Hausu / House (1977) Nobuhiko Obayashi

[Teurk le Sicaire]

Première sortie officielle sur nos écrans de ce midnight movie forcément culte, plus de 40 ans après sa naissance nippone. Il aura été rappelé à l'occasion de la séance BttB que l'idée de la Toho était de concurrencer les Dents de la mer, projet qui apparait finalement plus dingo encore que le film qui en résulte. Hausu demeure cette expérience cinématographique unique que le visionnage en salle bonifie d'autant plus, une montagne russe inarrêtable dans une maison hantée délirante où l'on diffuserait en boucle une même ritournelle déclinée de toutes les façons possibles, dans une bonne humeur horrifiante et des expérimentations visuelles fières d'elles-mêmes (à raison).

Obayashi ne démérite en effet jamais à tenter tout et n'importe quoi avec un enthousiasme convaincant, transcendant les limites techniques de son temps (que la HD rend évidemment plus perceptibles, sans faire perdre leur charme aux FX) tout en assumant son côté carton-pâte (jolis mate-painting). Le casting est parfait à tenir la barre avec le sérieux légèrement décalé nécessaire, permettant à chacun d'avoir son héroïne préférée (Kung-Fu emporte toutefois la médaille d'or). Et n'oublions pas le chat Shiro, créature somme de Hausu.

Même si le film ne tente jamais de faire croire qu'il raconte quelque chose de très profond, je n'ai pu m'empêcher de noter la récurrence des angoisses archaïques de morcellement (les démembrements et émiettage de personnages sont légions, même en pleine conscience post-mortem), ainsi que le thème sous-jacent du deuil impossible qui vampirise la jeunesse de celle(s) qui refuse de reprendre le chemin de la vie. Un peu d'élaboration dans ce délire pop et inventif qui culmine lors de sa séquence du radeau, assurant à son spectateur la banane pour toute la soirée. LE film à voir cette année au cinéma.