Vers mes 20 ans, j'ai décidé que le jeu vidéo était une activité beaucoup trop chronophage rapporté à la satisfaction qu'elle apporte, et je n'y ai plus joué que très rarement... Donc autant vous dire que "Assassin's Creed", je ne sais pratiquement pas ce que c'est, et j'approche le film sans attente particulière ou préjugé.
Je fais quand même un petit apparté : le fait qu'adapter des jeux vidéos au cinéma, voire de rapprocher ces deux champs en terme critiques, sont des idées que je trouve absurdes. Tout simplement car ce sont deux formes d'expression très différentes : le cinéma relève de la narration d'une histoire à un spectateur passif, qui n'intervient pas sur son déroulement ; le jeu vidéo fait tout le contraire, l'histoire devrait - en principe - être raconté par le joueur sur les bases de l'interface ludique, le jeu "absolu" devrait ainsi permettre une rejouabilité sans fin et pouvoir proposer un nombre de narrations infini. Tout le contraire du film qui n'en a qu'une... Donc, il n'y a aucune raison que ce qui marche d'un côté marche de l'autre. Bref, passons sur les platitudes et passons au film si vous le êtes encore là...
"Assassin's Creed" a pour lui de se prendre au sérieux, de se montrer ambitieux dans son sujet de science-fiction. Sa distribution en terme d'acteurs dépasse même complètement les réels besoins du film, avec ses 5 principales vedettes (dont Brendan Gleeson, particulièrement sacrifié). La réalisation n'est pas honteuse, et je n'ai pas détesté la musique, même si elle est un peu trop dans la tradition bruit/boum boum d'un Hans Zimmer...
Mais il y a un souci avec le personnage principal, auquel on est censé s'identifier, qui nous sert au moins de repère principal. C'est un personnage totalement passif durant les 3/4 du métrage, les aventures qu'il vit ne sont que des événements ayant déjà eu lieu et sur le cours desquels il n'a aucune influence. Bref, nous sommes les spectateurs d'un personnage lui même spectateur, ce qui fait trop de distance pour que ça fonctionne !
Ensuite le métrage nous vend en très peu de temps des théories pour le moins osées, qu'il faut avaler : le libre-arbitre est un élément contenu dans l'ADN humain, cette portion d'ADN a même été laissé par Dieu (qui existe donc !) sur Terre dans une "pomme" qui ressemble furieusement à une boule de pétanque, ce qui n'en fait pas un macguffin très sexy ! ; notre ADN contient les traces détaillées des événements vécus par nos ancêtres, traces pouvant être extraites par la technologie... Tout cela fait un peu beaucoup à avaler, en plus d'une narration pas très engageante, comme on l'a vu. Toutes ses idées sont fragiles, mais elles portent en elles les germes de réflexion intéressantes (le libre-arbitre : un chance ou une malédiction ?), hélas pas exploitées, ou alors perdues dans la confusion de cet "Assassin's Creed"...
Les scènes d'action ne sont pas très engageantes non plus, entres images numériques inégales, montage haché, personnages qu'on mélange car ils se ressemblent tous, silhouettes sombres encapuchonnées - et en plus, tout semble filmer dans la fumée ou en contre-jour, ce qui n'aide pas !
Si bien que ce que ces séquences qui devraient être les grosses poussées d'adrénaline du métrage, tombent à plat, paraissent à la fois trop longues et trop courtes, avec des cascades mal mises en valeur, ou puant le câblage à des kilomètres, comme dans un film d'action ringard d'il y a quinze ans...
Bref, un ratage curieux, pas inintéressant en soi, avec une vraie ambition de film de SF limite philosophique, mais qui part mal en faisant des choix radicaux et mal inspirés.
Vu sur mycanal/ciné+ copie 2.35 HD, VM anglaise PCM stéréo.