Limbo - Soi Cheang - 2021

[Manolito]

Un jeune policier se trouve associé à un détective désabusé et aux méthodes limites, pour enquêter sur une série de meurtres de jeunes femmes marginales, ayant toutes eu la main gauche sectionnée...

"Limbo" a reçu un accueil critique unanime, et il faut dire qu'il s'agit d'une réussite assez extraordinaire; En partant d'un point de départ un brin cliché, Soi Cheang décrit un portrait hallucinant d'une Hong Kong saturée de saletés, de tas d'ordures, de sacs poubelles, peuplés de SDFs détraqués et de fumeurs de cracks, au gré d'une photo en noir et blanc incroyable, bourrée de détails et d'atmosphère, d'un format scope extraordinaire et mobile, créant une mégalopole cauchemardesque et grandiose, variante clochardisée du Los Angeles de "Blade Runner". Le ton est juste, l'ambiance est noire, très noire, les poursuites dans les labyrinthes de ruelles crasseuses sont intenses, les confrontations sont brutales et mémorables (en particulier celle entre l'indicatrice et la bande de voyous !). Très, très bon film, revisitation singulière du Film Noir horrifique de tueurs en série, remarquablement interprété aussi, sans concession. Meilleur film sorti en salles en 2023 pour moi avec "Mad God" à mi-année !

Quelle chance qu'il sorte au cinéma en France ces jours-ci !

Vu à l'Arlequin

[Drac]

J'espère qu'il finira par passer dans le complexe de ma ville, c'est pas gagné.

[Cosmodog]

Je confirme les dires de Manolito, excellent polar noir suintant, a la photo noir et blanc sidérante. Dépêchez vous, j’étais seul dans une salle de 400 places !

[Manolito]

La popularité du polar asiatique se maintient en France. "Limbo" a fait 23509 entrées sur sa première semaine. Ce qui n'est pas beaucoup dans l'absolu... sauf que c'est sur 26 copies seulement, ce qui fait une très honorable moyenne de 904 entrées par copie (pour comparaison, "Mission Impossible" 7 a une moyenne de 1100 environ, avec des moyens de publicité absolument pas comparables).

[Superwonderscope]

alléché par les critiques et commentaires, j'y suis allé curieux.

SPOILERS ci-dessous.

je rejoins Manolito pour la partie visuelle et ambiance. Blade Runner it is. Poisseux, glauque, sale, pourri, fascinant, grandiose. Une vision détraquée de HK, loin des visions policées et technologiques de pointe.
Les combats sont tendus, ingénieux, il y a un sens visuel en pointe. le combat de Wong To dans la voiture agressée par le gang est un modèle de tension qui ne lache pas.Idem pour le final à coups de pelle (même si le marteau géant est un peu too much). C'est scotchant.

Pourtant, à la moitié, le film a déraillé pour moi. Dès la révélation du tueur, le film m'a laissé un gout un peu sale en bouche. C'est éminemment politique comme choix: encore un immigré, japonais de surcroît , qui responsable des pires horreurs. J'imagine à peine le même sujet transporté ici avec un tueur/violeur en série syrien ou afghan découpant et violant des femmes locales.
Et ce calvaire de l'héroïne. On sent le malin plaisir que l'auteur à lui faire subir les pires atrocités, baffes dans la gueule, dégradations physiques et psychologiques et bien sûr un viol très graphique, totalement inutile. la gerbe. Ca me met toujours mal à l'aise quand je vois cette complaisance.On se serait cru dans un film d'exploitation italien de fin 70's. D'ailleurs, toutes les femmes sont soit des prostituées, voleuses, héroïnomanes ou pendant du linge.
Raciste, misogyne, racoleur, mélodramatique, ultra-vilent, gratuit : pas de doute, on est chez Lenzi 50 ans après (je plaisante, mais pas tant que ça).

Maintenant, en mettant de cote ces éléments qui m'ont sorti du film, nul doute que le visuel noir et blanc (habile car il masque les VFX qui ont tendance à se voir) et le sens de l'impact visuel de l'auteur sont très très largement au dessus de la mêlée.

[dario carpenter]

Et ce calvaire de l'héroïne. On sent le malin plaisir que l'auteur à lui faire subir les pires atrocités, baffes dans la gueule, dégradations physiques et psychologiques et bien sûr un viol très graphique, totalement inutile. la gerbe. Ca me met toujours mal à l'aise quand je vois cette complaisance.On se serait cru dans un film d'exploitation italien de fin 70's. D'ailleurs, toutes les femmes sont soit des prostituées, voleuses, héroïnomanes ou pendant du linge.

ça m'a gêné également, notamment cette scène de viol. Un film au visuel assez léché, quelque part entre "Blade runner" et "Resurrection" avec Christophe(r) Lambert! Le noir et blanc fait beaucoup pour l'atmosphère, mais pour le fond, le contenu, c'est complètement banal hélas. Trop de clichés avec le flic coriace traumatisé, la paumée qui sert de punching ball humain pendant presque deux heures (les féministes apprécieront!), l'imagerie christique appuyée (vierge Marie, culpabilité, rédemption, pardon final) un tueur pathétique sans intérêt, des envolées mélodramatiques risibles à coups de ralentis et de simili Lisa Gerard, un combat final qu'on croirait sorti du "Cyborg" avec Jean Claude Van Damme ou du "Héros" avec Chuck Norris. Enfin bref, en dehors des cadrages et de l'atmosphère léchés ça reste un petit thriller de série, au mieux divertissant mais complaisant, à la noirceur forcée et au final assez creux.

[Drac]

Enfin vu, une séance par jour dans mon ciné, mais on va pas se plaindre. J'ai beaucoup aimé, les personnages sont tous plus ou moins abîmés par la vie, l'ambiance est ultra poisseuse, par contre je ne suis jamais allé à Hong Kong et je suppose que le quartier que l'on voit est l'un des pires, une espèce de bidonville avec plein d'ordures et de trucs entassés qui ne servent à rien, même le commissariat est surchargé. J'ai tiqué aussi sur l'identité du tueur et sur les femmes qui sont toutes paumées, mais ça ne gâche pas vraiment le film.

[gnome]

Belle histoire de rédemption et de pardon, Limbo pèche par son scénario qui manque cruellement d'enjeux, du moins dans sa seconde partie. L'identité du tueur étant dévoilée sans surprise, le principal enjeu restant est le sort de Wong To or celui-ci se retrouve totalement dénué de suspense puisque éventé dès le début du film. Restent une première partie tendue et un final dantesque qui rattrape à lui seul le creux du troisième tiers, une photographie à tomber par terre, une mise en scène exceptionnelle (Soi Cheang sait clairement comment filmer sans que ça sente l'esbroufe ou le tape à l'oeil gratuit), et une interprétation au diapason. Dommage donc que le scénario n'atteigne pas les mêmes cimes.

[Atomu]

L'enjeu, c'est la rédemption du personnage féminin. Elle passe tout le film à demander pardon. Les 2 flics ne sont pas les rôles les plus importants. On est dans le buddy-movie classique mâtiné de traumatisme et de désir de vengeance.
J'ai un peu tiqué sur la scène du viol (utile mais trop longue) et sur la nationalité japonaise (encore que c'est un choix qui n'est pas expliqué) mais au final, la maitrise visuelle et la mise en scène m'ont laissé pantois et admiratif. Oui, Limbo est un très grand film mais pas pour le plus grand nombre, c'est très clair.

[MadXav]

Soufflé comme tout le monde par l'aspect visuel. J'étais surpris d'apprendre que le noir & blanc n'était pas un choix d'origine, mais un choix post-production. Surprise également de voir que malgré la recherche visuel, et la densité de l'image, tout reste parfaitement lisible et contrasté. Impressionnant. Encore plus qu'un Fury Road Black & Chrome.
Après j'ai beaucoup aimé l'intrigue et cette quête de rédemption extrême. Egalement cette conclusion même si on la voit venir avec une poignée de minutes d'avance, ce qui en tue l'effet.
Contrairement à beaucoup, je n'ai pas été dérangé par la séquence de viol. Je pense justement que le noir et blanc m'a permis de mettre de la distance avec la "réalité" de cette séquence. En revanche j'avoue avoir été déçu d'une part par la "révélation" du tueur, qui ne dégage absolument rien et s'avère même insignifiant. Et sa nationalité, encore une fois. C'en est lassant. J'ai l'impression que tout ce que je regarde en ce moment, que ce soit chinois ou sud-coréen, aboutit à la même conclusion : Les méchants sont japonais. Le diable est japonais. Le mal absolu est japonais. Ce matraquage est fatiguant, c'est un peu comme si tous nos "méchants" était allemands depuis 80 ans au cinéma... Peut être est-ce là la différence entre un pays qui a fait son mea culpa, et un pays qui continue de s'enfermer dans le dénie. Quoiqu'il en soit, le message en perd son sens et deviendrait même un running gag...
Mais outre cette révélation facile et peu enthousiasmante, il faut reconnaitre que le film est viscéral, hors norme et franchement efficace.

[Shinji]

Je suis surpris par le succès de ce film, déjà parce que c'est un polar bien craspec, mais en plus les persos et l'histoire n'ont rien de foufou.

Par contre, la photo en noir et blanc est de toute beauté.

Bon, sinon quand est-ce que ressort Dog Bite Dog en HD ?

[comte vonkrolock]

Je suis surpris par le succès de ce film, déjà parce que c'est un polar bien craspec, mais en plus les persos et l'histoire n'ont rien de foufou.

Par contre, la photo en noir et blanc est de toute beauté.

Bon, sinon quand est-ce que ressort Dog Bite Dog en HD ?

Je te rejoins totalement un sous-Seven avec une jolie patte graphique, et des acteurs impliqués mais derrière tous ça. Tous dans la mise en scène est vu et archi revu. Aucun effort, et au dos de la jaquette ont compare ça, au cinéma qui précédait John Woo, Tsui Hark ou bien Johnnie To ont est très largement en dessous s'est clair. Mais bon avis au amateur dans cette période de vache maigre s'est a découvrir, puisque je me suis aussi finalement laissé tenté