moment assez virtuose (cf. les passages de transition présent / passé). On rajoute à cela une classieuse photographie en scope et un score bien tordu du maestro Morricone et on obtient un passionnant compromis entre film d’auteur et film de genre, amplement satisfaisant pour qui évidemment n'espère pas y trouver un giallo pur et dur.

Par contre, on frôle le déplorable du côté de la VF proposée sur cette édition. D'ailleurs, je suis passé à la version anglaise au bout d'un quart d'heure. Ce qui, pour l'anecdote, m'a permis de remarquer que l'accompagnement musical de Morricone différait d'une version à l'autre sur au moins 2 séquences en début de film.
Dernière modification par manuma le ven. juin 11, 2010 9:50 pm, modifié 2 fois.

Avatar de l’utilisateur
Jarlow
Messages : 809
Inscription : mer. sept. 21, 2005 3:01 pm
Contact :

Re: Je suis vivant -1971 - Aldo Lado

Message par Jarlow » ven. juin 11, 2010 9:20 pm

manuma a écrit :Par contre, on frôle le déplorable du côté de la VF proposée sur cette édition. D'ailleurs, je suis passé à la version anglaise au bout d'un quart d'heure. Ce qui, pour l'anecdote, m'a permis de remarquer que l'accompagnement musical de Morricone différait d'une version à l'autre sur au moins 2 séquences en début de film.
Ah oui?
C'est marrant ca... ca change quelque chose pour toi dans la reception du film?
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
Pour nous contacter: torsofanzine@hotmail.com
Notre site web : http://torsorevuedecinema.fr/

manuma
Messages : 3001
Inscription : dim. mai 08, 2005 9:44 am
Contact :

Re: Je suis vivant -1971 - Aldo Lado

Message par manuma » ven. juin 11, 2010 9:45 pm

Jarlow a écrit :Ah oui? C'est marrant ca... ca change quelque chose pour toi dans la reception du film?
Les différences musicales que j'ai notées concernent 2 séquences : la séquence avec voix-off dans laquelle Sorel et Bach déambulent dans Prague, et celle de la fin de soirée chez Sorel dans laquelle Bach fait son petit laïus sur le papillon qui ne peut pas voler.

Dans la version française, on a droit à un morceau lounge assez passe-partout, typique de ce que faisait alors Morricone ou Nicolaï sur ce type de film, là où la version anglaise propose le très mélancolique thème central de la partition, avec la voix d'Edda Dell'Orso.

Si, à mon avis, on ne peut pas vraiment dire qu'il y ait faute de goût dans le premier cas, il me semble clair que la musique employée dans la version anglaise colle davantage à la tonalité générale du film.

Avatar de l’utilisateur
Jarlow
Messages : 809
Inscription : mer. sept. 21, 2005 3:01 pm
Contact :

Re: Je suis vivant -1971 - Aldo Lado

Message par Jarlow » dim. juin 13, 2010 10:03 am

Merci pour ces informations. Je n'ai jamais vu le film en VF, mais je peux imaginer l'impact de ces deux passages grandement diminuer. Perso le passage sur les papillons qui ne savent pas voler m'avait fait bien rire la premiere fois, et aux revisionnages ca passe bien, ca va completement dans le sens melancolique du film... la metaphore est foireuse, mais par contre on l'imagine bien venir de l'endive Sorel.
Nouveau numéro de Torso, revue de cinéma: JOE DANTE !!!
Pour nous contacter: torsofanzine@hotmail.com
Notre site web : http://torsorevuedecinema.fr/

Répondre