Un Hombre llamado Noon - Peter Collinson (1973)

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manuma
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Un Hombre llamado Noon - Peter Collinson (1973)

Message par manuma » sam. sept. 10, 2011 8:15 pm

Noon est amnésique depuis une violente agression. Laissé pour mort par ses attaquants, il tente désormais de découvrir son identité. Il cherche également à comprendre pourquoi des inconnus ont voulu le tuer. Son habileté à manier les armes à feu lui laisse penser qu'il pourrait être un pistolero, mais là encore, des zones d'ombre demeurent : était-il un bandit, un tueur à gages ou, au contraire, un honnête homme ?...

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Unique western réalisé par Peter Collinson, cette co-production anglo-italo-espagnole, tournée du côté d’Almeria en Espagne, se situe dans sa filmographie entre le film d’espionnage Innocent Bystanders and le suspense horrifique Open season. Un hombre llamado Noon est l’adaptation d’un roman signé Louis L’Amour, auteur que le scénariste Scott Finch porte à l’écran pour la troisième fois, après Shalako en 1968 (pas mal du tout, avec déjà Stephen Boyd) et Catlow en 1971 (plus aucun souvenir de celui-là, avec déjà Richard Crenna).

Le principal problème de ce polar de l’Ouest, confrontant un héros amnésique à son passé, ainsi qu’à une bande de tueurs à la recherche d’un gros magot en or, c’est son script. Pas très palpitant, pour ne pas dire laborieux dans son développement, celui-ci ne semble qui plus est pas intéresser plus que ça Peter Collinson, cinéaste généralement plus à l’aise dans les affrontements psychologiques, les récits d’atmosphère et de tension que dans l’action pure. Du coup, sans doute légèrement au détriment du film d’ailleurs, le cinéaste britannique recentre rapidement le débat sur ses habituelles préoccupations, en jouant chaque fois qu’il le peut la carte du climat lourd et sombre. Quitte à frôler par moment le fantastique horrifique, comme dans cette scène de fusillade autour du cercueil d’un faux mort – lequel rejoindra toutefois très vite son créateur - ou via ces quelques traversées de villes mexicaines désertes, filmées généralement de nuit ou sous une brume épaisse, presque irréelle.

Autre marque de fabrique du cinéaste conférant une incontestable personnalité au film : Un Hombre llamado Noon regorge de cadres composés avec un soin maniaque, de mouvements d’appareil savamment calculés. Un travail minutieux qui compense à sa façon le maigre intérêt présenté par cette histoire à la fois embrouillée et généreuse en petites facilités
Spoiler : :
(cf. la façon dont le héros se débarrasse du vilain)
, même s'il ne va parfois pas sans générer une sensation de gratuité, l’action à l’écran ne nécessitant pas toujours pareille débauche d’effets.

Enfin, dernière touche très collinsienne de ce Hombre llamado Noon : l’étirement un brin sadique de ses scènes de violence. Insistant volontiers – notamment par le biais du montage – sur la sauvagerie et la douleur accompagnant meurtres et bagarres au centre du récit, le cinéaste vient nous rappeler dans ces brefs moments qu’il entretenait un rapport assez singulier à la violence, lequel donne un authentique cachet à son œuvre.

Si, en dépit d’évidentes qualités artistiques comme sa très belle photographie ou la partition musicale d’un Luis Bacalov en grand forme lyrique, les amateurs de western ne trouveront pas forcement leur compte ici, Un Hombre llamado devrait au minimum intéresser les amoureux de cinéma de genre européen des glorieuses seventies.

Diffusé en Aout dernier sur Ciné + Classic, dans une copie VM tout ce qu’il y a de plus correcte.

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