Sugar Colt - Franco Giraldi (1967)

[savoy1]

Ce film se targue d’une réputation d’originalité quant à son histoire, puisque mêlant une enquête à son cadre de western. Seulement, de ce strict point de vue, cela s’avère une totale déception. Le mystère de la disparition d’une escouade de soldats nordistes n’en est pas un puisque les faits et responsables nous sont longuement présentés dans la séquence introductive. Et le responsable de l’agence Pinkerton qui diligente l’enquête fait même des supputations qui vont dans le bon sens. Ne reste donc plus à l’agent spécial Sugar Colt qu’à se déguiser en toubib et provoquer les notables corrompus et leurs sbires sur leur terrain, lors de séquences ne brillant pas particulièrement par leur suspense.
Mais le film est loin d’être bâclé, du point de vue artistique. De solides décors et une figuration nombreuse en imposent. De longs plans s’inscrivant dans la durée, chose à souligner dans le cadre du western italien, permettent aux acteurs de faire vivre leur personnage. Et même si parfois bien naïves, les quelques scènes d’action font bonne figure, dont une baston homérique et enfarinée dans un fournil.
A signaler d’autre part, une fois n’est pas coutume dans cet univers habituellement dévolu aux mâles, deux rôles de femmes fortes et charismatiques.

Ce qui pêche dans ce modeste western, c’est donc bien le traitement, très léger, accordé à l’intrigue proprement dite. On a finalement droit à l’arrivée à ce qui pourrait s’apparenter à un épisode des Mystères de l’Ouest. Une sorte de routine « policière » dans le cadre d’une série imaginaire, sans prise de tête.

[manuma]

Un bon petit western spaghetti que ce Sugar Colt, dont l’intérêt premier réside dans son astucieux scénario tenant à peu près autant du récit policier que de l’aventure westernienne. Saupoudré d’une bonne d’humour, l’ensemble ne possède sans doute pas suffisamment de personnalité dans son esthétique et sa réalisation – en dépit d’une photo et d’éclairages assez soignés – ou de force dans son propos, auquel manque notamment cette dimension politique propre à la plupart des meilleurs représentants de ce genre, pour pouvoir vraiment jouer dans la cour des grands, j’entends par là celle des 3 Sergio (Leone, Sollima et Corbucci). Néanmoins il demeure suffisamment malin et énergique pour divertir sans difficulté son spectateur. Mineur mais très sympa.

[Cosmodog]

Bonne surprise également ce "Sugar Colt" choppé au hasard dans un cash. Plaisant du début à la fin, léger, l'humour prenant souvent le pas sur l'intrigue, mais bien dosé, sans être lourdingue. Un personnage central plutôt charismatique (acteur pour moi inconnu jusqu'alors Hunt Powers - le frère d'Austin ? ), quelques originalités qui place ce film hors des sentiers battus, jusque dans le détail (la revanche lors de la bagarre su saloon, l'astuce pour défaire ses liens - excellent !), et une belle scène finale. Et une bonne musique de Bacalov. Très bien vu la comparaison avec un épisode des "mystères de l'Ouest" dans le post de savoy1, c'est un peu ça sauce spaghetti.

Pour qui a vu et revu les classiques du western italien, un petit western de plus bien sympa à la réal carrée qui surnage aisément au milieu des titres restants, souvent ennuyeux ou bâclés (cf "Le jour du jugement" vu juste avant, chiant et mal branlé malgrè une maginifique musique de Morricone, repompée par Tarantino pour "Django unchained").