Grave - Julie Decournau (2016)

[Manolito]

Enfin vu le film phénomène de 2016, et je m'avoue très partagé sur ce "Grave".

J'ai plutôt bien accroché à la première partie, j'ai bien aimé le ton potache au point de vue féminin, saupoudré d'un ambiance de déglingue ironique assez typiquement belge, qui permet au film de trouver le ton juste dès le départ. L'interprétation est très bonne, en particulier pour l'actrice principale. Comme l'a remarqué finement l'ami Cosmodog, c'est un film qui ramène l'homme a son rang le plus animal, le plus mécanique. Les humains et les animaux mangent, chient, baisent, vomissent, saignent... Un regard quelque part clinique, médical, détaché sur la nature humaine.

Mais après une bonne mise en place, j'ai décroché sur la suite. On louche sur une rencontre entre "Trouble Every Day" et "Ginger Snaps", mais "Grave" se casse la figure en essayant de faire son propre mythe, tout ça n'est pas cohérent, ne paraît pas crédible, on se pose beaucoup de question

Spoiler : :

sur la grande soeur : comment se nourrit-elle ? Personne ne l'a remarquée ? Et idem pour la mère et le père, dont on se demande comment ça se fait que ses filles ne l'aient jamais vu torse nu de leurs vies !!

Là je trouve que le film dévisse, après un début pourtant bien pensé, intelligemment trash, qui ne nous infligent pas les 15 000 références pénibles habituels dans les films fantastiques français de "vrais fans".

Il y a du potentiel, mais je suis mitigé sur ce premier métrage quand même.

Vu sur mycanal/ciné +

[dario carpenter]

[Lord Taki]

Visionnage qui a le mérite de confirmer la préparation de ce format à l'avance.

[Teurk le Sicaire]

Ayant découvert Ducournau avec le décevant Titane, je ressors plus convaincu de son 1er film. La filiation entre les 2 est évidente, avec une jolie réalisation pour servir l'exploration de la chair sous toutes ses mutilations, mais Grave bénéficie en plus d'un script mieux maitrisé et d'une meilleure continuité des thématiques : émancipation d'une relation mère-fille oppressante, émergence libidinale, affirmation identitaire au sein du groupe... Et le plus frappant dans sa mise en scène littérale : l'oralité et son fantasme de dévoration.

J'ai beaucoup aimé les acteurs (avec un petit plus pour Rabah Nait Oufella) qui donnent une belle authenticité aux personnages. L'ambiance étudiante corporatiste avec cet interminable bizutage est également bien trouvée. La conclusion peut paraitre abrupte mais il n'était en vrai pas nécessaire d'en faire plus, la charge symbolique ainsi générée continuant son petit bonhomme de chemin après le film. Dommage que Ducournau ne soit pas parvenue à maintenir un tel équilibre avec sa Palme d'or.