Bruiser - George A. Romero - 2000

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Filou
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Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par Filou » lun. juin 11, 2012 11:57 am

Bruiser a souvent mauvaise réputation mais a tout de même été classé dans la liste des 100 meilleurs films fantastiques (entre 96 et 2006) du numéro 200 de Mad Movies. Ca vaut ce que ça vaut hein :-D

Après vision du film, je dois avouer que je suis un peu partagé. La réalisation est bonne, le film se laisse suivre sans déplaisir mais c'est sans doute au niveau de l'écriture que le film pêche le plus :
Spoiler : :
Le film débute exactement comme dans un roman de Brett Easton Ellis. Le "héro" qui se rase au début, j'ai furieusement pensé à American Psycho (photographie semblable également). Le problème que j'ai avec le "héro" justement, c'est que je ne trouve pas qu'il soit spécialement à plaindre. D'accord, son patron est un salaud, sa copine le trompe mais ça n'a rien de spécialement choquant pour qu'on puisse adhérer aux actions qu'il va commettre. Je ne le trouve même pas spécialement transparent. C'est un homme banal comme il en existe certainement des tas. Ses collègues de bureau le reconnaissent, ce n'est pas un parfait looser. Ce qui amène un problème majeur pour le reste du métrage : je ne me sens pas impliqué dans l'histoire.

Pour reprendre le parallèle avec American Psycho (je précise que j'ai lu le livre), certains protagonistes appelaient le "héro" Patrick Bateman par un autre prénom sans que cela l'interpelle le moins du monde. Le type était réellement une caricature de yuppie sans âme. Dans Bruiser, le personnage principal ne fonctionne pas. La critique sociale, une constante chez Romero, tombe ainsi quelque peu à plat. La dénonciation de la société de consommation, des yuppies, du culte du paraître, etc. me paraît assez mal amenée. Le film n'a pas le mordant d'un Dawn of the Dead par exemple.
Certaines séquences sont tout de même très réussies, comme la scène finale par exemple mais cela ne suffit malheuresement pas à hisser le film plus haut qu'au stade d'honnête divertissement. Très regardable néamoins, ne serait-ce que pour la réalisation et l'humour noir. Pour ma part, sa mauvaise réputation est très exagérée.
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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par dario carpenter » lun. juin 11, 2012 4:27 pm

Filou a écrit :Certaines séquences sont tout de même très réussies, comme la scène finale par exemple mais cela ne suffit malheuresement pas à hisser le film plus haut qu'au stade d'honnête divertissement. Très regardable néamoins, ne serait-ce que pour la réalisation et l'humour noir. Pour ma part, sa mauvaise réputation est très exagérée.
Je pense au contraire que le film démarre mieux qu'il ne se termine...cela reste malgré son côté bancal le meilleur Romero de ces 20 dernières années.. :wink:

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Filou
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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par Filou » lun. juin 11, 2012 4:34 pm

Je préfère largement Land et Diary of the Dead personellement, qui offre un vrai propos social et politique. Mais je suis curieux de lire pourquoi tu préfères le début du film :wink:
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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par Manolito » lun. juin 11, 2012 6:04 pm

Cela ne nous rajeunit guère, je me souviens l'avoir vu à sa sortie aux Ciné Cité Les Halles à l'époque où à peu près toutes les séries B fantastiques/horreur y sortaient... Un conte fantastique plaisant, bien dans le genre du cinéma de Romero, mais quand même un brin fauché et assez inabouti. Intéressant quand même.

Ce que j'en avais pensé sur tentacules.net :

"Un homme, malheureux dans son travail et dans son couple, se réveille un matin avec un masque blanc à la place de son visage. Il décide alors de se venger des gens qui ont ruiné sa vie : sa femme, son patron, son meilleur ami...

Bruiser est le nouveau film de George A. Romero, maître du fantastique américain, réalisateur de titres aussi mythiques que La nuit des morts-vivants (1968),Zombie (1978) ou Creepshow (1982). Pourtant, son film précédent remonte à La part des ténèbres (1993) d'après Stephen King, qui a connu des résultats commerciaux médiocres. Romero se retrouve alors réduit à une quasi-inactivité durant sept années. Il tourne bien pour la publicité (le jeu vidéo Resident Evil 2) et travaille sur l'adaptation de ce jeu au cinéma, adaptation qui sera finalement écrite et réalisée en 2002 par Paul W.S. Anderson. Il parvient enfin à réaliser Bruiser, dont il rédige lui-même le script. Il bénéficie de l'aide d'une compagnie de production française, mais doit de contenter d'un budget vraiment très bas : seulement cinq millions de dollars. Le film est tourné au Canada, où les coûts de production sont moins chers qu'aux USA. Le rôle de Henry est tenu par Jason Fleming (Un cri dans l'océan (1998) de Stephen Sommers, Arnaques, crimes et botaniques (1998) de Guy Ritchie...) et Milo, son ennemi juré est incarné par Peter Stormare (Fargo (1997) des frères Coen, 8MM de Joel Schumacher...). On remarque aussi la présence, dans le rôle d'un inspecteur de police, de Tom Atkins (Fog (1980) de Carpenter, Maniac cop (1988) de William Lustig...).

Ce nouveau film de Romero nous raconte l'aventure étrange vécue par Henry Creedlow, employé discret d'un magazine de mode appelé Bruiser ("Brute"), dirigé par Milo, un parvenu tapageur, arrogant et notoirement obsédé sexuel. A travers,ce récit, Romero va évidemment nous dresser un édifiant portrait du mode de vie américain (et occidental) actuel. Henry court après le modèle de réussite typique imposé par les médias : une belle femme, un métier qui paie bien, une grande maison, un compte en banque bien rempli, et des loisirs occupés par quelques matchs de tennis avec son meilleur ami. Seulement, ce modèle étant totalement factice, Henry n'arrive à rien.S on compte en banque est toujours vide (grâce à sa femme et à son "meilleur ami", chargé de gérer ses finances), et par conséquent, sa belle maison reste à l'état de chantier inachevé. Son employeur et la plupart de ses collègues le méprisent, ou bien l'ignorent carrément. Quand à sa femme, elle le trompe sans scrupule. Pourtant, Henry accepte tout. Convaincu que sa résignation face à ces déveines est le prix à payer pour accéder à un idéal de vie... qui n'en est pourtant pas un. A force de tout accepter, de se laisser vampiriser par des parasites improductifs tournant autour de lui, de se livrer à tous les compromis et toutes les prostitutions, il finit par perdre sa propre identité.


En se réveillant un matin, il découvre en effet que son visage n'est plus qu'un masque blanc et inexpressif. Il n'est pas innocent que Henry travaille dans un magazine de mode,qui vend de l'image, qui monnaie des visages et des apparences. Dès lors qu'il n'a plus de visage, il est clair que Henry n'existe plus, n'a plus de valeur, même pour lui-même.Il va lui falloir reconquérir son identité, son âme. Cela va passer par sa vengeance. Il va lui falloir faire payer tout ceux qui ont gâché sa vie pour retrouver sa dignité.

Comme on le voit, le discours de Romero n'a guère perdu de son mordant depuis Zombie et ses morts-vivants américains ahuris qui erraient sans but dans un centre commercial. Ici, Romero s'en prend en premier lieu aux médias. D'abord, il décrit sans tendresse, de façon caricaturale, le journal de mode Bruiser et son dirigeant, marchand d'images de corps et de visages, que Romero rapproche très nettement d'un proxénète sans scrupule. Mais Romero s'en prend aussi aux idées sur la réussite et le bonheur que véhiculent et imposent les médias. Cette conception irréaliste, et surtout profondément insatisfaisante, de l'épanouissement à travers la possession d'une voiture ou d'une grande maison va pousser Henry, un garçon pourtant brave, à accepter tous les compromis sous le prétexte fallacieux qu'il y a des "règles" à respecter pour mériter cette "réussite". Romero continue donc de dénoncer les tares du rêve américain à travers ses récits d'épouvante. Il au passage hommage à certains classiques du genre : le masque collé à la peau rappelle le maquillage hors du commun de Les yeux sans visage (1960) de Franju ; un des meurtres rappelle la spectaculaire pendaison de Suspiria (1977) de Dario Argento.

Le passage suivant comprend beaucoup d'infos sur la fin du métrage, mais il me semble impossible de l'éviter pour bien comprendre les intentions de Romero ! Si vous n'avez pas vu le film et que vous comptez le voir, passez tout de suite au paragraphe suivant ! Bruiser s'achève sur un bal masqué coloré dans lequel Romero rend très nettement hommage à Le fantôme de l'opéra (1925) et à sa magnifique séquence de bal en technicolor bichrome, ainsi qu'à la conclusion de Phantom of the Paradise (1974) de De Palma, une autre transposition du célèbre roman de Gaston Leroux. Mais c'est encore à Darkman (1990), excellent film de Sam Raimi mêlant super-héros et épouvante, que Bruiser fait le plus penser (perte du visage, vengeance, références à Le fantôme de l'opéra...). La conclusion est dans les deux cas est assez semblable. Ceux qui ont exploité Henry ne cessent de rejeter la faute sur lui, en lui reprochant sa gentillesse et sa faiblesse qui en faisait une victime tellement tentante : Romero n'accepte pas ce raisonnement et considère la révolte de Henry contre son entourage et sa vengeance justifiées, si justifiées même qu'elles ne doivent pas donné lieu à sa punition en fin de compte (ou à sa mort plus ou moins arrangée comme dans le monument d'hypocrisie American beauty (1999)). En cela, l'épilogue du film, qui a parfois été critiqué, me paraît tout à fait logique.

Toutefois, on regrette tout de même un certain nombre de défauts dans Bruiser. Il n'est pas inexact de noter que la réalisation, (limitée, rappelons-le, par un très faible budget) est assez fade. Les scènes de meurtre manquent vraiment de tonus (notamment la dernière). On regrette aussi que le trait caricatural soit trop appuyé (Milo particulièrement), notamment à cause du cabotinage assez envahissant de Peter Stormare. Enfin, on ne peut manquer de signaler quelques lenteurs embarrassantes, notamment dans la première moitié du film.

Bruiser n'est donc pas un film parfait, et on regrette que sa réalisation ne soit pas plus nerveuse et rigoureuse. Il n'en reste pas moins une oeuvre d'une très grande intégrité. Ce n'est pas encore aujourd'hui que Romero se vendra aux plus offrants ! Toutefois Bruiser va souffrir d'une distribution quasi-confidentiel. Aux USA, il est publié directement pour le marché vidéo. Les Français peuvent donc s'estimer heureux de le voir sortir en salles, hélas dans un circuit extrêmement réduit (une copie pour Paris !) et en plein milieu du mois de juillet, deux ans après l'achèvement du film."

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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par dario carpenter » mar. sept. 11, 2018 6:38 pm

Un blu ray allemand avec version anglaise...pas d'autre(s) édition(s) HD de ce Romero mal aimé?

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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par comte vonkrolock » mar. sept. 11, 2018 7:12 pm

Vu j'ai l'impression il y a bien un siècle par le biais du DVD éditer par Studio Canal et j'avoue en avoir gardé peut de souvenir, certes ont reconnais bien là, la patte de Romero, et se style assez impersonnel, qui fait qu'il est comme il le disait lui même constamment dans l’expérimental. Reste que malgré tout les bonnes volontées du monde son film est assez passable, surtout dans sa filmographie hors-zombies, quand ont se découvre "The Knightriders" ou bien qu'ont se revoit le très bon "Incident de Parcours" dernièrement.

Bruiser reste bien trop bancal, un cri de haine envers se système capitaliste cannibale qui fini par se nourrir de lui même, le discours est tellement asséné de manière si frontale, qu'on se retrouve devant un spectacle peut attractif à l'arriver. Et en effet il est bien loin d'égaler le American Psycho de Mary Harron. En même temps Christian Bale vs Jason Fleming y a pas photo... :( Un projet qui était presque avorter avant sa sorti, Romero n'a pas eux de chance la boite qui le produisait à été racheté, du coup tous s'est compliqué comme sur pas mal de ces autres projets.

Il était tellement cataloguer réalisateur de films de M-V que sa a presque été son placard au fond, il y a une formidable interview sur le sujet sur le disque Blaq Out de Knightriders.
Toi t'est un flic..? Non j'uis un con. :D
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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par dario carpenter » jeu. janv. 13, 2022 4:04 pm

BRUISER sur grand écran à Gérardmer, 20 ans après sa sortie française...ça annonce peut-être une sortie chez le Chat ou ESC en 4K?:


https://www.allocine.fr/article/fichear ... 05957.html

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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par orco » mar. août 09, 2022 4:39 pm

Un Blu-Ray Make My Day le 26 octobre! Moi j'aime beaucoup ce Romero bien mal aimé.
http://www.bluray-mania.com/dvd-blu-ray ... uiser.html

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Re: Bruiser - George A. Romero - 2000

Message par dario carpenter » ven. oct. 28, 2022 2:20 pm

Le blu ray est sorti...des retours sur sa qualité?

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