[remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

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dario carpenter
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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2016)

Message par dario carpenter » mer. nov. 14, 2018 6:47 pm

candyboy a écrit :
jeu. oct. 18, 2018 8:36 am
Suspiria 2018 ou la version de Fame féministe vu par Michael Heneke ou Lars Von Trier sur fond de guerre soviétique...
Suspiria 2018 ou Maitre Gims reprend Léo Ferré,
Suspiria 2018 le film qui vous fera penser qu'au final Mother Of Tears était un putain de bon film! Candyboy...

Appelez moi pour les quotes commercialles du Bluray. :D
Voilà il était pourtant facile à vendre ce film, pourquoi Metropolitan ne lit pas candyboy sur Devil Dead? :D

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Cosmodog
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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par Cosmodog » jeu. nov. 15, 2018 2:44 pm

Vu hier soir dans une salle quasi vide... en sortant un peu circonspect, ne sachant pas trop quoi penser du film en dehors du fait qu’il soit trop long... et aujourd’hui, le lendemain, je rejoins le camp des déçus (on notera que le film divise nettement, bouse ou chef d’eouvre, assez peu de demie mesure).

Tout d’abord il y a tout de même un vraie volonté de changer d’univers , de ne surtout pas copier le boulot d’Argento. Pari réussi, le Berlin grisâtre et pluvieux de 77 tranche radicalement avec le film original. Ambiance et décors bluffants, sauf que tout l’aspect formel envoûtant et furieusement baroque de l’original disparaît complètement ! C’est très froid dans le ton et la photo, lorgnant par moment vers Lars Von Trier.

Guadagnino n’est pas un manche et il y a multitude d’idees de mise en scene dans le film, mais sans la fascination que provoquait le travail d’Argento et la musique de Goblin, il lui manque cruellement un point d’ancrage fort. On sent alors l’envie d’enrichir l’histoire en développant les personnages en s’appuyant notamment sur plusieurs faits et époques historique de l’Allemagne (seconde guerre mondiale - attentats des 70’s). Guadagnino prend son temps, 2h30, pour au final... un incroyable gâchis scenaristique incompréhensible ! C’est bien simple, rien n’est clair. Cela dépasse le côté métaphorique ou plus simplement le désir de rester nébuleux pour déstabiliser l’audience. C’est juste soit très mal écrit, soit vraiment trop prétentieux pour être intelligible (ou alors troisième possibilité je suis trop con pour tresser les liens de l’intrigue :D ). Sincèrement on ne comprend pas ce qui se passe, pourquoi ces règlements de comptes entre sorcières, pourquoi et comment telle fille ou telle autre atterrit dans certaines parties de l’ecole de danse, mais surtout a quoi servent certains personnages principaux ? Chloé grace Moretz, la femme agonisante dans son lit et bien sûr en premier lieu Le personnage du vieux psychiatre, omniprésent, dont la quête semble du début à la fin complètement déconnecté de l’intrigue principale ! Sans compter le choix abscon de le faire jouer par Tilda Swinton sous 3 kilos de latex, pas gênant en soi dans le film mais totalement inutile. 2h30 pour en arriver là, sans passerelle pour étayer le propos, laisse perplexe. Ce n’est certainement pas la révélation finale qui va changer la donne, tant elle semble artificielle, en plus de ne rien résoudre pour le principal intéressé !
Spoiler : :
deja je n’ai jamais compris pourquoi le psychiatre rentre dans l’école de danse à la fin, ni pourquoi les sorcières s’en prennent à lui. Pourquoi est il sauvé par mother Suspiriarom ? Pourquoi vient elle lui révéler enfin ce qu’il cherche de puis 40 ans, comment sa femme est morte ???? Et surtout pourquoi donc ensuite lui effacer la mémoire de cette révélation ???? Le pauvre homme va se réveiller avec les mêmes tourments !!!
Reste des belles images par endroit, une Tilda Swinton impériale en professeur de danse rigide. Le ballet souffre quand même de débarquer après « Climax » de Gaspar Noé et ses scènes de danse hypnotiques. Quand aux débordements gore, on navigue entre inspiration et mauvais goût CGI-esque malheureusement.

Vrai proposition, pas de compromis, on sent une liberté de création totale. Mais brumeux, fastidieux et quand même ampoulé.

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Superwonderscope
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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par Superwonderscope » jeu. nov. 15, 2018 6:52 pm

Et c’est le drame.
3 085 entrées sur 137 copies, soit 23 entrées par copie - et 6 entrées de moyenne par séance.
Donc largage en fin de semaine prochaine et disparition programmee des écrans d’ici 2 ou 3 semaines.
Je vais donc me dépêcher!
Oh really? Well then I'm sure you wouldn't mind giving us a detailed account of exactly how you concocted this miracle glue, would you ?

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par dario carpenter » jeu. nov. 15, 2018 7:37 pm

Vu au Gaumont Opéra, salle 5 (140 places), séance de 13H, 18 spectateurs dans la salle (dont trois sorties en court de métrage et des soupirs :D au générique de fin...)...je rejoins en majeure partie l'avis de Cosmodog.


Cosmodog a écrit :
jeu. nov. 15, 2018 2:44 pm
tout l’aspect formel envoûtant et furieusement baroque de l’original disparaît complètement !
un incroyable gâchis scenaristique incompréhensible ! C’est bien simple, rien n’est clair. Cela dépasse le côté métaphorique ou plus simplement le désir de rester nébuleux pour déstabiliser l’audience. C’est juste soit très mal écrit, soit vraiment trop prétentieux pour être intelligible (ou alors troisième possibilité je suis trop con pour tresser les liens de l’intrigue :D ).
Quand aux débordements gore, on navigue entre inspiration et mauvais goût CGI-esque malheureusement.

brumeux, fastidieux et quand même ampoulé.

Effectivement un gros bordel narratif, une boursouflure, le scénariste ne sait visiblement pas trop ce qu'il veut raconter avec ses diverses intrigues sous influences (Lanzmann, Chabrol, Adrian Lyne, Derrick et...Mattéi pour un climax étonnamment Z à base de sorcière dodue à Ray Ban façon Jabba the Hutt, de musique décalée, d'acteurs en free style et de ralenti hideux incroyables...il faut le voir pour le croire! :shock: :lol: :shock: )


Faute d'écriture aboutie, difficile voire impossible de s'impliquer émotionnellement dans ce récit éparpillé, confus, à l'arrière-plan historique asséné voire moralement discutable (le final, là encore), et le rythme du film s'en ressent considérablement...j'en retire quand même deux scènes de danse pas mal fichues -j'aurais aimé voir Guadagnino accentuer ce côté musical cinégénique-, un casting qui fait ce qu'il peut avec ce qu'on lui donne à jouer, et une jolie mélodie mélancolique sur le générique de fin mais sur 2H30 c'est peu...une relecture dévitalisée et longuette qui pêche par excès d'ambition (prétention??) mal orientée.

Maintenant s'il faut comparer avec l'original...:

Cosmodog a écrit :
jeu. nov. 15, 2018 2:44 pm
Guadagnino n’est pas un manche et il y a multitude d’idees de mise en scene dans le film, mais sans la fascination que provoquait le travail d’Argento et la musique de Goblin
Il y a quelques cadrages appliqués, éparpillés ici et là mais pas vraiment de moment fort de cinéma qui émerge à mon goût, au contraire du Argento.
Je trouve ça quand même dommage qu'un film intitulé "Suspiria" manque à ce point d 'effroi, de tension, de mystère, de magie et de beauté plastique...il y a plus d'envoûtement et de poésie dans l'arrivée à l'aéroport et le "simple" jeu de lumières de Tovoli se reflétant sur le visage de l'expressive Jessica Harper dans son taxi, que sur toute la durée du remake...mais peut-être que le fantastique/l'horreur n'est pas un genre dont les codes conviennent à Guadagnino? :wink:

à ce titre
Cosmodog a écrit :
jeu. nov. 15, 2018 2:44 pm
Le ballet souffre quand même de débarquer après « Climax » de Gaspar Noé et ses scènes de danse hypnotiques.
j'aurais été curieux de l'avoir vu plutôt opter pour un remake purement musical de "Suspiria" plutôt que de s'embourber dans ce récit historico-fantastique fumeux...les scènes de danse étant les moments les plus vivants du film.
Dernière modification par dario carpenter le dim. nov. 18, 2018 7:46 pm, modifié 1 fois.

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par Dragonball » sam. nov. 17, 2018 11:18 pm

Vu aujourd'hui ! :)
Spoiler : :
Une relecture en mode bobo arty du chef d'oeuvre de Dario Argento, bobo dans le sens ou Luca Guadagnino cherche d'une certaine façon a transcender le film dont il s'inspire en tentant de lui donner une certaine profondeur et quelques effets de réalisation qui impressionneront peut être un certain publique mais laissera probablement beaucoup de fans de cinéma d'épouvante de marbre !
En effet, malgré un première heure assez prometteuse et une première scène horrifique assez efficace, le film se perds malheureusement ensuite dans son scénario assez nébuleux et un final ultra maniéré à la limite du ridicule !
Le film est cependant loin d'être honteux pour autant, et loin de se fouttre de la gueule de son publique, on voit bien que Luca Guadagnino tente des choses !
C'est juste que comme on pouvait légitimement le craindre, il a tout de même bien du mal à remplir de manière satisfaisante les 2H30 de son film et que celui à bien du mal à trouver un équilibre entre tension sourde et oppressante à la Polanski, mais n'arrivant jamais à la cheville de film comme Rosemars'y baby ou le locataire, et grand guignol a grands renfort d'effets gores tombant plutôt à plat ! (Perso, le final m'a plutôt fait penser à Rubber de Quentin Dupieux qu'a un film d'horreur à proprement parlé ! :D
Bref, si je pense qu'il serait assez injuste de balayer ce remake d'une façon méprisante d'un revers de la main, faut quand même avouer que le tout est quand même bien bancal !/spoiler]

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par dario carpenter » sam. nov. 17, 2018 11:31 pm

Pas final ultra maniéré...final amateur. :mrgreen:
Pas faux pour le côté ersatz de Polanski...la comparaison avec Dupieux je vois pas trop par contre mais j'ai pas revu "Rubber" depuis des années...la grosse sorcière à lunettes de la fin ressemble à un pneu regonflé, c'est ça? :D

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par Manolito » dim. nov. 18, 2018 9:28 am

"Suspiria" 2018 est un échec, c'est sûr. Mais un échec courageux, un échec fait par un artiste, qui croit en ce qu'il fait, avec des vrais capacités.

Comme cela a beaucoup été salué, il s'appuie sur "Suspiria" comme un point de départ, mais refuse d'en être un remake servile et affadi, de n'être que l'exploitation d'une "marque" connue du public, qu'on exploite sans vergogne sans rien y apporter.

Il explore ainsi des pistes contenues dans "Suspiria" 1977, mais laissée en friche...

On pense bien sûr à la danse, élément vaguement de contexte dans le film d'Argento, exploité dans une seule scène, et qui ici devient cruciale, un élément central de la proposition artistique et du récit de "Suspiria" 2018. Et qui dans la mise en oeuvre de cette discipline rejoint un thème du cinéma de l'auteur Argento, à savoir celui de l'art terrifiant, l'art dangereux, maléfique.

Si Argento avait placé son "Suspiria" en Allemagne, c'est majoritairement car ce film était pour lui sa révérence au cinéma allemand de l'entre-deux-guerres, les Lang, Wiene, Murnau, ainsi qu'à un fond culturel, mais aussi toute une avant-garde artistique de l'entre deux guerre : Schiele, Escher, Kokoschka... Toute une dimension référentielle culturelle, citée expressément, mais qui n'a jamais capté l'intérêt ni été vraiment comprise par le public de "fans" de "Suspiria"...

Guadagnino fait la même chose en partante sur la seconde floraison du cinéma allemand, celle des jeunes maîtres radicaux des années 70, les Herzog, Schondorff, Fassbinder, Wenders (d'où cette impressionnante galerie d'actrices européennes des années 70 ayant tourné avec Fassbinder, Schondorff ou Verhoeven - certes hollandais pour ce dernier, mais bien dans la même démarche de cinéma post-68 en son temps).

Et si Argento implantait son métrage dans la Bavière prospère, réactionnaire, dans une école peuplée de beautés un peu jet set, Guadagnino fait le choix de placer son "Suspiria" dans le Berlin des années 70, un lieu de création révolutionnaire et radical de son époque. Il explore ainsi la piste laissée inexplorée par Argento de la réalité contemporaine allemande. Son Berlin est celui de Christiane F, celui où David Bowie est en train d'enregistrer sa trilogie d'albums expérimentaux... D'ailleurs, j'ai vu l'histoire du médecin et de sa femme comme un espèce d'écho de la chanson "Heroes" de Bowie (le chanteur qui apparaît au moins 3 fois dans le film en photo, c'est donc loin d'être impossible), chanson qui raconte une histoire d'amour au pied du mur de Berlin.

L'Allemagne de la fin des années 70, c'est aussi celle d'une lutte de générations post 68 entre une jeunesse en révolte contre ses aînés, contre une société dont les ficelles du pouvoir sont tenues par les mêmes élites qui ont amené Hitler au pouvoir dans les années 30, plaçant de nouveau le pays dans une situation de crise terrible. Une révolte qui pourra prendre la forme de l'Art pour les cinéastes que j'ai cité plus haut... Ou de l'action armée pour la Fraction Armée Rouge, dont le suicide/exécution est en toile de fond de ce nouveau Suspiria.

Et cette guerre des générations, nous la retrouvons au sein de l'école de danse : on a cette guerre des clans entre les professeurs plutôt bienveillants comme madame Blanc et celles qui exploitent les jeunes et les innocents pour leurs rituels, et leur intérêt comme Helena Markos. On a cette idée d'une Allemagne "en paix" où cohabitent les bourreaux usurpateurs et les victimes égarées, avec bien des drames irrésolus, encore à vif, même si on préfère les cacher...

Un film très réfléchi donc, par un réalisateur qui a mûrement réfléchi son projet et a voulu rendre le plus bel hommage qui soit à "Suspiria" : en faire la source d'inspiration d'un film créatif et original.

Et pourtant oui, "Suspiria" 2018 est un échec.

Je ne suis pas du tout d'accord avec Laugier quand il écrit que ce nouveau "Suspiria" méprise le cinéma de genre et le cinéma d'horreur. Guadagnino essaie vraiment de faire un film d'horreur, de créer des ambiances horrifiques (avec parfois des moments inquiétants réussis), et des scènes chocs, pour faire une oeuvre qui s'inscrit vraiment dans le genre. Cependant, on sent que ce n'est pas un matériel où il est très à l'aise, alors il force la dose, met le paquet pour un résultat un peu grossier (la mort d'Olga) ou un sabbat final qui m'a surtout fait penser aux délires d'un Ken Russell tendance "Tommy" ou "Mahler" !

"Suspiria" 2018 c'est aussi un film beaucoup trop long, pollué d'éléments qui ne servent à rien (le personnage joué par Sylvie Testud, la crise d'épilepsie). Je comprends ce qu'il veut faire avec le personnage du médecin, mais cette intrigue parallèle allonge quand même trop le métrage, ce film définitivement trop long d'une demi-heure.

"Suspiria" souffre des problèmes de ces productions Netflix, Amazon..., ces grands noms de l'économie électronique qui s'improvisent producteurs sans avoir d'expérience dans le domaine. Tout ce qu'ils veulent, ce sont des "noms" (ici le nom "Suspiria" + celui d'un réalisateur en vogue après "Call me by our name"), peu importe le résultat. Ce sont des films sans encadrement artistique, avec un réalisateur sans interlocuteur, avec un réalisateur qui fait ce qu'il veut mais qui ne se confronte à aucun regard critique au cours de son développement. Il a le nez dans le guidon, et n'a pas le recul nécessaire pour voir qu'il est en train de faire fausse route sur certains points.

Car pour ses commanditaires, le résultat n'a pas d'importance. Dans ce cadre de production, le réalisateur a une liberté totale, avec des moyens confortables. Mais la contrepartie de ce pacte néo-faustien, c'est qu'il le fait pour ainsi dire seul, et que son film n'a au fond que peu de chance d'exister : la récompense du succès qui appelle le succès, composante essentielle de la carrière d'un réalisateur de cinéma, n'est pas du tout en jeu pour des studios comme amazon ou netflix... Au fond peu leur importe que le film rencontre son public, c'est juste un nom à rajouter sur une liste de milliers de titres, un événement pour assurer "la visibilité de la marque"...

Un bon producteur est souvent fondamental dans la création d'un métrage, car il est un interlocuteur qui doit être à la fois critique (il veut la réussite de l'oeuvre, réussite artistique) et bienveillant (le réalisateur n'est pas son laquais non plus). Ici, on sent bien que ce regard critique a manqué quelque part et cela a laissé le film partir dans tous les sens, pour un résultat frustrant, plein de potentiel, mais à la fois inabouti et sur-développé par certains aspects... Bref, brouillon. Dommage...

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par dario carpenter » dim. nov. 18, 2018 11:00 am

Jolie chronique Manolito :wink:

Y avait-il du monde au Max Linder hier? et la brocante était bien? :-D

Manolito a écrit :
dim. nov. 18, 2018 9:28 am
Je ne suis pas du tout d'accord avec Laugier quand il écrit que ce nouveau "Suspiria" méprise le cinéma de genre et le cinéma d'horreur.
Alors les propos en intégralité dans le dernier "Première" ça donne donc:

"C'est un film d'une lourdeur incroyable, qui croit si peu au fantastique et à la magie - y compris à la magie du cinéma - qu'il file une métaphore intellectuelle fumeuse sur la culpabilité du peuple allemand et la question du mal, sur la psychanalyse, où Lacan est cité littéralement...l'oeuvre originelle est bien sûr liée à la psychanalyse, Argento est un enfant de Freud, et "Suspiria", c'est le Technicolor de "Blanche-Neige et les sept nains" qui rencontre les théories de Jung. Mais chez lui, ça n'a pas besoin d'être dit littéralement pour souligner à quel point il est intelligent. Guadagnino a un tel mépris pour le courant artistique dont est issu "Suspiria" qu'il en tire une sorte d'oeuvre d'art branchée, faite pour les gens qui n'aiment pas ça. Comme s'il disait: "Attention je ne vais pas condescendre à faire un film d'horreur, de sorcières, nous sommes entre gens de bonne compagnie." Il est constamment en train de nous montrer qu'il est au-dessus de son matériel. Ce film sera totalement oublié, et à une vitesse vertigineuse. C'est du cinéma poseur et prétentieux. Je me mouille en disant cela, je prends un risque, mais je crois qu'il n'en restera rien. Quand on évoquera "Suspiria", on n'aura pas besoin de préciser de quelle version on parle."

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par Manolito » dim. nov. 18, 2018 11:52 am

Merci !

Bah il manquait quand même quelqu'un... :D

Pas beaucoup de monde dans la salle je pense, mais en même temps, on était dans l'orchestre où il y a rarement du monde, les spectateurs se concentrant surtout dans la mezzanine...

Il y avait du monde pour la brocante, mais j'ai juste regardé en passant, des affiches de Matrix, de Harry Potter, etc... des trucs qu'on trouve sur ebay pour le prix du timbre franchement...

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par DPG » lun. nov. 19, 2018 5:40 pm

Je ne veux pas trop digresser car je n'ai pas encore vu le film, mais je trouve l'avis de Manolito très intéressant, notamment tout ce qu'il dit sur l'absence de producteurs.

Malheureusement, je trouve que ce constat vaut aussi de plus en plus pour des films de majors "traditionnelles". A croire que depuis le succès des Titanic, LOTR ou Avatar, TOUS les blockbusters doivent faire 2h30 minimum, même un Fast and Furious par ex, chose qui aurait été impensable il y a 20 ou 30 ans, et je trouve que cette tendance, si elle a peut être sauvé un ou deux chefs d’œuvre qui aurait été charcuté, a surtout sorti en l'état des centaines de films bien trop longs, mal rythmés, là où un producteur peut être un peu plus strict / à l'ancienne aurait taillé dans le gras à Hollywood. Mais en l'état, les producteurs actuels sont tout autant des financiers chez eux que chez un Netflix ou Amazon, et un oeil critique cinéphile n'existe, hélas, pas beaucoup plus là bas je pense...

Désolé pour le HS ! Je reviens qd j'ai vu ce remake ! :oops: :wink:
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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par dario carpenter » lun. nov. 19, 2018 6:49 pm

Après Guadagnino n'est pas le scénariste du film donc ce n'est peut-être pas (seulement) lui qu'un bon producteur aurait dû conseiller/recadrer... :wink:

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par Manolito » lun. nov. 19, 2018 6:55 pm

Un réalisateur a toujours la main finale sur le film, et il peut faire un peu ce qu'il veut. Il y a une anecdote connue sur un fameux réalisateur (Ford, Huston ?) qui déchiraient les pages de scénario qui ne lui plaisaient pas. Les exemplaires des scénarios utilisés par les réalisateurs sont souvent barrés et raturés dans tous les sens ! Donc, non, je pense que c'est au moment du tournage et du montage que ça se joue vraiment.

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par dario carpenter » lun. nov. 19, 2018 7:03 pm

Je me suis posé la question s'il n'y avait pas un montage alternatif, un montage plus long (si!!) du film pour rendre ses différents arcs narratifs plus cohérents, limpides, aboutis. Après si un réalisateur n'arrive pas à raconter une histoire sur 2 généreuses heures et 32 minutes, c'est peut-être aussi qu'il y a un réél souci de scénario dès le départ, avant le premier clap de tournage..

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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par DPG » lun. nov. 19, 2018 8:06 pm

C'est aussi un des ravages (particulièrement en France) de ce qu'on appelle "la politique des auteurs". Comme dit Manolito, si personne n'offre de répondant, un réal peut vivre se regarder filmer et penser que tout ce qu'il tourne (ou écrit) est de l'or. L'exemple le plus évident pour moi, c'est Tarantino. Il est aujourd'hui à peu près intouchable, il a le final cut sur tous ces projets, ses films marchent, donc tout le monde est content. Et pourtant, selon moi, tous ses derniers films auraient été bien meilleurs s'ils étaient plus courts, plus resserrés, avec peut être un producteur plus "fort" derrière...
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Re: [remake] Suspiria - Luca Guadagnino (2018)

Message par bluesoul » mar. nov. 20, 2018 10:59 am

Après si un réalisateur n'arrive pas à raconter une histoire sur 2 généreuses heures et 32 minutes, c'est peut-être aussi qu'il y a un réél souci de scénario dès le départ,
Sur le sujet des films trop longs (pour ce qu'il ont a dire), je suis entierement de l'avis de DPG: trop de films sont systematiquement trop longs depuis une vingtaine d'annees.

Concernant Suspiria (pas vu encore) et l'avis de Dario:
Je me suis posé la question s'il n'y avait pas un montage alternatif, un montage plus long (si!!) du film pour rendre ses différents arcs narratifs plus cohérents, limpides, aboutis.

La, a mon sens l'on a moins un probleme de "scenario" que de "concept". Si le film est (trop) long et que l'on sens ou a l'impression que des pans du films ont ete coupes au montage ou que des bouts de l'intrigue sont laisses en jachere, c'est pas un film, c'est une (mini-)serie TV qu'il fallait realiser. :?

En fait, je me rappelle plus pourquoi--je dois confondre avec un autre projet--mais je croyais que Suspiria allait etre, justement, une "serie"...?

Alors, peut-etre que plus qu'un director's cut, un gonflage en "episodes" serait plus cense. Au final, le real dit quoi de son film? Content? Pas content? Trop court? Trop long? Trop? Pas assez? Quelqu'un sait? :?:
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.

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