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par eric draven » dim. sept. 03, 2006 7:19 pm
Tiré d'un roman de D.H Lawrence et remake inavoué du Renard de Mark Rydell dont il reprend l'essentiel de l'intrigue, Prey s'avère rapidement une assez agréable surprise.
C'est avec un certain savoir-faire en effet que Warren nous livre cette histoire d'extra-terrestre aux tendances cannibales ayant pris forme humaine débarquant chez un couple de lesbiennes en crise vivant recluses dans leur maison de campagne.
Dés l'ouverture, Prey distille une atmosphère étrange, tranchant avec le cadre de cette verdoyante campagne anglaise, un parfum d'angoisse et de malaise que l'on doit d'une part à cet inquietant alien au regard froid et impassible dont l'apathie nous rapelle Le mort vivant de Bob Clark.
Tapi dans l'ombre, peu loquace, il observe les deux femmes tentant d'imiter au mieux le comportement humain, fasciné par la chair, obnubilé par le perroquet en cage. Il est là, sourde menace, présence pesante dont on ignore les réelles intentions.
D'autre part et bien paradoxalement, c'est ce couple de lesbiennes qui paraissent pourtant bien plus dangereuses que cet humanoïde de par les secrets qu'elles semblent cacher.
C'est bel et bien de ces deux femmes totalement opposées que Prey tire une de ses principales forces. Si Jessica est douce, sensible, Josephine est une femme maladivement jalouse, possessive, gardant sous son joug la fragile Jessica qui petit à petit est attirée par cet étrange homme.
C'est à une lente montée de tension à laquelle on assiste chez ce curieux trio, l'attirance de l'une et la jalousie morbide de l'autre jusqu'à ce que les soupçons sur la véritable nature de Anders n'explose à travers la scéne du renard, interessant contre emploi de l'animal qui donnait au film original son titre.
Là où Le zombi venu d'ailleurs devient encore plus interessant, c'est dans la découverte de la personnalité de Joséphine. Qui de Anders l'alien ou de Josephine est le plus dangereux?
Josephine semble en effet dissimuler un bien sanglant passé qui tend à ressurgir plus Jessica s'éloigne d'elle. L'intrusion de cet etranger a reveillé les peurs de Josephine, celle de voir sa compagne la quitter, mais aussi ses instincts sauvages.
Si Anders est une créature bestiale, Josephine est à sa façon elle aussi une bête, prête à tout pour garder Jessica.
Si on est en droit de se demander qui de Anders ou de Josephine est donc le plus nuisible, la véritable question n'est elle pas de savoir s'ils ne sont pas tous deux aussi cruels. Tous deux prennent en somme à leur façon la vie d'autrui.
Jessica se retrouve donc entre une illusion de fuite vers une vie plus normale avec un homme derrière lequel se cache un monstre et un amour fou pour une femme, véritable mante religieuse.
Warren laisse lentement filtrer l'angoisse, par petites touches. Il ne se passe grand chose, tout se joue sur l'atmosphère trouble et malsaine jusqu'au sanglant final qui ravira l'amateur de gore.
Les rares effets spéciaux montrant le véritable faciés de l'intrus en étant fort simples n'en demeurent pas moins réussis, occasionnant quelques gentils frissons.
Point de happy end ici, Prey se termine dans le plus total pessimisme renforçant ainsi son aspect glauque.
L'érotisme y tient une grande place et si on ne peut s'empêcher de remarquer les robes transparente de Jessica sous lesquelles elle est nue, on retiendra surtout la longue scéne de lesbianisme particulièrement torride et osée pour ce type de production typiquement anglaise.
Le zombi venu d'ailleurs est une oeuvre qu'on pourrait qualifier de maladive, une curiosité qui aujourd'hui demeure le film le plus abouti de Norman J. Warren.
On retiendra l'interprétation de Glory Annen, habituée de Warren, et Sally Faulkner en gougou brutale toutes deux absolumment parfaites en lesbiennes et l'impassibilité de Barry Stokes dont les quelques apparitions furtives en E.T reptilien et nu sont assez impressionnantes.
