Garringo - Rafael Romero Marchent (1969)

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savoy1
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Garringo - Rafael Romero Marchent (1969)

Message par savoy1 » mer. janv. 05, 2011 11:55 pm

Un soldat déserteur est abattu par ses collègues sous les yeux de son jeune fils. Ce dernier, traumatisé, est recueilli mourant par un fermier et sa gamine. En grandissant, l’adolescent apprend le maniement des armes auprès de son père adoptif et s’amourache de sa demi-sœur. Mais bientôt, fasciné par la violence, alors courante en ces temps sans foi ni loi, il quitte son foyer d’adoption et, atteint de crises à la simple vision d’uniformes, se met en tête d’abattre ceux qui les portent.
Alors que nous suivons l’évolution de ce personnage depuis la séquence pré-générique, le film bifurque soudain au bout de nombreuses minutes. Entre alors en scène Garringo, soldat peu obéissant de son état, chargé par son supérieur de mettre fin aux crimes commis contre les représentants de l’armée. Peu loquace mais prompt à dégainer sans état d’âme, il commence par débusquer les complices du tueur, membres de la communauté qu’il abat sans demander son reste, non sans en avoir pris pour son grade au passage. Et c’est blessé qu’il va être recueilli chez le fermier, qui attend justement le retour du fils, ignorant tout des exactions de celui-ci.

Intéressante construction que celle de ce western, qui prête autant d’attention à ses deux personnages principaux. Deux visions de la justice : l'une, "officielle", expéditive et sans morale, l'autre, "personnelle", dévoyée car irraisonnée et obsessionnelle. Ces deux-là ne se croiseront d’ailleurs pas vraiment, même pour la résolution finale, l’intrigue développant leur histoire à tour de rôle pendant des durées appréciables. Il arrive de ne plus croiser l’un des deux hommes pendant un long moment, on n’est pas dans un découpage classique de montage en parallèle. Ce sont les nombreux personnages secondaires, bien développés également, qui assurent le lien. La ville, ici habitée de figures vivantes, ne sert pas de simple toile de fond comme parfois dans le western spaghetti.
Dans le rôle du tueur névrosé, victime du destin propre à toute tragédie qui se respecte, Peter Lee Lawrence en fait juste ce qu'il faut et l’emporte haut la main, face à un Anthony Steffen toujours à la limite de l’impavidité, signe définitivement distinctif de cet acteur. On prend plaisir à la juxtaposition de deux manières de jouer tellement différentes au sein d’une même œuvre.

La copie vhs, éditée par SPV (désolé Arioch, je n’avais que ça sous la main !), est recadrée et fait donc malheureusement disparaître des personnages de l’écran lors de quelques échanges verbaux. Mais rien de trop dommageable, le cinéma de Romero Marchent étant toujours appréciable pour son aspect psychologique, plus que pour sa mise en image somme toute très sobre.

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