Bon, avant toute chose je précise que je ne l'ai pas revu depuis la dernière fois, et que à cette occasion je l'avais visionné sur une copie ciné d'époque en version française, alors peut être que cela peut expliquer certains malentendus? Mais bon, je ne veux pas non plus me chercher de quelconques excusesManolito a écrit :Revu... il est vrai que les remarques ci-dessus faisant de "La prisonnière du désert" un film anti-indien sont assez hallucinantes. A-t-on vraiment vu le même film ?? C'est justement l'histoire de la rédemption d'un vieux soldat sudiste, aigri par la haine et le racisme au contact de son neveu métis... L'anti-racisme est tout simplement le sujet du film !
Rédemption très progressive (l'histoire s'étale sur cinq ans). Certes, le chef comanche Scar est une brute, mais il n'est que le pendant indien de Ethan puisque lui aussi justifie ses actes par la vengeance (les blancs ont massacré ses enfants). Et le comportement d'Ethan qui veut buter sa nièce parce qu'elle a vécu avec des indiens ou qui saccage une sépulture indienne gratuitement, n'est guère appétissant... Il est étonnant de voir que dans un commentaire ci-dessus, il est écrit en substance que Ford considérerait exacte la réplique d'Ethan disant que des blanches ayant été enlevées par des indiens ne sont "plus des blanches". Alors que tout le sens du film et de sa conclusion est l'exact contraire !!!
Bref, on remet un peu les mêmes questions sur la table, mais j'ai l'impression que certains pardonnent beaucoup plus difficilement américain qu'au cinéma italien (avec ses brigands mexicains sadiques, comme Gianmaria Volonte - "l'indien" (!) dans "Pour quelques dollars de plus" - dans les Leone)...
Certes, on se serait passé de certains gags lourdauds avec la squaw du neveu (qui sera elle-aussi au fond décrite comme une alliée, puis victime innocente)... Mais de là à faire dire à "La prisonnière du désert" le contraire ce qu'il signifie...
Le film est évidemment toujours un grand spectacle, avec ses vues hallucinées de Monument Valley, sa mise en place époustouflante en quelques plans et quelques lignes de dialogue, du grand art ! Mais, pour du Ford, sans doute sous l'influence de son personnage principal, c'est aussi un film vraiment sombre, assez sec, presque funèbre, où l'on passe des déserts arides à des forêts enneigées et glacées. Beaucoup de violence et de cruauté, dans cette histoire, entre massacre de camps indien, de fermes, visites de morgues... Mais finalement, doucement, difficilement, l'ambiance se réchauffe (avec la séquence du mariage), la carapace d'Ethan se fissure et cède la place à l'humanité, l'ouverture sur les autres et sur l'avenir pacifiée du pays (avenir incarné par un couple racialement mixte et une jeune fille élevée par les comanches).
Revu aujourd'hui, "La prisonnière du désert" n'est pas mon Ford préféré, je lui préfère certains films plus chaleureux et rigoureux. Mais c'est certainement un beau film, de très fort caractère, et un modèle de mise en scène, proposant souvent des plans d'une beauté à couper le souffle !
Je l'ai donc vu sur le hddvd. Sa sortie avait été un évènement car c'était le premier titre aussi ancien à être publié en disque HD. Le film a été tourné en Vistavision et warner ne déçoit pas en proposant une copie à la définition excellente, respectant la fluidité, la précision, le piqué étourdissant et la profondeur de champs inhérents à ce format de luxe.
C'est aussi un des films tourné en eastmancolor monopack dans les premières années de ce procédé et le résultat est parfois étrange : les arrières-plans peuvent pomper, fourmiller, il y a un grain, très fin certes, mais plus facile à déceler que sur des transferts HD pris sur du 70mm plus tardifs comme "2001" ou "Grand Prix". L'étalonnage de certaines scènes donnent des tons de chairs étranges (jaunâtres, grisâtres) : cela avait fait pas mal jaser à l'époque de la sortie de ce disque et de son équivalent dvd. Mais un responsable de warner s'en était expliqué dans un long entretien très technique chez digital bits, certifiant qu'il s'agissait là du film tel qu'il avait été tourné en son temps, sans aucun traficotage.
Même en terme de vidéo, ce n'est pas totalement parfait : certains détails (chemise à carreaux par exemple) peuvent être un peu instables, il y a parfois de très, très légers halo lumineux. Rien de tragique, c'est certainement un très beau transfert, je ne placerais pas ce transfert au top commen un "2001" ou un "Robin des bois".
De plus les impressions que j'avais ressenties à l'époque sont toujours présentes à mon esprit, et en particulier le traitement des personnages indiens qui sont TOUS négatifs sans exception.
Je ne vois jamais de traitement ou point de vue anti-raciste du film: on suit la quête d'un cow boy sur plusieurs années pour retrouver sa nièce... Au cours de cette quête, les indiens qu'il croise sont des silhouettes qui ne servent à rien d'autres qu'à montrer la haine d'Ethan et les dégâts psychiques qu’ils produisent sur les autres personnages.
Dans ce film, aucun personnage d'indien n'existe, à part éventuellement le Chef qui explique sa haine du blanc, mais bon c’est quand même très limité et pas très positif…
De plus, je maintiens que la scène (très forte au demeurant) avec les femmes blanches devenues hystériques au contact des indiens, et qui de ce fait ne peuvent plus être considérées comme humaines (un peu comme Nathalie Wood quand Wayne la retrouve) est assez sidérante quand même...
Où est le recul de Ford dans cette scène?
A aucun moment il ne remet en cause cette interprétation?
Alors je ne veux pas remettre en cause les qualités formelle du film (comme la beauté des images ainsi que l'interprétation exceptionnelle de Wayne, et certaines scènes vraiment très fortes) mais je ne vois a aucun moment dans ce film un discours anti raciste: les indiens sont tous mauvais (quelques soit leurs motivations ou leurs rangs)…