Dans l’espoir de trouver un homme susceptible de lui faire un enfant, la jeune et très naïve Brenda quitte Liverpool pour s’installer à Londres.
On nage une nouvelle fois en eaux troubles avec ce conte cruel multipliant les références à Peter Pan, dans lequel on retrouve tous les éléments thématiques majeurs de l’œuvre de Peter Collinson. Avec, là encore, une trame narrative simple, pour ne pas dire simpliste, rehaussée par un traitement inventif dans la forme et très personnel dans le fond.
Observant une fois de plus la folie humaine et les comportements déviants avec une rare acuité, Peter Collinson nous plonge dans un univers de frustrations - ici principalement sexuelles - sordide, univers peuplé d’individus plus ou moins méprisables entretenant entre eux des rapports jamais vraiment sains, voire carrément glauques dans le cas du couple Brenda / Peter.
Comme d'habitude chez le cinéaste aucune violence graphique mais une tension psychologique constante et un malaise persistant : on en ressort assez perturbé, d’autant que les dix dernières minutes sont sans doute les plus éprouvantes du film.
Retrouvant en outre le swinging London des quartiers populaires qu’il avait déjà exploré dans Up the junction et The Italian Job, Peter Collinson nous en brosse cette fois un tableau beaucoup moins fun et coloré, qui rappelle plus les films de Ken Loach que ceux de Richard Lester.
Rita Tushingham et Shane Briant sont parfaits dans des rôles difficiles. A noter aussi dans un second rôle la présence d’un p’tit boulet de canon made in Hammer, Katya Wyeth, aperçue également la même année dans Orange Mécanique et qui, si je m’en réfère au commentaire audio du film, travaille aujourd’hui comme guide dans une distillerie écossaise .
Le DVD Zone 1 sorti chez Anchor Bay est tout ce qu’il y a de plus sympa. Outre une bande annonce d’époque, une intéressante bio de Peter Collinson – la même que celle présente sur le DVD de Fright cependant – une affichette et un petit livret relatant le parcours du film, de sa conception à son échec en salles, le disque propose un commentaire audio de Jonathan Sothcott (ne me demandez pas qui c’est !) et Rita Tushingham, pas très pertinent lorsqu’il s’attarde sur le mobilier et les fringues utilisés dans le film mais demeurant globalement intéressant, avec notamment quelques petites anecdotes concernant Collinson, ses méthodes de travail et ses rapports avec les acteurs, la situation de la Hammer au début des années 70 et, plus généralement, celle du cinéma anglais sur cette période.