Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

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dario carpenter
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Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par dario carpenter » mer. sept. 20, 2023 3:12 pm

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Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.



Deuxième film de Thomas Cailley, dix ans après le sympathique "Les combattants". J'en ressors un peu mitigé. D'un côté on a une proposition plutôt singulière et relativement ambitieuse dans le cinéma français, un "pitch" intrigant, un casting décent (Duris et Kircher sont convaincants, Adèle est sous-utilisée), un visuel plutôt soigné (effets spéciaux et lumière), un joli et touchant dénouement mais de l'autre côté comme d'autres tentatives "de genre" à la française il faut avouer qu'on s'assoupit un peu par moments parce que la durée est un brin excessive, que la réalisation manque un peu de nerf et que le scénario ne sait pas toujours où nous embarquer, survolant les thèmes et les personnages. Un film qui a du potentiel donc, qu'on a envie de défendre pour sa démarche et ses louables efforts mais qui aurait gagné à quelques ajustements, donc..

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Stilleben
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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Stilleben » mer. oct. 11, 2023 11:53 pm

Vu ce jour, et j'ai vraiment beaucoup aimé.

Le film nous plonge très vite dans le bain avec cette échappée, en plein bouchon routier, d'un homme-rapace retenu dans une ambulance. On découvre donc que l'humanité doit faire face à une nouvelle maladie qui fait évoluer les individus touchés vers l'animalité en les transformant physiquement en bêtes. Les médecins, s'ils peuvent ralentir la transformation, n'ont pas de remèdes et il est donc question d'enfermer les transformés dans un établissement dans le sud de la France. François (Roman Duris) et Emile (Paul Kircher) Marindaze, père et fils, l'un marié à une transformée qu'il cherche à retrouver à tout prix, l'autre, ado, réticent au départ,
Spoiler : :
de par les stigmates qu'il porte à la joue suite à une agression de sa mère.
décident donc de quitter Paris pour les Landes pour suivre la "malade".

On sent clairement l'empreinte française du film, de par le point de vue adopté - on suit toute l'histoire à travers les regards changeants du père et du fils -, on ne cherche pas le spectaculaire, là où un film US aurait dégouliné d'effets spéciaux, on prend le parti des "monstres", du quotidien de cette famille touchée par ce nouveau mal, et l'évolution de l'ado un peu gauche balancé dans cette nouvelle vie. On a un peu du débat pro et anti-transformés, ceux qui sont prêts à laisser une place à ces mutants et ceux qui les craignent, ne voyant en eux que des monstres (prêts à sortir ultrasons et carabines).
La scène du supermarché est une belle réussite, le personnage de gendarme d'Adèle Exarchopoulos est pas mal du tout, l'humour est présent à travers les dialogues des personnages.
Perso, je suis bluffé par ce film français fantastique - généralement, c'est le scénario qui pèche, et, ici, c'est tout bon : pas de fausses notes ni de trous de scénario, du moins à mon sens, tout se tient. Je serais même emballé par une suite qui nous dévoilerait avec plus d'ampleur comment cette maladie est apparue, comment le monde l'a gérée, ce qu'il est advenu des années après... Allez, au boulot, Thomas Cailley. :-D

Critiques plutôt enthousiastes au Masque et la plume de France Inter (du 8/10/2023) : https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... 23-4201531

A noter que les 10 dernières minutes passées à Cannes ont été écourtées par le réal pour la sortie du film (peut-être visibles sur une future galette ?).

Force est de constater qu'une vague de films français de genre est en train de déferler (La Tour, Acide, Vermines, Gueules noires, Vincent doit mourir) avec plus ou moins de réussite - le dernier cité est également excellent.

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Roderick Usher » ven. oct. 13, 2023 10:54 pm

Adoré également, le film brasse des thématiques sociétales qui ne se mélangent habituellement pas, fait une éloge de la clandestinité et de l'écologie tout en gardant une certaine légèreté et use des ficelles du film de genre sans jamais faire de clins d'oeil gênants (l'arrivée dans le nouveau lycée, le fête de fin...). Les combattants était déjà une réussite, Le règne animal en est le digne héritier.

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par dario carpenter » lun. oct. 16, 2023 4:25 pm


Roderick Usher
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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Roderick Usher » lun. oct. 16, 2023 4:45 pm

François Begaudeau aussi est partagé, et pour le coup, je ne le suis pas sur ses arguments négatifs.

https://www.google.com/url?sa=t&source= ... b6S8LMpsDp

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par DPG » mer. oct. 18, 2023 9:30 am

Beaucoup aimé aussi ! C'est vraiment un film surprenant, qui ne ressemble pas à grand chose mais pourtant très subtil et maitrisé. Il y a pas mal de thèmes brassés, mais c'est vraiment fait intelligemment, dans un mélange des genres toujours bien tenu. On reprend des thèmes déjà croisé dans le cinéma de genre, les infectés, la mutation, le rapport à l'altérité, mais avec un angle assez original, un côté naturaliste, hors des modes et du temps. On a un vrai film français qui ne cherche pas à singer ce qui se fait ailleurs mais qui trace sa route de façon assez bluffante. Les maquillages et SFX sont très convaincants, les acteurs aussi, c'est bien filmé, élégant, bestial, parfois touchant, parfois dérangeant, non, vraiment une très belle surprise pr ma part ! :-D
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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Stilleben » mer. oct. 18, 2023 3:45 pm

dario carpenter a écrit :
lun. oct. 16, 2023 4:25 pm
Le film divise chez Capture Mag:

https://www.youtube.com/watch?v=8E0NlKI ... CAPTUREMAG
Je les trouve quand même d'assez mauvaise foi dans leurs critiques. Ils ne tiennent pas compte des événements du film, de l'histoire.
Spoiler : :
Pourquoi le père laisse partir son fils à la fin, alors qu'il n'est pas métamorphosé entièrement ? Ça se fait dans l'urgence, ils sont poursuivis. Si le gamin ne fuit pas, il sera pris et se retrouvera en centre spécialisé. La rencontre entre la mère et son fils près de la grotte ? Elle le repousse parce qu'ils ne font plus partie du même monde : elle est déjà animale, il est entre les deux mondes. Etc.

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Drac » jeu. oct. 26, 2023 1:19 pm

Enfin un excellent film fantastique français, pour une fois le mode drame ne fait pas passer le côté "film de genre" au second plan, c'est bien interprété et les effets spéciaux sont nickel, j'ai beaucoup aimé le personnage de l'homme oiseau, à la fois pathétique et finalement assez émouvant.

Côté box-office, après un démarrage faiblard (224.476 entrées), le film se maintient très bien, -7,97% en deuxième semaine et + 2,63 la semaine dernière (grâce au début des vacances, mais ça reste le seul film à progresser), un succès bien mérité.

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Teurk le Sicaire » sam. nov. 11, 2023 12:28 am

Le bouche-à-oreille favorable dont bénéficie le film se comprend lors de la découverte de ses qualités appréciables. Les maquillages sont très chouettes (les CGI plus inconstants) et les paysages bien mis en valeur. Le thème de la transformation monstrueuse est intéressant et brasse autant la question de l'adolescence que celle de la maladie mentale (les comportements perturbés en phase de décompensation, la stigmatisation sociale, les lieux de soins fermés, le désarroi des proches...). Le personnage de Fix fait particulièrement mouche et plusieurs scènes marquent la rétine, dont la magnifique traque nocturne par les bergers dans les champs.

Pour autant, le film souffre de quelques défauts solides qui le pénalisent : le scénario prend le risque de courir plusieurs lièvres à la fois, se focalisant tantôt sur le père, tantôt sur le fils, quitte à se perdre en chemin. Ainsi, toute la sous-intrigue avec Exarchopoulos s'avère inutile et rallonge inutilement la sauce. Malgré la nécessaire suspension d'incrédulité, la cohérence de l'univers dépeint n'est pas non plus totalement aboutie, les gens pouvant globalement se montrer indifférent face à un problème de santé publique aussi bouleversant que dangereux (et personne ne semble repérer des signes de transformation pourtant évidents). Enfin, le côté appel à l'ordre naturel du film se heurte à une forme de vision édénisée du fameux règne animal où prédateur et proie vivraient en harmonie.

Pas un chef-d'œuvre, donc, mais un effort méritoire du cinéma français, bien servi par ses acteurs principaux et sa réalisation soignée.

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Stilleben » lun. nov. 13, 2023 4:43 pm

Teurk le Sicaire a écrit :
sam. nov. 11, 2023 12:28 am
Pour autant, le film souffre de quelques défauts solides qui le pénalisent : le scénario prend le risque de courir plusieurs lièvres à la fois, se focalisant tantôt sur le père, tantôt sur le fils, quitte à se perdre en chemin. Ainsi, toute la sous-intrigue avec Exarchopoulos s'avère inutile et rallonge inutilement la sauce. Malgré la nécessaire suspension d'incrédulité, la cohérence de l'univers dépeint n'est pas non plus totalement aboutie, les gens pouvant globalement se montrer indifférent face à un problème de santé publique aussi bouleversant que dangereux (et personne ne semble repérer des signes de transformation pourtant évidents). Enfin, le côté appel à l'ordre naturel du film se heurte à une forme de vision édénisée du fameux règne animal où prédateur et proie vivraient en harmonie.
En fait, le père, au départ, est focalisé sur le mal qui ronge sa femme, il veut la récupérer à tout prix, ne pas faire le deuil de sa relation - quitte à l'enchaîner à son lit comme ça nous est raconté. L'épisode Exarchopoulos marque aussi un tournant : s'ils se rencontrent autour de la recherche de cette femme, le père finit par se détacher de sa relation pour envisager peut-être de passer à autre chose. Dans le même temps, il se rapproche de son fils pour devoir réaliser que, là aussi, il devra s'en séparer.
L'interview du réal dans Mad Movies était pas mal. En fait, le film nous montre trois stades de la métamorphose : la mère, le fils, l'homme-oiseau.
Quant à l'indifférence du monde : tu as les deux partis (les hommes qui détestent les "bestiaux", les autres qui sont touchés par des proches et qui essaient de faire avec, ceux qui les défendent). Si tu voulais faire le tour complet de la question, il faudrait voir l'attitude politique, scientifique, etc. - il faudrait un film de 4h.
Le réal a pris le parti de nous montrer ce qui se passe au sein d'une cellule familiale touchée. La vision édénisée est également un parti pris, en effet.

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Teurk le Sicaire » lun. nov. 13, 2023 10:52 pm

Stilleben a écrit :
lun. nov. 13, 2023 4:43 pm
En fait, le père, au départ, est focalisé sur le mal qui ronge sa femme, il veut la récupérer à tout prix, ne pas faire le deuil de sa relation - quitte à l'enchaîner à son lit comme ça nous est raconté. L'épisode Exarchopoulos marque aussi un tournant : s'ils se rencontrent autour de la recherche de cette femme, le père finit par se détacher de sa relation pour envisager peut-être de passer à autre chose. Dans le même temps, il se rapproche de son fils pour devoir réaliser que, là aussi, il devra s'en séparer.
L'interview du réal dans Mad Movies était pas mal. En fait, le film nous montre trois stades de la métamorphose : la mère, le fils, l'homme-oiseau.
Quant à l'indifférence du monde : tu as les deux partis (les hommes qui détestent les "bestiaux", les autres qui sont touchés par des proches et qui essaient de faire avec, ceux qui les défendent). Si tu voulais faire le tour complet de la question, il faudrait voir l'attitude politique, scientifique, etc. - il faudrait un film de 4h.
Le réal a pris le parti de nous montrer ce qui se passe au sein d'une cellule familiale touchée. La vision édénisée est également un parti pris, en effet.
Effectivement, je perçois ce que tu veux dire sur l'aide au détachement que représente la relation avec Exarchopoulos mais je trouve tout de même que le film y consacre trop de temps, et retrouve vraiment son souffle quand il se recentre sur le fils.

Concernant l'univers, je suis d'accord qu'on ne peut pas y consacrer 3 heures, ni qu'il y ait besoin de tout devoir justifier. Mais il y a un contraste assez saisissant entre la banalisation de ce phénomène (personne ne semble choqué de Fix qui défonce des bagnoles ou du gamin poulpe dans le supermarché) et ses conséquences a priori majeures sur la société. En fait, ce qui manque peut-être de clarté, c'est l'ampleur de "l'épidémie" : est-ce que cela concerne 50 personnes en France ou bien des milliers ? Et dans ce 2ème cas, pourquoi est-ce que personne ne repère les signes de transformation du fils ? Même le gendarme ne réagit pas quand il ne parvient pas à signer la déposition.

Ces critiques ne m'empêchent pas de reconnaitre les nombreuses qualités du film. Y'a une vraie proposition à soutenir, surtout venant d'un cinéaste français.

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Re: Le règne animal - Thomas Cailley (2023)

Message par Machet » sam. mars 02, 2024 12:40 am

Neuf ans après Les Combattants (que j'avais plutôt apprécié), Thomas Cailley revient avec cet ambitieux Règne Animal. Pari réussi globalement. L'univers fantastique est maitrisé, on y croit. Les lieux de tournage ont été judicieusement choisis pour toujours être cinégénique. Le sud ouest notamment, faisant un peu forêt californienne, ce qui aide à poser l’ambiance dans une vision cinéma fantastique qu’on connait déjà (E.T., Big Foot, etc).

Spielberg et Amblin se ressentent souvent, la lumière est particulièrement soignée, tout comme les SFX, magnifiques. Les acteurs sont bien (Adèle Exarchopoulos moins... elle joue un peu platement et dégage peu d'émotion au final). La musique aussi n'est pas à la hauteur, elle m'a même fait penser à celle de PROFS, c'est dire (que j'adore par ailleurs, mais c'est un autre univers).

Donc tout est maitrisé et le film ne vire jamais au ridicule, au contraire (les mutants sont tous très réussis, on compatit). Ce qui est déjà une prouesse. Pourtant... ça ne m'a pas passionné outre mesure. Je ne me suis pas ennuyé, les personnages sont suffisamment bien écrits pour vouloir en savoir plus. Il y a deux trois longueurs, mais ça va. Est-ce parce que je n'ai pas trop saisi où le film voulait nous emmener ? On pense bien sûr à la crise sanitaire qu'on a traversé récemment. Le film nous parle aussi de notre rapport aux animaux, à la nature, à ce qui est différent... Soit. Mais la métaphore (si tant est qu'il y en a une) n'est pas claire ou si pertinente que ça.

Une réussite néanmoins, indéniablement.
Il y a un p'tit détail qui me chiffonne

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