The Quatermass Xperiment (1955) – Val Guest
Une fusee d’exploration spatiale revient de son voyage dans l’Ether pour s’ecraser dans la campagne britannique. Le professeur Quatermass, responsable du projet se trouve maintenant face au mystere que represente la disparition de deux des astronautes et de l’etat catatonique du troisieme. Il est pourtant encore loin de se douter qu’il doit maintenant enrayer une menace qui n’a de cesse de grandir…
Quatermass est, tout comme le Dr. Who (toute proportion gardee, quand meme!), un phenomene qui tient autant du culte, que du classique et surtout—du populaire (mais pas “populo”) chez nos amis britanniques.
Cree initialement comme serie pour la BBC et devant le success de l’entreprise, la meme BBC mis en chantier une deuxieme serie TV (Quatermass II TV (1955) ), pour finir (temporairement) avec la production de la troisieme serie TV (Quatermass and the Pit TV (1959) ).
Entre les deux premiere saga, la Hammer acquis les droits du personnage et un film fut produit pour le cinema (The Quatermass Xperiment (1955) ). Decidant de battre le fer tant qu’il est chaud, la Hammer realisera Quatermass 2 (1957) avant d’ensuite laisser s’ecouler une decennie avant la realisation d’un troisieme episode; Quatermass and the Pit (1967).
En 1973, la BBC compta remettre le couvert pour un Quatermass IV, mais abandonna rapidement le projet qui fut sauve six annees plus tard par la chaine concurrence ITV(!) sous le titre—tres sobre—de Quatermass (1979). En parallele, la serie sera remontee sous forme de film pour l’exploitation a l’etranger sous le titre de The Quatermass Conclusion (1979).
Etonnament, le personnage interessera a nouveau la BBC qui lui consacrera une nouvelle serie The Quatermass Experiment TV (2005).
Depuis, le silence radio semble s’etre fait autour du personnage et de ses aventures.
(Re-)decouvrir Quatermass 55 annees plus tard represente une “experience” en soi pour un public de 2010. Public, pour qui le film presentera des caracteristiques, telles que:
- un anti-hero TRES marquee: en effet, Quatermass est un scientifique que l’on devine intelligent, mais suscite de par son style “cassant” et arrogant, plutot de l’antipathie. Presente comme une scientifique luttant pour la science comme un cause en elle-meme, l’on devine neanmoins un homme rendu aigri par la realite de certaines choses; notamment la necessite de faire le paon a des aerophages de politiciens pour obtenir les subsides necessaires a ses travaux, et franchement, faire la “roue”, n’est decidemment pas dans les cordes (ou les aspirations) de notre hero.
Dans cet episode, l’on donnera comme co-role au scientifique un inspecteur, qui se qualifiant lui-meme de pas assez intelligent pour comprendre ce que lui dit le scientifique et d’avoir comme livre de chevet la Bible—comme a l’epoque d’ailleurs la plus grande partie des compatriotes de Quatermass, ceci equivalant plutot a aller au “clash” que d’attirer la sympathie de ce dernier.
L’on est donc TRES loin de l’actuel personnage du genie altruiste (et naïf!) que le cinema a tendance a nous (sur)vendre.
- peu de glamour: pour simplifier, AUCUNE romance, peu de presence feminine a l’ecran aussi d’ailleurs. L’histoire est “virile”, les seules femmes du recit sont epouses ou infirmieres. Epoque oblige, sans doute.
- une tranche d’age elevee: entre Bryan Donlevy (Hangmen also Die (1943), Dangerous Assignment (1952), The Big Combo (1955) ), et Jack Warner (Dear Murderer (1947), The Ladykillers (1955) ) dans les roles principaux, la moyenne d’agee pourrait etre qualifiee de “geriatrique” par des spectateurs modernes.
Et pourtant, ca “marche”. Pourquoi?
A cause des personnages, qui meme bourru (ils le sont quasiment tous, toujours l’epoque, sans doute), sont carres et “pros”. On n’est pas la pour rigoler, et les personnages sont plus que credibles. Donlevy en tete d’ailleurs, fait completement sien le personnage de scientifique asocial.
Aussi a cause de l’histoire, d’un “incident de parcours” scientifique, l’on passe subtilement a un drame humain, pour graduellement aller en crescendo jusqu’a une menace sans limite.
Et pour finir, une realisation sans fard, brute, mais pas gratuite, menageant ses effets, serree et ne ralentissant jamais, due a un Val Guest (The Abominable Snowman (1957), Casino Royale (1966), Hammer House of Mystery and Suspense TV (1984) ) en tres grande forme.
A noter au passage, que l’intrigue de cet episode fait beaucoup penser a X – The Unknown (1956), autre film britannique, qui lui-meme semble avoir ete l’”inspiration” de The Blob (1958), film americain, re-cycle de son cote par Caltiki, Il Mostro Immortale (1959), un film italien. Si l’on rajoute certaines que X-TU est un film de la Hammer et que cette derniere a demande (sans resultat) a Nigel Keale—createur de Quatermass—l’autorisation d’utiliser a nouveau le personnage pour ce film, l’on obtient quand meme un eventail de variations sur un meme sujet qui tient quand meme d’un serieux cas d’inceste cinematographique!
Bref, l’on ressort conquis par ce premier episode cinematographique et fascine par ce personnage, qui pas “ange” pour deux sous, et justement invoque le “diable” de par ses experiences (voire ses ambitions), se montre au final TRES humains, et donc…tres proches de nous en somme.
A voir absolument, car depassant (de loin) les ponctifs du cahier des charges d’un film de l’epoque et fesant reflechir encore de nos jours.
The Quatermass Xperiment: 4.5 / 5
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.