La vague du renouveau du cinéma fantastique espagnol

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Stilleben
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La vague du renouveau du cinéma fantastique espagnol

Message par Stilleben » ven. août 02, 2019 12:48 am

Vers la toute fin des années 90 nous arrivait soudain, provenant d'Espagne, une flopée d'excellents films insufflant un renouveau dans le fantastique. Un cinéma très sombre, bien souvent pessimiste, où régnait le mal en maître... et gagnant. Tout cela, souvent sous l'égide de Filmax.

Je me suis replongé ces derniers temps dans cette vague ibérique en me demandant si j'avais loupé l'une ou l'autre perle.
Je vous propose donc de les recenser, si ça vous tente...


Un certain Julio Medem, réalisateur et producteur, qui s'est toujours illustré dans des films aux atmosphères étranges, nous proposait en 1993 L'Ecureuil rouge (La Ardilla roja), curieuse histoire qui entraîne un candidat au suicide à s'attacher à une amnésique, et remportait deux prix l'année suivante à Gérardmer. On était alors à quelques années de la fameuse déferlante ibérique à venir, mais les premiers remous étaient bien là.

En 1995, après un 1er film remarqué à Avoriaz 1993 Action mutante (Acción mutante), le déjanté Álex de la Iglesia nous entraîne à la suite d'une poignée de personnages délirants luttant contre la venue de l'Antéchrist dans Le Jour de la bête (El dia de la bestia), Grand Prix de Gérardmer l'année suivante. Il s'éloignera par la suite du fantastique.

Si je me souviens bien, en 1996, celui qui a réellement et ouvertement ouvert le bal était Alejandro Amenábar avec Tesis. L'année suivante, il remettait ça avec le brillant Ouvre les yeux (Abre los ojos). En 2001, il renouvelait le genre de la maison hantée avec Les Autres (The Others), mais on perdait l'attrait ibérique pour un film au caractère plus anglo-saxon, de par les lieux et la langue de la V.O.

En 1999, Jaume Balagueró faisait son apparition avec le très remarqué La Secte sans nom (Los sin nombre) adapté d'un roman de Ramsey Campbell. Ont suivi Darkness (2002), puis Fragile (2005), mais une fois encore, arrivé au 3ème film, on perd tout le caractère ibérique pour un film aux accents anglo-saxons, là encore lieux et langue de la V.O. Le réalisateur restera attaché au genre avec la série des Rec (2007) et l'inabouti Muse, plus proche de nous, en 2017.
En 1999 également, Mateo Gil – comparse d'Amenabar, avec qui il écrit – nous proposait son Jeu de rôles (Nadie conoce a nadie), plongeant ses protagonistes dans un jeu mortel en pleine semaine sainte.

En 2000, Alvaro Fernandez Armero, bien inspiré par les films scénarisés par Kevin Williamson, nous livre son slasher ibérique : Souvenirs mortels (El arte de morir).

Après un 1er film mexicain remarqué, Cronos, puis un 2nd, américain, celui-là, Mimic, Guillermo del Toro explore le passé de l'Espagne franquiste avec une histoire de fantôme : L'Echine du diable (El espinazo del Diablo) en 2001, puis les rêves mythologico-féériques – mais sont-ce des rêves ? – d'une enfant dans Le Labyrinthe de Pan (El laberinto del fauno) en 2006. Le réalisateur, là aussi, restera attaché au fantastique qu'il chérit et qu'il agrémente d'œuvres qui resteront immanquablement.
En 2001 également Isidro Ortiz propose une version hospitalière quelque peu délirante de Faust dans son Fausto 5.0 qui fera un Grand Prix quelque peu controversé l'année suivante à Gérardmer.

En 2002, Paco Plaza nous plonge dans l'enfer vécu par son héroïne, au décès de son père qui va avoir de lourdes répercussions : Les Enfants d’Abraham (El Segundo nombre). Il nous reviendra en 2004 avec un film historico-fantastique mettant en scène un cas de lycanthropie célèbre dans sa patrie : L'Enfer des loups (Romasanta). Suivront, dès 2007, la série des Rec, en coréalisation avec Balagueró, puis Veronica (Verónica) en 2017.
En 2002 également, Juan Carlos Fresnadillo nous convie à un jeu de la mort auquel se livrent des personnages dotés d'une chance exceptionnelle dans Intacto.

En 2004, Hypnos (Hipnos) de David Carreras nous entraîne dans la paranoïa à la suite de Beatriz découvrant l'envers du décor d'un asile psychiatrique sur la côte espagnole.

En 2006, après le traumatisme engendré par sa trilogie de la mort, au début des années 90, Nacho Cerdà nous entraînait à la suite de son héroïne en quête du mystère de ses origines dans Abandonnée (The Abandoned). Depuis, plus de nouvelles...
En 2006 toujours, un événement TV réunit quelques-uns des grands noms de cette déferlante du frisson espagnol sous l'égide d'un vieux de la vieille : Narciso Ibáñez Serrador (Les révoltés de l'an 2000 - ¿Quién puede matar a un niño?, 1976) qui, en 1974 avait déjà proposé aux téléspectateurs ibériques semblable projet. L'anthologie Películas para no dormir rassemble 6 téléfilms :
La chambre du fils (La habitación del niño) de Álex de la Iglesia
À louer (Para entrar a vivir) de Jaume Balagueró
Spectre (Regreso a Moira) de Mateo Gil
Conte de Noël (Cuento de navidad) de Francisco Plaza
Un vrai ami (Adivina quién soy) de Enrique Urbizu
La faute (La culpa) de Narciso Ibáñez Serrador

En 2007, Juan Antonio Bayona nous emmène dans L'Orphelinat (El Orfanato) qui devait rafler pas mal de prix en festival dont le Grand Prix de Gérardmer. Depuis, il s'est expatrié aux USA pour se perdre dans les méandres de la production insipide des studios.
En 2007 également Les Proies (El rey de la montaña) de Gonzalo López-Gallego plongeait ses protagonistes au cœur d'un traquenard tendu par des inconnus les transformant en gibiers d'une chasse à l'homme en pleine montagne.
Nacho Vigalondo, en 2007 toujours, nous entraîne dans une histoire rocambolesque dans laquelle son héros se voit confronté à un tueur psychopathe au visage bandé au cœur d'un paradoxe temporel dans Timecrimes (Los cronocrímenes).
2007 toujours : Les Disparus (Aparecidos) de Paco Cabezas confronte un frère et sa sœur aux crimes commis naguère en Argentine et qui revivent sous leurs yeux.

Je crois que la vague retombe bel et bien alors.
Quelques nouveaux réalisateurs se feront tout de même remarquer par la suite :

Guillem Morales, en 2010, nous plonge dans la quête de son héroïne cherchant à expliquer la mort de sa sœur dans Les Yeux de Julia (Los ojos de Julia).
En 2010 également, dans Le Pacte du mal (El mal ajeno) d'Oskar Santos, Diego, médecin désabusé, immunisé à la souffrance des autres, se voit accidentellement doté du don de guérir... Une jolie fable fantastique et mélodramatique.

En 2012, Juan Carlos Medina replonge avec Insensibles dans les affres du passé de son pays et de son personnage médecin, nous conviant à découvrir les secrets d'un hôpital pyrénéen où sont rassemblés des enfants insensibles à la douleur.

Dans Amours cannibales (Caníbal), en 2013, Manuel Martín Cuenca nous livre une tranche de vie de son antihéros Carlos, tailleur prestigieux à Grenade et tueur redoutable se repaissant de ses victimes, au moment où entre dans sa vie la belle Nina...
En 2013, également, The Returned de Manuel Carballo met en scène une scientifique, en pleine épidémie virale zombie, cherchant à prolonger l'existence de son amant – et de son amour – en se procurant les doses de traitement à injecter aux Revenants. [Vu au FEFFS, jamais sorti chez nous par la suite.]



On résume :

1993 : L'Ecureuil rouge (La Ardilla roja) de Julio Medem *
1993 : Action mutante (Acción mutante) de Álex de la Iglesia
1995 : Le Jour de la bête (El dia de la bestia) de Álex de la Iglesia *
1996 : Tesis de Alejandro Amenábar *
1996 : La langue tueuse (La lengua asesina ) de Alberto Sciamma
1997 : Ouvre les yeux (Abre los ojos) de Alejandro Amenábar *
1999 : Jeu de rôles (Nadie conoce a nadie) de Mateo Gil *
1999 : La Secte sans nom (Los sin nombre) de Jaume Balagueró *
2000 : Souvenirs mortels (El arte de morir) de Alvaro Fernandez Armero *
2001 : L'Echine du diable (El espinazo del Diablo) de Guillermo del Toro *
2001 : Fausto 5.0 de Isidro Ortiz *
2001 : Les Autres (The Others) de Alejandro Amenábar *
2002 : Les Enfants d’Abraham (El Segundo nombre) de Paco Plaza *
2002 : Darkness de Jaume Balagueró *
2002 : Intacto de Juan Carlos Fresnadillo *
2004 : Hypnos (Hipnos) de David Carreras *
2004 : L'Enfer des loups (Romasanta) de Paco Plaza *
2004 : El habitant incierto de Guillem Morales
2005 : Fragile de Jaume Balagueró *
2006 : Le Labyrinthe de Pan (El laberinto del fauno) de Guillermo del Toro *
2006 : Abandonnée (The Abandoned) de Nacho Cerdà *
2006 : La chambre du fils (La habitación del niño) de Álex de la Iglesia [TV] *
2006 : À louer (Para entrar a vivir) de Jaume Balagueró [TV] *
2006 : Spectre (Regreso a Moira) de Mateo Gil [TV] *
2006 : Conte de Noël (Cuento de navidad) de Francisco Plaza [TV] *
2006 : Un vrai ami (Adivina quién soy) de Enrique Urbizu [TV] *
2006 : La faute (La culpa) de Narciso Ibáñez Serrador [TV] *
2007 : L'Orphelinat (El Orfanato) de Juan Antonio Bayona *
2007 : Les Proies (El rey de la montaña) de Gonzalo López-Gallego *
2007 : Timecrimes (Los cronocrímenes) de Nacho Vigalondo *
2007 : Rec de Jaume Balagueró & Paco Plaza *
2010 : Les Yeux de Julia (Los ojos de Julia) de Guillem Morales *
2010 : Le Pacte du mal (El mal ajeno) d'Oskar Santos *
2011 : Extraterrestre de Nacho Vigalondo
2012 : Insensibles de Juan Carlos Medina *
2012 : El cuerpo de Oriol Paulo
2013 : Amours cannibales (Caníbal) de Manuel Martín Cuenca *
2013 : The Returned de Manuel Carballo
2016 : L'accusé (Contratiempo) de Oriol Paulo *
2017 : Muse de Jaume Balagueró *
2017 : Veronica (Verónica) de Paco Plaza *
2018 : Mirage (Durante la tormenta) de Oriol Paulo

[* sorti en DVD fr]

Si vous voyez des titres qui m'auraient échappé, n'hésitez pas !
C'est à vous pour la suite.
Dernière modification par Stilleben le sam. août 03, 2019 6:16 pm, modifié 3 fois.

Manolito
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Re: La vague du renouveau du cinéma fantastique espagnol

Message par Manolito » ven. août 02, 2019 7:33 am

Merci pour ce post intéressant ! :-D

De mémoire, il y a aussi "Extraterrestre", le second long métrage de Nacho Vigalondo,

N'oublions pas Alberto Sciamma dont le mémorable "Killer Tongue"de 1996 est arrivé dans la foulée d'"Accion Mutante" et est assez similaire dans l'esprit. Avec ensuite le thriller médiéval "Anazapta", sorti en DTV chez nous...

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Re: La vague du renouveau du cinéma fantastique espagnol

Message par DPG » ven. août 02, 2019 12:07 pm

Post très intéressant !

J'y rattacherais aussi, même si ce n'est pas du 100% espagnol, la vague de films de Yuzna / Gordon tournée en Espagne à cette époque là (Dagon, Faust...) qui a certains traits communs et participait, à sa façon, à cette "vague".
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Re: La vague du renouveau du cinéma fantastique espagnol

Message par Blame » ven. août 02, 2019 12:47 pm

Je rajouterai le premier film de Guillem Morales El habitant incierto / The uninvited guest; Oriol Paulo ( scénariste sur Les yeux de Julia) avec El cuerpo / The body, l’excellent Contratiempo / The invisible guest et son film Netflix Durante la tormenta / Mirage.

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Re: La vague du renouveau du cinéma fantastique espagnol

Message par Stilleben » ven. août 02, 2019 2:40 pm

J'ai ajouté certains de vos titres à la liste.
Manolito, je n'ai pas mis Anazapta de Sciamma qui apparemment est une production anglaise, donc qui n'a plus grand-chose à voir avec la spécificité espagnole (ce que je regrettais un peu pour les 3e film de Amenabar et de Balaguero, même si ça restait pour le coup des productions bien espagnoles.
J'ai ajouté Fausto 5.0 que j'avais oublié.

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