Je me souviens que j'avais écrit un petit mail de compliment et de suggestions d'articles à Pierre Gires à l'époque de Fantastyka via Alain Schlokoff qui avait transmis le message, et Pierre Gires m'avait répondu gentiment par le biais de son fils, car il n'avait pas internet ! Mais je ne l'ai pas rencontré car il était à Marseille, ce que je regrette évidemment aujourd'hui.
Pierre Gires, c'était non seulement une grande érudition et une force de travail impressionnante, mais aussi un style littéraire remarquable, vivant, enjoué, plein d'entrain et de descriptions joviales et savoureuses. Son dossier Jules Verne de l'écran fantastique numéro 9 est un sommet de l'écrit sur le cinéma à mon sens, un modèle, une référence. Mais les articles excellents se bousculent dans mes souvenirs : Peter Lorre, La comédie musicale fantastique, Les mille et une nuits au cinéma, le cirque au cinéma, les méchants du cinéma exotique, les petites bios des acteurs dans fantastyka...
Ces écrits étaient pour moi des références et des modèles, que je ne me lassais et ne me lasse pas de relire. C'était sans conteste pour moi LA meilleure plume de la presse du cinéma fantastique. Il avait le don magique de la transmission de la passion ainsi qu'une vision émerveillée du cinéma qu'aujourd'hui encore je partage. Alors que la tendance de la presse cinéma, et particulièrement un peu bissarde, tend à pencher vers un style semi-parlé, pauvre, le style de Pierre Gires était toujours très soigné. Plutôt que l'acrimonie et la dérision négative, il favorisait la passion et l'enthousiasme communicatif. Ce qui rendait toujours ses écrits sympathiques et le personnage attachant. Il ne choisissait pas pour autant la facilité, en particulier dans Fantasyka où il pouvait consacrer de copieux dossiers à des sujets pointus (le cinéma d'aventures exotique allemand) ou trop rétro pour le "grand public" avide d'actualité immédiate.
Il incarnait vraiment deux passions marchant main dans la main : l'écriture et le cinéma... L'homme est parti, mais heureusement - pour nous, ses écrits restent !
De plus, pour la rédaction (bénévole), le travail était chronophage, car Pierre Gires, déjà quasi octogénaire, envoyait ses articles sous forme d'envois tapés à la machine et il fallait les retaper en entier pour la mise en page informatisé ! 
