En resume, la Matrice, les 99% du premier film, tout le 2eme et le 3eme film, c'est dans la tete d'Andersen et il n'y a pas de Neo. Pire, il n'y en a jamais eu.
Sans me rappeller plan par plan du premier film (comme dit, je suis pas un fondu de la saga), ce zode 4 repond a un truc qui me fesait toujours tiquer au debut du premier film et que quelque part, a partir du moment ou le film est lance et les suites fusent on explique un peu a rebours (ce qui fait toujours un peu triche pour couvrir ses arrieres quand on a remarque qu'on a m.rde un peu!) ).
Andersen est un hacker. Il vit en reclus. Semble vendre des trucs pas tres tres legaux. La police debarque dans la compagnie ou il bosse. Il est contacte par Morpheus--et la, je tique--essaye de prendre la poudre d'escampette par la fenetre, echoue, retrouve Morpheus et--je tique de nouveau--"qu'il cherchait ou sentait que ce dernier le cherchait et vice-versa. Restrospectivement on explique (indirectement) ca par les x iterations de Neo (donc aussi de Morpheus), de Zion et les "mises a jour" de la Matrice. Soit.
Bizarrement, a chaque visionnage du premier zode, je tique, puis rationalise restrospectivement le truc au fur et a mesure que le(s) film(s) se deroule(nt).
Dans ce zode 4, Andersen a de gros problemes mentaux, carburent aux medocs, perd pieds avec la realite. Il a transforme la Matrice en une saga de jeux video, a du mal a se decoller de ses episodes psychotiques impliquant la Matrice et l'univers de son jeu et patine pour son nouveau jeu: Binary.
Un film est generalement soit vu par le spectateur qui a un point de vue de Dieu car il voit tout, soit est narre par un personnage car vu a travers ses yeux. La verite, est que c'est un peu plus complique que ca vu que le spectateur cherche un point de repere, un personnage a qui se rattacher pour "vivre" le film a travers lui. Le spectateur a une vue d'ensemble et voit le film au-dela de ce que voit le personnage central du film, mais des que celui-la apparait, le spectateur se rattache de nouveau a lui et "vit" le film a travers lui.
Dans Matrix 4, c'est bien sur Andersen / Neo, mais il y a un probleme de taille: le spectateur voit le film a travers les yeux d'un personnage qui est ce qu'on appelle un "unreliable narrator", un narrateur qui "narre" le film mais en qui on (le spectateur) ne peut pas avoir confiance, soit parce qu'il ment ou qu'il deraille ou qu'on le soupconne tel...Et bien sur, dans M4: tout est fait pour mettre en doute Andersen / Neo.
La ou M4 repond a ma question de M1 est dans les allusions insistantes sur Andersen qui aurait fait des acrobaties sur un toit et soit: aurait ete sauve (de ce qui etait une tentative de suicide ou un episode psychotique), soit: aurait...vole. Et c'est la, que le spectateur doit faire un choix: soit Andersen a failli se tuer et est un pauvre type avec de GROS problemes et Matrix n'un jeu video, soit Neo s'est envole et est un hero qui lutte contre la Matrice.
Ajout: Je viens de me rappeller de l'expression "leap of faith" (ou le saut de la foi), on retrouve ca indirectement dans Indiana Jones zode 3, et je pense que l'expression va tres bien a l'idee que Andersen / Neo veuille s'envoler du toit, pour le perso, c'est un "leap of faith", mais aussi pour le spectateur et ca decidera de la vision du film qu'il aura et ou Keanu Reeves sera soit Andersen, soit Neo.
Pour moi, c'est la premiere option.
Parce que c'est ici que M4 fait le lien avec M1 et la scene ou Andersen se retrouve a l'exterieur du building. Que ce soit parce qu'il sait que la police le recherche a cause de ses activites illegales ou que, parano en pleine episode psychotique, il se retrouve a l'exterieur, il bascule mentalement et tout ce qui suit...'ben, c'est du pipo et a causes de plusieurs raisons/indices::
(Notez que je suis sur que d'autres interpreteront ces memes indices d'une facon completement opposee et parviendront a rationaliser leur choix, et je suis sur que la raison pour ce faire est que c'est voulu tel par la realisatrice...)
- dans ce qui ressemble a une "salle de spectacle" ou on projete des scenes du premier film, on presente celles-ci comme des extraits du "jeu" d'Andersen.
- un des arguments avances sur le forum selon lequel M4 est un phase avec les tendances actuelles des jeux videos. Ne connaissant pas les jeux videos (et ne m'y interessant pas vraiment d'ailleurs), je ne peux rien referencer, et je tique donc beaucoup devant des elements de decors qui paraissent absconds, incomplets comme la "salle de spectacle" qui ressemble a ca, mais pas vraiment ou la sorte de hangar sur plusieurs etages ou intervient le Merovingien et qui alignent des portiques, des etages, des elements de decors facon theatre ou "on fait semblant" et ou tout sonne faux ou bizarres
Un autre element: le dojo. Dans M1, le dojo sert une fonction. On y "injecte" les perso. Rien n'existe au-dela du dojo (M1 utilise beaucoup la notion de "vide" qu'on remplit a gre avec ce dont on a besoin). M4 offre un dojo, en plein milieu d'un lac ou on se demande comment les gens y accedent, ce qui est un peu idiot.
Au final, les autres elements de decors biscornus ci-dessus donnent cette meme impression, des elements de decors comme...dans un reve. Tout-le-monde a deja du se reveiller apres un reve ou (pendant qu'on reve) tout parait "normal", mais au reveil on se dit que rien ne collait dans le reve: le ciel est vert, les pneus des voitures sont carrees, on entre dans des pieces qui n'ont pas de portes ou juste des cadres de portes, il n'y a pas de rideaux au fenetres, il fait nuit a midi et jour a minuit, dans la vraie vie on habite au 10eme etage et dans le reve on descend les escaliers a la cave pour acceder a son appart, etc.
Dans M1, la Matrice essaye de duper les hommes, dans M4 c'est juste l'esprit d'Andersen qui lui offre assez d'elements de decors pour le tromper pendant ses episodes de demence.
Ceci ferait d'Andersen un hacker, reclus, qui passe peut-etre un peu trop de temps sur internet a lire des theories fumeuses sur peut-etre...une Matrice qui nous controlerait tous, il debloque tout en transformant le tout en un jeu qui lui vaut sa celebrite. Le film semble taper pas mal sur la mythologie de la franchise qui a ete mise a toutes les sauces y compris les plus saugrenues ou (parfois tres maladroitement ou trop frontalement) sur les derives des gens qui se creent leurs "propres matrices" a coups de smartphones, facebook et tutti-cuanti et descendent dans le trou du lapin ("going down the rabbit hole" une expression anglaise qui est effectivement liee a Alice au Pays des Merveilles, mais qui signifie en fait: Used especially in the phrase going down the rabbit hole or falling down the rabbit hole, a rabbit hole is a metaphor for something that transports someone into a wonderfully (or troublingly) surreal state or situation., ce que fait (pour moi) Andersen et au final de plus en plus de gens qui accorde foi a des delires relayes (generalement, mais pas seulement) sur internet.