[doc] Frissons teutons - Oliver Schwehm (2011)‏

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[doc] Frissons teutons - Oliver Schwehm (2011)‏

Message par savoy1 » mer. sept. 28, 2011 5:50 pm

Encore une réussite de vulgarisation de culture pop à l’actif d’Arte. L’historique du krimi allemand (pléonasme ?), de 1959 à l’orée des 70’s, au travers des très nombreuses adaptations cinématographiques des livres de Edgar Wallace.

Découpé en quelques chapitres aux titres évocateurs comme des couvertures de pulps, un document hyper vivant et informatif, parcouru d’une multitude d’extraits emblématiques, de par leurs décors baroques, leurs extérieurs brumeux, leurs silhouettes fantomatiques, leur n&b impressionniste ou leurs couleurs pétantes. Le tout entrecoupé de témoignages de quelques acteurs de l’époque. On y retrouve l’ « inspecteur » Joachim Fuchsberger, les deux Karin, Dor la brune et Baal la blonde, ainsi que le compositeur Peter Thomas, dont le rôle musical et sonore est justement reconnu. Se joint à eux, le petit-fils du producteur et propriétaire allemand de la Rialto d’alors. Tous ces gens rapportent leurs anecdotes avec gourmandise et délectation.
Sont abordées, entre autres, l'installation, à Berlin Est, des studios de la Rialto, dans une ancienne usine de gaz chimiques. Les personnalités excentriques du manchot Alfred Vohrer et du tout jeune Klaus Kinski. Les aspects visuels et musicaux, comme dit plus avant, dans un développement clair et concis. Et puis les retombées que le cycle entraînera. Soit les films de la maison concurrente, la CCC, inspirés de Wallace … Jr. Puis l’apparition des coproductions avec l’Italie à la fin des années soixante, qui, dans un but purement économique au départ, donneront ni plus ni moins que le top départ à la création du giallo cher à notre cœur. La fin du document nous permettra donc de rencontrer Umberto Lenzi, unique réalisateur ici convoqué.
De La grenouille attaque Scotland Yard aux Sept orchidées tâchées de sang, l’esquisse d’une échelle de l’évolution du cinéma pop … D’ailleurs ce sera pour moi une fausse note que de terminer sur un extrait du Suspiria de Argento, ni « wallacien », ni même giallo (question de droit pour obtenir des images de la trilogie animale du maestro ?).

Parallèlement à tous ces aspects filmiques sont développés la biographie d’Edgar Wallace (co-scénariste du King Kong de Schoedsack et Cooper, tout de même), l’importance de la littérature populaire criminelle anglo-saxonne dans l’Allemagne post seconde guerre mondiale, et la tombée en désuétude du genre au moment des bouleversements contestataires de la fin des 60’s. Des repères historiques et sociaux là encore fort bienvenus.

Sur la forme, outre l’aspect très rythmé du découpage, on notera les vignettes illustrant les têtes de chapitre : les agissements pittoresques d’un personnage en imper et feutre mou, le visage masqué d’un voile rouge, dans des décors éclairés à la manière Mario Bava. Le générique nous le présente taillant, à l’aide d’une lame conséquente, la pellicule d’un mélo bavarois à même le projecteur d’une salle de cinéma, afin de laisser place aux horreurs à venir ! Un brillant et ludique hommage au genre immortalisé par les Six femmes pour l’assassin.

Vous l’aurez compris, amateurs du genre, essayez de ne pas louper une rediffusion de ce document une de ces prochaines nuits.

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