Attention à ne pas se méprendre en pensant voir un film sur Dali car il s'agit en fait d'un pur film de Quentin Dupieux. Dans une construction du récit en poupées gigognes eschériennes qu'il est vain de vouloir démêler, le réalisateur barbu profite de la représentation égotique fantasque de son sujet pour habiller son habituelle exploration des thématiques du rapport à l'image, au cinéma et au public, avec ici en prime une attaque de la réalité par l'angle de l'onirisme. La démultiplication des acteurs incarnant Dali permet d'illustrer son caractère protéiforme revendiqué, sans toutefois en faire des avatars distincts avec des caractéristiques propres, ramenant à l'unicité de cet homme qui ne sait jamais s'il doit parler de lui à la 1ʳᵉ ou à la 3ᵉ personne.
L'inconvénient de ce procédé est de renforcer les différences de performance d'acteur : si Edouard Baer et Jonathan Cohen sont splendides, Pio Marmaï et surtout Gilles Lelouche font pâle figure. Le reste du casting est très bien, Anaïs Demoustier incarnant une journaliste hésitante à l'estime de soi en miroir inversé de l'artiste en titre. Même Romain Duris trouve grâce à mes yeux. J'ai ainsi passé un excellent moment, beaucoup d'idées ont bien fonctionné sur moi (la pluie de chiens, bien évidemment) et le film se paie même le luxe d'avoir une conclusion. Daaaaaali rejoint donc mon podium Dupieux.