The Train robbers - Burt Kennedy (1973)

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manuma
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The Train robbers - Burt Kennedy (1973)

Message par manuma » jeu. avr. 14, 2011 4:02 pm

Madame Lowe, une jeune et charmante veuve, un tantinet portée sur l'alcool mais néanmoins fort vertueuse, engage six hommes pour l'aider à retrouver une caisse d'or, dérobée jadis par son mari à une compagnie de chemin de fer. Elle entend rendre ce trésor à ses propriétaires. Elle espère que cette méritoire restitution pourra réhabiliter la mémoire du défunt. Lane et ses compagnons, guidés par madame Lowe, prennent la route du Sud. Mais une bande de desperados les suit, désireuse de faire main basse sur le magot. Le butin s'avère enfoui dans une carcasse de locomotive. Les six compagnons le récupèrent sans peine. Ils auront plus de difficultés à le garder en leur possession...

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The Train robbers est la seconde et dernière collaboration entre le scénariste-réalisateur Burt Kennedy et l’acteur – ici également producteur – John Wayne après The War wagon en 1967. Un Wayne pas trop mal entouré pour l’occasion puisque Ben Johnson et Rod Taylor, deux valeurs sûres du cinéma d’action / divertissement des ces années-là, sont également de la partie côté seconds rôles tandis que la belle Ann-Margret apporte une attractive - et plus moderne - touche féminine à l’ensemble. Belle affiche donc. Malheureusement, comme bien (trop) souvent avec Burt Kennedy, le résultat laisse un arrière-goût d’inachevé dans la bouche du westernophile. On se dit qu’on a là tout ce qu’il faut pour faire un bon petit spectacle. On a par conséquent envie d’y croire très fort, et pourtant le résultat ne parvient pas à convaincre totalement.

Dommage, car j’ai impression que Burt Kennedy est rarement passé aussi près de la franche réussite. Certains argueront que le fil narratif de ce western est particulièrement tenu. Moi, il me semble que c’est justement là que se trouve une grande partie de l’intérêt et du charme de ces Train Robbers. On retrouve dans cette intrigue d’un classicisme frôlant l’épure le charme de western bis des années 50 qui savait souvent aller à l’essentiel – remarquons ici que le film est relativement court : 85 minutes – et poser des enjeux / dilemmes à la fois simples et universels (réflexion sur la vieillesse, le choix d’une vie violente ou bien rangée). Me paraissant relever de cette orientation à contre-courant de ce que proposait alors le western américain, la bande de cavaliers traquant nos héros est représenté comme une masse uniforme et totalement anonyme. Une belle idée bien exploitée.

Au niveau mise en scène, Burt Kennedy donne en outre l’impression de s’être un peu plus investi que d’habitude. On relève ainsi une très belle et silencieuse séquence introductive, rappelant d’ailleurs un peu celle du Young Billy Young du même auteur, et un passage désertique distillant là aussi une curieuse petite atmosphère de type aventures / suspense. Soutenant solidement les efforts du cinéaste, la photographie du vétéran William H. Clothier et la partition musicale de Dominic Frontière constituent un réel plaisir sensoriel pour le spectateur.

Bref, cela aurait donc pu être une excellente pioche dans l’œuvre de Burt Kennedy, si seulement ce dernier ne nous ressortait pas, dans les rares échanges verbaux de cette intrigue essentiellement tournée vers l’action, son habituel discours balourd sur la sagesse et le sens de l’honneur des anciens versus la fougue irrespectueuse de la jeunesse (incarnée ici par Christopher George et Bobby Vinton). Un vieux disque rayé, qui plus est amplifié par le rôle quasi cliché qu’enfile ici le Duke, vétéran de la guerre de Sécession droit dans ses boots et plus têtu qu’une demi-douzaine de bourriques sauvages. Reconnaissons enfin que l’ultime rebondissement du récit, traité avec une surprenante légèreté (désinvolture serait presque un terme plus approprié) par Kennedy, amoindrit sérieusement l’impact général d’un film jusqu’alors plutôt sérieux dans le ton.

A noter que l’une des répliques de Wayne dans le film, Where the hell’s that gold ? servira de titre à l’une des dernières réalisations de Burt Kennedy.

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