The House that Jack built - Lars von Trier (2018)

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Shinji
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The House that Jack built - Lars von Trier (2018)

Message par Shinji » mar. févr. 12, 2019 4:05 pm

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Je suis partagé sur ce film ; on le saurait pour moins que ça.

Je me suis d'abord laissé emmener pour assister au parcours de Jack, tueur en série sévissant dans les années 1970-80. Son baratin, l'humour noir voire l'absurde des situations m'ont un peu rappelé "C'est arrivé près de chez vous", l'équipe de TV en moins.

Mais plus ça va, moins on s'amuse pour se diriger vers le sadisme pur et le délire mystico-artistique.

Et c'est justement tout le pensum artistique présent dans le film qui le plombe je trouve. Le long-métrage y aurait ainsi sans doute gagné si le Danois mégalo nous avait épargné les inserts d'archives, la palme (pas d'or) revenant à l'auto-citation avec des extraits de son oeuvre.

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Dragonball
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Re: The House that Jack built - Lars von Trier (2018)

Message par Dragonball » sam. mai 29, 2021 10:18 am

En voyant "The House that Jack built" de Lars Von Tirer, je me posais l'éternel question, qui semble passionner certains amateurs de cinéma autant qu'en saouler d'auteurs : Qu'est ce qu'un film d'auteur ?

Et surtout en quoi celui ci diffère t-il des autres films ? Et d'ailleurs, quels sont ces films ? Quels sont leurs caractéristiques ?

Enfin je me posais ces questions tout en me demandant si il était réellement bien utile d'y répondre, la conclusion étant ..... non ! 😃

Reste qu'il est intéressant de voir un réalisateur estampillé "Auteur" comme Lars von Trier s'attaquer à un film dont le pitch le rattache clairement à la catégorie des psychokillers, ces films (A ne pas confondre cependant avec les slashers) ayant pour personnage principale un tueur, ou on trouve des films célébré par toute les cinémathèque du monde comme "M le maudit" de Fritz Lang mais aussi pas mal de film nettement moins, heu, apprécié, par les instances cinématographiques comme par exemple "Maniac" de William Lustig ! 😃

Car comme souvent lorsque des réalisateurs considéré comme des auteurs, avec toute les côté institutionnel et respectable y étant rattaché, s'attaque à un genre souvent prisé du cinéma Bis, il se permet souvent des excès thématiques et graphiques que beaucoup de films bis n'oseraient pas aborder !
Et c'est une fois de plus le cas ici avec "The House that Jack Built" ! 🙂

Parce qu'entre deux trucs typiquement estampillé "auteur" comme le dialogue assez nébuleux ouvrant le film, celui ci, même si il ne s'avère pas aussi violent (Quoique ... 🙂 ) que "Maniac" nous réserve tout de même un lot d'horreurs assez conséquent, notamment en ce qui concerne les gosses !
Un film intéressant donc, dont les 2H30 passe relativement bien et qui plaira probablement aux amateurs de film de genre. C'est peut être même eux qui apprécieront le plus le film, sa violence, même si souvent tempérée par un ton humoristique, n'étant clairement pas à mettre sous tout les yeux !

PS :

Ce qui est marrant avec "The house that Jack built", pour en revenir à la différence qu'on peut faire entre un film d'auteur et un film bis par exemple, ou plus "commun" en tout cas, c'est qu'avec ce film, on pourrait presque faire une sorte de "Bis cut edition" ! 😃

En enlevant toute les petites fantaisies auteurisantes de Lars Von tirer, comme l'intro par exemple, les références à Glen Gould, les quelques moments ou Matt Dillon parle de ses passe temps comme les scènes de construction de sa maison ou encore la toute dernière partie très ésotériquo mystique, ben tu obtiens un film de serial killer à la fois logiquement bien plus classique mais aussi sacrément plus hard que la majorité des films qu'on peut voir au cinéma ou même via d'autres circuits de diffusion ! 🙂

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Re: The House that Jack built - Lars von Trier (2018)

Message par Manolito » sam. sept. 24, 2022 12:05 pm

Je trouve triste de lire dans les textes ci-dessus Von Trier dépeint comme un auteur allant marcher sur les plates-bandes du cinéma Bis en faisant dans l'horreur et le genre psychokiller (genre mis en place à 90 pour cents par des Auteurs avec un grand A comme Fritz Lang, Alfred Hitchcock et autres Michael Powell, rappelons-le...).

Alors que Von Trier est un réalisateur majeur du cinéma fantastique depuis ses débuts, qu'il lui a donné des oeuvres incontestables et incontestées comme "Element of Crime", "The Kingdom" et autres "Melancholia". J'y vois hélas l'illustration d'un conservatisme et d'un anti-intellectualisme basique et classique du public dit "Bis", toute référence culturelle (ici "La divine comédie" de Dante : difficile de faire plus classique) etant vécue comme suspecte, nébuleuse, repoussoir, pute à Palme d'Or ou je ne sais quoi encore...

Comme "La piel que habito" d'Almodovar, "The House that Jack Built" me semble un film mal aimé et mal compris à sa sortie, car à la fois trop dur et sombre pour la critique traditionnelle et trop original et ambitieux pour le public classique du cinéma fantastique. Un film injustement coincé dans un entre-deux...

Triste !

Pourtant "The House That Jack Built" est encore une réussite de Von Trier. Comme dans "Melancholia" il organise le choc entre un cinéma européen et un cinéma assez typiquement anglo-saxon (le psychokiller, l'errance meurtière d'un tueur en série dans la veine d'un "Henry portrait d'un serial killer") tout en explorant la psychée du tueur de l'intérieur, en illustrant son point de vue, comme dans "Le voyeur" ou "Maniac". Ceci à travers ces discussions entre Virgile et Jack (renvoi assez transparent à Jack l'éventreur, auquel de nombreux traits de Jack renvoient : la mysoginie, la tentative de faire de l'Art avec les cadavres de ces victimes, les lettres envoyées à la presse...). J'ai d'ailleurs trouvé les deux premiers tiers de "The House that Jack Built" pas toujours convaincant. Car reprenant des choses déjà vues ailleurs, certes en les rehaussant de touches Von Trier indéniables : l'humour très noir, la provocation (qui culmine avec l'épisode de la famille), l'improvisation, la direction d'acteurs, le mélange culture classique (Dante, Delacroix...) et populaire (film d'horreur, David Bowie, Bob Dylan...).

Il établit aussi une exploration construite du tueur en série. Qu'est-ce qui caractérise un psychopathe, qui le différencie des personnes saines ? Son absence naturelle d'empathie (d'où vient le terme psychopathe) qui s'accompagne d'une incapacité à aimer autrui, son incapacité à créer dans le sens constructif du terme, vu qu'il ne sait que détruire. Jack, profondément narcissique, comme Jack l'éventreur et autres Ed Gein, confond alors sa folie destrutrice avec une forme d'expression artistique dont elle est, aux yeux de l'humaniste Virgile, le total contraire.

On retrouve alors le sujet récurrent chez Lars Von Trier de la fascination pour le mal, en particulier pour les idéologies fascistes, totalitaires et racistes, idéologies de mort, si présentes et de façon si alarmante de nos jours en Europe. Sujet déjà bien présent dans sa première trilogie "Element of Crime"/"Epidemic"/"Europa" auquel le dernier tiers de "The House That Jack Built" renvoie clairement pour moi.

Il y a des choses qui traîne en longueur dans "The House that Jack Built", mais à l'arrivée, il forme un tout ambitieux, entre sérieux et dérision, nous montre un Lars Von Trier qui explore son sujet en profondeur et d'une façon ambitieuse. Matt Dillon, acteur dont je ne suis pas fan à la base, est ici excellent. Sa confrontation avec Bruno Ganz semble là-aussi une sorte de choc entre cinéma européen et américain qui donne son épaisseur et son identité au métrage.

Vu sur MyCanal/Ciné +.

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