Alors qu’elle expérimente une drogue hallucinogène pour le compte d’un magazine, la belle Valentina déclare avoir été témoin du meurtre d’une jeune femme, frappée à mort au visage avec un gant clouté.
Je me lance puisqu’il n’y a apparemment pas de thread consacré à ce giallo de la grande époque, pourtant signé par l’un de ses plus illustres représentants, Luciano Ercoli. La Morte accarezza a mezzanotte constitue, après Le Foto proibite di una signora per bene et La Morte cammina con i tacchi alti, l’ultime volet de la trilogie giallesque de son auteur. On y retrouve dans les rôles principaux l’espagnole Susan Scott, alors compagne d’Ercoli, et son compatriote Simon Andreu, tous 2 déjà présents dans les précédents opus giallesques du cinéaste. Enfin, le scénario est signé Ernesto Gastaldi, d’après une histoire écrite par Sergio Corbucci.
Dans la forme et en 2 mots je qualifierai le film de classique mais classieux, comme d’ailleurs l’étaient les 2 précédents giallos du cinéaste. Ercoli ne prend pas beaucoup de risque dans sa réalisation mais c’est extrêmement soigné, avec une caméra et des mouvements d'appareil qui savent mettre en valeur des décors bien choisis (l’appartement où a lieu le meurtre dont est témoin l’héroïne par exemple). En prime le rythme m’a paru ici plus enlevé que dans Le Foto proibite … et La Morte cammina …
Du côté du contenu La Morte accarezza a mezzanotte se distingue du tout venant en la matière par une intrigue lorgnant pas mal du côté du film policier traditionnel dans sa seconde partie et surtout par un personnage principal qui tranche radicalement avec ce qu’on a l’habitude de voir dans le genre. Pas de mâle macho en guise d’apprenti enquêteur ici mais une femme, et qui plus est une femme forte et indépendante qui ne passe la moitié de l’histoire sous la douche ou en petite nuisette et qui, lorsqu’elle se fait molester, réplique généralement dare-dare. Un véritable cadeau d’Ercoli à sa conjointe et interprète principale que ce rôle original pour elle, bien écrit, qu’elle défend par ailleurs impeccablement.
Au final, difficile pour moi de classer les 3 giallos d’Ercoli par ordre de préférence. Je trouve les 3 aussi séduisants dans la forme et tous possèdent de sérieux atouts au niveau de leur récit, comme quelques défaillances (ici une histoire originale et légèrement moins tarabiscotée que la moyenne pour un giallo, mais un peu maigre en suspense).