Nope - Jordan Peele (2022)

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Shinji
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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Shinji » mar. oct. 18, 2022 3:29 pm

ATTENTION SPOILERS

Je n'avais pas accroché à Get out, sans doute à cause de la hype autour d'un réalisateur afro-américain qui utilisait le film d'horreur comme médium pour parler de la condition black, et du coup il y avait un côté "tout ça pour ça ?" au sujet du film en tant que tel.

A l'inverse, j'étais allé à reculons vis-à-vis de Us car je m'attendais à peu près au même constat ; et j'avais bien fait de tenter, car au-delà de l'aspect politico-social encore présent, l'onirisme sombre de l'ensemble surtout avait fini par m'emporter : c'était plus ambitieux, plus fou.

Pour Nope, je ne voulais donc pas trop en savoir même si le côté énigmatique à son annonce me laissait espérer que l'on penchait davantage vers le style du second film que vers le premier. Et en effet, même si Peele semble s'être calmé au premier abord, il met en place différents éléments pour amener à... un blockbuster réflexif !

Ici on a reproché - du moins ceux que le film n'a pas convaincus - la lenteur de mise en place de l'intrigue ainsi que les personnages, à commencer par OJ semblant déconnecté et donc par là-même empêchant l'identification dans le meilleur des cas, voire exprimant l'antipathie.

Mais pour moi ce n'était pas dû à un mauvais jeu d'acteur, plutôt une nécessité scénaristique quand on voit ce qui va se dérouler par la suite. Il m'a en effet rapidement paru autiste comme s'il était atteint du syndrome d'Asperger, ce qui explique qu'il a du mal à communiquer et détourne le regard des autres. Et c'est justement cette différence qui va lui permettre d'appréhender le phénomène surnaturel, lui qui est plus proche des animaux et de la nature que des humains.

Il y a aussi le fait qu'un traumatisme est vécu différemment d'une personne à l'autre. C'est pour lui la mort qui frappe le père en tombant du ciel telle une punition divine, là où Jupe pense être l'élu car il a été épargné enfant pour reproduire cela avec à nouveau des sacrifices pour survivre. Une autre lecture pourrait être que le métier de l'un est devenu obsolète et est voué à disparaître, là où l'autre est nostalgique après sa carrière éclair lorsqu'il était enfant star.

Quant à la sœur extravertie d'OJ qui est à l'opposé de lui, je pense que c'est pour que par elle d'autres personnages soient attirés dans leur quête (et apporter un peu de vie à tout ça en passant).

Et là on aborde le rapport à l'image qui imprègne tout le film. Toutes les formes sont présentes et/ou utilisées (dans le désordre), que ce soit la photographie, le cinéma, la série télévisée, les caméras de surveillance ou encore les réseaux sociaux (voire l'animation si l'on prend en compte les références aux productions japonaises). Ce sont des outils au service de la fiction, qui raconte des choses, mais qui peuvent aussi être outils de manipulation.

Ainsi tout porte à croire que nous nous trouvons dans une histoire de soucoupe volante pour digresser en milieu de récit vers une chasse au monstre : on passe de Rencontre du troisième Type aux Dents de la Mer. Et ce qui compte avant tout pour les protagonistes, représentatifs de leur époque, ce n'est pas de révéler au monde quelque chose d'extraordinaire mais comment faire fructifier cette découverte, avec l'appât du gain comme seule motivation.

L'œil dans le ciel n'est pas/plus une divinité, et il aspire ceux qui le fixent.

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Cosmodog » lun. avr. 10, 2023 12:14 am

Et une bonne troisième merde prétentieuse pour Jordan Peele !

Je déteste les 2 premiers , ULTRA surestimés, qui au final ne dénoncent rien et sont juste des baudruches boursouflées crétines, mais faut croire que l’intelligencia de la critique a besoin de pseudo pensums à encenser pour se sentir exister tout en se gargarisant de bien pensance woke.

Cela dit, Nope est peut être le moins pire des 3. Formellement c’est beau, rien à dire… mais c’est long, chiant, et surtout écrit avec les pieds (comme Get Out et Us). Sous prétexte de diffuser un discours réflexif, on oublie ses personnages, qui du coup ne font rien de sensé, voire rien tout court, à tel point qu’on a parfois envie de les baffer pour qu’ils réagissent intelligemment. Alors OK, bon point pour l’originalité de « l’OVNI », mais pourquoi donc le seul enjeu est il de le filmer/photographier ???!! Ça n’a aucun sens ! A mais si, suis je bête, c’est une métaphore du cinéma et de la place du spectateur et de son rapport aux images ! Ah OK !! Affligeant de lire les critiques (allez faire un tour sur Allociné) qui répètent en boucle ce discours pré-maché certainement entendu en conférence de presse, sans jamais l’étayer. Ça doit pourtant être vrai vu que Jordan Peele a même convoqué Ruben Ostlund dedans ! (Si si, pour la scène du chimpanzé - qu’est ce qu’elle fout là cette scène ? Son rapport avec la choucroute ?… ah ça … cherchez pas c’est pasque c’est un film intelligent méta). Et tant pis donc si ça rend le déroulement laborieux, sans enjeu, sans tension, et que les personnages servent la vacuité du discours au détriment d’une cohérence dramatique (on parle de Jeff Wincott ?).

Encore un film qui brasse du vent et qui gaspille les talents associés, juste pour servir la soupe conceptuelle du scénario. Le problème c’est que Jordan Peele continue à enfoncer des portes ouvertes. On ne peut pas lui en vouloir, tant qu’il a les faveurs de la critique, qui transforme le plomb en or, tant la Marvelisation des blockbusters atteint des niveaux d’encéphalogrammes proches du zéro.
En l’état, ça reste du plomb bien lourd.

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Manolito » lun. avr. 10, 2023 11:32 am

Ils veulent filmer le phénomène pour vendre l'image filmée et devenir riche (et sauver le ranch). Le personnage joué par Michael :wink: Wincott est un personnage à la capitaine Achab dans "Moby Dick", très classique, je ne vois pas trop ce qu'il y a de choquant.

Je ne défendrai pas outre-mesure "Nope" qui a des défauts, mais ne lui en inventons pas en plus... :D

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Roderick Usher » lun. avr. 10, 2023 12:27 pm

J'ose pas dire que c'est pour moi le meilleur film 2022, j'ai peur de me prendre un coup de fusil, en sale mouton-bobo-parisiano-élitiste que je suis. :D

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Manolito » lun. avr. 10, 2023 12:43 pm

C'est le souci de l'avis de Cosmodog.

Pas parce qu'il n'a pas aimé le film, ou qu'il soulève des points réellement contestables dans le métrage (comme les - nombreuses - décisions idiotes prises par certains personnages - même si ils sont souvent motivés à faire des erreurs par appât du gain, ce qui est un point important du métrage au fond ; je pense à l'organisation du spectacle en public avec le phénomène en particulier).

Mais parce que 50 pour cent de ce que tu as écrit, Cosmodog, est une attaque contre ceux qui ont aimé le film ou défendent le métrage, une façon de clore la discussion et de débiner des arguments sans vraiment en discuter. Et avec des arguments effectivement... "café du commerce", désolé à ce moment, je ne trouve pas mieux... Cela m'a fait de la peine de lire ça, c'est vrai. :(

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Cosmodog » lun. avr. 10, 2023 6:25 pm

Alors non je ne critique pas ceux qui ont aimé le film. En discuter les arguments en sa faveur, bien sûr, mais ce que je dis c’est que la majorité des critiques reprennent l’idée de fond mais sans l’étayer justement. Au contraire je serais très curieux d’entendre de VRAIS arguments. Roderick lâche toi steup !

Starship Troopers, They live, voilà de vrais films qui développent une histoire, avec des persos et des enjeux cohérents. Il y a un plus un Sous-texte politique ? Tant mieux c’est encore meilleur !

Jordan Peele fait l’inverse, il part d’un postulat dénonciateur, pensant réinventer l’eau chaude (quoi, les noirs ont étés exploités par les blancs ? Nan, sans déconner ??? :roll: ) et se sert de ses persos ou « intrigues » pour servir ce postulat, aboutissant à des inepties scénaristiques. Get Out par exemple et ses WASP racistes qui au final s’approprient le corps de leur proies noires. Oui dans l’idée conceptuelle, débile du point de vue des persos (dis Hitler tu aimerais être réincarné dans un corps de noir ou de juif ?), et franchement pas novateur dans ce que ça dénonce.

Us même constat, et là idem. Déjà c’est très flou au niveau des intentions. La preuve chacun y voit plus ou moins des critiques différentes. Donc ça prouve déjà que c’est mal branlé et que le discours est très vague. They live c’est clair. Et puis c’est quoi le fond du discours ? Les blockbusters c’est abrutissant ? Ouah dis donc quel rebelle ce Jordan Peele !

T’enlève le côté « auteurisant », tu recentres le film au premier degré sur des personnages consistants, pas des stéréotypes censés illustrer le propos de fond (encore faudrait il qu’il soit limpide), et t’as un bien meilleur film à l’arrivée. Exemple: ne pas regarder l’Alien pour ne pas être bouffé. Pourquoi donc ? Pasque sa gueule c’est un objectif vintage de caméra (subjectivement). Et que si tu le regarde, tu rentres dans le film, le néant, la fiction te bouffe en tant que spectateur. Allégorie (foireuse selon moi) qui ne fonctionne que sous forme d’allégorie, à aucun moment ça n’explique le comportement du personnage dans le film, qui logiquement n’évolue pas lui dans un univers méta.

Donc oui talent gaché, clairement pour moi. Je veux bien discuter du fond, pas de souci. Mais j’ai pas encore eu d’argument convaincant en faveur du film ! Je les attends de pied ferme, on verra si on dépasse le niveau du café du commerce…
:wink:

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Roderick Usher » lun. avr. 10, 2023 8:28 pm

Si ça ne t'embête pas, j'aimerai d'abord faire la critique de ta critique
Tu ne t'en rends surement pas compte, mais ton texte est caricatural. Il faut dépasser l'idée de la critique qui se sentirait obligée d'encenser ou d'enfoncer un film juste pour la pose et ne pas construire une grande partie de ton argumentaire en fonction de ça. Et je te dis ça, je ne suis pas critique, et je ne les lis qu'après avoir vu le film!
Pareil pour "auteurisant", qui est ici utilisé de manière péjorative, comme si imprimer sa personnalité et ses thèmes relevaient de la faute de goût.....C'est un terme qui revient pourtant positivement dans le forum, pour désigner et défendre des gens comme John McTiernan, David Cronenberg ou John Carpenter, (des cinéastes qui n'ont plus besoin d'être défendus depuis facilement 40 ans, mais c'est un autre débat.). Bref, Jordan Peele fait des films personnels, ses thématiques reviennent de films en films, pareil pour David Lynch, Arnaud Despleschin ou Bela Tarr.
C'est le genre de critique qui n'incite pas au débat. Mais on est entre gentlemen après tout, non? :D

Maintenant, Nope.
Alors le film est moins frais dans mon esprit, je ne l'ai pas revu depuis sa sortie, mais j'ai vraiment été conquis. Peele réussit à mélanger deux genres qui ont souvent prouvé leur incompatibilité, le western et la SF, genres qui ont façonné le grand spectacle hollywoodien. Et il ne parle que de ça, de l'image qui en donnera le top départ, jusqu’à son exploitation décérébrée à laquelle nous assistons actuellement. On se moque des deux héros, mais finalement, ils sont cohérents dans ce qu'ils font: un mauvais choix, celui de tenter d'exploiter l'image de la créature et, au-delà de ça, la mort de leur père. Pourtant une partie du motif me semble noble, sauver l'héritage de leur père par l'image cinématographique qu'il a contribué à façonner.
C'est ce qui les oppose à ce promoteur de spectacle qui fait venir du public dans le désert pour faire admirer la créature. C'est un personnage tragique, qui a vécu un drame sur un tournage, (la fameuse, et incroyable de tension, scène du singe) et qui va reproduire exactement la même erreur, dans un mélange de traumatisme (il est clairement encore secoué) et de mercantilisme. Alors oui, je suis d'accord sur un petit problème de rythme au milieu, mais entre la qualité de la mise en scène, la facture technique et les thématiques abordées, je suis ressorti de la salle KO.

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Cosmodog » lun. avr. 10, 2023 9:31 pm

Alors, je ne dis pas que la critique se sent obligée d’encenser un film, celui-ci en l’occurrence, pour la pose. Je déplore le fait que de manière générale elle reprend une terminologie pour illustrer Nope que je sens reprise toute prête du dossier de presse, que tu retrouve à l’identique quasiment partout. Je te la donne recopiée telle quelle du site Télérama : « Jordan Peele offre là une grande métaphore sur la société du spectacle et sur la fascination pour les images, dans ce qu’elle a de plus dangereux (un vide abstrait, qui gobe et digère tout ce qui passe à sa portée)«.
La phrase est jolie, mais encore faudrait il la raccrocher au film. Ce que je ne lis jamais.

Pour ce qui est du terme « auteurisant », oui il est pour moi toujours péjoratif. Lynch, Carpenter, Cronenberg etc qui tu cites sont bien pour moi des auteurs, mais leurs œuvres ne sont pas « auteurisantes ». En clair pour moi « qui se veulent intelligentes et au dessus de la mêlée, mais brassent du vent ou adoptent un ton prétentieux insupportable ». Certains y relégueront des types comme Winding Refn ou Aronofsky (que j’aime bien moi). Personnellement j’y mets Haneke ou Lana Wachowski pour son catastrophique Matrix 4.

Pourquoi considérer que je ne suis pas ouvert au débat par principe ?? Bien au contraire… je peux bien admettre que je suis souvent assez incisif dans mes commentaires mais je ne crois pas fermer la porte du dialogue, ou alors c’est vraiment involontaire.

Pour revenir au film, je le redis, je trouve le postulat évoqué simpliste et creux. En quoi la fascination pour les images est dangereuse ? Que dit réellement le film du monde du spectacle ? Je ne vois pas en quoi nous assistons aujourd’hui à une exploitation décérébrée de l’image. Je veux bien qu’elle serve à illustrer des films décérébrés, mais on est plus sur une question d’écriture que d’image. De plus dans le film, il s’agit d’images documentaires, en aucun cas de cinéma. Donc déjà le liant ne se fait pas. Leur père était le premier personnage filmé, ses descendants veulent « sauver son héritage par l’image du monstre » dis tu. Voilà, nous sommes exactement dans la métaphore du concept. Ça ne marche pas dans le monde réel. La scène du singe, forte oui je suis d’accord. Mais encore une fois rattachée au forceps pour servir le concept du film. Tu pourrais tout aussi bien la rattacher à Jaws ou ET comme flashback du passé d’un personnage, ce serait tout aussi HS. A quoi sert elle ? Que dit elle ? J’aimerais que tu me dises ce qu’il y a à comprendre du monde du spectacle et de l’image dans Nope ?

C’est ça qui m’énerve, en sus il y a un très bon film de SF, car oui la mise en images est sublime. Mais le côté « auteurisant » ( :wink: ) de Peele rend le truc mega lourdingue… pour rien, pas de message intéressant à en retirer. Ou alors, encore, faut me dire lequel.

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Roderick Usher » lun. avr. 10, 2023 11:12 pm

Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 9:31 pm
Alors, je ne dis pas que la critique se sent obligée d’encenser un film, celui-ci en l’occurrence, pour la pose. Je déplore le fait que de manière générale elle reprend une terminologie pour illustrer Nope que je sens reprise toute prête du dossier de presse, que tu retrouve à l’identique quasiment partout. Je te la donne recopiée telle quelle du site Télérama : « Jordan Peele offre là une grande métaphore sur la société du spectacle et sur la fascination pour les images, dans ce qu’elle a de plus dangereux (un vide abstrait, qui gobe et digère tout ce qui passe à sa portée)«.
La phrase est jolie, mais encore faudrait il la raccrocher au film. Ce que je ne lis jamais.
Le film parle littéralement d'une créature extra-terrestre qui absorbe ses victimes et d'un groupe de gens qui, au lieu de vouloir l'arrêter, cherchent à l'exploiter par l'image ou le spectacle vivant. Je pense qu'on peut appeler ça "une grande métaphore sur la société du spectacle et sur la fascination pour les images, dans ce qu’elle a de plus dangereux (un vide abstrait, qui gobe et digère tout ce qui passe à sa portée)", sans avoir à se mouiller ni même à lire le dossier de presse.
Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 9:31 pm
Pour ce qui est du terme « auteurisant », oui il est pour moi toujours péjoratif. Lynch, Carpenter, Cronenberg etc qui tu cites sont bien pour moi des auteurs, mais leurs œuvres ne sont pas « auteurisantes ». En clair pour moi « qui se veulent intelligentes et au dessus de la mêlée, mais brassent du vent ou adoptent un ton prétentieux insupportable ». Certains y relégueront des types comme Winding Refn ou Aronofsky (que j’aime bien moi). Personnellement j’y mets Haneke ou Lana Wachowski pour son catastrophique Matrix 4.
A partir du moment où tu as des thématiques personnelles que tu répètes d'un film à l'autre, et/ou un style qui t'es propre et par lequel tu t'identifie, alors tu es "auteurisant". A titre perso, c'est quelque chose que j'apprécie, que ça fonctionne ou non, ça veut dire qu'il 'y a un peu de personnalité derrière le film.


Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 9:31 pm
Pour revenir au film, je le redis, je trouve le postulat évoqué simpliste et creux. En quoi la fascination pour les images est dangereuse ? Que dit réellement le film du monde du spectacle ? Je ne vois pas en quoi nous assistons aujourd’hui à une exploitation décérébrée de l’image. Je veux bien qu’elle serve à illustrer des films décérébrés, mais on est plus sur une question d’écriture que d’image. De plus dans le film, il s’agit d’images documentaires, en aucun cas de cinéma. Donc déjà le liant ne se fait pas. Leur père était le premier personnage filmé, ses descendants veulent « sauver son héritage par l’image du monstre » dis tu. Voilà, nous sommes exactement dans la métaphore du concept. Ça ne marche pas dans le monde réel. La scène du singe, forte oui je suis d’accord. Mais encore une fois rattachée au forceps pour servir le concept du film. Tu pourrais tout aussi bien la rattacher à Jaws ou ET comme flashback du passé d’un personnage, ce serait tout aussi HS. A quoi sert elle ? Que dit elle ? J’aimerais que tu me dises ce qu’il y a à comprendre du monde du spectacle et de l’image dans Nope ?
C'est ce que j'ai vu dans le film, le danger pour les personnages provient de leur volonté d'exploiter des images, au risque d'y laisser leur vie. Pour le flashback du singe, il sert à expliquer la motivation du personnage joué par Steven Yeun. C'est son trauma qui le poussera à tenir cette représentation en plein désert, comme une répétition de ce qu'il a vécu.
Il y a une critique de la volonté de faire un spectacle de tout évènement extraordinaire, gagner de l'argent aces images, c'est quand même la motivation première de ces personnages.

Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 9:31 pm
De plus dans le film, il s’agit d’images documentaires, en aucun cas de cinéma. Donc déjà le liant ne se fait pas.
Pour commencer, le documentaire, c'est du cinéma. Mais ici, il s'agit surtout de renvoyer l'image de la créature à celle de l'aïeul sur son cheval.
L'aboutissement du cinéma en somme, l'extraordinaire débute par une image en mouvement, un homme sur un cheval. Avec la créature, ce n'est plus l'image en mouvement, mais le sujet qui devient extraordinaire. Et comme c'est le sujet qui absorbe le spectateur dans un grand vide, on en revient au premier paragraphe. Il fort ce Jordan Peele!

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Cosmodog » lun. avr. 10, 2023 11:48 pm

« A partir du moment où tu as des thématiques personnelles que tu répètes d'un film à l'autre, et/ou un style qui t'es propre et par lequel tu t'identifie, alors tu es "auteurisant". A titre perso, c'est quelque chose que j'apprécie, que ça fonctionne ou non, ça veut dire qu'il 'y a un peu de personnalité derrière le film.« 
Là on est d’accord, c’est juste une question de sémantique.


Alors ok pour la volonté des persos de vouloir filmer l’alien au lieu de l’arrêter. C’est un prolongement du réflexe pervers de sortir son portable pour filmer une catastrophe ou un accident. Mais ça ça revient à illustrer plutôt les dérives des réseaux sociaux et du buzz. Je ne vois pas trop le lien avec le monde du spectacle et du cinéma, sauf à m’expliquer que Tik tok ou YouTube en font partie.

Le trauma du singe, non, désolé je ne vois absolument pas en quoi ça explique la motivation du personnage à venir faire un show dans le désert pour apercevoir l’alien. N’importe quel quidam avec des envies mercantiles pourrait être à sa place. Je ne comprends pas du tout cette scène avec le singe qui pète un boulon, ce qu’elle vient faire dans ce film.

Et quel rapport avec l’aïeul sur le cheval et le fait de filmer l’alien ? Du point de vue des personnages du film je veux dire. Qu’à fait d’extraordinaire l’aïeul exactement ? Rien. Il a fait du cheval. C’est pas lui qui filmait, c’est pas lui qui a inventé le système des photographies successives pour recréer le mouvement. A ce niveau là ça pourrait tout aussi bien être les enfants du gars qui a fabriqué la selle du cheval. Ça n’aurait pas plus de sens.

Trop d’incohérences littérales. Pourquoi mettre des bonhommes gonflables partout ? Comment savoir que l’alien ne va pas l’attaquer s’il regarde ailleurs ??? Et d’ailleurs pourquoi donc ?? A part encore une fois servir le concept, uniquement. Quand un tigre chasse, que l’antilope le regarde ou pas, elle y passe.

Et pour finir sur ta phrase de conclusion, en quoi un sujet extraordinaire absorbe le spectateur dans un grand vide ????

Je comprends pas. Sincèrement hein, c’est pas pour faire du mauvais esprit. Je trouve ça vide. Vide, mais assez nébuleux pour qu’on puisse croire y voir du sens. (Juste pour le fun allez voir la vidéo de Durendal - oui je sais Durendal gnagna - qui condense toutes les théories /interprétations sur Nope, histoire de bien se rendre compte que c’est avant tout loin d’être clair)

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Roderick Usher » lun. avr. 17, 2023 8:09 pm

Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 11:48 pm
Alors ok pour la volonté des persos de vouloir filmer l’alien au lieu de l’arrêter. C’est un prolongement du réflexe pervers de sortir son portable pour filmer une catastrophe ou un accident. Mais ça ça revient à illustrer plutôt les dérives des réseaux sociaux et du buzz. Je ne vois pas trop le lien avec le monde du spectacle et du cinéma, sauf à m’expliquer que Tik tok ou YouTube en font partie.
C'est le réflexe primaire qui a donné naissance au cinéma. L'arrivée d'un train, la sortie de l'usine Lumière...ce n'est pas ce qu'on appelle aujourd'hui du grand cinéma, mais c'est fondateur.
Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 11:48 pm
Le trauma du singe, non, désolé je ne vois absolument pas en quoi ça explique la motivation du personnage à venir faire un show dans le désert pour apercevoir l’alien. N’importe quel quidam avec des envies mercantiles pourrait être à sa place. Je ne comprends pas du tout cette scène avec le singe qui pète un boulon, ce qu’elle vient faire dans ce film.

La plupart des trauma sont reproduits, consciemment, ou inconsciemment, par leurs victimes. ça donne Psychose, mais aussi plein de films moins nobles qu'on aime bien ici :D . Ici, le personnage reproduit ce qui l'a amené à voir plus jeune un massacre, basé sur une créature sauvage qui n'a rien à faire dans un spectacle.
Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 11:48 pm
Et quel rapport avec l’aïeul sur le cheval et le fait de filmer l’alien ? Du point de vue des personnages du film je veux dire. Qu’à fait d’extraordinaire l’aïeul exactement ? Rien. Il a fait du cheval. C’est pas lui qui filmait, c’est pas lui qui a inventé le système des photographies successives pour recréer le mouvement. A ce niveau là ça pourrait tout aussi bien être les enfants du gars qui a fabriqué la selle du cheval. Ça n’aurait pas plus de sens.

Plus que sur l'image, l'aïeul est l'image, et par là même, il est le mythe fondateur du cinéma américain.
Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 11:48 pm
Trop d’incohérences littérales. Pourquoi mettre des bonhommes gonflables partout ? Comment savoir que l’alien ne va pas l’attaquer s’il regarde ailleurs ??? Et d’ailleurs pourquoi donc ?? A part encore une fois servir le concept, uniquement. Quand un tigre chasse, que l’antilope le regarde ou pas, elle y passe.

C'est exactement ça, c'est le concept du film! :D
Evidemment, Jordan Peele n'a pas envie de faire un film basé uniquement sur un monstre sauvage avec des motivations cohérentes

Cosmodog a écrit :
lun. avr. 10, 2023 11:48 pm
Et pour finir sur ta phrase de conclusion, en quoi un sujet extraordinaire absorbe le spectateur dans un grand vide ????

Je comprends pas. Sincèrement hein, c’est pas pour faire du mauvais esprit. Je trouve ça vide. Vide, mais assez nébuleux pour qu’on puisse croire y voir du sens. (Juste pour le fun allez voir la vidéo de Durendal - oui je sais Durendal gnagna - qui condense toutes les théories /interprétations sur Nope, histoire de bien se rendre compte que c’est avant tout loin d’être clair)
Nébuleux peut-être, vide, je ne suis pas d'accord. Le film questionne le rapport à l'image et au divertissement, se prête à de multiples interprétations et aligne des métaphores que je trouve particulièrement bien choisies, il prend même le risque de baser une grande partie de sa narration dessus.

. En ces temps où tous les films américains se sécurisent par des procédés type voix off pour ne surtout pas perdre le spectateur, je trouve que ça fait du bien. Durendal, je n'ai rien contre lui, mais j'ai vu sa vidéo où il pleure tellement il a aimé Lucy de Besson, ça m'a suffit pour comprendre que je ne suis pas son coeur de cible. Et à l'inverse, Les Cahiers du cinéma ont adoré.Ça peut ressembler à du snobisme, mais j'assume! Je préfère la critique écrite à celle jouée (et surjouée) qui existe sur Youtube.

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Re: Nope - Jordan Peele (2022)

Message par Cosmodog » mar. avr. 18, 2023 9:01 am

Disons que tout ça c’est d’abord une question de ressenti. J’entends tes arguments, mais je ne vois pas ce que cela construit comme discours pertinent. Et surtout ça ne me touche pas. L’aïeul mythe fondateur du cinéma ? C’est quand même avant tout le cheval, indéniablement. Je pense d’ailleurs que si le cavalier n’avait pas été noir, Peele n’aurait jamais utilisé cette image. Ça, j’en suis sûr. C’est son réflexe identitaire ultra lourd qui le motive. C’est comme ça que je ressent son cinéma. Comme Spike Lee. Ces mecs ont des messages à faire passer, le problème c’est qu’il le font avec l’élégance d’un Diplodocus dans un magasin de porcelaine.

Comme pour la scène du singe. Au delà du trauma, c’est d’abord je pense une métaphore de la place des noirs dans le cinema américain. Jusqu’à leur émancipation quoi. Et encore une fois Peele n’y va pas avec le dos de la main morte !
:D

Indéniablement le film a une excellente maîtrise formelle. Ça, je l’ai déjà dit, c’est sa force. Mais tu le reconnais toi même, au service d’abord du concept. Et ça c’est un truc avec lequel j’ai du mal de manière générale. Pour moi ça doit arriver en sous-texte. Quand ça prend le pas sur la narration, ça me sort du film.

Et surtout, quelle finalité a tout cela ? Car tu ne reviens pas sur le côté « déstructeur/orgiaque » de l’alien. Si ça parle de cinéma, quel est le message global ? Je repose ma précédente question: pourquoi donc une image/sujet extraordinaire t’absorbe dans un grand vide ?

PS: petit HS Durendal: je n’ai absolument rien contre Les Cahiers et consorts, bien au contraire. Je ne suis évidement pas non plus le cœur de cible de Durendal. Mais justement quand je n’aime pas un film, j’aime chercher les avis de ceux qui ont aimé, car cela peut donner du sens à des éléments/messages qui m’auraient échappés.

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