Les 7 Jours du Talion - Daniel Grou (2009)

[Superwonderscope]

Après l'intéressant Sur le Seuil (présenté au festival de Gérardmer 2004, je crois), le Québec produit une nouvelle adaptation d'un roman de Patrick Sénécal (qui en écrit aussi le scénario): les 7 Jours du talion.

Bruno Hamel (Claude Legault), un chirurgien, découvre que sa petite fille a été violée et tuée. Il décide de faire la justice lui-même. Il enlève, séquestre et commence à torturer le responsable.

Pour qui connait Patrick Sénécal et son univers, ce roman n'était peut etre pas le meilleur à adapter (personnellement, je n'ai pas plus apprécié que cela. je préfère largement sur le seuil ou encore le Passager, qui se déroulent eux aussi à Drummonville). Maintenant reste à voir si l'image peut rendre compte de la descente aux enfers du père de la fillette.

[Superwonderscope]

En attendant 5150, Rue des Ormes (présenté au festival de Gérardmer 2010, bientot chronique et interview sur le site), la dernière adaptation d'un roman de Patrick Sénécal vient de sortir ce week end au Québec.
La productrice a également annoncé que le film a été vendu aux USA à IFC et qu'un remake américain serait en route.



D'ici là, site et film annonce d'un film qui s'annonce plutôt éprouvant :

http://les7joursdutalion.com/

[Superwonderscope]

En effet, la vision du film s'avère éprouvante et malaisée.

La descente aux enfers psychologique du chirurgien est menée avec froideur et calcul par le metteur en scène qui n'épargne rien au spectateur. Une photographie volontairement terne, glaciale, "chirurgicale" donne le ton désincarné du rapport à la chair et à la violence que le médecin donne à ses 7 jours de torture qu'il va infliger au meurtrier/violeur de sa fille.

Ce qui est également intéressant, c'est la distance créée par le destin parallèle suivi par le flic chargé de l'enquête (Remy Girard) qui a perdu quelques temps auparavant sa femme dans une banale histoire de braquage d'un dépanneur. Et qui peine à survivre. les destins croisés des deux hommes montrent deux visages du deuil et de la violence s'extériorisant- ou non.

Les scènes de torture sont parfois difficiles à supporter. une à laquelle on ne s'attend pas (une massue qui vient écraser un genou), d'autres plus pénibles (corps fouetté à coup de chaine, opération à vif visant à extirper une partie de l'estomac, etc..)la caméra ne recule pas. Mais pas de sensationnalisme, juste une présentation très froide de l'action. ce qui est quelque part, encore plus dérangeant que dans les récents torture porn (ce que le film n'est pas, par ailleurs).

Ce qui est ambigu, c'est le regard porté sur le message de vengeance. Tenter de saisir ce qui fait péter un cable chez un homme suite à un meurtre. Son côté jusqu'au-boutiste, jusqu'à s'en rendre malade, quitte à perdre sa compagne au passage. Quitte à deveni esclave de son choix (il va jusqu'à kidnapper la mère d'une des autres victimes du violeur, juste parce qu'elle a voulu oblitérer le passé, et l'obliger à elle ausi prendre part à la dégradation physique du vileur).

Le meurtrier (Martin Dubreuil - extraodinaire!) est un monstre. Absolument. Mais son calvaire reste une horreur quotidienne qu'on ne souhaiterait pas même à son propre ennemi. On ressent assez fortement toutes les horreurs qu'il subit. le peu d'armes qu'il possède (la parole, la provocation) sont probablement ce qui lui permet de rester en vie. Le combat qu'il mene contre son tortionnaire est déséquilibré, mais le propos reste régulièrmeent intelligent.

il ne s'agit pas de prendre parti (pour ou contre la loi du talion) mais d'autre chose. En fait, le propos du film glisse vers un portrait psychologique plutot qu'un film -thèse, et c'est là le tour de force du film. La denrière phrase du chirurgien

Spoiler : :

la journaliste demandant si finalement il est pour la vengeance et si c'était une bonne idée, il répond non.
Elle demande ensuite "est-ce que vous regrettez, alors?
- Non
CQFD

Un film sorti peu après plus ou moins sur le même sujet (The Tortured), adoptait un message beaucoup plus basique et primaire, mais son origine américaine explique beaucoup... faux-remake ou vrai plagiat, c'est selon.

Vu sur le DVD Z2 Britannique de chez E1. sous le nom de 7 Days
Copie 2,35:1 et 16/9, avec un 5.1 version française avec st anglais amovibles
Couleurs splendides qui rendent parfaitement l'effort des travaux sur la couleur et la lumière.
Un son de très bonne facture, là aussi multidirectionnel, équilibré et qui rend (paradoxalement) les plages de silence assez dures.

A voir absolument!

[mallox]

Je rejoins entièrement et ton enthousiasme et ton point de vue sur cet excellent film !

Je ne vais pas réécrire ce que j'en avais dit, mes nos arguments convergent énormément. J'en suis jouasse.

http://www.psychovision.net/films/criti ... talion-les

Bref, une fois de plus idem que toi, ce film est à voir absolument et même à marquer d'une pierre blanche dans le cinéma de genre actuel, enfonçant au passage tous les toture-porns du monde. Je m'étonne même qu'il n'ait pas d'autres intervenants pour le critiquer ou le défendre.
Perso, j'avais vu l'édition Aventi sortie en septembre.

[Defest]

Decouvert sans savoir de quoi il s'agissait et la claque n'en fut que plus forte.
Un vrai film coup de poing, parmis les plus dure que j'ai vu, mais qui evite malgré tout de tomber dans une certaine provocation commecselon moi Martyrs, (les) Funny game, Eden Lake.
L'ambiance est en meme temps insoutenable et sereine.
Vraiment une oeuvre à part, parfaitement coherente de bout en bout.
un sans-faute qui laisse sans voix.

[Lord Taki]

Un film qui prend toute sa force dans l'ultime échange avec le journaliste.

La torture est présente, crue; le public lambda tournera de l'oeil, j'ai vu pire et je ne pense pas que l'intérêt du film soit sur cet apsect. D'ailleurs pourquoi le comparer à SAW sur la jaquette?

Le personnage du père est forcément le plus intéressant, on entre très facilement dans le processus d'identification pour s'interroger à notre tour sur ce que nous ferions.

Un bon film de vengeance.

[Renfield]

Chopé ce midi à 0,69€ au NOZ de St Egreve (à coté de Grenoble).
Faut fouiller, mais il y en avait quelques autres exemplaires.
(choppé aussi "L'Ange de la Vengeance" d'Able Ferrara à 1,99€)