The Nest (Il Nido) - Roberto de Feo (2019)

[Superwonderscope]

Nouveau film d'épouvante gothique made in Italy qui est arrivé en Blu ray et DVD depuis le 3/12 chez Cecchi Gori, après sa sortie au cinéma hélas ratée en plein mois d'aout (qui est généralement "le mois poubelle" en Italie puisque pratiquement personne ne va en salles l'après-midi...).

En compétition du PIFFF 2019 et diffusé le 14 décembre 2019 à 14H30.

La news avec le visuel et le film annonce:

http://www.devildead.com/indexnews.php3?NewsID=10981

[Superwonderscope]

Woooooo sans conteste mon gros coup de coeur 2019! (ne pas cliquer sur les spoilers pour vous préserver des références et les... ben, spoilers, quoi.

Ne sachant que le point de départ (qui est dans la news), j'ai regardé le Blu ray sans trop savoir à quoi m'attendre. Quelle claque!
Visuellement, c'est une splen-deur : énormément de jeu sur les clairs-obscurs (on pense beaucoup au baroque italien et flamand sur le travail des sources de lumières). des tons chauds, orangés, nimbés de lumière, avec des points d'éclairages à différents points des plans en intérieur. Immense travail photographique.
Un vrai film d'atmosphère - honnêtement, je ne sais pas comment le public de festival de film fantastique va pouvoir réagir à cela. C'est assez lent, mais la construction dramatique rend nécessaire cette progression à minima. le mystère qui plane autour de cette semi-prison, et la manière dont tout cela est conté, rend la résolution d'autant plus difficile à deviner. je me demandais vraiment où les auteurs voulaient en venir - même si quelques pistes se forment au fur et à mesure. Je me demandais vraiment si

Spoiler : :

le gamin n'était pas un quelconque messie ou sauveur, une sorte de culte

ou quelque chose qui fasse penser au

Spoiler : :

Village de Shyamalan, immanquablement

. Mais il n'en est rien. Cela balance entre épouvante, drame psychologique, un peu d'horreur (il y a une scène de torture très bizarre) et de

Spoiler : :

oui, Science-fiction et post nuke

mais le film ,navigue entre plusieurs influences, sans pour autant que cela ne le tire vers le bas.

Des scènes vraiment curieuses, entre maltraitante enfantine et mise sur piédestal de l'enfant - hors du temps, surtout après la première scène qui voit l'accident de voiture responsable de sa paralysie.

Tourné dans le Piémont, dans une bâtisse lugubre, la caméra ne cède pas au gothique à l'ancienne, mais réinvente le genre. Une caméra et un oeil tactiles, très minutieux dans ses déplacements et dans la gestion de l'espace, la présence des acteurs en son sein. Le film ne fait jamais peur à proprement parler, mais génère de l'inquiétude via le comportement étrange de ses protagonistes et l'innocence préservée du jeune garçon. Tout cela dans trois thèmes musicaux qui reviennent inlassablement (Beethoven, La Pie Voleuse et une réinterpàrétaion d'une chanson des Pixies au piano, magnifique). les thèmes musicaux désamorcent certains moments horrifiques, et d'autres provoquent une tristesse et une mélancolie infinie.

De Feo a réussit à créer un univers d'une cohérence visuelle rare, et avec un sens du suspense bien aiguisé, puisqu'on ne comprend qu'en toutes dernières images ce qui se passe réellement. Cela réussit à revitaliser un genre, avec une perspective bien nouvelle. On pourra lui reprocher (et à mon sens, ça va pleuvoir) un twist final qui cède aux sirènes trop occidentales (genre

Spoiler : :

Les Autres, Truman Show ou dans une moindre mesure, the Road

) mais ça ne m'a pas gêné. J'ai assisté à un tellement beau déroulé cinématographique que cela n'avait plus d'importance, après tout.
Extrêmement soigné et très, très bien joué. Doux mélange d'horreur mélancolique, de désespoir, de réflexion sur la nature humain. Malgré les influences évidentes, De Feo a réussi à transformer Il Nido en objet tout à fait original dans son rendu. D'une grande délicatesse.

Le renouveau du film de genre italien? En tous cas pour moi, le meilleur film de genre italien que j'aie vu depuis des lustres! A voir sur grand écran, ça doit être magnifique!



(mon conseil ; lisez-en le moins possible avant de le voir) (si vous êtes arrivés jusqu'à cette ligne sans avoir cliqué sur les bannières spoilers, bien joué!)

[dario carpenter]

Et une sortie ciné française en 2020 sur 200 copies et/ou un blu ray avec stf ou sta pour ceux qui seront pas au festival ?

[Superwonderscope]

Et une sortie ciné française en 2020 sur 200 copies et/ou un blu ray avec stf ou sta pour ceux qui seront pas au festival ?

le film ayant un échec cinéma en Italie, il serait très étrange de le voir sortir au cinéma en France (ou alors par un distributeur avec une bonne dose de courage et d'euros de la part du ministère de la culture...). Même cecchi Gori/Mustang qui sort le film en format dvd/blu ray ne pousse pas vraiment la publicité pour le film. Il y a une centaine de copies Blu ray sur leur site à commander avec un jeu de photos et le BD signé du réalisateur, mais à voir la publicité autour (même pas référencé sur blu ray .com, et peu présent sur amazon, la feltrinelli et autres sites de commandes), ça augure rien de bon. Peut être que le passage au PIFFF pourra faire espérer une sortie en format physique (ou sur une plate forme de streaming quelconque), mais j'en doute fort, ça n'est pas du tout le genre de film qui passe pour un public de festival - sauf si le jury, of course, se prend au jeu. Mais bon, je me trompe peut-être?
Mais en l'état, Assimil italien reste la meilleure option pour les non italianophiles.

[Manolito]

Il n y a pas de jury pour les longs métrages au PIFFF... C est un vote du public... Il y a d'autres prix comme celui de ciné+, mais à nouveau on ne peut pas parler de jury...

Par ailleurs je ne sais pas ce que tu appelles un film qui a du succès en festival ?

En tout cas, samedi à 14H30 est un très bon créneau (avec la présence du réalisateur en plus)...

[Superwonderscope]

Pas de jury? Je ne savais pas. Merci pour l’info. Je ne m’y suis rendu qu’une fois au tout début donc je connais pas trop le fonctionnement.
Pour mon expériences de festivals de films de genres, dès lors qu un film « d’atmosphère » est projeté, c’est toujours très très risqué. La lenteur et l’absence d’effets (épouvante pure ou horreur) peut générer l’effet inverse, moqueries, commentaires désobligeants... plus que pour d’autres films au caractère plus rentré-dedans (slasher, horreur, etc) . J’ai de sales souvenirs du Bifff, du Festival de Paris et de Gerardmer en ce sens.

[Manolito]

A la sortie des films en sélection, on vote en mettant un bulletin de 1 à 5...

Les deux derniers films à avoir gagné au PIFFF ne sont pas des films bourrins, qui pissent du sang partout, mais vraiment du fantastique plutôt subtil et "de qualité", qui ne vont pas forcément pas dans le sens de ce qu'on attend d'un film de festival fantastique (c'est pas Bad Taste et Evil Dead, quoi !). En particulier l'avant-dernier "Tigers are not afraid"/"Ils reviennent" qui n'avait vraiment pas le profil de ce genre de cinéma, encore moins qu'un "The Nest" pour ce que tu nous en dis...

Et dans les deux derniers cas, les réalisateurs avaient fait le voyage aussi et avaient bien défendu leur film face au public, avec passion, intelligence et modestie.

Donc tout espoir est permis !

J'essaierai d'en être en tout cas, même si c'est très compliqué pour les transports... On va voir...

[Manolito]

Passé au PIFFF hier donc, avec le plaisir de croiser des têtes connues tel bien sûr un Cyril toujours aussi surexcité et enthousiaste.

Bon, il a essayé de me vendre un mug du PIFFF voire un bluray du Chat qui Fume ... Mais je ne lui en veux pas, il faut bien joindre les deux bouts et renvoyer l'ascenseur dans ce milieu...

Pour info, il évaluait la perte de fréquentation par rapport à l'année dernière à 30 pour cent seulement, ce qui est quand même miraculeux au vu de la grève des transports bien dure à Paris. J'ai traversé les Halles pour venir, pour un weekend de Noël, c'était super calme par exemple. Donc c'est cool que le PIFFF s'en sorte bien.

J'ai aussi croisé un nouveau bénévole enthousiaste et souriant, l'ami savoy1, qui est donc passé de l'autre côté du miroir... Ca fait plaisir de vous croiser les gars, quelques minutes de discussion avec vous dans ce contexte, ça compense sans souci la négativité et autres discours "vieux con" "c'était mieux avant" qui sévit, je trouve, parfois sur ce forum...

L'âge n'est donc pas une excuse pour la résignation...

Les séances sont toujours présentés par notre tandem Fausto/Cyril. Fausto avec un look toujours au top de la hype, boots américaine Red Wings, pantalon toile épaisse rigide tendance japon, doublure de parka US savemment oversizée, portée seule pour parer aux petits courants d'air du Max Linder... Cyril en jean coupe confort et t shirt noir, c'est forcément un autre style...

Le film valait vraiment le coup, il a des qualités évidentes de cinéma, avec un soin porté à l'image assez incroyable, une photo, un emploi combiné du scope et des objectifs courtes focales qui donnent une image immense sur le grand écran du Max. C'est vraiment une mise en images d'un très haut niveau, digne des Argento et autres Bava de la grande époque. On devine que le budget a dû être tendu, mais juste la mise en images soignée permet à ce film de faire vraiment "grand film" sur un écran de cinéma.

L'interprétation est absolument excellente, le récit fantastique très bien goupillé, retombant très bien sur ses pieds à la fin, et avec un vrai propos, des vrais personnages. Bref, un beau film touchant, sur lequel il est difficile de trop parler sans spoiler toutefois, c'est un film qui repose beaucoup sur le mystère que le spectateur essaie de lever. Certes, c'est lent, peut-être au début, mais petit à petit, le spectateur est entraîné par ses personnages, son histoire tout à fait touchante.

Mais, il y a quand même quelques mais...

Spoiler : :

J'ai pour ma part un peu grincer des dents avec la fin... En terme d'écriture, elle est parfaite, tout retombe sur ses pieds. Mais cette menace trop vu et revu ces derniers temps rattache le film à une ambiance un peu petit film direct-to-vod, ce qui casse l'élan artistique déployé avec tant de maestria dans le reste du métrage. On ne parle que d'une poignée de plans, bien sûr, mais comme ce sont les derniers du film...

A noter que j'ai quand même pas mal à penser à une variante du "Village", ce qui n'est pas honteux pour moi, car j'aime bien ce film, influence que le réalisateur a d'ailleurs assumé lors de la séance de questions-réponses, citant aussi comme seconde influence "Les autres".

Mais bon, un bon et beau film, vraiment à voir et vraiment bonne qualité, impressionnant pour un réalisateur dont ce n'est que le second long métrage.

Le film a été acheté pour la France par Swift : c'est un petit distributeur, qui tente parfois quelques toutes petites sorties en salles, mais qui fait essentiellement de l'édition vidéo... C'est comme ça...

Pour les questions-réponses, il y avait le réalisateur Roberto de Feo , son scénariste Lucio Besana, l'actrice Francesca Cavallin (excellente dans le film ) et le contorsionniste Troy James

Spoiler : :

qui apparaît dans le dernier plan du film

Il apparaît dans quelques films fantastiques, notamment dans le dernier Hellboy où il jouait Baba Yaga dans une scène assez marquante. Dans un moment qui restera dans les annalles du PIFFF; il nous a fait une démonstration assez incroyable, nous gratifiant d'une Spiderwalk hallucinante, cavalant dans les allées du Max Linder et suscitant moult réactions amusés ou horrifiées du public !

Bref, une très bonne séance, une ambiance toujours placée sous le signe de la passion et des ondes positives, et un bon film, prometteur.

Merci le PIFFF, à l'année prochaine on espère.

[Superwonderscope]

le film a été acheté par Swift en france, ça ressemble donc à du DTV pour 2020;

Quand je disais plus haut que la fin allait faire tiquer

Mais, il y a quand même quelques mais...

Spoiler : :

J'ai pour ma part un peu grincer des dents avec la fin... En terme d'écriture, elle est parfaite, tout retombe sur ses pieds. Mais cette menace trop vu et revu ces derniers temps rattache le film à une ambiance un peu petit film direct-to-vod, ce qui casse l'élan artistique déployé avec tant de maestria dans le reste du métrage. On ne parle que d'une poignée de plans, bien sûr, mais comme ce sont les derniers du film...

A noter que j'ai quand même pas mal à penser à une variante du "Village", ce qui n'est pas honteux pour moi, car j'aime bien ce film, influence que le réalisateur a d'ailleurs assumé lors de la séance de questions-réponses, citant aussi comme seconde influence "Les autres".

[Allan Theo]

il nous a fait une démonstration assez incroyable, nous gratifiant d'une Spiderwalk hallucinante, cavalant dans les allées du Max Linder et suscitant moult réactions amusés ou horrifiées du public !

Ah oui c'était la surprise et j'ai vraiment halluciné au moment ou il a sauté

[peter wonkley]

il joue dans Climax aussi non ?

[Manolito]

Non, ce n'est pas lui dans Climax a priori...

Il joue aussi dans "Scary stories to tell in the dark" par exemple.

Une démo assez complète pour se rendre compte !

https://www.youtube.com/watch?v=njWL8woekB8