La Bête - Bertrand Bonello (2024)

Science-Fiction, Horreur, Epouvante, Merveilleux, Heroic Fantasy et tout le toutim du Fantastique !

Modérateurs : Karen, savoy1, DeVilDead Team

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Teurk le Sicaire
Messages : 394
Inscription : dim. mars 20, 2005 2:54 pm

La Bête - Bertrand Bonello (2024)

Message par Teurk le Sicaire » mar. mars 12, 2024 8:16 pm

Image
Dans un futur proche où règne l’intelligence artificielle, les émotions humaines sont devenues une menace. Pour s'en débarrasser, Gabrielle doit purifier son ADN en replongeant dans ses vies antérieures. Elle y retrouve Louis, son grand amour. Mais une peur l'envahit, le pressentiment qu'une catastrophe se prépare.
Attention, je spoile légèrement en évoquant les différentes époques du récit.


Oulah, tellement de choses à dire, et pour autant, nul besoin d'en faire trop : La Bête est un film bien, bien trop long pour ce qu'il a à raconter, hurlant sa nature auteurisante "sé du sinéma fraaaaansé" malgré un léger vernis de SF et d'inspiration (repompage ?) de série B, au point de virer au comique involontaire dans son symbolisme insistant. Bonello veut traiter de l'anesthésie émotionnelle à l'écran (maudits fonds verts !) et dans la vie (maudite IA !), abuse de l'imagerie de la poupée, érige le pigeon en animal totem qui a fini par faire exploser de rire certains spectateurs nerveusement à bout (la 1ʳᵉ "attaque" était déjà risquée d'un point de vue rigolade mais alors les gros plans frontaux...) et compte beaucoup sur son couple d'acteurs pour faire passer la pilule (George MacKay est OK, mais faut vraiment kiffer les minauderies de Léa Seydoux).

Alors visuellement, c'est beau. La réalisation et la photo sont jolies, les décors et les costumes aussi. Certes, Bonello multiplie les gimmicks inutiles, dont la répétition et l'écho, qui semblent vraiment parfois en appeler à l'artificialité de son médium. Mais au-delà de mon rejet de son acting théâtral très prononcé, le segment initial a pour lui d'installer la thématique du désir féminin comme source de débordement angoissant. Quitte à filer en gros sabots la métaphore sexuelle comme catastrophe naturelle (inondations, incendie, tremblement de terre) et à amener cette question : masser la main, c'est tromper ? Le segment futuriste tente aussi quelques trucs, dans ses designs, ses danses, son évolution sociétale, son approche karmathérapique (!) des traumas... sans jamais vraiment aboutir à grand-chose, si ce n'est que l'amour, c'est important. Mais au moins, il met en scène Guslagie Malenda en poupée Kelly, actrice qui m'a fasciné tant par son physique que par sa présence.

Mais alors le segment 2014 n'a rien à sauver, en plus de définitivement plomber une durée déjà interminable. Mise en scène de la frustration sexuelle avec son incel vengeur et sa mannequin paumée dans une luxueuse villa (l'abus d'alcool et de taz nuit à la gestion des pop-up intrusifs sur son Mac), variante vaguement home invasion... le spectateur n'en peut plus, en vient à applaudir chaque apparition du pigeon (est-ce là la véritable bête du titre ? Ou bien une métaphore du public ?) et à se demander si les excuses finales du personnage de Seydoux et l'aveu d'échec de l'IA ne sont en fait pas des lapsus d'un script pris de remords. Pourtant, Bonello semble y croire et pond une œuvre suffisamment vague pour permettre d'y greffer l'analyse branlette de son choix, dont le chiantissime l'emporte largement sur les qualités esthétiques et les rares idées intrigantes.

Répondre