Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

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Manolito
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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Manolito » dim. oct. 29, 2017 12:07 pm

Pour rebondir sur ce que dit Fatalis : surtout les spectateurs d'"aujourd'hui" ne sont pas moins motivés oui capables d'appréhender un film complexe que ceux de 1982. La preuve, "Blade Runner" était déjà un bide à l'époque !

Pour ma part, je ne suis pas totalement convaincu par ce "Blade Runner 2049". Le bon point, c'est évidemment la forme, l'aspect visionnaire très ambitieux et très travaillé de "Blade Runner 2049", ses images incroyables et planantes d'un futur prolongeant celui de "Blade Runner". En cela, il n'a pas à rougir face à son prédécesseur.

Ce qui est très intelligent, c'est qu'il prolonge la technologie vue dans "Blade Runner", mais sans s'inspirer de celle d'aujourd'hui (on a toujours des écrans cathodiques, des interfaces informatiques très grossières...). On est bien dans le futur de Blade Runner et pas dans notre futur à nous tel que nous l'imaginerions.

Les acteurs sont très corrects, on croit totalement à ce monde immersif et malgré quelques passages un peu faibles (l'orphelinat), tout ce qui relève de l'enquête (les 2 premiers tiers du film) est vraiment intéressant.

Villeneuve travaille vraiment la forme tout en s'assurant que celle-ci ne soit pas le cache-misère d'un fond vide. Même si il est un formaliste talentueux, raconter une histoire est important pour lui.

J'ai apprécié le rythme dit "lent", qui est en fait totalement en phase avec celui du premier film dans son "final cut" et surtout totalement adapté au visionnage sur grand écran d'un film à la mise en scène et aux images aussi riches. Le regard doit alors pouvoir parcourir les images, en relever les détails, sans que des coupures intempestives le distraient constamment.

Bravo, ça c'est du cinéma !

Néanmoins, Villeneuve se casse quand même les dents en restant trop proche de l'original, en voulant à tout prix le prolonger.

Etait-il vraiment nécessaire de faire une suite aussi littérale de "Blade Runner", en faisant revenir des personnages, en se centrant beaucoup sur des personnages du premier film ?

Cela ne fait que conduire à faire des comparaisons forcément difficiles avec l'original, une oeuvre géniale, beaucoup plus intuitive et mystérieuse que sa suite.

Malgré tout le mal que se donnent Villeneuve et ses troupes, on passe par des expédients scénaristiques grossiers (le "blackout"), des redites maladroites (le personnage de Jared Leto, méchant schématique aux motivations vaseuses), des clins d'oeil lourds.
Spoiler : :
le retour de Sean Young à l'identique, totalement inutile.

Dans les lourdeurs scénaristiques, signalons aussi cette idée bliblique rabachée et beaucoup revue de la naissance d'un élu qui va sauver son peuple, idée que je trouve plus dans le prolongement d'un Matrix que dans l'esprit Noir, cynique et mélancolique d'un "Blade Runner"...

Et en tant que grand fan de "Blade Runner", je trouve que ce qui est montré et dit de ce que sont devenus Deckard et Rachel après la fin (suspendue) de "Blade Runner" casse pour une part du ressenti. C'était une fin géniale car suspendue justement (même la fin "happy end" de la version theatrical), complètement ouverte, laissant au spectateur une totale liberté d'avoir sa vision de cette fin.

Là, en explicitant ce qui s'est passé, on fait de ce grand souvenir de cinéma quelque chose de lourd : Deckard et Rachel sont devenus les parents d'un nouveau messie miraculeux, des nouveaux Joseph et Marie, on tombe dans de la SF bien plus lourde, moins intimiste que celle de "Blade Runner".

Je trouve aussi que le film tend à s'effondrer à partir du moment où apparaît Harrison Ford. Le film est plutôt bien jusque là, mais quand Ford arrive, je n'ai pas du tout retrouvé Deckard.

C'est le même vieil acteur grognon, ne se donnant pas trop de mal, que celui dont la réapparition avait, coincidence étonnante, aussi marqué le moment où j'avais décroché de "L'éveil de la force" !

A partir de là, les faiblesses de "Blade Runner 2049" commencent à bien se voir, avec des scènes d'action grossière (la dernière dans la mer, franchement mauvaise), les rappels périlleux de l'original (dont un rappel bien raté de la scène des "larmes dans la pluie" avec la mort de Gossling) - Mais cette scène est loin d'avoir la profondeur de celle de "Blade Runner" qui retournait tout le film : c'était le "méchant" de "Blade Runner" qui donnait une leçon d'humanité au "héros". Dans "Blade Runner 2049", on est beaucoup moins dans la complexité, et l'ambiguité.

Mais "Blade Runner 2049" reste quand même lourd. Jared Leto nous est présenté comme un méchant unilatéral car tuant lui-même un réplicant (par sadisme ? pourquoi ne le fait-il pas faire par quelqu'un d'autre ?), avec indifférence tel un méchant de James Bond balançant un de ses sbires dans une fosse à requins. C'est la présentation banale d'un psychopathe (pas d'empathie envers les autres, mais du plaisir à les faire souffrir) comme on voit toutes les semaines au cinéma.

L'histoire d'amour avec l'hologramme frise la niaiserie, même si il y a un regard critique et intéressant vers la fin (la pub "elle dira ce que vous avez envie d'entendre").

La méchante réplicante championne de Kickboxing est quand même un personnage faible, aux ambiguités superficielles et d'ailleurs jamais exploitées.

Un exemple flagrant de ce qui ne va pas dans "Blade Runner 2049" est quand un réplicant affirme "nous sommes plus humains que les humains".

Il explicite alors bêtement et platement, de façon redondante, ce que Ridley Scott impliquait avec beaucoup plus de force, sans avoir besoin de l'énoncer aussi littéralement.

Le cinéma de Villeneuve et "Blade Runner 2049" est à mon sens un cinéma qui laisse moins de liberté d'exploration et d'interprétation que celui de Ridley Scott alors au sommet de son talent.
En terme commercial, l'objectif de ce "Blade Runner 2049" était plus ou moins de refaire le coup de "Mad Max Fury Road" : en fait, rebondir sur une oeuvre ancienne, plutôt cantonnée aujourd'hui à un public cinéphile et relativement âgé.

Mais c'est clair qu'ici ça n'a pas autant pris auprès du public. Je pense que c'est en partie parce que "Blade Runner 2049" est une suite trop directe et littérale du précédent film : ceux qui n'ont pas vu "Blade Runner" vont être paumés, ou au moins ne vont pas percevoir beaucoup d'éléments narratifs du film.

"Fury Road" n'était pas une suite, mais la relance totale de la série Mad Max, avec nouvel acteur, nouveau passé, etc... Cela a attristé des spectateurs âgés, très attachés à leur passé et leurs souvenirs, voulant revivre les sensations de leur adolescence dont ils ont la nostalgie. Mais cela faisait que tous les spectateurs de "Fury Road" étaient en fait à égalité, y compris les nouveaux, c'était "Mad Max" pour une nouvelle génération.

Et pourtant, malgré tout ce que vous venez de lire ci-dessus, j'ai plutôt aimé ce "Blade Runner 2049" !

Comme précisé plus haut, j'ai été emballé par la forme, par le grand spectacle de SF à voir sur très grand écran. Il y a des apports intéressants à la mythologie "Blade Runner"
Spoiler : :
Le propre de l'humain, c'est de pouvoir désobéir, d'être libre de ses actions, de pouvoir choisir entre le bien et le mal, de pouvoir arriver à ses fins par les moyens qu'il choisit : K va faire le bien en faisant des "mauvaises actions", en mentant et en désobéissant à sa hiérarchie.
C'est pour cela entre autres, que je trouve tout de même que "Blade Runner 2049" est un bon film, un film intéressant, soigné, avec des défauts, des lourdeurs, mai auquel je donnerai sans doute une autre chance dans les années à venir. Peut-être verrai-je alors plus les qualités et moins les défauts...

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Fatalis rex » dim. oct. 29, 2017 12:56 pm

Manolito a écrit :Pour rebondir sur ce que dit Fatalis : surtout les spectateurs d'"aujourd'hui" ne sont pas moins motivés oui capables d'appréhender un film complexe que ceux de 1982. La preuve, "Blade Runner" était déjà un bide à l'époque !
Je n'ai à aucun moment opposé le public des années 80 à celui d'aujourd'hui au niveau de l'intelligence, de la culture ou de la motivation. Ce que j'ai dit sur la façon dont le public appréhende ce film peut tout aussi bien s'appliquer au public des années 80 : il fallait vraiment en vouloir pour suivre BR jusqu'au bout à l'époque où la SF c'était Star Wars, Robocop, Retour vers le Futur... Moi-même j'ai mis longtemps à me motiver pour voir le film, et je l'ai apprécié après plusieurs visions.

Par contre j'ai opposé deux générations de public sur un autre plan. J'ai fait référence à un public qui, d'une part, a connu une autre société bien différente à tous les niveaux (celle des années 80), et qui d'autre part à vu le premier Blade Runner et est donc "avertie" des thèmes traités et de la forme contemplative du film.

Et donc il y a plein de petites choses dans ce film que la "nouvelle génération" trouvera normal et n'y verra aucun intérêt spécial, alors que Villeneuve (qui doit être à peu près de notre génération) utilise tous ces détails pour critiquer, par petites touches subtiles, l'évolution de la société moderne occidentale (les Réplicants vivants exposés en vitrine, la Réplicante qui tombe d'un tube en plastique comme une merde sur le sol, moi ça me choque, pas sûr q'un ado y prêt attention, et à mon avis il ne s'agit pas d'une différence intellectuelle ou culturelle, mais d'un "formatage" de la société).

Et donc en fait, le message du premier BR pour moi, c'était un peu : "Attention, voilà vers quoi on se dirige", alors que celui du second serait plutôt : "Et bien voilà on y est, c'est pas faute d'avoir prévenu."

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Manolito » dim. oct. 29, 2017 1:04 pm

Je n'ai pas été clair : je suis d'accord avec toi, la mention des "spectateurs d'aujourd'hui" vient en fait du message de Madxav auquel tu répondais... :wink:

Par ailleurs, l'échec d'un film peut aussi s'expliquer par plusieurs choses, comme le marketing par exemple.

La campagne publicitaire de "Blade runner 2049" a été critiquée car ne donnant presque pas d'élément clair sur ce que raconte l'histoire, qui sont les personnages (une campagne "spoiler free"), et ne se reposant que sur l'ambiance, des images, etc... Donc, une campagne au poil pour les spectateurs connaissant déjà "Blade Runner", mais qui paraît fumeuse pour les autres.

C'est toujours difficile de savoir ce qui fait qu'un film se plante...
Spoiler : :
Sinon, bien vu le coup de la neige, dans la toute dernière scène... :wink:

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Fatalis rex » dim. oct. 29, 2017 1:36 pm

Ok, j'avais mal compris. J'ai bien relu la critique en détails, et en effet je trouve les mêmes défauts récurrents que tout le monde. Harrison Ford est fatigué, cachetonne... Mais en même temps en y repensant je l'ai trouvé cohérent. Villeneuve ne le voit pas comme un héros, mais comme un type pathétique, un alcolo qui se cache en vivant dans ses souvenirs et en écoutant du Sinatra. Or dans BR, ça n'est jamais qu'un type qui obéit comme un petit chien et abat une femme dans le dos... Villeneuve n'a aucune fascination pour Deckard.

Pour la fille aux cheveux roses, là encore ça fait partie de ces détails bien pensés... Elle s'appelle JOI (une catégorie de porno : "jerk off instructions", et elle vous dira "tout ce que vous avez envie d'entendre" :D ), elle est immense, sublime et domine ce pauvre Agent K qui ressemble à Colombo dans son imper trempé... Là encore ça en dit long sur l'époque, sur K qui vit avec un hologramme de "femme au foyer", contemple un hologramme d'actrice porno, mais quand il se trouve face à des vraies femmes qui lui font des avances, les putes ou sa supérieure, il semble totalement indifférent.

Enfin voilà c'est un film que j'aime avec ses défauts, parce qu'il a un propos, il dit quelque chose, pour moi c'est le motif même d'une oeuvre d’être le témoin de son époque. Voilà voilà :D
Spoiler : :
PS : pour la neige, c'est rapport à ma théorie sur le fait que la fille dans sa pièce blanche "écrit" toute l'histoire de K pour qu'il lui amène son père ?

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Manolito » dim. oct. 29, 2017 8:12 pm

Spoiler : :
C'est bien vu de relier le motif de la neige qu'Ana fabrique, la neige que voit K à sa mort et le fait que certains de ses souvenirs ont déjà été implantés dans K. Je n'en tirerai pas des conséquences aussi radicales que toi, mais c'est clairement un indice qui n'est pas là par hasard. Tant mieux, cela rendra un prochain visionnage plus intéressant.
Car quoi qu'il en soit, "Blade Runner 2049" est un film qui explore beaucoup de pistes, peut-être pas de façon parfaite, mais qui a suffisamment de substance pour nourrir plusieurs visionnages ! C'est déjà bien

Par exemple, l'histoire d'amour avec l'hologramme ; oui, ça rappelle "Her", mais ce dernier, je ne l'avais pas trouvé terrible et il est d'ailleurs bien moins ambigu que "Blade Runner 2049".
Spoiler : :
En effet, la scène avec la publicité géante renvoie au fait que Joi est en fait un produit de série, qu'elle n'a jamais été une personnalité singulière aimant activement K, qu'elle a toujours juste dit ce qu'il voulait entendre. Bref que K a aimé du vide, une non-existence. Mais si Joi n'est que du vide, alors K aussi, puisque lui aussi n'existe que pour faire ce qu'on lui ordonne et n'a aucune autre latitude, liberté : il est alors aussi vide d'existence que Joi quelque part, etc... Bref, ce dénouement de l'histoire est intéressant, ça ouvre de pistes vraiment dans l'esprit "Blade Runner"
J'ai aussi des réserves sur l'interprétation monotone de Gosling, dont les passages émotions indiffèrent trop le spectateur. Mais celle de Ford dans "Blade Runner" était aussi discutable quelque part, à moitié concernée, et on s'y est fait...

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Fatalis rex » dim. oct. 29, 2017 8:25 pm

Manolito a écrit :
Spoiler : :
C'est bien vu de relier le motif de la neige qu'Ana fabrique, la neige que voit K à sa mort et le fait que certains de ses souvenirs ont déjà été implantés dans K. Je n'en tirerai pas des conséquences aussi radicales que toi, mais c'est clairement un indice qui n'est pas là par hasard. Tant mieux, cela rendra un prochain visionnage plus intéressant.
Spoiler : :
En fait comme je l'avais dit, un autre indice m'amène à cette conclusion. L’œil qui s'ouvre au début du film ressemble à celui (enfin à ceux) d'Ana. Et le dernier plan est sur Ana. Si c'est bien son œil, ça veut dire qu'elle ouvre et ferme le film. Or on sait que c'est elle l''élue", le personnage christique (on parle de sa naissance comme d'un miracle), on sait qu'elle façonne des souvenirs (et donc des réalités), qu'elle peut offrir son libre arbitre à un Réplicant... Et elle a cet aspect innocent, virginal, angélique... Pour moi c'est l'axe central du film. D'ailleurs le film nous emmène sur une fausse piste en nous faisant croire que K est le héros, et il apprend en même temps que nous, à son grand désespoir, qu'il n'est rien du tout, juste une copie, un leurre créé pour détourner l'attention. C'est une sorte de mise en abîme intéressante d'ailleurs, il découvre en même temps que nous qu'il n'est pas le héros du film.

Winston Z.

Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Winston Z. » dim. oct. 29, 2017 8:57 pm

Fatalis rex a écrit :
Spoiler : :
C'est une sorte de mise en abîme intéressante d'ailleurs, il découvre en même temps que nous qu'il n'est pas le héros du film.
Une fausse piste à destination du public, qui intervient bien trop tôt dans le film pour qu'on s'y laisse prendre...
Spoiler : :
Quand K découvre la date gravée sur la souche, on devine à sa réaction qu'elle ne lui est pas inconnue. De là à penser qu'il serait le fils de Deckard et Rachel il n'y a qu'un pas. Le hic c'est que cela arrive tellement tôt dans le film que cela semble trop facile comme révélation. Du coup quand la vieille réplicante chef des rebelles (autre idée à peine esquissée) demande à K s'il croyait être l'élu, on a un peu l'impression qu'elle s'adresse aussi au public :"Vous y avez cru hein ? Hi hi, on vous a bien eu hein ?...". Euh non madame, ça fait plus de deux heures que tout le monde cogite et chuchotte dans la salle, et ça sentait le coup fourré à plein nez. Désolé.
Autre point qui shmurtz...
Spoiler : :
Robin Wright nous dit que oulalaaa ça va être la méga révolution si ça s'ébruite que les réplicants et les humains peuvent avoir des bébés ensemble (parce que niquer ok, mais hybrider la race humaine avec des skinjobs, ah ça non alors !). Sauf que c'est un peu léger comme enjeu principal du film cette petite mise en garde tout juste évoquée par 1 personnage...

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Manolito » dim. oct. 29, 2017 9:53 pm

Spoiler : :
L'enjeu du risque porté par les réplicants capables de donner la vie me semble quand même clair

D'une part la création de la vie de manière biologique est une prérogative humaine ultime (cela rejoint "Alien covenant" !).

Le contrôle de la création et de la circulation des réplicants par les humains serait perdu, avec les risques d'insécurité que cela implique. Ensuite, on va se retrouver avec des hybrides dont le statut homme/machine, maître/esclave serait complètement flou, une nouveauté dangereuse pour les humains "purs".

Tout cela briserait totalement l'ordre "social" établi, notamment hanté par la possibilité d'une révolte des réplicants suite à l'épisode du blackout et ou aux évènements du premier "Blade Runner". La police est là pour maintenir le statu quo, qui est encore plus dur qu'au temps de "Blade runner", pour l'ordre établi : c'est expliqué, répété, ça ne me gène pas.

Le "rebondissement" concernant l'identité de K ne m'a pas gêné plus que ça, il est logique dans l'histoire (K sert de leurre), je ne l'ai pas vu venir tant que cela (on commence à se poser vraiment la question qu'au moment de la visite auprès d'Ana).

Et surtout, ce qui est à mon avis le plus important : cette information place K dans une situation nouvelle dans le métrage, le fait évoluer - son identité devient encore plus fragile, creuse pour lui, il ne peut même plus se fier aux souvenirs constitutifs de sa personnalité. C'est pour moi plus important que de savoir si on devine ou non le "twist", le principal est que l'histoire avance et s'enrichisse.

Je te rejoins pas contre sur la bande de réplicants rebelle, sous-exploitée et clichée à mon sens...

Winston Z.

Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Winston Z. » dim. oct. 29, 2017 10:46 pm

Spoiler : :
Les implications sont claires pour peu qu'on y réfléchisse deux minutes mais ça aurait été plus intéressant si justement la rumeur courrait déjà au sein de la population et que la ville soit au bord de l'implosion, que les gens soient devenus totalement paranos etc. Mais à part les quelques insultes qu'essuie K en rentrant dans son appart, on ne voit pas trop de rejet en masse des réplicants de la part des humains, de groupuscules identitaires manifestant contre eux (ou alors j'étais déjà à moitié endormi, possible). Donc la menace d'une hybridation et d'une perte de repères reste assez vague.
Villeneuve se sert du couple Deckard/Rachel pour pondre une nouvelle histoire d'élu(e) qui se termine en pointillés. Dans ce genre d'histoire, l'élu est sensé être un sauveur (Neo dans Matrix, John Murdock dans Dark City...), mais la fille de Deckard est juste un premier hybride réussi. Humain-réplicant ou réplicant-réplicant si on estime que Deck en était un, peu importe à vrai dire. Ok elle crée des souvenirs, mais en quoi ça fait avancer la cause des réplicants ? Surtout des réplicants sans limite de vie, qui ont tout le temps pour se forger leurs propres souvenirs à partir de vrais expériences vécues.
En fait je n'ai pas vu ou senti l'intérêt de ce qu'on essayait de me raconter. Autant dans le premier BR on voyait à la fois la dangerosité des réplicants évadés des colonies, mais aussi leurs côtés très humains (le couple Priss et Roy, le monologue de Roy) ce qui permettait de les apprécier malgré leur statut de méchants. Dans 2049 à qui s'attache t-on ? K est beau gosse et inexpressif, sa copine holographique est dénudée de personnalité (normal c'est un peu l'idée du faux typique chez K. Dick), le gros baraqué du début ne vit pas assez longtemps pour qu'on l'apprécie, le garde du corps de Wallace est juste une psychopathe, la jolie prostiblonde ne fait que passer (dommage j'adore Mackenzie Davis, cf. la série Halt and Catch Fire). Et les personnages humains ne sont pas plus sympathiques, donc que reste t-il ? De très beaux visuels futuristes et... voilà. :|

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Fatalis rex » lun. oct. 30, 2017 8:42 am

Spoiler : :
En fait il y a deux camps qui s'affrontent. Niander Wallace, qui se prend pour Dieu, explique qu'il voudrait coloniser l'univers entier avec ses Réplicants, mais qu'il n'arrive pas à suivre niveau production. Or s'ils se reproduisaient par voie naturelle leur production augmenterait de façon exponentielle, et on imagine tout de suite le cauchemar (des usines où des Réplicants seraient obligés de se reproduire 24h/24 pour fournir de la main d'oeuvre).

La boss pseudo facho de l'Agent K, elle, veut maintenir l'ordre, et on imagine que le gouvernement auquel elle obéit aussi. Et des faux humains qui se prennent pour des humains, surtout après la révolution relatée dans les court-métrages, elle n'aime pas ça, et l'idée que les Réplicants puissent se multiplier comme des lapins ça la fait flipper. Quelque part c'est un peu une incarnation de l'extrême droite face à l'immigration, je la vois comme ça. Elle soigne sa peur par l'autorité et la violence.

On a donc une logique politique d'Etat et une logique commerciale de multinationale qui s'affrontent (on peut même parler ici d'opposition idéologique ou philosophique), un thème classique du cyberpunk.

Pour répondre à Winston, je pense que justement Villeneuve et Scott ont voulu les court-métrages et le dessin animé non pour suivre une mode, mais pour développer des choses sur lesquelles ils ne pouvaient pas trop s'attarder dans le film, comme pour Matrix. Il y a déjà tellement de thèmes traités...

Pour le personnage d'Ana, encore une fois je pense qu'elle est le "Puppet Master". Elle ne fabrique pas seulement des rêves, elle créé des souvenirs en temps réel, et si elle le fait avec K elle le fait peut-être avec d'autres Réplicants. Ce qui soulève la question pour qui oeuvre-t-elle : pour son compte ? Pour la résistance ? Pour la compagnie ? A mon avis il y a là quelque chose à creuser. Peut-être orchestre-t-elle la révolte à venir depuis sa bulle.

Enfin, pour les personnages transparents, là encore je trouve que le film fait un état des lieux de l'époque. Au risque de paraître nihiliste, des gens au regard mort, vide, qui agissent comme des zombis, qui font ce qu'ils doivent faire et s'ennuient j'en vois tous les jours (bon, en même temps je vis en Charente).

Winston Z.

Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Winston Z. » lun. oct. 30, 2017 2:01 pm

Si on devait relever le nombre de films de SF utilisant les termes "compagnie" et "résistance" on aurait du boulot... :wink:
Je dois être un gros nounours romantique, si je n'accroche pas aux personnages et à la musique, autant dire que c'est mort pour moi. Quelle que soit la portée philosophique de l'histoire.

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par Manolito » lun. oct. 30, 2017 7:46 pm

Concernant la musique, j'ai aussi écouté (sur qobuz) la bande originale du film par Hans Zimmer et Benjamin Wallfisch. On est dans la tradition du Zimmer industrialo-bruitiste de "The Dark Knight" et autres "Dunkerque", avec aussi évocation des sonorités analogiques de l'original. Bref, ça ne fait pas beaucoup de musique, même si cela impose une certaine ambiance. Ca dure aussi 93 minutes, ce qu'on sent passer...

Cela dit, Vangelis n'est pas non plus un compositeur qui fait l'unanimité (Rafik Djoumi avait parlé sur ce forum, il y a longtemps, de "Blade Runner" comme un film qui avait su transcender la médiocrité de sa bande originale par exemple). Mais il y avait quand même un peu plus de mélodie et de chaleur que dans la BOF de "Blade Runner 2049"...

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par fiend41 » mer. nov. 01, 2017 6:25 pm

la fine explication de Fatalix Rex redonne du souffle intéressant à l'histoire ! :)

avec les qq moments de mémoire qui reviennent.. dur à croire que la chef de police soit humaine, ou alors complètement vannée, elle ressent tellement rien quand elle se fait broyer.

ce combat sur fond de ressac marin.. franchement ça m'avait saoulé car il durait bien longtemps..mais j'y repense parfois encore, ça portait une sorte de lassitude, épuisement, zénitude presque contemplative.

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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par bluesoul » dim. nov. 05, 2017 3:06 pm

Vu cet apres-midi en salle et...bien aime, meme si... comme on dit.

Pour me placer par rapport au film de '82, disons que mes 3 films preferes de tous les temps sont: en deuxieme place ex-aequo: Ben-Hur et The Thing (1982) et donc en premiere place: Blade Runner (1982).

BR est LE film que je peux prendre avec sur une ile deserte et le revoir encore et encore, me laisser emporter par sa vision de l'avenir (une vision qui, au-dela de la "date de peremption" :D de 2019, me parait toujours possible), ses interrogations philosophiques et sa BO de Vangelis.

Comme tout bon fan, j'ai vu--au fur et a mesure de leur production--toutes les moutures du film et possede plusieurs CD (dont au moins un de vraiment m.rdique )8 ).

Bref, l'attente de BR 2049 etait teintee d'inquietude et d'interrogations du genre "LES C.NS, MAIS POURQUOIAAAA!?!?!".

Bilan des courses (beaucoup de balises spoilers).

BIen aime, meme si essentiellement il y a 2 problemes (malheureusement) majeurs et un de mineur en cadeau bonux.

D'abord, le pitch qui est au coeur de l'intrigue neo-noire n'est pas neuf...
Spoiler : :
Meme si je suis sur que cela a deja ete aborde (notamment TRES indirectement dans The Demon Seed (1977) ), j'ai surtout pense a la serie destinee au marche de l'animation nipponne en video Armitage III OVA (1995) qui etait deja TRES Blade Runnerien dans son atmosphere (nos amis japonais ayant ete TRES fortement inspires par The Thing (1982) et Blade Runner (1982) dans leurs productions d'animation. Ici, on a l'impression que BR a inspire AIII qui aurait re-inspire BR 2049. )8
Ensuite l'aspect "suite"
Spoiler : :
a vrai dire le cote "suite" parait assez "artificiel" et sent plus le desideradat de producteurs qui pourrait mettre ainsi en avant un acteur "bankable" (Ford) et se rassurerait de savoir qu'avec une "suite", les gens sont "au courant" et "viendront" (peut-etre).

Perso, j'ai pas accroche aux elements censes faire le "lien". Ainsi, sans l'origami, je n'aurais JAMAIS reconnu Edward James Olmos :shock: , tandis que Ford sort de sa maison de retraite pour gentiment cachetonner. Apres Indiana Jones 4, Star Wars VII, maintenant BR 2, vivement le reboot de Witness(!) :D

En fait, j'aurais prefere et de loin(!) a ce "Blade Runner 2049", un "2049" ou un "2049: A Blade Runner Story".

Sous le point (1), je mentionne que le pitch de la partie "thriller" a deja ete exploite auparavant, un probleme additionnel etant que la problematique de l'humanisation des Replicants (leur volonte propre notamment) a deja ete (par defaut) exploree dans...Blade Runner (1982), laissant guere que leur reproduction comme cle de leur avenir comme sujet... )8 Voir le point precedent...

Ca aurait permis et d'un de se rattacher (mollement peut-etre, c'est vrai) a l'univers de BR et de tout en gardant la problematique, d'eviter que ceux qui ne connaissent pas le film de '82 puissent rattacher les wagons, parce que ca doit pas etre tres tres evident au final...
Un probleme additionnel (mais qui devrait se resoudre a l'avenir) etant que
Spoiler : :
"2049" fait quand meme TRES deuxieme episode dans...une trilogie.

En effet, d'un cote, on raccroche les wagons au film de '82, de l'autre on parle de tenants et aboutissants tels un enfant "elu", une possible revolution et un adversaire (Jared Leto) aux vues...plutot...euh, floues (donc en attente d'une explication...a venir dans un prochain volet...?? Volet, qui vu les difficultes du present opus a rentrer dans ses frais n'est pas pres de venir...)
Bref, mais aussi d'autres interrogations:
Spoiler : :
Pourquoi exactement Wallace veut-il mettre la main sur l'enfant? Le detruire? Se l'approprier? Le dissequer comme le pense Deckard La superieure de K veut detruire la creature pour maintenir le "status quo", mais Wallace? Wallace parle aussi d'avoir du mal a produire plus de replicants, mais pour en faire quoi exactement: des esclaves (terrestres ou des colonies), ce qui sous-entendrait que le monde des humains en aurait un imperieux besoin, pour lutter contre quelque chose (une menace) ou pour prendre le pouvoir? Pas tres tres clair tout ca?

En fait, Wallace est exploite de facon vraiment sommaire.

Luv souffre un peu du meme probleme, meme si par moment j'ai eu l'impression qu'elle developpait elle-meme une "conscience" (peut-etre la scene du "meurtre" commis par Wallace?
(meutre un peu gratuit au passage...) )

La "rebellion" des Replicants ne m'a pas vraiment convaincu non plus. On en voit 10-20, mais j'aurais cru que "humanises" les Replicants seraient plus "individuels" (i.e. certains se fondent dans la masse humaine, d'autre (comme dans le film de '82) restent ensemble pour survivre selon l'adage l'"union fait la force" je suppose, mais au final, les groupes ne semblent pas se melanger non plus, d'ou: ca ne fait pas une rebellion.

Un autre probleme etant que pour faire une rebellion, il faut un sacre nombre de "rebelles" et d'apres le film de '82, j'aurais cru que les Nexus qui parviennent a arriver sur terre restaient l'"exception".

Deux probleme concernant l'enfant-"messie"; d'abord, il n'y a eu qu'une seule naissance sur 35 ans. Ca rend leur idee peu viable, a moins de la dissequer et de comprendre (Ford va pas aimer!). Apres, l'enfant est quand meme..."defectueux", un peu selon le principle qu'une (photo)copie d'une (photo)copie voit sa qualite amoindrie d'autant...De nouveau, leur avenir est tout sauf rose...

Concernant l'enfant et le "twist", pas bete, bibi s'est dit:
(a) si c'est K, ils nous prennent pour des blaireaux, c'est trop evident!
(b) si c'est la fille, ils nous prennent pour des blaireaux, c'est trop evident que K doit etre un leurre et que donc, c'est la fille.

En fait, c'est simple, bibi a pris l'option (c): ce sont des JUMEAUX! 8)

Lors de la scene ou la fille "lit" les souvenirs de K, c'est clair qu'elle est liee au truc. Apres, ca devient un faux suspense... :roll:

A dire vrai, la partie "thriller", et en fait "suite" directe du film de '82 est celle qui m'a le moins convaincu. :|

A vrai dire, le coeur du film m'a paru etre l'humanisation de K et sa relation avec Joi. Une belle relation, mais aussi une relation condammnee d'avance car "honnete/reelle" de K vers Joi mais pas inversemment, Joi ne fesant que dire et faire ce qu'on attend d'elle (What you want to hear. What you want to see). (Je suppose qu'elle analyse son "proprietaire" et que l'AI fait le reste a coups d'algorithmes.

J'ai eu des doutes par moment, mais meme la scene ou K est knocked-out pourrait s'expliquer par le fait que Joi "sait" ce que K "veut" qu'elle fasse (i.e. s'inquieter et le reveiller) et elle ne fait que s'executer.

Etonnament, je me suis souvent demande si K n'avait pas une tendance...suicidaire. Par example, le fait qu'il semble prendre des risques inconsideres, voire aime a se faire cogner? Pour certains, le suicide est l'acte de liberte et de libre arbitre ultime... :?

Dans d'autres scenes, telles sa relation avec Joi ou le cadeau qu'il lui fait, K parait deja tres humanise et grille Batty dans BR (1982) qui ne le devient qu'a la fin. Tout ca donne un peu l'impression que la partie "thriller" n'est qu'un MacGuffin pour nous balader pendant les 2 heures qui restent... :?

Comme BR 35 ans plus tot, BR2049 est un miroir de notre temps et de nos angoisses quant a ce qui nous attend.

La duree entre les 2 "instantanes" (un film en '82 et un en '2017) me fesait peur pour lier les "deux mondes", mais ca marche(!) et c'est TRES bien vu: un monde d'ecran, de virtuel et de "relations" vides et bidons. C'est emouvant, mais creux et on se retrouve tous seuls dans nos univers limites a nos interieurs, l'exterieur nous fesant peur ou se detruisant/etant detgruit petit a petit.

Au final, un peu l'impression qu'il y a eu pas mal de discussions entre les "tetes pensantes" lors de la pre-prod; les producteurs voulant des tetes de gondoles et une "suite", Scott voulant peut-etre de nouveau (comme avec Alien: Covenant) et Prometheus toucher a la "creation" et la "destruction", et Villeneuve un film intimiste de notre temps et le film peine un peu a trouver son equilibre.

Bilan: bibi n'arrete pas de s'interroger sur des questions philosophiques quant a BR (1982), mais dans le cas de BR: 2049 s'interroge moins sur la philosophie que sur l'intrigue (et ses possibles tenants et aboutissants, voire...plutot ses lacunes...). Bref, on ne boxe pas dans la meme categorie... :?
Reste un film au visuels plutot leches, avec quelques TRES bonnes idees (la relation K/Joi), des flous "artistiques/scenaristiques" pas tres bienvenus et un message mi-dilue, mi-repetitif.

Mais bon, les 3 heures passent bien et comme blockbuster "slowburner" (lent, quoi) et introspectif, cepamal, meme si c'est ni Ghost in the Shell l'anime ou Blade Runner (1982).

Blade Runner 2049: 4.25 / 5 (les 0.25 c'est pour K et Joi, sinon le film plafonne a 4.0, un sympathique blockbuster aux visuels plus qu'interessants, mais bon, seul mon DVD de BR (1982) fera le voyage sur l'ile avec moi 8) )
En direct du Japon. Bonsoir. A vous, Cognac-Jay.

dario carpenter
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Re: Blade Runner 2049 - Denis Villeneuve (2017)

Message par dario carpenter » jeu. déc. 28, 2017 2:59 pm


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