Against the Crowd TV (1975) – Ep: Murrain (John Cooper)

[bluesoul]

Dans la campagne anglaise, un jeune veterinaire se voit soudainement entraine dans une “chasse a la—une seule(!)—sorciere” par un foule de fermiers en proie a la peur. Plus qu’a une vieille femme mise a l’ecart, c’est a une foule en delire et potentiellement dangereuse qu’il devra faire face…

Produite pour la chaine ITV et limitee a uniquement sept episodes, le concept de cette serie tient entierement dans son titre; “etre (seul) contre la foule” ou comment affronter une “majorite”.

Si le concept parait a prime abord comme plutot “fade”, voire “educationel”, la serie ne semble pas avoir eu froid aux yeux pour l’epoque, car parlant de racisme, d’enfants handicapes, de superstitions, d’emancipation sexuelle / clash des generations, mais aussi de justice ou de phenomenes “mediatiques” artificiels.

Poussant la serie dans ses retranchements fantastiques, Nigel Kneale (The Quatermass Experiment TV (1953), 1984 TV (1954), The Stone Tapes TV (1972) ) au scenario propose de mettre en face le protagoniste de son recit face aux superstitions et a des esprits (simples), ici menes par Bernand Lee (James Bond 1962 - 1979) qui ont la facheuse tendance a s’emballer. Si sur le papier, cela semble tenir d’une version “fiction” de “Histoires Naturelles”, a l’arrivee, l’on est TRES loin du pamphlet sponsorise par “Chasse, Peche et Tradition”. Ainsi, l’episode est extraordinairement “naturaliste”, fleure bon le terroir…et les peurs ancestrales!

Si le veterinaire parait un peu fade, cela n’est qu’une illusion, colportee par son role d’”eduque” face a des “locaux” (moins “eduques”) et surtout; tellement “angoisses”, qu’ils en deviennent “inquietants”, voire dangereux.

Si depuis (au plus tard) les annees 60s, l’on sait que la campagne US est peuplee de rednecks degeneres, agressifs, voire les deux, depuis (au plus tard) The Wickerman (1973), l’on sait que la campagne britannique vit sous le joug des peurs et forces paiennes.

Si dans le “Nouveau Monde”, l’on pratique sans vergogne le cannibalisme, la torture ou le meurtre en serie, dans la perfide Albion, ce sont plutot les rituels sataniques, la sorcellerie, les sacrifices humains ou y pratique en general le paganisme. Difference de culture sans doute…

Pour eviter toute ambiguite, annoncons d’emblee que cet episode ne presentera rien de tout ce qui vient d’etre ennonce, mais jouera avec le speurs et les pensees, qui tres vite seront denoncees comme nauseabondes—pour ne pas dire “malades”—et demontees comme telles par le protagoniste principal, qui aura cependant maille a partir avec une “opposition” recalcitrante (le principe de cette serie en fait!).

Essentiellement un affrontement psychologique entre un “individu” et “une foule” (le “pitch” de la serie donc), et meme si choisir son camp est plutot “facile” dans ce recit, l’episode est superbement interprete, avec conviction et naturel par un casting tres inspire.

Le recit de Kneale aura aussi l’intelligence de ne pas seulement se limiter a son (potentiel) mcguffin quant a la vieille femme qui serait une sorciere—a aucun moment, ni le hero, ni le spectateur ne la voit comme ca(!), ( meme si une certaine ambiguite reste cultivee au final ), et d’attaquer frontalement d’autres sujets epineux et pas forcement faciles d’acces, tels l’age, la solitude, ainsi que l’impuissance des services sociaux face aux deux, impression magnifiee dans la derniere scene…

Bref, un episode riche et tres “humain”, meme dans ses traits les moins “estimables”…

Murrain: 4.25 / 5

Pour l’anecdote, l’adaptation du scenario de “Murrain” satisfit non seulement Kneale, mais egalement le producteur Nicholas Palmer, qui finirent pas se mettre d’accord sur la production d’une serie “omnibus”, sans hero recurrent, mais axee sur un theme: les “creatures” et qui serait scenarise par le seul Kneale. Ainsi, Beasts TV (1976) allait etre produit et diffuse l'annee suivante...